De l'état où étoit le monde à la venue du Mefie. que 'Idolâtrie regnoit toûjours par tout le monde: mais la Grece étoit pleine de philofophes, qui commençoient à la décrediter, entre les gens d'efprit. Ils voyoient bien l'abfurdité des fables, dont les poetes entretenoient les peuples, & qui étoient tout le fondement de leur religion. Ils conoiffoient le monde étoit gouverné par un Dieu, bien different de ceux que le vulgaire adoroit; mais ils n'ofoient en parler ouvertement, ni rien entreprendre contre les religions établies. İls fe contentoient de les méprifer en tre-eux; lesregardant comme des inventions de politique, propres à amufer les ignorans. Au dehors, ils ne laiffoient de fe conformer au peuple, & d'obferver les mêmes ceremonies: & defefperant de conoître la verité, ils s'abandonnoient fans reserve à pas Eph. iv 19. leurs paffions & aux plaifirs les plus infames. Le vrai Dieu n'étoit plus adoré que par les Juifs. Les Samaritains fe vantoient auffi de le fervir, & avoient quitté les idoles: mais ils Jo. iv. 9. étoient toûjours feparez des Juifs, avec une haine mortelle de part & d'autre. Ils ne reconnoifloient que les livres de Moyfe, rejettant tous les autres prophetes : & pretendoient que Dieu devoit être adoré fur la montabid 10. gne de Garifim où ils avoient bâti un temple. La religion s'affoibliffoit mê : me chez les Juifs. Il y avoit deux fecA&.xxiij 8. tes les Pharifiens & les Saducéens. Les Saducéens ne croyoient ni la refurrection, ni l'immortalité de l'ame, ni qu'il y eut des anges ou des efprits: & faifoient Dieu même corporel. Une grande partie des facrificateurs & des principaux de la nation fuivoient cette herefie fi impie & fi groffiere. Les Pharifiens foûtenoient la bonne doctrine croyoient les chofes fpirituelles, la refurrection & la vie du fiecle futur. Ils faifoient profeffion d'obferver la loy fort exactement mais ils y mêloient quantité de fuperftitions indignes de la vraye religion, & fouvent anéantifloicnt les commandemens de Dieu pour établir leurs traditions humaines. Car ils avoient beaucoup d'autorité fur le peuple, faifant paroître un grand exterieur de pieté: mais ce n'étoit qu'hy- Luc.xvi.14 pocrifie en la plûpart: dans le fond ils Jo, viij. 7 étoient pleins d'avarice, de vanité, & de toutes fortes de vices. Math.xv.61 Jo. viij. 3' Comment le Melfie étoit attendu des Juifs. Es Juifs étoient fiers & fuperbes: comme enfans d'Abraham, ils croyoient être faints par nature, & deftinez à commander à toutes les autres nations, qu'ils méprifoient infiniment, les tenant pour maudites & immondes. Ainfi il leur étoit infuportable d'obéir aux Romains & à Herode efclave des Romains. Ils étoient toûjours prêts à fe revolter, & n'attendoient que la venue du Meffie, pour fecoüer ce joug. Car ils croyoient que le Meffie feroit un roi comme les rois de la terre: plus grand guerrier & plus victorieux que Da- Tob. xi. 18. Jerem, xxxi |