en fiecle: jufques à ceux qui enfeignent aujourd'hui. Le premier qui écrivit, Euseb. iij. fut l'apôtre faint Mathieu : qui com- hift. 23, pofa fon évangile pour les Juifs convertis. Saint Marc difciple de faint Pierre en fit peu de tems aprés comme l'abregé. Saint Luc difciple de faint Paul écrivit enfuite; pour opofer la verité aux fables, que debitoient plufieurs faux apôtres. Enfin S. Jean écrivit fon évangle, plus de foixante ans aprés la refurrection de JefusChrist, pour confondre des heretiques qui nioient fa divinité. Il avoit écrit l'apocalypfe auparavant; & pour les épîtres de faint Paul & des autres apôtres, ce font des lettres, qu'ils ont écrites à diverfes églifes, ou à quelques particuliers, en differentes occafions. Il n'y a que fix apôtres, dont nous ayons des écrits. S. Pierre, S. Paul, S. Jean, S. Jacques, S. Mathieu, S. Jude. Nous n'avons rien des fept autres. Tous ces écrits des apôtres & des évangeliftes ne font pas leurs pen→ fées propres ; ils leur ont été dicez par le faint Efprit, comme ceux de 1, Pet,j. 21 A&t. XV. Moyfe & des prophetes; c'eft pourquoi la foy nous oblige à croire fermement tout ce qu'ils contiennent. Mais comme les apôtres ont enfeigné beaucoup plus, qu'ils n'ont écrit: le refte de leur doctrine s'eft confervé par la tradition feule; & les Chrétiens ont toûjours regardé comme traditions apoftoliques, les points de doctrine ou de difcipline, qu'ils ont trouvez univerfellement reçus dans toutes les églifes, fans que l'on en connût le commencement, principalement ceux dont l'église a fait des decifions. Les plus folemnelles font celles des conciles; & les apôtres mêmes nous en ont laiffé l'éxemple. Car lorfque les Gentils commencerent à fe convertir en grand nombre, il y eut des Juifs fideles qui vouloient les obliger à fe faire circoncire, & à obferver tout le refte des ceremonies de la loi de Moyfe. Les apôtres s'affemblerent à Jerufalem avec les prêtres pour decider cette question. Saint Pierre y parla le premier. Saint Paul & faint Barnabé furent oüis; & faint Jacques rapporta les 1 es paffages de l'écriture, qui prouvent que toutes les nations doivent un jour chercher le Seigneur. Enfin ils formerent leur decifion, & la conclurent en ces termes : Il a femblé bon au S. Efprit & à nous, de ne vons impofer aucune autre charge que ces points neceffaires : que vons vous abfteniez des viandes immolées aux idoles, du fang des animaux fuffoquez, & de la fornication. A l'exemple de cette affemblée des apôtres, on en a tenu de tems en tems dans l'églife,pour vuider les queftions de doctrine ou de difcipline, qui fe font prefentées, & on les a appellées conciles ou fynodes. Les évêques y ont toûjours été les juges, & le faint Efprit y a prefidé, toutes les fois qu'ils ont été legitimement affemblez. Leurs decifions ont été reçuës par tous les fideles, avec refpect: & ceux qui ne s'y font pas foûmis ont été retranchez de l'églife, comme heretiques, c'est-à-dire attachez opiniâtrement à des erreurs. Eufebi iij. hift. cap. 5. 9.7. &c. T LECON XLVIII. De la ruine de Jerufalem. Nviron quarante ans aprés l'afcenfion de JefusChrift, Jerufalem fut ruinée comme il l'avoit prédit. Les Juifs fe revolterent contre les Romains, fous pretexte qu'ils étoient le peuple de Dieu, qui ne devoit pas être fujet des Gentils. Il y en eut grand nombre de maffacrez en divers lieux; & enfin Jerufalem fut affiegée & prife, aprés un long fiege, par Titus fils de l'empereur Vefpafien. Il n'y eut jamais de guerre plus cruelle. La famine fut fi horrible pendant ce fiege, qu'il y eut une mere qui mangea fon propre enfant. Il perit dans ce fiege feul onze cens mille per- & s'étendoit fur toutes les nations du Gen. xLivi |