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avant que d'ariver à fa gloire, fouffriroit de grandes afflictions, dont celles de David n'étoient qu'une légere peinture. Depuis ce temps les Ifraélites nommerent le Sauveur qu'ils attendoient Meffie ou Chrift, c'est-à-dire, oint, ou facré avec de l'huile fainte, dont on avoit accoutumé de facrer les Rois & les Sacrificateurs. Ils l'appelloient auffi fils de David.

LEÇON XVII.

De Salomon & de la Sagefe.

XXVIII. S.

1. Reg.

ENTRE les enfans de David, Salemon fur choifi de Dieu, pour régner après lui, & pour 1.Paral. être l'image du Meflie dans fa gloire, car il régna toujours en paix. Ce fut lui qui bâtit le temple, dont fon pere lui avoit laiflé le deffein & tous les préparatifs. C'étoit un fuperbe bátiment, tout revêtu d'or en dedans, & divifé en deux parties, dont la plus fecrette étoit le fanctuaire ou repofoit l'arche d'alliance, fous vi, &c. les Cherubins. Le fouverain Pontife étoit le feul à qui l'entrée en fût permife, encore n'y entroit-il qu'une feule fois l'année, y portant le fang des victimes. Auffi ce fanctuaire étoit la figure du ciel, qui étoit fermé pour les hommes, jufqu'à ce que le Chrift y entrât couvert de fon fang. Devant le temple étoit l'autel pour 11. les holocauftes & les autres facrifices, dans une grande cour environnée de galeries, avec pluheurs falles & divers appartemens, pour toutes les fonctions des Sacrificateurs & des Lévites. Il n'y avoit que ce feul temple dans toute la terre d'Ifraël, & il n'étoit permis de facrifier que fur ce feul autel, pour rendre plus fenfible l'unité de Dieu & de fon Eglife. Salomon vécut dans

Heb. H.

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l'état le plus heureux que l'on puiffe imaginer fur la terre. Il commandoit à plusieurs nations étrangeres, outre le peuple de Dieu : il avoit 3. Reg. des richelles immenfes, une prodigieufe quanII.IV.IX. tité d'or & d'argent, & jouiffoit de tous les plai

X.

firs de la vie. Mais ce qui étoit bien plus excellent que tous les tréfors & que tous les plaifirs fenfibles, c'eft la fagelle que Dieu lui avoit donnée, & qui le mettoit au deffus de tous les homunes. Nous la voyons encore dans les écrits, Prov.VIII où il enfeigne la fagelle véritable, qui eft de 22. &c. bien régler nos mœurs On y voit la defcrip. tion de la fageffe de Dieu, fource de celle des créatures. Elle dit qu'elle étoit en Dieu au commencement, avant qu'il formât ni la terre, ni la mer, ni les cieux, ni les abîmes ; qu'el e affiftoit à la production de tous les ouvrages, & faifoit tout avec lui en fe jouant. Elle ajoute que les délices font d'être avec les hommes, & les invite tous à s'approcher d'elle, à s'enrichir de fes tréfors & fe raffafier à fon feftin, c'eft-à-dire, fe remplir de fa doctrine, où fe trouve la vie & le falut. C'est ainfi que la fagfle parle dans les Proverbes ou Sentences morales de Salomon. Il a compofé un Cantique, où il repréfente l'affect on de Dieu envers fon Eglife, fous l'image de l'amour le plus fort qui foit entre les hommes qui eft celui d'un époux & d'une époule. Mais il profita fi mal des dons de Dieu, qu'il s'égara dans fa vieilleffe pour s'être trop abandonné aux plaifirs, particulierement des femmes. Il en aima un nombre exceffif, même d'étrangeres, qui l'engagerent dans l'idolâtrie, tant fa foibleffe fut grande. Dieu le permit ainfi pour nous montrer, par la chûte d'un homme fi fage, le danger qu'il y a dans le plaifir & dans la profpérité temporelle, & pour nous convaincre

3.Reg.xi

de ce que Salomon a dit lui-même, que tout n'eft que mifere & vanité fous le foleil.

LEÇON XVIII.

Du fchifme des dix Tribus ou de Samarie.

Eccl. 2.

POUR OUR punition des péchés de Salomon, fon 2. Reg. Royaume fur divifé après la mort. Il n'y eut xu. que la Tribu de Juda & celle de Benjamin, qui Ibid. 26. obéirent à fon fils Roboam; les dix autres reconnurent pour leur Roi Jéroboam, de la Tribu d'Ephraim. Ce rébelle craignit que les Ifraélites ne retournaffent à l'obéiflance de leur Roi légitime, s'ils continuoient d'aller faire leurs prieres & leurs facrifices à Jérufalem. Pour les en détourner, il changea de religion; & comme ils aimoient les idoles, il mit deux veaux d'or en deux endroits de fon Royaume: il éleva plufieurs autels, fit des Sacrificateurs, qui n'étoient point de la Tribu de Lévi; inftitua une fête de fon invention, gardant toutefois, au refte, la loi de Dieu, Tous les Rois qui fuccédèrent à Jéroboam, entretinrent cette fauffe religion; & ce fchifme dura toujours depuis. On appelle fchifme la divifion des Eglifes: quand une partie du peuple de Dieu fe fépare de l'Eglife univerfelle, qui feule eft la véritable. Or le fiége de la vraie Eglife étoit à Jérufalem, parce que 2. Paral l'on y adoroit Dieu dans le temple que Divid X. 9. & Salomon avoient bâti par fon ordre; parce que l'on y obfervoit la loi qu'il avoit donnée à Moife, & que le fervice s'y faifoit par les Lévites & les Prêtres, enfans d'Aaron, qu'il avoit choifis. Cette Eglife avoit fubfifté depuis le commencement du monde. Car Moïfe avoit recueilli la tradition de la créance d'Abraham; Abraham

celle de Noé; Noé celle d'Enoc & des autres Saints, plus anciens que le déluge, jufques à Adam, L'Eglife qui fervoit Dieu fous la loi de Moïfe, eft fouvent nommée Synagogue, d'un nom qui fignifie auffi affemblée. Le Royaume des dix Tribus fur nommé d'Ifraël, ou d'Ephraïm, ou de Samarie, à cause de la Ville qui en fut depuis la Capitale ; & le Royaume qui demeura à la race de David, fut nommé le Royaume de Juda; mais il contenoit deux autres Tribus, Benjamin & Lévi. Car les Sacrificateurs & les Lévites étant privés de leurs fonctions par Jéroboam, quitterent fon Royaume, & fe réunirent tous à Juda ; & dans les autres Tribus, plufieurs demeurerent fideles à Dieu, & continuerent à le venir adorer à Jérulalem. Le Royaume de Juda ne fut pas toutefois exempt de vices & d'impiétés : plufieurs Rois defcendus de David ne fuivirent point fes exemples: plufieurs furent idolâtres, vicieux, injuftes, cruels. Même entre les Juifs, qui pratiquoient extérieurement la loi de Dieu, la plupart ne lui obéissoient que par crainte, & pour les biens temporels: il y en avoit peu qui le ferviffent par affection.

LEÇON XIX.
Des Prophetes.

CE fut depuis le fchisme des dix Tribus, que

Dieu envoya le plus de Prophetes, pour confoler les vrais fideles, & ramener de leur égarement les rebelles & les pécheurs. On appelloit Prophetes, ceux que Dieu infpiroit, les rempliffant de fon faint Efprit, pour leur découvrir les chofes cachées, ou même l'avenir, & déclarer les volontés par leur bouche. Tels avoient été Moïfe, Samuel, David, Salomon & plu

des Ifraé

3. Reg.

xxi.

3. Reg.

XVIII. 29.

feurs autres. Mais on nommoit particuliérement Prophetes ceux qui le féparoient des autres hommes, pour mener une vie plus parfaite, comme une espece de religieux. Ils étoient remarquables par leur pauvreté, lears jeûnes fréquens, leurs V.Mœurs habits de facs & de peaux, leur vie pénitente & lites.c.22 retirée. Leur application étoit la priere, la méditation de la loi de Dieu, & l'inftruction du peuple. Les plus illuftrès furent Elie & Elifée, tous deux dans le Royaume d'Ifrael, où le befoin étoit plus grand. Elie fit ceffer la pluie pendant trois ans & demi, pour punir l'idolâtrie du Roi Achab, & pour confondre les Sacrificateurs des idoles devant tout le peuple: il fit tomber le feu du ciel fur un facrifice qu'il avoit préparé à Dieu. Il ressuscita un enfant mort, & fit plufieurs autres miracles. Enfin, il fut enlevé au ciel dans un chariot de feu, & eft encore vivant, auffi-bien qu'Enoc, Elifée 4. Reg. fon difciple lui fuccéda: il fit auffi de très-grands miracles, qui lui attiroient le respect des Rois, même infideles, & un mort reffufcita, pour 4. Reg. avoir touché fes os. Toutefois la plupart de ces A&t. vii. faints Prophetes furent maltraités & perfécutés $2. par les Princes à qui ils reprochoient leurs crimes, Heb. vf. & quelques-uns furent cruellement mis à mort. 37. Il y avoit aufli de faux Prophetes, c'eft-à-dire, des impofteurs, qui fe difoient fauffement infpirés de Dieu, qui flattoient les Rois & les peuples, en leur prédifant des chofes agréables, & démentant impudemment les vrais Prophetes. L'événement faifoit voir par qui le Saint-Esprit avoit parlé, & pour le connoître, les propheties étoient écrites & foigneufement gardées.

11. 21.

XIII. 21.

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