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Ezec. XV.

11.

LEÇON XX.

Des Prophéties.

Il y a plufieurs de ces Prophetes dont nous

L

avons les écrits: Ifaïe, Jérémie, Ezechiel, & quelques autres, que l'on appelle les petits Prophetes, parce que leurs livres font courts. Ces écrits contiennent les difcours qu'ils faifoient au peuple pour leur reprocher leurs crimes & pour les exhorter à en faire pénitence, à quitter les idoles, à fe convertir à Dieu. Pour donner plus Ofée 1. d'horreur à l'idolâtrie, ils la comparent fouvent Jerem.. à un adultere, & la fynagogue à une femme infidele à fon mari, qui l'auroit quitté pour des amans étrangers. Aux exhortations font mêlées plufieurs prédictions; & c'eft ce que proprement on appelle prophéties. Ils prédirent que le Royaume de Samarie feroit ruiné, & qu'Ifraël, Ofée 1.10. emmené captif, cefferoit d'être le peuple de Dieu: Qu'il ne reviendroit plus, finon quelques-uns avec Juda, & fous un même chef: Que le RoyauJer.xxxiv me de Juda feroit autfi détruit par les Rois de Babylone, Jerufalem ruinée, le temple brûlé & le peuple emmené en captivité: Que Babylone feroit If. xui.x prife elle-même par les Medes & les Perfes, fous: la conduite de Cyrus, & qu'il délivreroit le peuple après une captivité de foixante-dix ans : Que le Jerem. temple feroit rebâti, & Jérufalem rétablie; que XXV 2. le peuple de Dieu devoit jouir encore de fon héritage, & après une furieufe perfécution, être délivré de tous fes ennemis, & acquérir beaucoup de gloire. Mais entre ces prophéties, qui regardoient les chofes temporelles, il y en avoit d'autres qui alloient bien plus loin, & qui étoient bien plus importantes, puifqu'elles concernoient les

&c.

Jerem. L.

Jer. xxx.

3.32.&c.

28.

biens fpirituels & la vie future. En parlant du retour de la captivité, les Prophetes ont marqué diftin&tement toutes les circonftances de la venue du Meffie, de fes fouffrances, de fon regne & de la vocation des Gentils, c'est-à-dire, des nations infideles. Ils ont dit que Dieu feroit avec fon peuple une nouvelle alliance, qui feroit oublier celle de la fortie d'Egypte : Qu'il graveroit fa loi dans leur cœur: Qu'il les inftruiroit lui-même: Qu'il Joël. u. répandroit fon efprit fur toutes fortes de perfon- Ifa. Lill. nes, & leur donneroit le don de prophétie: Que 4. 7• fon ferviteur, c'eft le Meffie, porteroit les péchés du peuple, & n'ayant fait lui-même aucun péché, feroit méprifé comme le dernier des hommes, & mené comme un agneau à la boucherie, pour le falut des autres. Que le Meffie, fils de David, feroit l'espérance des Gentils ; qu'ils vien4. &c. droient en foule adorer Dieu à Jérufalem & s'inf- Matt. xII. truire de fa loi ; que la gloire du fecond temple 2. 11. 3. feroit beaucoup plus grande que celle du premier; Agg. 11. enfin, , que le bonheur du peuple de Dieu feroit 20. au-deflus de tout ce que l'oeil a vu, ce que l'o- II. XLIV.4 reille a entendu, & ce qui eft tombé dans l'efprit de l'homme. Ils ont prédit de plus toutes les particularités remarquables de la naiffance, de la vie & de la mort du Sauveur. Ces prophéties étoient obfcures, parce que les prédictions fpirituelles font mêlées avec les temporelles, qui en étoient la figure, & que les deux états du Meffie fes humiliations & fes fouffrances, & d'ailleurs fa puiflance & la gloire, font auffi décrites enfemble.

Ifa. LXII.

Τουτ

LEÇON X X I.

De la captivité de Babylone.

UT ce que les Prophetes avoient prédit arriva. Après que Dieu eut long-temps fouffert les crimes des Rois d'Ifraël & de leurs fujets, qu'il 4. Reg. les eat fouvent exhortés à pénitence par la voix de 7. les ferviteurs, & fouvent même châtiés, fans qu'ils voulaffent fe convertir; enfin, il fit éclater fur eux fa jofte colere, & les abandonna à leurs ennemis. Samarie fut prife, le Royaume détroit, & le peuple emmené captif, & difperfé dans des pays éloignés. A leur place les Rois d'Affyrie envoyerent des Colonies d'autres peuples, que l'on appella depuis Samaritains. Les Rois de Juda fubfifterent encore plus d'un fiecle après la ruine bid. 24. d'Ifraël, mais ils ne profiterent point de ce terrible exemple. Dieu les livra à Nabuchodonofor,Roi de Babylone, qui ruina Jérufalem, brûla le temple,

4. Reg. EXY.

Baruc.vi.

Dan. 111.

, emporta les vafes facrés, & emmena le peuple en captivité, laiffant la terre d'Ifraël prelque déferte. La religion ne laiffa pas de fubfifter, quoique le temple fût détruit, & que les facrifices euflent ceffé. Les Juifs obfervoient la loi de Moïfe & les traditions de leurs peres, au milieu de l'idolâtrie & des vices de toutes fortes, qui ré-i gnoient à Babylone. Cette grande Ville pleine de fuperftitions, de magie, de divinations & de débauches, étoit l'image du monde corrompu & de la fociété des méchans, qui pendant cette vie, font toujours plus puiffans & en plus grand nombre que les ferviteurs de Dieu, les perfécutent & les oppriment. Nabuchodonofor étoit le plus grand Roi qui fûr alors, orgueilleux & cruel. Il fit faire une ftatue d'or, de grandeur énorme, & commanda à tout le monde de l'adorer. Trois

jeunes

3

contres,

jeunes hommes confidérables entre les Juifs refu-
ferent généreufement de lui obéir, & il les fit jetter
dans une fournaife ardente; mais ils y demeure-
rent fains & entiers, chantant les louanges de
Dieu. Alors le Roi étonné de ce miracle, recon-
nut la puiffance de Dieu, & commanda à tous les
fujets de l'honorer. Il y eut encore d'autres ren-
où ce Roi & les fuccefleurs admirant la
fagefle de Daniel, les miracles que Dieu fit en fa
faveur, rendirent de femblables témoignages à la
vérité, qui commençoit ainfi à fe faire connoître
chez les infideles. Daniel étoit un des captifs de
la race des Rois de Juda, qui, dans la Cour de
Babylone, & dans les plus grands emplois du
Royaume, où il fut élevé par fon mérite, mena
toujours une vie très-pure & très-fainte. Dieu lui
révéla plufieurs fecrets de l'avenir. Il prédit dif-
tinctement la fuite des empires, jufqu'à la venue
du Meffie, marqua le temps où il devoit venir, Da.ix.24,
qu'il feroit mis à mort par fon peuple, & qu'alors
Jerufalem & le peuple Juif feroient détruits à
jamais.

LEÇON X X I I.

Du rétablissement des Juifs après la captivité.
APRÈS
s que la captivité eut duré foixante-dix
ans, Cyrus, Roi de Perfe, prit Babylone, mit
les Juifs en liberté, & leur permit de retourner
en leur pays, & de rebâtir le temple de Jerufa-
lem. Ils revinrent fous la conduire de Zorobabel,
chef de la Tribu de Juda; & le facrificateur Ef-
dras, très-fçavant dans la loi de Dieu, inftruife
le peuple, & recueillir les livres facrés. Les Sa-
maritains & les autres ennemis du peuple de Dieu,
retarderent quelque temps le rétabliffement de la

Dan. viin

2.Erd.

fainte cité. Les Samaritains étoient ces peuples raniafiés que les peuples d'Affyrie avoient envoyés à la place des Ifraélites. Ils prétendoient fervir le vrai Dieu, & gardoient la loi de Moïse; mais ils adoroient auffi des idoles au commencement. 2. Efd. Enfin Jérufalem fut rebâtie, Nehemias acheva de 11. IV. relever fes murailles, la terre fut repeuplée & cultivée, & les Juifs vécurent en paix fous les Rois de Perfe, avec une liberté entiere pour l'exercice de leur religion. Ils n'eurent plus de Prophetes; mais les anciennes prophéties, qu'ils voyoient s'accomplir de jour en jour, I ur fuffifoient. Jamais ils ne furent plus fideles à Dieu, & ils ne tombérent plus dans l'idolâtrie, à laquelle ils étoient auparavant fi enclins. Au contraire, ils attiroient les infideles à la connoissance du vrai Dieu, principalement dans les pays où ils étoient mêlés avec eux. Car il y en eut plufieurs qui demeurerent à Babylone & par tout l'Empire de Perfe. Leur religion les faifoit remarquer en tous lieux & les plus fages d'entre les Gentils admiroient 1. Mac. 1. leur loi, & prenoient plaifir à s'en inftruire. La puiffance des Perfes for ruinée, comme Daniel l'avoit prédit, par les Grecs, fous la conduite d'Alexandre le Grand, Roi de Macédoine; mais il ne changea rien à l'état des Juifs. Son empire fut partagé entre fes Capitaines; & de-là vinrent les Ptolomées, Rois d'Egypte, dont la Capitale étoit Alexandrie, & les Seleucides, Rois de Syrie, qui réfiderent à Antioche. Les Juifs furirent affez fouvent de leurs divifions & de leurs guerres ; mais cependant ils s'étendirent dans tout l'empire des Macédoniens, & dans la Grece même, où ils commencerent auffi à répandre la connoiffance Tob. du vrai Dieu. Car c'étoit à ce deffein qu'il les avoit difperfés entre les Gentils.

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