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né aux plaisirs, particulierement des femmes. Il en aima un nombre exceffif, même d'étrangeres, qui l'engagerent dans l'idolâtrie; tant sa foiblesse fut grande. Dieu le permitainsi, pour nous montrer par la chute d'un homme si sage, le danger qu'il y a dans le plaisir & dans la profperité temporelle: & pour nous convaincre de ce que Salomon a dit lui-même, que tout Eccl. 1 n'est que misere & vanité sous le soleil.

3.Reg. xiij.

Ibid. 26.

LECON XVIII.

Du schisme des dix tribus, ou de

Samarie.

Our punition des pechez de Salomon, fon royaume fut ivisé aprés sa mort. Il n'y cut que la tribu de Juda & celle de Benjamin, qui obéïrent à fon fils Roboam; les dix autres reconnurent pour leur roy Jeroboam, de la tribu d'Ephraïm. Ce rebelle craignit que les Ifraelites ne retournassent à l'obéiffance de leur roy legitime, s'ils continuoient d'aller faire leurs prieres & leurs facrifices à Jerufalem. Pour les en détourner, il changea la religion : & comme ils aimoient les idoles, il mit deux veaux d'or en deux endroits de son royaume: il éleva plusieurs autels, fit des facrificateurs qui n'étoient point de la tribu de Levi, institua une fête de son invention, gardant toutefois au reste la loy de Dieu. Tous les rois qui fuccederent à Jeroboam, entretinrent cette fausse religion: & ce schisme dura toûjours depuis. On appelle schisme la division des églises: quand une partie du peuple de Dieu se separe de l'église universelle, qui seule est la veritable. Or le siege de la vraie église étoit à Jerufa- 2. Par. xiij, lem: parce que l'on y adoroit Dieu 9. dans le temple, que David & Salomon avoient bâti par fon ordre : parce que l'on y observoit la loi, qu'il avoit donnée à Moise, & que le service s'y faisoit par les Levites & les prêtres, enfans d'Aaron, qu'il avoit choisis. Cette église avoit subsisté depuis le commencement du monde. Car Moïse avoit recueilli la tradition de la créance d'Abraham, Abraham celle de Noé, Noé celle d'Enoc & des autres faints, plus anciens que le déluge, jusques à Adam. L'église qui fervoit Dieu sous la loi de Moife, eft

souvent nommée synagogue, d'un nom qui signifie aussi assemblée. Le royaume des dix tribus fut nommé le royaume d'Israël, ou d'Ephraïm, ou de Samarie, à cause de la ville qui en fut depuis la capitale : & le royaume qui demeura à la race de David, fut nommé le royaume de Juda: mais il contenoit deux autres tribus, Benjamin & Levi. Car les sacrificateurs & les levites étant privez de leurs fonctions par Jeroboam, quitterent fon royaume, & se réunirent tous à Juda; & dans les autres tribus, plufieurs demeurerent fideles à Dieu, & continuerent à le venir adorer à Jerufalem. Le royaume de Juda ne fut pas toutefois exemt de vices & d'impieté: plusieurs rois descendus de David ne suivirent point ses exemples: plufieurs furent idolâtres, vicieux injuftes, cruels. Même entre les Juifs, qui pratiquoient exterieurement la loy de Dieu: la plupart ne lui obéïfsoient que par crainte & pour les biens temporels: il y en avoit peu qui le servissent par affection.

LECON XIX.

Des Prophetes.

E fut depuis le schisme des dix tribus, que Dieu envoya le plus de prophetes, pour consoler les vrais fideles, & ramener de leur égarement les rebelles & les pecheurs. On appelloit prophetes ceux que Dieu inspiroit, les remplissant de son saint Esprit: pour leur découvrir les choses cachées, ou même l'avenir, & declarer ses volontez par leur bouche. Tels avoient été Moïse, Samuël, David, Salomon & plusieurs autres. Mais on nommoit particulierement prophetes, ceux qui se separoient des autres hommes, pour me

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