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avoir obtenu un succès prodigieux comme pièce | Ce prince entra dans l'ordre des Templiers l'an fugitive, a été arrangée en trio et introduite dans 1151 et mourut la même année, âgé de 48 ans, la Sérénade, opéra.- La barcarolle s'écrit or- non moins célèbre par la sagesse de son gouverdinairement à six-huit, quelquefois à deux-qua- nement que par ses exploits. Son fils, Raymond tre. Son mouvement est plutôt gracieux que ra- Bérenger IV, devint roi d'Aragon par son mapide, et son rhythme semble imiter et suivre les riage avec Pétronille, fille et héritière du roi molles ondulations de la rame. CASTIL-BLaze. Ramire le Maine, Le comté devint dès lors BARCELONE, anciennement Barcino, célèbre comme une province de ce royaume, mais en ville d'Espagne et capitale de la Catalogne, est continuant toutefois de relever de la couronne située sur la Méditerranée, à l'extrémité d'une de France; ce qui dura jusqu'en 1258, année où vaste plaine. Plusieurs écrivains attribuent sa le roi saint Louis abandonna ses droits de suzefondation au capitaine carthaginois Amilcar raineté en faveur de don Jayme, roi d'AraBarca, à qui elle dut également son nom; elle gon, en faveur du mariage d'Isabelle, fille de remonterait ainsi à environ trois siècles avant ce prince, avec son fils Philippe, depuis roi de Jésus-Christ. Quoi qu'il en soit, Barcelone, après France. L'histoire du comté de Barcelone se conavoir été soumise aux Romains, passa, lors du fond dès lors avec celle d'Aragon. En 1595, Bardémembrement de l'empire, sous la domination celone tenta de se soustraire au joug des princes des Goths, au ve siècle; puis sous celle des Sarra- aragonais, et, après s'être quelques instants sins, au VIIIo. Les Francs, conduits par Charle- gouvernée par ses propres magistrats, elle enmagne, l'enlevèrent à ces derniers en 801; ce voya son ambassadeur à René d'Anjou, comte monarque en fit alors le siége d'un comté auquel | de Provence et roi de Naples, pour l'inviter à il préposa un seigneur de race gothique, appelé faire valoir les droits que lui donnaient d'anBera. Ce comté, d'abord simple bénéfice, concédé ciennes alliances de sa maison avec celle des à vie par ce souverain, comprenait, sous le titre comtes de Barcelone. En conséquence une expéde Marche d'Espagne, tout ce que les Francs dition assez heureuse eut lieu; mais la maison avaient pu conquérir au delà des Pyrénées. Sous d'Anjou s'étant éteinte dans le siècle suivant, Louis le Débonnaire, il forma une des deux por- Barcelone se soumit à Jean II, roi d'Aragon. Les tions du duché ou marquisat de Septimanie ou droits des Angevins au comté passèrent à la Gothie dont fut investi ce même comte Bera; maison royale de France; mais les guerres d'Il'autre portion se composait de ce que les Goths talie empêchèrent les rois de les faire valoir. avaient possédé en deçà des Pyrénées, et forma Toutefois, il faut croire que l'empereur Charles V un peu plus tard le duché ou comté de Toulouse. ne les croyait pas sans fondements, quisqu'il en Mais cet établissement dura peu en 864 les deux exigea la cession du roi François Ier, par le grandes seigneuries se trouvèrent définitivement traité de Crépi, de 1544. Environ un siècle après, séparées, et un personnage appellé Wifred le en 1640, Barcelone fut reprise par les Français Velu devint comte héréditaire de Barcelone, et conservée par eux jusqu'en 1652; les Esparelevant de la couronne de France. Il fut la tige gnols la reprirent après un siége de 15 mois. d'une maison puissante en Espagne qui se trouve, Dans ces guerres de succession cette ville passa jusqu'au XIIe siècle, souvent mêlée aux événe- plusieurs fois d'un parti à l'autre; en 1677 les ments dont la Péninsule fut le théâtre. Le hui- Français, sous le commandement du duc de tième de ces comtes, Raymond Bérenger Ier, dit Vendôme, s'en emparèrent après un siége rele Vieux, commença surtout l'illustration de marquable. Rendue par le traité de Ryswick, cette maison, presque souveraine, par ses guerres elle fut, en 1714, après un nouveau siége, emheureuses contre les infidèles. En 1048 il obligea portée d'assaut par le maréchal de Berwick; elle plusieurs de leurs rois à se rendre ses tributaires. perdit alors tous ses anciens priviléges que PhiSes quatre successeurs, connus également dans lippe V lui rendit, toutefois, un peu plus tard, l'histoire sous le nom de Raymond Bérenger, Barcelone a été encore au pouvoir des Français marchèrent sur ses traces et se distinguèrent par de 1808 à 1814, pendant la guerre de l'indépendes expéditions contre les Sarrasins, dont l'heu- dance. En 1821 elle fut désolée par la fièvre reuse issue ajouta considérablement à l'étendue jaune qui lui enleva le cinquième de sa populade leurs possessions. Raymond Bérenger III, tion et donna lieu à l'admirable dévouement des devenu comte en 1093, se signala surtout par la médecins français et des sœurs de Sainte-Camille conquête des îles Baléares et de Majorque, qu'il qu'on vit affronter ce terrible fléau pour secoueffectua avec le secours des flottes de Gênes et rir ses malheureux habitants. Enfin c'est dans de Pise placées sous les ordres du légat du pape. | cette cité qu'à été donné, en 1833, par la muni

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cipalité et par le général Llander, le signal de la nouvelle révolution qui, de nos jours, a produit tant de secousses et tant de soulèvements.

logne. C'est surtout à partir de 1835 que l'agitation et l'émeute y deviennent en quelque sorte permanentes.

Accusés de soutenir le parti de don Carlos, les ordres religieux deviennent le point de mire des agitateurs, et le 25 juillet le peuple barcelonais soulevé se porte en masse aux couvents pour les incendier; six de ces derniers sont détruits, et quelques moines périssent. Le lendemain l'émeute, changeant de face, veut sévir contre les fabriques, cependant elle prend bientôt un caractère politique. Le 5 août les désordres recommencent avec un caractère déplorable. Le général Bassa, arrivé la veille à la tête de 2,000 hommes est attaqué au palais même, précipité du balcon et son cadavre est jeté dans les flam

hôtels du gouvernement sont envahis, plusieurs établissements publics et particuliers sont incendiés, parmi lesquels le couvent de Saint-Sébastien, les archives administratives, les bureaux de l'octroi et des postes. La statue de Ferdinand VII, élevée sur la place du palais, est renversée de son piedestal et remplacée par un portrait de sa fille Isabelle II.

Barcelone est à 55 lieues sud-sud-ouest de Perpignan, et à 114 lieues nord-est de Madrid. C'est une des places les plus fortes d'Espagne : des fossés profonds, des remparts, une citadelle pou- | vant contenir 7,000 hommes de garnison, et plusieurs forts la protégent du côté de la terre; elle est défendue du côté de la mer par une muraille de 380 pieds de long, haute de 50 et épaisse de 48. On y distingue la vieille ville et la nouvelle; ces deux parties sont séparées par un cours orné de quatre rangs d'arbres. En dehors des murs est un fauboug, appelé Barceloneta et qui se compose de 20 larges rues coupées à angles droits; il a été bâti en 1750 par le marquismes après avoir été traîné à travers les rues. Les de Mina et contient 5,000 habitants. On remarque à Barcelone plusieurs beaux édifices, tels que la cathédrale, quelques couvents, le palais des rois d'Aragon; elle renferme plusieurs promenades ombragées de beaux arbres et des places ornées de fontaines. On y compte sept hôpitaux et un grand nombre d'autres établissements de bien public ou d'instruction, Cette ville, qui est le centre du commerce de la Catalogne, possède aussi diverses branches d'industrie, notamment des fabriques de draps, améliorées depuis 1820. Son port, situé au sud-est de son enceinte, a 1,000 toises de large à son ouverture, et 100 seulement à son extrémité; sa longueur est de 1,200 toises au plus; des sables qu'y amènent le Llo- | bregat et le Besas, qui viennent s'y perdre, gênent quelquefois la navigation. Le nombre des navires qui y entrent chaque année est de 1,000. La principale exportation consiste en vins et eauxde-vie. On compte à Barcelone 150,000 habitants. Ses environs sont très-fertiles et parsemés de villages, de couvents et de maisons de plaisance, dont l'aspect est ravissant. DUFAU.

Barcelone, depuis l'année 1833, époque à laquelle, sous le commandement du général Llander, elle donna le signal de la révolution qui agite encore l'Espagne, a été le théâtre d'événements graves dont nous esquisserons rapidement la succession.

Après la mort de Ferdinand, Barcelone fut une des premières villes du royaume qui reconnurent la régence de la reine Marie-Christine, pendant la minorité de sa fille Isabelle II. L'esprit libéral de cette populeuse cité se manifesta toujours en faveur des nouvelles institutions et trop souvent la violence y suscita des mouvements populaires dont les suites ont toujours été funestes à la capitale industrieuse de la Cata

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Le 8, une sorte de tranquillité avait recommencé à régner; on en profite pour procéder aux élections des officiers de la milice urbaine. De nouvelles juntes sont créées, elles répandent des proclamations dans lesquelles elles engagent tous les Catalans à seconder les Barcelonais. La municipalité de Barcelone envoie à la reine une adresse votée le 19, dans laquelle elle demande la convocation des cortès extraordinaires pour s'occuper d'une loi fondamentale; la même junte se met en rapport avec Valence et quelques autres villes du royaume.

Le 4 septembre les patriotes barcelonais demandent que la députation provinciale se forme en junte centrale de gouvernement et que son premier acte émette un vœu catégorique pour qu'un code fondamental soit rédigé par les cortès constituantes et pour prier la reine de condescendre aux vœux des Catalans. Mais une proclamation de la reine et un décret de dissolution des juntes, ayant été lus à Barcelone, les autorités supérieures de la ville et de la province appelèrent la junte consultative, et, réunis à elle, se constituèrent provisoirement en junte supérieure de gouvernement de la principauté de Catalogne.

Cette junte annonça sur-le-champ son installation et recommanda avec les plus vives instances la conservation de la tranquillité intérieure, et termina sa proclamation par ces mots:

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Vive la liberté, Vive Isabelle II, Vive l'ordre [ circulé sur l'indulgence qu'on accordait aux pripublic! La milice urbaine députa des commis- sonniers carlistes, le peuple se soulève le 4 jansaires pris par compagnies et chargés d'exposer vier 1836 et marche sur la citadelle. Les portes à la junte les désirs de leurs corps respectifs; la en sont forcées, le pont-levis est abaissé, la foule junte les accueillit ainsi que les représentants se précipite dans la place, le colonel O'Donnell des quartiers et des autres classes du peuple. est égorgé par le peuple, les prisonniers sont Dans cette assemblée on résolut d'attendre le fusillés et tués sans défense, l'œuvre de mort se résultat des députations envoyées à Valence et à poursuit avec acharnement, et 120 prisonniers Saragosse; le lendemain de son installation la sont immolés à la fureur populaire. Ce n'est que junte remit en vigueur deux décrets des cortès le lendemain que la fermeté du général Alvarès de 1821 et de 1823 : l'un pour appliquer la moitié | parvient à comprimer cette sanglante émeute. de la dîme aux frais de mobilisation de la milice Un nouveau soulèvement a lieu le 13 janvier urbaine, l'autre à la suppression des droits sei- 1837. Il est excité par deux bataillons de la migneuriaux. lice urbaine, à l'occasion de la loi du 22 décembre précédent, qui accordait au gouvernement des pouvoirs extraordinaires.

Le 4 mai de la même année, l'insurrection

Une division commandée par le général carliste Guergué étant parvenue à s'installer dans la Catalogne, dès que la junte gouvernante de Barcelone en eût connaissance, elle invita le gé-éclate de nouveau. Les insurgés se rendent mainéral Pastors à entrer en campagne pour s'opposer à cette dangereuse invasion.

Sur ces entrefaites le général Mina, qui appartenait au parti populaire, fut nommé capitaine général de la Catalogne. Il était chargé de faire exécuter un nouveau décret ayant pour objet l'établissement provisoire de députations provinciales, ainsi qu'un autre décret qui rapportait toutes les dispositions pénales contre les juntes et déclarait tous les événements arrivés depuis le premier moment de la scission généralement oubliés. Ces décrets, dus à l'arrivée au pouvoir de M. Mendizabal, furent accueillis avec enthousiasme à Barcelone et dès l'abord cet enthousiasme fut considéré comme le prélude de la soumission de la junte de Barcelone.

Celle-ci, le 22 septembre, porta ces faits à la connaissance du peuple et engagea tous les Catalans à se rallier aux hommes qui avaient saisi les rênes du gouvernement, et dont les antécédents ne laissaient rien à désirer. Cependant cette junte ne donnait pas sa démission, elle annonçait au contraire son intention de rester en fonctions jusqu'à l'arrivée du général Mina. Enfin celui-ci ayant fait son entrée à Barcelone, le 20 octobre, la junte, par une proclamation aux Catalans, annonça qu'elle se retirait et déclara qu'elle s'abandonnait avec confiance aux promesses du fils de la liberté qui avait pris les rênes de l'État et du guerrier sans tache qui s'était mis à la tête de la Catalogne désolée.

Ainsi, en moins de six semaines, cette grave insurrection de la junte s'était arrêtée au seul bruit de la nomination de M. Mendizabal et du général Mina.

La tranquillité due à ces derniers événements ne fut pas de longue durée. Des rumeurs ayant

tres d'une grande partie de la vieille ville; mais guidées par le gouverneur, les troupes de la garnison cernent les quartiers occupés par les factieux, l'émeute est encore une fois étouffée, et la ville encore une fois mise en état de siége.

En 1840, la reine Marie-Christine, dans l'intention ou sous le prétexte de faire prendre des bains de mer à la jeune reine dont la santé paraissait chancelante, arrive à Barcelone. Le général Espartero, alors l'objet de la faveur populaire, vint trouver Marie-Christine dans la capitale de la Catalogne.

A cette époque, toute la question politique se résumait dans la sanction donnée par la régente à la loi des ayuntamientos, sanction contre laquelle avaient opiné, au sein des cortès, les hommes les plus influents.

Le général Espartero voulant profiter de la présence de la reine à Barcelone pour la faire revenir sur sa détermination, et n'ayant pu y parvenir, donna, le 15 juillet, l'ordre à son étatmajor de faire les préparatifs de son départ.

Cette nouvelle mit la ville en émoi, et quelques heures après Barcelone avait son émeute accompagnée des circonstances ordinaires.

Le mouvement se prolongea jusqu'à minuit, mais les troupes chargées de réprimer l'insurrection, ayant reçu l'ordre imprudent de regagner leurs casernes, l'agitation devint de plus en plus menaçante. A une heure de la nuit, le duc de la Victoire se rendit au palais et obtint enfin de la reine la remise de son ministère. Cet acte mit fin à l'exaspération populaire. Bientôt la reine quitta Barcelone pour se rendre à Valence. Le grand événement qui venait de s'accomplir fut le prélude de son abdication, et celui du nouveau pouvoir d'Espartero.

Le 15 au soir, l'insurrection était victorieuse. Le 16 et le 17, la partie de la citadelle occupée par la troupe et le fort de Montjouy bombardèrent et canonnèrent la ville. Dans cette dernière journée une capitulation, conclue entre les insurgés et la force armée, amena l'évacuation de la citadelle, et les troupes se retirèrent dans le fort Montjouy, maîtresses du port et du faubourg maritime de Barcelonette.

Le général O'Donnel, partisan dévoué de la reine et qui agissait dans le sens du général Diego Leon, fournit l'occasion à la municipalité de Barcelone d'adresser, à la date du 8 octobre 1841, une proclamation dans laquelle cette municipalité engageait les Barcelonais à poursuivre les adhérents à la rébellion d'O'Donnell. L'effet immédiat de cette proclamation fut le soulèvement de la population de Barcelone. Une foule considérable se rassemble et se porte vers la citadelle qu'elle veut démolir. Les autorités soutenues par la garnison s'opposent au mouve-ganisa et chercha à attirer dans son parti les ment, et la ville est mise en état de siége, dans le but d'arrêter les effets d'une sédition menaçante.

Le calme, rétabli de nouveau dans cette population si irritable, fut de nouveau troublé le 13 novembre 1842. Les droits d'octroi récemment établis sur le vin en fournissent l'occasion. Une collision éclate entre le peuple et la garde de la porte Del Angel : les soldats sont désarmés, mais des renforts arrivent, dispersent les mutins et une douzaine d'individus sont arrêtés. Cependant l'émeute grossit et vient assiéger l'hôtel de ville, les gardes nationaux se joignent aux mutins en réclamant contre le recrutement auquel le gouvernement voulait les restreindre. Le chef politique, aidé d'un détachement de troupes, dissipe les séditieux sur tous les points. Pendant la nuit les rédacteurs du journal el Republican sont arrêtés comme les promoteurs de la sédition.

Le lendemain 14, l'insurrection prend un caractère plus sérieux, les groupes armés se précipitent vers l'hôtel de ville, et demandent la mise en liberté des journalistes. Les forces de l'insurrection s'accroissent à chaque instant, la plus grande partie de la garde nationale prend les armes, le peuple creuse des tranchées, élève des barricades et se retranche dans certains édifices. D'un autre côté, le général Van Halen et le général Zurbano combinent leurs opérations pour dompter l'insurrection.

Le 15, à 9 heures du matin, le feu s'engage sur plusieurs points. Les habitants et les miliciens répandus dans les maisons font pleuvoir sur les troupes des pierres, des balles, des meubles, des liquides bouillants.

Vers midi, après trois heures de combat, le capitaine général prend le parti de faire retirer ses troupes, dont la perte s'élève de cinq à six cents hommes. La retraite s'opère dans la citadelle, dont les murailles sont escaladées par les insurgés qui s'emparent du fort Pio, situé dans l'intérieur de la place.

Une junte populaire présidée par le nommé Garsy, simple officier de la garde nationale, s'or

villes importantes de la Catalogne, mais, il faut le dire, sans but décidé, sans direction fixe les insurgés parurent dès le 19, jour où cessèrent les hostilités, embarrassés de leur position et incertains dans la marche qu'ils avaient à suivre. La nouvelle de ces événements étant parvenue Madrid, le régent rassembla des troupes et marcha sur Barcelone.

à

Parti de Madrid le 21 novembre, le régent arriva devant Barcelone le 29 du même mois; les députations des juntes furent envoyées auprès de lui et ne furent point reçues, il leur fit signifier que si la ville ne s'était remise à discrétion le 3 décembre à dix heures du matin, elle serait bombardée à outrance. Cette réponse du régent porta l'irritation dans les esprits et les Barcelonais se préparèrent à une vigoureuse défense. En effet, le bombardement commença le 3 à 11 heures du matin et continua sans interruption jusqu'à minuit; dans cet intervalle 817 bombes furent lancées sur la ville, qui détruisirent et incendièrent un nombre considérables de maisons et d'édifices publics; le 4 les insurgés furent désarmés, la ville se rendit et le général Van Halen y fit son entrée à 5 heures du soir. Il fit de suite publier une proclamation des plus rigoureuses, déclara la ville en état de siége, et ordonna le désarmement non-seulement de la garde nationale, mais de tous les habitants.

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Un grand nombre d'insurgés furent passés par les armes, et Barcelone fut frappée d'une contribution de 12,000,000 de réaux; on estime à 100,000,000 de réaux la perte qu'ont fait éprouver à Barcelone les suites de cette funeste insurrection.

Cette contribution se paya avec une lenteur facile à deviner; et même elle ne fut jamais totalement payée. Cette résistance motiva l'envoi du général Seoane qui se présenta devant la ville avec un corps d'armée, et somma les habitants de compléter le payement de la contribution. Mais, presque au même moment (mai 1843),

eut lieu le remplacement du ministère Lopez | suivre les bons esprits de son temps. On ignore par le ministère Mendizabal; cet incident fut suivi du soulèvement de l'Espagne entière contre le régent. C'est, en quelque sorte, de Barcelone qu'est parti le mouvement; et cette ville aujourd'hui à jamais célèbre, vit, à partir du mois de mai 1843, se succéder dans son sein une série d'événements qui se prolongèrent jusqu'au commencement de cette année (1844). Si cet article n'avait déjà trop d'étendue, et si surtout ces événements ne se liaient intimement au dernier épisode qui semble avoir enfin arrêté la révolution espagnole, nous les raconterions ici. Nous renvoyons donc à l'article ESPAGNE, et aussi à l'article VICTOIRE (duc de la). Disons, pour terminer, que la reine mère Marie-Christine, qui a vu, à Barcelone, le pouvoir s'échapper de ses mains, a repassé par cette ville, il y a deux mois, revenant de son exil, et rappelée auprès de sa fille. L'enthousiasme avec lequel elle a été accueillie par les habitants, aura dû lui prouver tout le regret qu'ils éprouvaient de l'affront dont elle avait été naguère la victime dans leur X.

ville.

BARCHIELLO (DOMINIQUE), poëte florentin du xye siècle. Le genre bizarre et presque incompréhensible dont il est le créateur lui a valu, en | Italie, une grande célébrité; cependant nous ne voyons pas trop quel est, sauf la pureté du langage qu'on ne peut leur contester, le mérite de ces sonnets, composés de phrases sans suite, de mots qui semblent réunis par le hasard. On croit quelquefois y découvrir un sens énigmatique; mais il vous échappe dès que vous vous appliquez à le saisir.

Barchiello était fils d'un barbier : la boutique où il exerçait la profession que lui avait léguée son père était le rendez-vous des beaux esprits du temps; elle est peinte sur l'une des voûtes de la galerie de Médicis. Barchiello mourut à Rome, en 1448. Ses sonnets, imprimés pour la première fois à Bologne, en 1475, l'ont été très-souvent | depuis; on en comptait déjà sept éditions avant la fin du xve siècle. Mlle OZENNE.

BARCLAY (LES), famille célèbre d'origine écossaise qui, après s'être fait un nom glorieux dans les armes, acquit encore plus de réputation dans le domaine de la philosophie et de la littérature. Ces deux branches des connaissances humaines, réduites à la triste aridité de la théologie, languissaient en Europe, lorsque Barclay (ALEXANDRE), par de nombreuses traductions et des ouvrages de critique et d'histoire, écrits avec une élégante pureté, dédaigna les routes battues et se fraya un chemin que s'empressèrent de

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le lieu et l'époque précise de sa naissance; on sait seulement qu'il étudiait à Oxford vers 1495, sous le patronage de Thomas Cornish; qu'il fut successivement dominicain, franciscain, pourvu de bénéfices dans les comtés de Sommerset et d'Essex; qu'il suivit tous les changements religieux opérés par Henri VIII, et qu'il vécut d'une manière scandaleuse, quoique professant la morale et lisant assidûment la Vie des saints. Cet homme bizarre, aussi morose sur ses vieux jours | qu'il avait été aimable dans sa jeunesse, mourut en 1552, à Croydon, province de Surrey. Au nombre des productions originales d'Alexandre Barclay, nous citerons les l'ies de sainte Marguerite, de sainte Catherine, de saint George, etc., en vers anglais; la Figure de notre mère la sainte Église, opprimée par le roi de France. Ses traductions les plus estimées sont des Eglogues du latin de Baptiste Mantouan et d'Enéas Sylvius, la Guerre de Jugurtha de Salluste; mais surtout la Nef des fous (ship of fools), de Sébastien Brandt, satire moitié en prose, moitié en vers, imprimée plusieurs fois.

GUILLAUME BARCLAY, de la même famille que le précédent, né en 1545, à Aberdeen, fut enveloppé, 30 années plus tard, dans la ruine de son pays et de sa maison. Obligé de se réfugier en France, il étudia le droit à Bourges, sous le célèbre Cujas, y prit le titre de docteur, et vint ensuite professer la jurisprudence à l'université de Pont-à-Mousson. Conseiller d'État, maître des requêtes du duc Charles III, comblé des faveurs d'un prince qui savait apprécier le mérite, il attirait à ses leçons un grand nombre d'auditeurs et voyait chaque jour grandir sa réputation naissante, lorsqu'un différend avec les jésuites, à propos de son fils Jean l'obligea d'abandonner sa chaire. Il quitta la Lorraine en 1602, fut nommé professeur à l'université d'Angers, passa l'année suivante à Londres où Jacques Ier lui faisait les offres les plus séduisantes; mais il aurait fallu renoncer au catholicisme, et Barclay préféra quitter l'Angleterre. Il revint à Angers en 1604, composa plusieurs écrits contre la Ligue, et mourut sur la fin de l'année suivante, en laissant la réputation d'habile jurisconsulte et de grand théologien.

et

JEAN BARCLAY, fils du précédent et d'une femme lorraine de la maison de Malleville, naquit à Pont-à-Mousson, en 1582. Il parcourut la France, l'Italie, fut plusieurs fois sur le point d'entrer chez les jésuites, et passa en Angleterre où Jacques Ier le retint par des emplois lucratifs. On dit même qu'il eut beaucoup de part à

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