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Gen. 1.

$7.

Tract.20. produire des créatures nouvelles. Quand Dieu fiz ino 2. l'homme, il tint confeil en lui-même, & dit: Faifons l'homme à notre image & à notre ref femblance. Alors il forma le corps avec de la terre, puis il lui infpira un fouffle de vie, c'està dire, qu'il créa tout exprès une ame fpirituelle & immortelle pour l'unir à ce corps. C'est cette ame raifonnable qui eft l'image de Dieu, parce qu'elle eft un efprit comme lui, capable comme lui, de connoître & de vouloir, & capable de connoître Dieu même & de l'aimer. Car Dieu eft un efprit infini, fécond en lui même par la conGen. 1. noillance & par fon anfour. Dieu ayant fait l'homme, fit auffi la femme pour être la compagne; & il la fit d'une des côtes de l'homme, afin que l'homme & la femme s'aimaflent parfaitement, & fuffent unis comme s'ils n'avoient qu'on corps. Ce fut alors que Dieu inftitua le mariage; car il bénit l'homme & la femme, & il leur dit de croître & de multiplier ; de remplir la terre, s'en rendre les maîtres, & commander à tous les animaux, les poiffons & les oiseaux ; & il leur donna pour nourriture les fruits des arbres & toutes les plantes. Le premier homme fut nommé Adam, & la premiere femme Eve. Dieu les mit dans le Paradis terreftre, qui étoit un jardin délicieux, planté de toutes fortes de beaux arbres, & arrofé de quatre fleuves. I's étoient tout nuds, fans en avoir de honte; parce qu'ils ne voyoient rien en eux qui ne fûr Pouvrage de Dieu, & par conféquent très bon. Ils ne manquoient de rien, & ne forffroient aucune incommodité; n'étoient point fujets aux maladies, & ne devoient point mourir, pourvu qu'ils ne mangeallent point du fruit d'un arbre que Dieu leur avoit défendu : c'étoit la feule marque d'obéillance qu'il leur demandoit. Ils converfoient avec Dieu, & vie

18.

Gen. 1.

voient heureux. Dieu avoit auffi créé de purs ef prits, qui font des Anges, d'une nature plus excellente que l'homme.

IL

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2. Petr.

Il y eut des Anges qui ne demeurerent pas dans la vérité & la grace où Dieu les avoit créés, mais Jo. Vill. qui fe révolterent contre lui. Il ne leur pardonna 44. point, mais il les envoya dans l'enfer, cù ils font privés éternellement de la vue de Dieu, & 11. 4. tourmentés d'un feu éternel. Ce font les démons ou les anges du diable, qui s'occupent continuellement à tenter les hommes, d'où vient qu'on donne auffi à leur chef le nom de Satan. Apoc.xx. Un de ces malins efprits, envieux du bonheur 2. Genef. dont Adam & Eve jouifloient dans le Para fis 111. terreftre, prit le corps d'un ferpent, s'approcha d'Eve, & lui dit: Pourquoi Dieu ne vous a-t-il pas permis de manger des fruits de tous les arbres de ce jardin? Il nous les a tous permis, dit la femme, hors le fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, qu'il nous a défendu de toucher, fur peine de la vie. Vous n'en mourrez point, dit le ferpent, mais Dieu fçait que fi-tôt que vous en aurez mangé, vous onvrirez les yeux, & vous ferez semblables à lui, connoissant le bien & le mal. La femme fe laiffa teater par la beauté de l'arbre & du fruit; elle en prit ; elle en mangea & en donna à fon mari, qui en mangea comme elle. Auffi-tôr ils ouvrirent les yeux, & eurent honte de leur nudité; fentant une révolte en leur propre corps, qui n'étoit plus foumis a eur efprit, comme devant. Ils firent des ceintutes de feuilles de figuier pour le couvrir; puis entendant la voix de Dicu, qui fe montroit à

&

eux fous une forme sensible, ils fe cacherent; & comme ils virent leur péché découvert, ils voulurent s'excufer, l'homme fur la femme, & la femme fur le ferpent. Alors Dieu maudit le ferpent, c'est-à-dire, le démon qui s'en étoit fervi pour tromper la femme, & déclara qu'il mettroit une inimitié éternelle entr'eux, & que de la femme viendroit celui qui écraferoit la tête du ferpent, c'ft à-dire, le Sauveur du monde, qui devoit venir un jour détruire la puiffance du démon, & naître d'une femme fans coopération de l'homme car Dieu le promit dès-lors pour confoler Adam dans fa mifere. Cependant il condamna la femme à accoucher avec douleur, à être sujette à son mari; & il condamna l'homme à labourer la terre, à manger fon pain à la fueur de fon vifage, & à travailler toute la vie, jufqu'à ce qu'il retournât à la terre d'où il étoit tiré. Ensuite il les chassa du Paradis, & mit un Chérubin armé d'un glaive de feu, pour en garder l'entrée. Adam, par fon péché, fut dépouillé de la fainteté & de la juftice originelle en laquelle il avoit été créé, il devint fujet à la colere de Dieu, & captif du démon, à qui il s'étoit foumis. Il perdit tous les avantages du corps & de l'ame qu'il avoit auparavant : il fut exposé aux incommodités des faifons aux bêtes cruelles ou venimeules, à la faim, à la pauvreté, aux maladies & à la mort. Il tomba dans l'ignorance; il demeura plein de concupifcence, c'eft à-dire, de l'amour de lui-même, qui le détourna de Dieu, & le livra au defir des plaisirs fenfibles & à toutes les autres paffions, comme la colere, l'envie, la tristesse & la crainte, & le rendit capable de faire toute forte de mal & incapable de faire aucun bien utile au falut, & destiné après la mort à une autré mort éternelle, c'est-à-dire, aux tourmens de l'enfer.

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De la corruption du genre humain,
& du déluge.

ADAM
DAM n'eut des enfans qu'après fon péché,
& la femme ayant péché comme lui, leurs en-
fans nâquirent dans la corruption, sujets aux mê-
mes miferes, & chargés du péché, qu'ils tiroient
de leur origine. Il a paffé à tous leurs defcendans;
& tous les hommes naiffent tachés de ce péché,
que nous appellons originel, & qui les rend en
nemis de Dieu, incapables de faire aucun bien,
& dignes de l'enfer. Les premiers enfans d'Adam
& d'Eve furent Cain & Abel. Caïn tua fon frere
par envie. Dieu lui reprocha fon crime, difant Gen. 17,
que le fang de fon frere crioit vengeance contre
lui, & il fe jugea lui-même digne de mort; mais
Dieu défendit de le tuer, pour ne pas multiplier
les meurtres. Les defcendans de Caïn furent mé-
chans; mais Adam eut un fils nommé Seth, dont
les enfans conferverent la piété & la connoiffance Gen.
de Dieu. Cette race s'étant mêlée avec l'autre
par des alliances criminelles, fe corrompit com-
me elle, tous les hommes s'écarterent du chemin
de la raifon ; & leur malice fut fi grande, que
Dieu réfolut de les faire tous périr, comme s'il fe
fût repenti de les avoir créés. Il n'y eut que Noé,
defcendu de Seth, qui trouva grace devant Dieu.
Dieu l'avertit du deffein qu'il avoit de purger
toute la terre, par un déluge univerfel, & lui
commanda de bâtir une arche, c'est-à-dire, un
vaiffeau quarré & couvert, de la forme d'un grand
coffre, capable de contenir une couple de chaque
efpece de bêre & d'oifeaux, & de quoi les nourrir
durant une année. Pendant que Noé bâtiffoit
l'arche, il exhortoit les hommes à faire pénitences

& les menaçoit du déluge, ce qui dura plus de cent ans; mais ils ne voulurent point le croire. Sen.vш. Le temps étant venu, Dieu fit entrer Noé dans l'arche avec fa femme, fes trois fils & leurs femmes, & toutes fortes d'animaux terreftres, & d'oifeaux, puis il ouvrit les réservoirs du ciel, & fit tomber une pluie épouvantable pendant quarante jours & quarante nuits; il fit aufli déborder les abîines de la mer: enforte que la terre fut inondée, & que l'eau furpaffa de vingt pieds les plus hautes montagnes. Tous les hommes & tous les 1.Pet.. animaux furent noyés; il n'y eut que Noé & fa famille de fauves, c'eft à-dire, huir perfonnes feulement. L'arche étoit une figure de l'Eglife; où le fauve un petit nombre d'élus, tandis que tous les autres hommes périllent dans leurs péchés.

20.

Cen.VII.

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No fortit de l'arche par l'ordre de Dieu, ua an après qu'il y fut entré ; & en fortant, il lui offrit un facrifice pour le remercier de l'avoir fauvé avec tant de bonté. Dieu eut agréable le facrifice de Noé; il lui promit qu'il n'enverroit plus de déluge fur la terre, & que les failons reprendroient leurs cours ordinaires. Il lui donna fa bénédiction, & à fes enfans, pour les faire multiplier & leur foumettre tous les animaux, même il leur permit d'en tuer pour les manger, mais il Gen. ix. défendit expreflément de tuer les hommes. Quiconque, dit il, répandra le fang humain, fon fang (era répandu; car l'homme eft fait à l'image de Dieu. Les trois fils de Noé étoient Sem, Cham & Japhet, qui repeuplerent le monde. Ainfi tous les hommes font freres, & obligés de

6.

Gen. x.

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