les grincemens de dents: le ver qui les
ronge ne mourra point, c'est-à-dire,
le remors & le reproche de la con-
science. Or la vie éternelle consiste
comme il nous enseigne, à voir Dieu,
être avec Jesus-Christ , & voir la
gloire qu'il avoit , avant la création
du monde : à être tous un en Jesus-
Christ, & par lui être unis à Dieu
d'une charité parfaite. Voilà le fom-foxvii,
maire de la do&trine de Jesus-Christ.

So 2124"

LECON XXXVII.

Des ennemis de Jesus.

Esus-CHRIST prêchant cette do&rine & la folltenant par

ses vertus & par

ses miracles devint odieux Jo. iij. 19. au monde; c'est-à-dire , aux hommes corrompus,

à

qui il montroit la veJan vij. 14. rité, qui les condamnoit. Ils aimoient Jo, 24

mieux les 'tenebres que la lumiere parce que leurs æuvres étoient mauvaises. Ils jugeoient de lui selon les apparences, & le méprisoient comme un Galiléen de Nazareth , fils d'un charpentier. Les Juifs charnels le voyant si pauvre,

si simple , fi humble & fi doux , ne pouvoient croire qu'il fut ce grand roy fils de David ,

qui

qui devcit venir les delivrer de leurs
ennemis, & fo.imettre toutes les na-
tions à fon empire. Ceux qui le haïl-
soient le plus, étoient les scribes ou
docteurs, les pharisiens, les sacrifi-
cateurs & les senateurs, qui gouver-
noient le peuple. Ils étoicnt envieux
de fa gloire, & irritez des reproches Matt. xxiij

.
qu'il leur faifoit. Les docteurs ne pou-
voicnt souffrir qu'il montrât au peu-
ple leur ignorance, & le mépris qu'ils
faisoient de la loy de Dieu , pour éta-
blir des traditions humaines. Il fai-
soit connoître l'hypocrisie des phari-

.
fiens , leur orgueil & leur avarice. Ils Mat. xxvj.
le haissoient tous, parce qu'il prédi- Act, 6140
soit la ruine du temple & de la ville;
qu'ils regardoient comme un lieu où
la vraye religion étoit attachée, &
qui ne devoit jamais être détruit. Ce-
pendant ils n'avoient rien à lui repro-
cher:& il leur dit publiquement: Qui so.vij. 46.
de vous me reprendra de peché ? quoi
que sa vie fût exposée à la vûë de
tout le monde. Ils ne laisserent pas
de le calomnier, de ce qu'il guerifa.
soit des malades le jour du sabat, &
Tome II.

L

.

de ce qu'il disoit qu'il étoit fils de Dieu venu du ciel : quoiqu'il ne leur parlât qu'au nom de Dieu, & qu'il ne cherchất que la gloire de Dieu;

quoique les miracles qu'il faisoit, & Jo. xv, 14. dont on n'avoit jamais vû de fembla

bles, fussent une preuve infaillible de la verité de ses paroles, & de l'accomplissement des propheties , qui leur promettoient le Christ. Ses ennemis ayant refolu de le faire mourir ,

ne purent executer leur dessein, que Jo. vij. 30. quand son heure fut venuë; c'est-à

dire dans le tems , où il avoit resolu de souffrir. Jusques-là, il se cacha plusieurs fois ; & un jour comme ils pensoient le prendre, il se rendit

invisible & passa au milieu d'eux. Luc. iv. 30. D'ailleurs, ils se presserent de le pernous, fils de David, beni foit celui qui vient au nom du Seigneur. C'étoit le reconnoître publiquement pour le Messie. Ses ennemis ne le purent souffrir; ils tinrent conseil , ils resolurent de le prendre par artifice : & gagnerent Judas Iscariot, un des douze apôtres, , qui promit de leur livrer fon Mat. XXXV; maître pour trente sicles d'argent,c'està-dire, environ quinze écus de nôtre monnoye.