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Jof. III.

LEÇON XIV.

De l'établissement du peuple dans la terre promife.

DIEU

IEU fit encore de grands miracles, pour mettre les Ifraélites en poffeffion de la terre de Chanaan. Le fleuve du Jourdain s'arrêta pour Jof. v. 1. leur donner paffage, comme la mer rouge

&

avoit fait. Les murailles de la ville de Jericho Jofx.11. tomberent au fon des trompettes. Dieu envoya fur leurs ennemis de la grêle mêlée de pierre & de feu. Le foleil & la lune s'arrêterent à la priere de Jofué, pour lui donner le loifir d'achever une victoire. Ils défirent un grand nombre de Rois, & plufieurs peuples plus puiffans qu'eux, qui habitoient ce pays, & que Dieu leur livra pour exécuter fa vengeance. Car ces Chananéens étoient adonnés à toutes fortes d'idolâtries, d'impudicités & de crimes les plus abominables. Les Ifraélites en tuerent la plus grande partie, prirent leurs Villes & leurs terres, Jof xv. profiterent de leurs travaux. Ils demeurerent xvi. &c. les maîtres & les poflefleurs paifibles de tout le pays, qu'ils partagerent en douze parts, pour les douze Tribus. Elles étoient defcendues des XLVII. 5. douze Patriarches fils de Jacob, qui avoit ordonné en mourant qu'au lieu de Jofeph on compteroit les deux fils Ephraim & Manaffé. Ainsi il y avoit en tout treize Tribus; mais celle de Levi n'eut point de terre en partage, parce qu'elle étoit confacrée à Dieu & deftinée au fervice du tabernacle; les autres devoient la nourrir des dîmes de leurs fruits. La Tribu de Juda eut le premier lot & le plus grand, & fut toujours regardée comme devant commander aux autres. Ainfi, Dieu exécuta fidelement de fa part le

Genef.

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22.

traité qu'il avoit fait avec les Ifraélites, & accomplit ponctuellement toutes les promefles. Jof. xx1. Mais ils firent tout le contraire, & ne tinrent rien de ce qu'ils lui avoient promis. Outre qu'ils s'étoient révoltés plus de dix fois pendant le Num. xv. voyage, étant entrés dans la terre, ils épargnerent plufieurs des anciens habitans, & firent avec Pl.cv.36. eux des alliances & des mariages, quoique Dieu leur eût expreffément commandé de les pafler tous au fil de l'épée, & de renverser toutes leurs idoles. Ils adorerent ces idoles, & commirent les mêmes abominations que les Chananéens. Ils commence- Jud.11.28 rent alors à voir l'exécution des menaces de Dieu. Toutes les fois qu'ils le quitterent, il les livra à leurs ennemis, qui les tinrent en fervitude; & toutes les fois qu'ils revinrent à lui, il leur fufcita des libérateurs qui furent la plupart de ceux qui les gouvernerent fous le nom de Juges. Ainfi tout ce que Moïle avoit prédit s'accomplitfoit de jour en jour.

LE CON X V.
De l'Idolâtrie.

A&t. XIV.
IS. XVII.

TANDIS ANDIS que Dieu prenoit tant de foin des Ifraélites, il laifloit encore les autres nations dans l'ignorance & le péché, les abandon- 20. nant à leurs paffions déréglées. Les hommes ne regardoient plus que leurs corps, & ne s'ap pliquoient qu'aux chofes matérielles. Ils fentoient bien en leur confcience, qu'ils ne s'étoient pas faits eux-même; la beauté des corps céleftes & l'ordre de toute la nature, leur difoit affez, Pf.xvi. qu'il y avoit quelque fage ouvrier qui en étoit l'auteur, & qui les gouvernoit. Ils avoient reçu de leurs peres quelque tradition de la création du monde, du déluge & des autres châti

mens exemplaires que Dieu avoit exercés fur Plato, 1x les méchans: ils avoient ouï parler d'un jugede repub. ment futur, des fupplices & des récompenfes de

in fine.

Sap. XIV. 47. &c.

Sap. xiv.

228

l'autre vie. Mais comme ils ne faifoient point d'attention à leur ame, ni à aucune chofe fpirituelle, ils donnoient du corps à la divinité, & s'imaginoient la trouver par-tout où ils voyoient quelque puillance extraordinaire: ainfi ils rempliffoient tout le monde de dieux. Ils en mertoient dans le ciel, dans le foleil, dans les altres; ils en mettoient fur la terre & dans les eaux. Chaque peuple les nommoit à fa mode, & y mêloit les grands Rois, les inventeurs des aits, & les autres hommes fameux de chaque pays; ils en racontoient mille fables extravagantes. Ils fe figuroient leurs dieux comme des ommes immortels, leur donnoient des femmes, qu'ils nommoient déeffes, & des enfans qu'ils appelloient dieux ou demi-dieux, & leur attribuoient toutes les paffions des hommes & tous leurs vices. Ils ne fe contentoient pas de les imaginer, ils vouloient les avoir près d'eux; ils faifoient des flatues de bois, de pierre, de bronze ou d'autres mé aux, à qui ils donnoient les noms de leurs dieux, prétendant qu'ils y habitoient en effet. Is ad effoient leurs prieres & leurs adorations à ces idoles. Ils leur dressoient des temples & des autels, leur faifoient des facrifices & des fêtes magnifiques. Le démon les abufoit ainfi pour fe faire adorer fous ces noms, & pour leur faire commettre toutes fortes de crimes, fous prétexte de religion. Car leurs fêtes n'étoient que jeux & diflolution. On hono.

Baruch.

Iv.43.

oit Bacchus en buvant avec excès. il y avoit des lieux où les femmes s'abandonnoient publiquement en l'honneur de Venus; d'autres, où les peres facrifioient & bruloient leurs propres en

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fans pour appaifer les dieux infernaux : il y avoit mille impofteurs, qui fe vantoient détre les Prophetes de ces dieux, & de prédire l'avenir ou Herod. • deviner les chofes cachées, les uns par l'aftrologie, les autres par l'obfervation du vol ou du chant des oifeaux, ou par les entrailles des victimes. On croyoit des jours heureux, d'autres malheureux: on obfervoit les fonges : tout étoit plein de fuperftitions ridicules. Cependant la cor- Rom. 1. ruption des mœurs étoit univerfelle; tous les vices 32.11.15. régnoient fur la teries & quoique la lumiere de la rai'on & la loi de nature reftallent dans le cœur hommes; elles étoient fi peu fuivies, qu'elles ne fervoient qu'à les rendre coupables d'agir contre leur confcience. 11 étoit réfervé au Sauveur de tirer le genre humain de cette mifere.

APRÈS

LE CON XVI.

De Devil & du Moffic.

2. Reg.

s que les Ifraélites eurent été longtemps gouvernés par les Juges, ils voulurent avoir des Rois. Le premier fut Saül, de la tribu de Benjamin, qui fut bientôt réprouvé pour 1. Reg.x. fes péchés. Le fecond fur David, de la Tribu de Juda, que Dieu trouva felon fon cœur, & le fi: facrer avec de l'huile fainte par le Prophere Sa- xvI. muel. Il fut long-temps perfécuté par Saul, & étant devenu Roi, il foutint de grandes guerres contre les infideles; mais enfin Dieu le délivra de tous les travaux, le mit au-deffus de tous fes ennemis & le combla de richeffes & de gloire. Auffi fut-il fort fidele à le fervir. Toute Act. xIII. fon application étoit de méditer la loi de Dieu 2. la mettre en pratique & la faire oblerver à fes fujets; c'eft à quoi il employoit fa puiffance.

Pf. c.

ff.cxxx1.

Comme il avoit l'efprit très-beau & entendoft parfaitement la poéfie & la mufique, il compofa un grand nombre de cantiques pour louer Dieu & enfeigner la vertu, & ce font les Pfeaumes que nous chantons encore tous les jours. Jérafalem, qui avoit été autrefois la demeure de Melchifedech, fut aut celle de David. Il y fit 3.Reg.v11 bâtir un palais fur la montagne de Sion, où il fit apporter l'arche d'alliance. Il vouloit bâtir un temple magnifique pour la placer & faire les facrifices. Car depuis que le peuple étoit entré dans la terre promife, il n'y avoit point encore eu de lieu fixe pour le fervice divin; mais Dieu déclara a David, que cet honneur de bâtir un temple étoit réfervé à fon fils, & lui promit en même temps que fa poftérité régneroit éternellement fur le peuple fidele. C'est donc un renouvellement d'alliance que Dieu fir avec ce faint Roi. Car il promit auffi de donner un repos éternel à fon peuple, & de prendre Jerufalem pour fa demeure, c'est-à-dire, pour le lieu où il vouloit que fon nom fûr honoré, & fa préfence au milieu de fon peuple particulierement reconnue. Ainfi, cette fainte cité devint l'image de l'Eglife, qui eft l'aflemblée des fideles, & du ciel, qui eft le féjour des bienheuPf. LXXI. reux. Dieu découvrit en même remps à David de plus hauts mysteres. Il lui révéla que le Sauveur des hommes feroit de fa race; qu'il feroit Roi, qu'il régneroit, non-feulement fur la maifon d'Ifraël, mais encore fur toutes les Nations de la terre, & que fon regne n'auroit point de fin. Pf. CIX. Qu'il feroit Pontife, non felon l'ordre d'Aaron mais felon l'ordre de Melchifedech, plus anPf. xi. 7. cien que la loi écrite qu'il feroit fils de Dieu LXIV. 8. & Dieu lui-même. Tout cela fut révélé à DaPf. xxxI. vid. Mais il lui fut auffi révélé que le Sauveur

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