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les traitoient fi cruellement. Et il y eut des legions entieres de foldats Chrétiens, comme celle de S. Maurice, qui fe laifferent maffacrer, plutôt que de fe fervir de leurs armes conRom. xiij. tre leur prince. Ils avoient appris des Pet. ij.33. apôtres qu'il faut refpecter les puiffances établies de Dieu, même en la perfone des méchans : & obéir à nos maîtres,quelques fâcheux qu'ils foient. On lit encore tous les jours à l'églife les martyrologes, où l'on a recueilli les noms d'un grand nombre de martyrs & l'abregé de leur hiftoire. Il y en a qui font honorez par toute l'églife: comme S. Jean-Baptifte, les apôtres S. Etiene, S. Laurent, S. Vincent, fainte Agnes. D'autres font plus connus aux lieux où ils ont fouffert: comme S. Irenée à Lion,S. Denis à Paris, S. Saturnin à Touloufe, & ainfi des autres.

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De la liberté de l'église & de là
vie monaftique.

Prés trois cens ans de fouf-
frances, Dieu donna la
paix à fon église fous l'em-
pereur Conftantin, quiem-

braffa la foy chrétienne. Cette liberté
rendit plus folemnelles les prieres pu-
bliques, & les affemblées des fideles,
qu'il falloit fouvent faire la nuit & en
cachette, du tems des perfecutions.
On fit auffi des édifices plus magnifi-
ques, on augmenta le nombre des or-
nemens & des vaiffeaux facrez : on
donna de grandes richeffes aux égli-
fes, pour l'entretien du luminaire &
des bâtimens, & pour la nourriture

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Chres.C. 21.

.

des clercs & des pauvres : l'on fonda des hôpitaux de toutes fortes. Mais en même tems, la vertu commença à fe relâcher dans le commun des Chrétiens. Comme il n'y avoit plus de peril à l'être, plufieurs en faifoient profeffion, fans être bien convertis : ny bien touchez du mépris des plaifirs, des richeffes, & de l'efperance du ciel. Ainfi ceux qui voulurent pratiquer la V. Mar. vie chrétienne, dans une plus grande pureté: trouverent plus feur de fe feparer du monde, & de vivre en folitude. On les appella moines, c'est à dire feuls ou folitaires. Les plus parfaits furent en Egypte, où S. Antoine commença à les faire vivre en communauté: & à rendre plus frequente cette maniere de vie, dont quelques particuliers avoient confervé la tradition depuis le commencement de l'églife. Car il y avoit toûjours eu quelques Chrétiens, à qui le defir d'une plus grande perfection, faifoit pratiquer une vie auftere & retirée; à l'exemple de Saint Jean Baptiste & des prophetes. Les moines vivoient

I. Caf. inf.

Aug. de

dans de grands deferts, où ils bâtiffoient pour se loger de pauvres cellules; & ils paffoient le jour à travailler faifant des nattes, des paniers & d'autres ouvrages faciles ; & méditant l'écriture fainte. Ils jeûnoient tous les jours, ne prenant leur nourriture que vers le foir: & ne vivant la plûpart que de pain & d'eau. Ils s'affembloient pour prier, le foir & la nuit. Ils dormoient peu, gardoient un grand filence, & s'exerçoient continuellement à toutes fortes de vertus. Leur travail fuffifoit non feulement pour les nour-mor.eccl.c rir, mais encore pour fournir à de 67. grandes aumônes. Ils obéiffoient parfaitement à leurs fuperieurs: quoy qu'il y en eût quelquefois plufieurs milliers, fous un même abbé. Car en peu de tems ils multipliérent extrémement. Il y eut des femmes qui embrafferent auffi cette maniere de vie. Dés le commencement du Chriftianisme il y avoit toûjours eu grand nombre de vierges & de veuves qui fe confacroient à Dieu. Et quand l'églife fut en liberté, il s'en forma de gran

des communautez de religieufes, & dans les villes & dans les folitudes. Il y a eu plufieurs Saints qui ont fait des regles de la vie monaftique, pour les hommes & pour les femmes : mais celle qui a été la plus fuivie en occident, eft celle de S. Benoift: qui vivoit en Italie, au commencement du fixiéme fiecle.

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