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1.Cor. ij.9.

ne pouvons comprendre ici bas, la grandeur de cette béatitude. L'œil n'a point vû, l'oreille n'a point entendu, il n'eft point tombé dans l'efprit de l'homme rien de comparable, à ce que Dieu prepare à ceux qu'il aime. Pour nous en donner une image groffiere, proportionnée à nôtre foibleffe, l'écriture nous reprefente la Jerufalem Apoc. xxj. celefte, c'est-à-dire l'église triomphante, comme une ville trés-grande bâti de pierres precieuses & d'un or trés-pur, tranfparant comme du criftal. Elle n'a point de temple, la prefence de Dieu y fuffit: elle n'a point de foleil & de lune, c'eft Dieu & l'Agneau qui l'éclaire, c'est un jour perpetuel. Ses portes ne font jamais fermées les rois de la terre & toutes les nations y viennent rendre gloire à Dieu, rien d'impur n'y entrera: n'y aura plus aucune malediction. Là eft le trône de Dieu & de l'Agneau, Ibid. v. 94 qui a été tué pour nous racheter par fon fang: fes ferviteurs voient fa face, & lui rendent gloire continuellement, Ibid.xxx.4 chantant: Amen, Alleluya. Tout eft

::il

Apoc. xxij

24.

accompli loüez Dieu : c'eft ainfi qu'ils regneront dans les fiécles des Ifa. Lxvj. fiécles. Cependant ils verront ceux qui auront été infideles à Dieu; dans la mort éternelle, où leur ver ne Apoc.xx.14 mourra point, & leur feu ne s'éteindra point. C'est la feconde mort, bien pire que la premiere, en ce que l'ame fera continuellement dans un état de mort, feparée à jamais de Dieu qui eft fa vie: dans une trifteffe amere & une rage furieufe, de voir qu'elle s'eft perdue par fa faute. C'eft pourquoi JefusChrist dit fouvent, que là feront les pleurs & les grincemens de dents. Telle fera la fin, quand Dieu aura mis tous les ennemis de Jefus-Christ fous fes pieds, & que toutes chofes lui feront foûmifes; alors le Fils luimême fera foûmis à celui qui lui a foûmis toutes chofes, afin que Dieu foit

1. Cor. XV. 14.

tout en tous.

深深

LECON XIII

De la prière.

Ous le nom de priere ou oraifon nous entendons toute forte d'élévation d'ef prit à Dieu: foit pour croi re, foit pour efperer, foit pour aimer. Il y en a quatre efpeces principales : la loüange, la demande, l'action de graces, & l'offrande. 1. Par la louange, nous honorons Dieu fimplement, en vertu de fes perfections infinies, fans rapport à nous: nous réjouissant saintement de le voir fi grand, fi jufte,;fi bon, fi fage, fi parfait: publiant & confeffant fes grandeurs, & invitant toutes les créatures à le louer avec nous. 2. Par la demande, nous prions Dieu

de nous accorder quelque grace temporelle ou fpirituelle: ou de nous délivrer de quelque mal.Nous devons bien prendre garde de ne rien demander à Dieu, qui ne foit digne de luy; c'està-dire la vie éternelle, & ce qui nous by peut conduire, qui eft fa grace, pour accomplir fes commandemens. Tout le refte, nous ne le devons demander, que fous condition : s'il eft expedient pour nôtre falut. Il en est de même des maux, dont nous prions d'être délivrez: il n'y a que le peché dont nous devions demander abfolument, ou d'en être prefervé ou qu'il nous foit pardonné, s'il eft commis, 3. L'action de graces ou remerciement eft pour tous les biens, que nous avons receus de Dieu, & que nous en recevons continuellement, foit fpirituels, foit temporels : puifqu'il n'eft pas moins l'auteur de la nature que de la grace. 4. Par l'offrande nous don→ nons à Dieu volontairement tout ce que nous avons recû de lui, & lui confacrons nos biens, nôtre corps, avec tous les fens, & nôtre ame avec toutes

fes puiffances; en un mot tout ce que nous fommes: foit en lui promettant quelque chofe par un vœu ou par une fimple promeffe: foit en lui prefentant quelque bonne œuvre ou quelque fouffrance: foit en agréant fimplement la dependance entiere dans laquelle nous fommes à fon égard, quand même nous ne le voudrions pas: lui donnant de bon cœur la feule chofe qu'il a laiffé dépendre de nous, qui eft nôtre volonté & l'ufage de nôtre liberté. Ainfi ceux qui aiment Dieu veritablement, ne manquent jamais de matiere, pour s'entretenir avec lui. Mais nous ne favions ni comment Rom, viil nous devions prier, ni ce que nous de- 19. vions dire dans la priere, fi le faint Efprit ne nous l'eût enfeigné. C'est pourquoy Jefus-Christ nous a donné un modele de priere, qui en renferme parfaitement toutes les efpeces, & c'eft l'oraifon dominicale. Nous adreffons toutes nos prieres à Dieu, par Je- Joan. xvj. fus-Chrift: parce que nous n'efperons 13. & ibid. rien que par fes merites & ne voulons Auguft. demander, que ce qui eft conforme à

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