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croix, la vifitation, la presentation, & la compaffion de la fainte vierge: les fêtes d'un trés-grand nombre de Saints; en forte qu'il y a peu de jours en l'année, où l'églife n'en honore quelqu'un par fon office, principalement dans les lieux où font leurs reliques.

ESUS

LECON XXXIV.

Du jeûne & de l'abstinence en general.

E jeûne eft utile pour nous punir des pechez déja commis, & nous fortifier contre les tentations. Nous nous puniffons, en nous privant des plaifirs, & même d'une partie de la nourriture neceffaire, & fouffrant la faim & la foif. Nous fortifions l'efprit en mortifiant la chair & affoibliffant le corps: car alors l'efprit eft mieux difpofe pour la priere, la componction & les penfées ferieufes. C'eft pourquoi le jeûne eft toûjours accompagné d'abftinence. On diminuë la nourriture, & quant au

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nombre des repas, & quant a la qualité des viandes. La regle du jeûne a toûjours été de ne faire qu'un repaspar jour, & vers le foir: le retardant d'autant plus que le jeûne étoit plus rigoureux. A prefent l'ufage eft de manger à midi, dans tous les jours de jeûne indifferemment : même on permet le foir une legere collation de pain & de fruit. Dans le jeûne on retranche les viandes, qui font les plus nourriffantes, comme la viande de boucherie & la volaille; les œufs, les laitages, fuivant la qualité des jeûnes & la coûtume des païs. Ces .Tim.iv. 3 abftinences ne font fondées für aucune 1. Cor. ix. fuperftition, qui nous faffe eftimer: mauvaises les viandes dont nous nous. abftenons, comme plufieurs anciens heretiques les eftimoient: mais feulement fur le befoin de châtier nos corps & les reduire en fervitude. C'eft pourquoi les repas maigres doivent être fort fimples, & ne pas être des feftins d'une autre efpece. Le jeûne, Ha, zviij.s. pour être utile, doit être fait en vrai efprit de penitence, & accompagné

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des autres bonnes œuvres, de la priere & de l'aumône. On devroit donner aux pauvres ce que l'on épargneroit en retranchant la nourriture. L'églife pour nous inviter à prier davantage ces jours-là, en a fait les offices plus longs: afin que l'on paffât une grande partie du tems à pfalmodier en com-. mun, lire l'écriture fainte, & écouter les inftructions des pafteurs. Pendant les jours de jeûne on doit fuir tous les divertiffemens, & fe priver des plaifirs mêmes permis. Moderons-nous, dit faint Ambroife dans Ad No&. une hymne du carême, dans le boire docti myfts & le manger, le fommeil, les difcours, les railleries, & veillons fur nous plus exactement. L'ufage a déterminé l'âge où l'on eft obligé de jeûner, à vingt ans accomplis. On difpenfe du jeûne les enfans, les nourrices, les femmes groffes, les malades, ceux qui gagnent leur vie à des travaux fort penibles: en un mot tous ceux qui ne pourroient jeûner fans ruiner leur fanté: en quoi chacun doit bien prendre garde à ne fe pas flatter, puifqu'il n'y

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Caffien.

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a perfonne qui n'ait besoin de peniconf. xxj. tence. Les premiers Chrétiens jeû noient fouvent quelques-uns toute l'année, hors les dimanches & le tems pafcal: & les premiers moines fe firent une regle de ce jeûne perpetuel. L'abftinence étoit auffi plus rigoureufe, ils retranchoient le vin, & le poiffon, & plufieurs fe réduifoient au pain & à l'eau. La charité commençant à fe refroidir, on a obligé les Chrétiens à observer au moins certains jours de jeûne laiffant le furplus à leur dévotion.

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