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LECON XXIV.

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De l'état où étoit le monde à la venuë du Messie.

'Idolâtrie regnoit toûjours par tout le monde: mais la Grece étoit pleine de philosophes, qui commençoient à la décrediter, entre les gens d'esprit. Ils voyoient bien l'abfurdité des fables, dont les poetes entretenoient les peuples, & qui étoient tout le fondement de leur religion. Ils conoiffoient que le monde étoit gouverné par un Dieu, bien different de ceux que le vulgaire adoroit; mais ils n'ofoient en parler ouvertement, ni rien entreprendre contre les religions établies. Îls se contentoient de les mépriser en

Jo. iv, 9.

tre-eux; lesregardant comme des inventions de politique, propres à amufer les ignorans. Au dehors, ils ne laissoient pas de se conformer au peuple, & d'observer les mêmes ceremonies: & defefperant de conoître la verité, ils s'abandonnoient fans referve à Eph. iv 19. leurs passions & aux plaisirs les plus infames. Le vrai Dieu n'étoit plus adoré que par les Juifs. Les Samaritains se vantoient aussi de le servir, & avoient quitté les idoles: mais ils étoient toûjours feparez des Juifs avec une haine mortelle de part & d'autre. Ils ne reconnoiffoient que les livres de Moyfe, rejettant tous les autres prophetes : & pretendoient que Dieu devoit être adoré sur la montabid 10. gne de Garifim où ils avoient bâti un temple. La religion s'affoiblissoit même chez les Juifs. Il y avoit deux fecAaxxiij 8. tes: les Pharifiens & les Saducéens. Les Saducéens ne croyoient ni la refurrection, ni l'immortalité de l'ame, ni qu'il y eut des anges ou des esprits: & faifoient Dieu même corporel. Une grande partie des facrificateurs & des principaux de la nation fuivoient cette heresie si impie & fi groffiere. Les Pharifiens soûtenoient la bonne doctrine: croyoient les choses fpirituelles, la refurrection & la vie du fiecle futur. Ils faifoient profefsion d'observer la loy fort exactement: mais ils y mêloient quantité de superstitions indignes de la vraye religion, & souvent anéantissoient les

commandemens de Dieu pour établir leurs traditions humaines. Car Math.xv.68 ils avoient beaucoup d'autorité sur le peuple, faisant paroître un grand exterieur de pieté: mais ce n'étoit qu'hy- Luc. xvi.14 pocrifie en la plupart : dans le fondils Jo, viij, 7 étoient pleins d'avarice, de vanité, & de toutes fortes de vices.

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Jo. viij. 3

LECON XXV.

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Comment le Messie étoit attendu des Juifs.

Es Juifs étoient fiers & fuperbes: comme enfans d'Abraham, ils croyoient être saints par nature, & deftinez à commander à toutes les autres nations qu'ils méprisoient infiniment, les tenant pour maudites & immondes. Ainsi il leur étoit infu

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portable d'obéir aux Romains & à Herode esclave des Romains. Ils étoient toûjours prêts à se revolter, & n'attendoient que la venuë du Mefsie, pour secoüer ce joug. Car ils croyoient que le Messie seroit un roi comme les rois de la terre: plus grand guerrier & plus victorieux que David, plus riche & plus heureux que Salomon. Ils ne consideroient que les propheties, qui parloient de ses triomphes& de sa gloire: prenant au pied de la lettre toutes les figures, dont les prophetes s'étoient servis, pour representer fa puissance & fa grandeur. Telles étoient les pensées des Juifs charnels. Il y avoit seulement quelque peu de Juifs spirituels, qui ayant conservé fidelement la tradition des prophetes; savoient que les promeffes de Dieu avoient un sens plus élevé. Qu'il falloit attendre du Christ de plus grands biens que les biens periffables de cette vie. Qu'il viendroit principa- xii, 14.xiv. lement, pour effacer les pechez & ré-9. tablir la fainteté : qu'il apporteroit une nouvelle alliance, plus parfaite que l'anciene ; & qu'il la graveroit dans les cœurs. Qu'il donneroit la grace, Jerem, xxxi c'est-à-dire, le secours necessaire, pour Ezech.xxxv pratiquer la loy: & qu'il accompliroit 36 en verité, ce que la loy ne montroit qu'en figure. Qu'il rameneroit toutes les nations à la connoissance du vray

Tob. xi. 18.

Dan, ix. 34

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