étant juftifiez gratuitement par la gra- v. Aug. de ce, afin de faire par amour de Dieu fpir, & litt & avec plaifir ce qui eft conforme à sa volonté & à la lumiere de la raison.. LECON XXXVIII. S Des Sacremens. A grace nous étant absolument necessaire, Dieu ne se contente pas de nous la donner, il veut bien l'accompagner de signes sensibles, proportionnez à nôtre foibleffe. On appelle ces fignes facremens, c'est-à-dire choses sacrées, ou mystere, c'est-à-dire choses cachées. Et en effet ce font des choses materielles, & des actions exterieures, qui nous fignifient l'operation interieure du saint Esprit, par laquelle il sanctifie nos ames, en même tems que nous pratiquons ces faintes ceremonies. Ce n'est pas que Dieu ne puiffe nous communiquer sa grace, fans l'accompagner de ces signes; mais nous n'en sommes pas alors si affürez: & ce n'est pas auffi que ces signes nous donnent une entiere certitude d'avoir reçû la grace: puisque nous avons toûjours sujet de douter, fi nous y avons apporté les dispositions necessaires. C'est la misere inévitable en cette Eccl. ix. 21 vie, de ne sçavoir jamais si nous sommes dignes d'amour ou de haine, ni Lib, ij, fi nous perfevererons jufques à la fin: & d'être obligez à travailler à nôtre falut avec crainte & tremblement. Toutefois, connoissant la bonté de Dieu, nous avons grand sujet de bien efperer, quand nous nous approchons de ses sacremens avec foy, confiance, fincerité, humilité & componction. On appelle donc facremens des signes facrez établis de Dieu, pour signifier & operer en nous la grace. L'ancienne loy, parmi tant de ceremonies n'avoit aucun de ces facremens, qui donnent la grace: & c'est un avantage de la loi Conc. Trid nouvelle. C'est Jefus-Chrift qui les a cав. tous inftituez; afin que fon fang & ses merites infinis, plus que suffisans pour le falut de tous les hommes, : fussent appliquez en particulier à chacun de ceux que Dieu auroit appellez. Il en a marqué quelques-uns par fes paroles & par fes actions rapportées dans l'évangile; sçavoir le batême, l'euchariftie, la penitence & l'ordre. Les apôtres ont déclaré les autres, en appliquant ce qu'ils avoient appris de lui. Car il n'étoit pas en leur pouvoir d'instituer des facremens: il n'y avoit qu'un Dieu, qui pût attacher à des choses sensibles l'operation du faint Esprit. Il en a inftitué pour tous les besoins de la vie spirituelle, le batême, pour y entrer & naître spirituellement, pour croître & se fortifier; la confirmation, pour se nourrir: l'euchariftie; la penitence, pour guerir les maladies de l'ame, & même la refsusciter aprés qu'elle est morte par le peché: pour nous fortifier au moment de la mort corporelle, l'extrême-onEtion. Les deux autres sacremens regardent l'utilité de toute l'église; l'ordre lui donne des ministres publics; le mariage fert à la perpetuer dans tous Les fiecles. Il y a donc sept sacremens.. LE C. 14. &c. Le batême, la confirmation, l'eucha-riftie, la penitence, l'extrême-onction, August. de l'ordre & le mariage. La validité des bapt. cont. facremens ne dépend point du mi- Don. lib.iv. nistre: quelque indigne qu'il soit, pecheur, ou heretique: il suffit qu'il ait reçû le pouvoir dans l'églife: parce que c'est en effet Jesus-Christ qui confere les sacremens. Pour bien entendre la nature des sacremens, il faut sçavoir les raisons des saintes ceremonies dont P'église les accompagne. |