Page images
PDF
EPUB

LEGON XXIII.

De la perfecution d'Antiochus, & des Macabées,
ANTIOCHUS
CHUS l'illuftre, Roi de Syrie, voulut

[ocr errors]
[ocr errors]

1.Mac.iv.

> 42. &c.

forcer les Juifs à fe conformer aux mœurs & aux fuperftitions des Grecs, & à renoncer à leurs loix & à leur religion. Il furprit Jérufalem, prophana le temple, & fit ceffer les facrifices; il fit 1. Mac. 1. mourir beaucoup de Juifs qui aimerent mieux 32. &c. perdre la vie, que de violer la loi de Dieu. Entr'autres, il y eut fept freres, à qui il fit fouf-2. Mac. frir en fa présence des tourmens horribles, & que leur propre mere encourageoi: par l'efpérance de la réfurr Ation bienheureuse. Juda Macabée & fes freres prirent les armes, pour la dé- 1.Mac.111. fenfe de leur liberté & de la religion, qui étoit 2. Mac. encore alors attachée à ce peuple & à certe terre. Quelques Juifs des plus zélés fe joignirent à eux, & malgré leur petit nombre, le fecours de Dieu les rendit victorieux. Ils reprirent Jérufalem purifierent le temple, rétablirent les facrifices, & affranchirent entierement le peuple du joug des nations infideles. Simon, l'un de ces freres, fut reconnu chef du peuple, & fouverain. Pon- xiv. 27. tife, car ils étoient de la race facerdotale, defcendus d'Aaron: mais on ne lui donna la fouve- Ibid. 41. raine puiffance, qu'en attendant la venue du Prophete fidele, c'est-à-dire, du Chrift fils de David. Les defcendans de Simon prirent le titre de Rois; mais leur puifiance ne fut pas de longue durée. Car les Romains, déjà maîtres d'une grande partie du monde, conquirent l'orient sous la conduite de Pompée, & ruinérent en même temps les Rois de Syrie & les Rois des Juifs. Toutefois Hérode trouva moyen d'ufurper le

1. Mac.

[ocr errors]

Royaume de Judée, par la faveur de Jules Céfar, & enfuite d'Augufte, & régna fous la protection des Romains. Il étoit étranger d'origine, mais Juif de religion, au moins il en faifoit profeffion; car au ford, c'étoit un impie, qui n'avoit d'autre loi que fon ambition & la politique, cruel & dénaturé, jufqu'à faire mourir fa femme & plufieurs de fes enfans.

LEÇON

XXIV.

De l'état où étoit le monde à la venue

L'IDOLAT

du Meffie.

IDOLATRIB régnoit toujours par tout le monde: mais la Grece étoit pleine de philofophes, qui commençoient à la décréditer entre les gens d'efprit. Ils voyoient bien l'abfurdité des fables dont les Poëtes entretenoient les peuples, & qui étoient tout le fondement de leur religion. Ils connoiffoient que le monde étoit gouverné par un Dieu, bien différent de ceux que le vulgaire adoroit; mais ils n'ofoient en parler ouvertement, ni rien entreprendre contre les religions établies. Ils fe contentoient de les mépriser entr'eux, les regardant comme des inventions de politique, propres à amufer les ignorans. Au dehors, ils ne laiffoient pas de fe conformer au peuple; & d'observer les mêmes cérémonies, & défefpérant de connoître la vérité, ils s'abandonnoient fans réferve à leurs paffions & aux plaifirs les plus infâmes. Le vrai Dieu n'étoit plus adoré que par les Juifs. Les Samaritains fe vantoient auffi de le fervir, & avoient Eph. y. quitté les idoles; mais ils étoient toujours féparés des Juifs, avec une haine mortelle de part & d'autre. Ils ne reconnoiffoient que les livres de

19..

Job.iv.

Ibid. 10+

Moïfe, rejettant tous les autres Prophetes, & prétendoient que Dieu devoit être adoré fur la montagne de Garizim, où ils avoient bâti un temple. La religion s'affoibliffoit même chez les Juifs. Il y avoit deux fectes, les Pharifiens & les Saducéens. Les Saducéens ne croyoient ni la Act.xx résurrection, ni l'immortalité de l'anve, ni qu'il 8. y eût des anges ou des efprits, & faifoient Dieu même corporel. Une grande partie des Sacrificateurs & des principaux de la nation foivoient cette héréfie fi impie & fi groffiere. Les Pharifiens foutenoient la bonne doctrine, croyoient les choses spirituelles, la réfurrection, & la vie du fiecle futur. Ils faifoient profeffion d'obferver la loi fort exactement; mais ils y mêloient quantité de fuperftitions indignes de la vraie religion, & fouvent anéantifoient les commandemens de Dieu, pour établir leurs traditions humaines. Matt. Ils avoient beaucoup d'autorité fur le peuple, faifant paroître un grand extérieur de piété, Luc. xvi. mais ce n'étoit qu'hypocrifie en la plupart; dans 14. le fond, ils étoient pleins d'avarice, de vanité Jo. vii.7. & de toutes fortes de vices.

LEÇON

XXV.

Comment le Meffie étoit attendu des Juifs.

6.

3.

LES Juifs étoient fiers & fuperbes : comme enfans d'Abraham, ils croyoient être faints par Job. vii. nature, & deftinés à commander à toutes les autres nations, qu'ils méprifoient infiniment, les tenant pour maudites & immondes. Ainfi il leur étoit infupportable d'obéir aux Romains, & à Hérode, efclave des Romains; ils étoient tou jours prêts à fe révolter, & n'attendoient que la venue du Meflie pour féconer ce joug. Car ils

[ocr errors]

XIV. 9.

*34.

croyoient que le Meffie feroit un Roi comme les Rois de la terre, plus grand guerrier & plus victorieux que David, plus riche & plus heureux que Salomon. Ils ne confidéroient que les prophéties qui parloient de les triomphes & de la gloire, prenant au pied de la lettre toutes les figures dont les Prophetes s'étoient fervis pour repréfenter la puiffance & fa grandeur. Telles étoient les penfées des Juifs charnels. Il y avoit feulement quelque peu de Juifs (pirituels, qui ayant confervé fidelement la tradition des Prophetes, fçavoient que les promeffes de Dieu avoient un Tob. x1. fens plus élevé: Qu'il falloit attendre du Chrift 18.x.14. de plus grands biens que les biens périflables de cette vie: Qu'il viendroit principalement pour Dan. ix. effacer les péchés & rétablir la fainteté : Qu'il apporteroit une nouvelle alliance, 'plus parfaire que l'ancienne, & qu'il la graveroit dans les coeurs: Qu'il donneroit la grace, c'est-à-dire, Jer. xxxi. le fecours néceflaire pour pratiquer la loi, & Ezech. qu'il accompliroit en vérité ce que la loi ne monxxxv. 36. troit qu'en figure: Qu'il rameneroit toutes les nations à la connoiffance du vrai Dieu, & que fon regne regarderoit le fiecle futur. Au refte, il étoit conftant parmi les Juifs fpirituels ou charnels, Genef. mê ne chez les Samaritains, que le temps étoit venu où le Chrift devoit paroître. Toutes les autres prophéties étoient accomplies, la puiflance, qui jufqu'à fon temps, devoit demeurer dans la maifon de Juda, fuivant la prophétie de Jacob, avoit pallé à Hérode, étranger, qui de jour en jour affoibliffoit & anéantiffoit les loix, Dan. ix. & le terme des années marquées par le Prophete Daniel allo't expirer..

33.

XLIX. 20.

20.

LEÇON X X V I.

De la naiffance de Jefus-Chrift.

[ocr errors]

Du tems qu'Hérode régnoit en Judée, &
que Célar Augufte étoit Empereur de Rome
il y avoit entre les Juifs une fille d'excellente
fainteté, nommée Marie, qui avoit été fiancée Luc. 1.26%-
à un faint homme nommé Jofeph ; & toutefois
elle avoit réfolu de garder la virginité. Marie
& Jofeph étoient tous deux de la Tribu de Juda
& de la race de David; mais ils étoient pau-
vres, & Jofeph faifoit le métier de charpentier. Ils
demeuroient à Nazareth, petite Ville de la Ga- Mat. xiii.
lilée, qui eft une Province de la terre d'Ifraël.
L'Ange S. Gabriel fut envoyé à Marie de la part
de Dieu, pour lui annoncer qu'elle feroit la
mere du Chrift. Vous aurez un fils, dit il, que
vous nommerez Jefus. Il fera grand, & fera
nommé le fils du Très-haut, le Seigneur lui
donnera le trône de fon pere David, & il regne-
ra éternellement fur la maifon de Jacob. Marie
y confentit, après que l'Ange l'eut affurée qu'elle
demeureroit vierge & qu'elle feroit mere par
l'opération de Saint-Efprit, & par un miracle de
la toute-puiffance de Dieu. Aussi - tôt s'accom-
plit en elle ce mystere auquel Dieu l'avoit pré-
parée toute la vie, en la rempliffant de grace.
Elle conçut ce faint enfant, qui étant Dieu com-
me fon pere, devint homme comme nous, avec
ceite différence, qu'il eft faint par nature & in-
capable de péché. Il nâquit à Bethlehem, petite Mic. v.z.
Ville de Judée, où David étoit né, & où le Chrift Luc. 3.
devoit naître fuivant les prophéties. Jofeph &
Marie furent obligés de s'y rendre, pour fatisfaire
à une ordonnance de l'Empereur Augufte, qui
voulut que chacun fît écrire son nom dans le lieu

a

« PreviousContinue »