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choses visibles. Ainsi commença l'idolatrie. En tout cela ils faisoient contre leur conscience, & contre la lumiere de la raison : qui dit à tous les hommes, qu'ils ne doivent rien adorer, qui leur soit égal ou moindre qu'eux, mais seulement leur créateur : qu'ils doivent honorer leurs peres & leurs meres; qu'ils doivent garder l'inftitution du mariage; ne fe point nuire les uns aux autres, ni en leur personne, ni en leurs biens, ni en leur reputation : dire toûjours la veri-, té, & moderer leurs desirs. La raison dicte tout cela aux hommes, qui la veulent écouter : & c'est ce qui s'appelle la loi de nature. Il y eut toûjours des saints qui l'observerent, comme Job, Melchisedech, & quelques autres, marquez dans l'écriture ; fans ceux que nous ne connoissons pas. Job étoit un prince fort riche & fort vertueux : Dieu permit que le démon lui ôtât tous ses biens, ses enfans, fa santé, & le reduisît à la derniere misere, pour donner un grand exemple de par tience

LECON (V.

Du patriarche Abraham.

Omme le monde se cor-
rompit toûjours de plus en
plus : la vraie religion :

c'est-à-dire , la connoilsance de Dieu & l'observation de la loi de nature, ne restoit plus qu'en quelque peu de saints personnages, principalement de la posterité de Sem, Jos, xxļvi & de la branche d'Heber. Mais l'idolâtrie gagnoit même cette famille: quand Dieu y choisit un homme, avec qui il fit une alliance particuliere, afin de s'en servir, pour confer ver sur la terre la connoissance de la verité & la pratique de la vertu. Ce fut Abraham. Dieu lui commanda cen, xije

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1

de quitter ses parens & le lieu de sa
naissance : de parler l’Euphrate & de
venir dans la torre de Canaan ; & lui
promit de faire sortir de lui un grand
peuple , dont la multitude feroit aussi
innombrable que les étoiles du ciel &
les sables de la mer. Et en ta race, a-
joûta-t-il, seront benites toutesles na-
tions de la terre. Ce qui signifioit que
de la posterité devoit naître le Sauveur
du genre humain : ce fils de la femme

qui écraseroit la tête du serpent. Aeen. XV.16, braham erut aux promesses de Dieu Pl. civ. 14 & obéit à ses ordres. Aufli Dieu lui

tint compte de fa foy, le protegea en
toutes occasions, le combla de biens,
& fit avec lui une alliance folemnelle,
&
& lui réitera plusieurs fois les mêmes
promesses ; que de lui viendroit un

grand peuple, qui possederoit la terre Gen, xvij. de Canaan, & que par lui la benedic

tion & la grace se repandroit sur toute
la terre. Dieu lui ordonna la circon-
cision, pour marque de son alliance:
parce que cette alliance étoit attachée
au sang & à la generation. Enfin aprés
que

la foy d'Abraham eut été long

.

.

tems

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tems éxercée, lorsqu'il avoit déja cent ans, & que la femme Sara étoit aussi

Gen. xxj. hors de l'âge d'avoir des enfans , & naturellement sterile : Dieu lui donna un fils qu'il nomma Isaac , & fur qui Dieu lui declara

que

tomberoit l'effet de ses promesses, & non pas sur Ismaël : qu’Abraham avoit déja eu d'une autre femme. Quand Isaac fut devenu grand: pour éprouver davantage la foy d'Abraham , Dieu lui commanda de facrifier ce cher fils. Il Gen. xxija obéit sans replique : & il avoit déja le bras étendu pour l'égorger, quand un ange l'arrêta de la part de Dieu: lui déclarant , qu'il étoit content de fon obéissance, & lui renouvellant toutes ses promesses. Du tems d’A- Gen.xiv.1! braham vivoit Melchifedech roi de Salem , dont on ne sait ni le

pere

Heb, viija ni la famille ; mais seulement qu'il

; étoit facrificateur du Dieu tres-haut; & qu’Abraham revenant un jour viếtorieux, d'une guerre où il avoit

quatre rois ; cet homme extraordinaire vint au-devant lui donna fa benediction , & offrit pour Tome II

B

défait

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lui du pain & du vin. C'étoit une figure du Sauveur du monde : qui devoit être plus grand qu'Abraham, quoiqu'il dût naître de lui.

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