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LECON XXXV.

Des jours de jeune & d'abftinence en particulier.

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L

Deut. IX. 91

E jeûne le plus folemnel eft celui du carême, c'està-dire la quarantaine. Il eft d'inftitution apoftolique à l'exemple de Moyfe & d'Elie, & principalement de Jefus-Chrift, 3.Reg. xx. qui paffa quarante jours dans le defert Matth. iv fans rien manger. On a placé ce jeûne immédiatement avant la pâque, pour nous preparer à cette grande folemnité, par une ferieuse penitence. Autrefois on jeûnoit en carême jufques à vêpres, c'est-à-dire vers fix heures du foir. Aujourd'huy le carême n'est diftingué des autres jeûnes que par

l'abstinence des œufs, & en quelques païs des laitages. Le jeûne des quatretems eft inftitué pour demander à Dieu la confervation des fruits de la terre, en chacune des quatre faifons de l'année : & pour le prier de donner à fon églife de bons évêques, de bons prêtres, & d'autres miniftres dignes de la fervir; car c'eft en ces jours que fe font les ordinations : & toute l'églife fe met en prieres, afin Luc, x, qu'il plaife à Dieu envoyer des ouvriers dans fa moiffon. Les vigiles font des jeûnes, pour nous preparer aux fêtes les plus folemnelles. On les a nommées vigiles ou veilles parce qu'autrefois on paffoit fans dormir, Tes nuits qui precedoient ces fêtes: & on s'occupoit faintement dans les églifes. Il y a des vigiles que l'on ne jeûne plus, & qui ne font diftinguées que par l'office. On jeûnoit auffi l'avent, & les vendredis & les famedis, où l'abftinence eft demeurée. C'eft le fixiéme commandement de l'églife; d'obferver tous les vendredis & les famedis l'abftinence de la chair :

pour

honorer la paffion & la fepulture de nôtre Seigneur, & pour nous mieux preparer au dimanche. D'autres églifes obfervent le mercredy au lieu du famedy; & chacun doit fuivre de bonne foy la coûtume de fon païs. Il y a encore quelques autres jours d'abítinence fans jeûne; fçavoir les trois jours des rogations, nommez autrement les grandes litanies : à caufe des proceffions qui s'y font; & les petites litanies, le jour de faint Marc. Elles ont principalement pour but la confervation des fruits de la terre. Or quoique dans les autres jours il y ait liberté de manger toutes fortes de viandes, & toutes les fois qu'il eft befoin les Chrétiens doivent toujours Tit. ij. 2. 3 êtres fobres, & prendre garde que leurs cœurs ne foient appefantis par les viandes & par le vin, comme dit nôtre Seigneur.C'eft pourquoi c'eft un grand abus de diftinguer le tems du carnaval par la liberté que l'on s'y donne de boire & de manger avec excez, de jouer & danfer, plus qu'en tout autre tems de l'année. Cette coûtume

:

5.6.

Luc.XXI, 14

eft toute contraire à l'intention de l'églife, qui commence dés la feptuagefime à nous exciter à la penitence, pour nous preparer au carême. Elle défend de faire des nôces pendant l'avent, & le carême & les fêtes qui les fuivent, c'est-à-dire jusques au lendemain de l'épiphanie & de l'octave de pâque: parce que fuivant fon intention, l'ufage du mariage eft interdit pendant ces tems & genéralement penJoel. 2 16. 1. Cor.vij. dant tous les jours folemnels, de priere ou de penitence. Quelques-uns font un feptiéme commandement de l'églife de cette défense des nôces, & y ajoûtent celui d'éviter les excommuniez; ce qui ne s'entend que de ceux qui font dénoncez nommément.

LECON XXXVI.

Des confeils & de la perfection chrétienne.

'Eglife ne nous a obligez
qu'à ce peu de pratiques
exterieures: non qu'elle
ait voulu borner là tout

1.6.&c

P'exercice de la religion; mais pour V.Caff.cod laiffer plus de liberté à la pieté des lat. xxj. 10 vrais Chrétiens. Car nous fommes fous la loy d'amour; où nous devons fervir Dieu de bonne volonté & avec . Cor. 74 joye, non pas avec crainte & comme par une neceffité fâcheufe. Auffi ce peu de loix ecclefiaftiques n'ont été faites que dans les derniers tems, depuis que la charité de plufieurs eft refroidic. Elles ne font pas immuables comme les loix divines: l'églife qui

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