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LECON XLV.

De la converfion des Gentils.

Uelque tems aprés les Gen- A3, x
tils commencerent auffi à
entrer dans l'églife. Il y
avoit un capitaine Ro-

:

main nommé Corneille, qui tout Gentil qu'il étoit, ne laiffoit pas de connoître qu'il n'y avoit qu'un Dieu. de le craindre & le fervir le priant fans ceffe, & faifant de grandes aumônes. Un ange lui vint dire de la part de Dieu, que fes prieres avoient été exaucées; & qu'il envoyât querir Pierre, pour favoir ce qu'il avoit à faire. Saint Pierre, de fon côté, eut une vifion, qui lui apprit, qu'il n'y a aucune créature immonde ni impure;

A xj.

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& l'efprit de Dieu lui dit d'aller avec ceux que Corneille avoit envoyéz. Tout cela étoit neceffaire pour vaincre l'horreur que S. Pierre, comme tous les autres Juifs, avoit des Gentils : & le faire refoudre à converfer avec eux. Quand il fut venu chez Corneille, il le trouva avec plufieurs de fes parens & de fes amis, qu'il avoit affemblez ; & comme il eut commencé à les inftruire, ils reçeurent le faint Efprit, & publierent ies louanges de Dieu en diverses langues. De forte que faint Pierre leur fit auffi-tôt donner le baptême de l'eau voyant qu'ils avoient déja reçu celui de la grace. Les apôtres & les autres fideles furent d'abord fcandalifez, quand ils apprirent que faint Pierre étoit entré chez des incirconcis, & avoit mangé avec eux. Mais quand il leur eut raconté comment la chofe s'étoit paffée, ils demeurercat fatisfaits, & dirent avec étonnement. Quoy donc Dieu a donné même aux Gentils la penitence pour entrer dans la vie? L'experience leur

&c.

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fit alors comprendre le myftere de la vocation des Gentils, qui étoit marqué dans toutes les écritures : & c'eft faint Paul qui l'a le mieux expliqué: auffi a-t'il été principalement l'apôtre des Gentils. Il nous apprend, que Rom.ix -les vrais Ifraëlites & les enfans de Dieu ne font pás feulement les enfans d'Abraham felon la chair, mais les enfans de la promeffe, & les imitateurs de fa foy: ceux que Dieu choisit par fa pure mifericorde, & qu'il appelle: non feulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les Gentils. D'où il s'enfuit, que la circoncifion n'est plus rien puifque l'alliance de Dieu n'eft plus attachée à une certaine race, & fe communique à toutes les nations, par la regeneration fpirituelle. La vocation des Gentils fait que ceux qui n'étoient point le peuple de Dieu, deviennent fon peuple : & ceux qui étoient fon peuple, font rejettez la plûpart, pour leur incredulité. Leur Rom, xi.11 peché eft le falut des Gentils : qui font appellez à leur place, & incorporez au veritable Ifraël. Car le peu

Rom.xi.19.

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de Juifs qui ont cru l'évangile, & font fauvez par leur foy, font la racine & la fouche, qui porte toute l'églife, & Ron xi.19. fur laquelle les Gentils font inferez & entez: comme des branches d'olivier fauvage fur l'olivier franc. Cependant les Juifs endurcis ont été rejettez: juf ques à ce que tous ceux que Dieu refolu de fauver d'entre les Gentils foient entrez dans l'églife. Car Dieu Rom.xi. 15. fauvera les reftes des Juifs, à la fin des fiécles. Les Gentils ayant commencé d'entrer dans l'églife, les apôtres fe difperferent par tout le monde, fuivant l'ordre qu'ils en avoient reçu de JefusA&.xiij.44 Chrift. Ils s'adreffoient toûjours aux Juifs les premiers, dans les lieux où ils en trouvoient : & à leur refus, ils fe tournoient vers les Gentils.

LECON XLVI.

De la fondation & de la fubordination des églifes.

Vant que de fe feparer, les apôtres compoferent le symbole : c'est-à-dire le figne auquel on connoîtroit

les fideles, pour les diftinguer des Juifs & des impofteurs, qui commençoient dés-lors à corrompre la doctrine de Jefus-Chrift. Ce fimbole contient le fommaire de toute la doctrine chrétienne, en cette forte. Je croy en Dieu le pere tout-puiffant, créateur du ciel & de la terre. Et en Jefus-Chrift fon Fils unique, nôtre Seigneur. Qui a été conçû du faint Efprit, eft né de la vierge Marie, a

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