Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Des miracles de Jefus-Chrift.

Matt. IX

9.

Matt. 1.

JESUS B SUS faifoit une infinité de miracles, pour montrer que Dieu l'avoir envoyé, & qu'il parloit de fa part. Ces miracles n'étoient ni pour l'often- Jo. XI. 41. tation, comme ceux des magiciens & des impofteurs, ni pour la terreur, comme la plupart de ceux de Moife & d'Elie; mais pour gagner les cœurs, fe faifant fur les hommies mêmes & leur donnant les biens qu'ils eftiment le plus, la fanté & la vie. Il guérit, en différentes rencontres, une multitude innombrable de perfonnes affligées de toutes fortes de maladies, de la fiévre, du flux-de-fang, de l'hydropifie, de la paralyfie, de la lepre. Il les guériloit en un moment fouvent d'une parole quelquefois fans les voir ni en approcher. Il fuffiioit de toucher le bord de fon manteau pour être guéri. Par tout où il paffoit on apportoit les malades des environs, & on les mettoit dans les rues & dans les places des Villes; fouvent même on affiégeoit la maison où il étoit logé, & on ne lui donnoit pas le loifir de 45.11.20 manger. On le fuivoit par-tout, même dans les lieux déferts, où il étoit contraint de fe retirer pour évirer la foule. Il rendit la vue à plufieurs Jo. 1x.. aveugles, entr'autres à un aveugle-né, en luimettant fur les yeux un peu de boue. Il fit parler des muets & entendre des fqurds, redresla des boiteux & des perfonnes courbées. Il chafla les démons des corps de plufieurs poffédés. Enfin, il rendit la vie à plufieurs morts. L'hiftoire nous en marque trois, une jeune fille qui venoit de xxxvi. mourir, un jeune homme qu'on portoit en terre, Lazare enterré depuis quatre jours. On vit Jo. x Jefus marcher fur les eaux, & il y fit marcher faint Pierre. Une fois il appaila une tempête, en me

56.

Mar.1.33.

Marc

Luc. vil

11.

Luc. 11.

naçant les vents & la mer. Il fir quelquefois prendre à fes difciples une quantité extraordinaire de Joan. vi. poillons. Un jour il raffafia de cinq pains & de deux poiffons cinq mille hommes, qui l'avoient fuivi dans le défert; & une autre fois il en ratla fia quatre mille avec fept pains. Il le rendit invifible quand il voulut. Il connoitoit les plus fecrettes pensées des hommes, & prédisoit l'avenir. Etant en priere fur le mont Tabor, avec trois de Mat.xvu. fes difciples, Pierre, Jacques & Jean, tour d'un il fut transfiguré, c'eft-a-dire, que fes ha-▲ coup bits devinrent plus blancs que la neige, & fon vifage plus éclatant que le foleil. Les difciples virent Mcïfe & Elie, qui s'entretenoient avec lui; & ils entendirent une voix qui dit: Celui-ci eft mon fils bien-aimé, en qui je me plais, écou tez-le. Tous ces miracles prouvoient manifefteJo. x. 25. ment que Jefus étoit ce qu'il difoit, c'est-àxu. 37. nire, le Chrift & le fils de Dieu. 11 n'en faifoit pas feulement par lui-même, mais il donnoit encore à fes difciples le pouvoir d'en faire de femblables, & même de plus grands.

28.

Matt. x1.

19.

LEÇON X X X I.

Des vertus de Jefus-Chrift. EN même tems que Jefus faifoit tous ces miracles, il montroit l'exemple de toutes fortes de vertus. Il étoit humble de coeur, il fe difoit fils de l'homme, ce qui fignifioit un homme du commun & de petite naiffance, comme il parpiffoit. Je fuis venu, difoit-il, pour fervir, & non pas pour être fervi. Il cachoit fes miracles le plus fouvent, défendant aux malades de dire qu'il les eût guéris, & faifant taire les démons, qui crioient qu'il étoit le fils de Dieu. Il s'enfuit tout feul, lorfque ceux qu'il avoit nourris dans le déJo. vi. 13. fert le vouloient enlever, pour en faire leur Roi.

Mat. xx.

28.

&c.

Ce n'étoit point fa gloire qu'il cherchoit, mais celle de fon pére qui l'avoit envoyé. Il étoit plein Pa.x1 &c. de douceur & de bonté, ne contestoit point, n'élevoit point fa voix, & ne rebutoit perfonne. On lui amena un jour des enfans pour les bénir & Matt.xu. prier pour eux; les Apôtres les vouloient empê cher, mais il les en reprit, fit approcher les enfans, les embraffa & les bénit en leur impofant les Mat, xix. mains, & dit qu'il falloit ressembler aux enfans, & être petits comme eux pour entrer dans le Royaume des Cieux. Il fouffroit avec une patience merveilleufe les défauts de fes difciples, qui étoient des hommes groffiers & ignorans, & les importunités des malades & des autres

13.

Matth. XVIII. 2.

dont il étoit continuellement accablé. Il pafla fa vie dans une extrême pauvreté, n'ayant ni terre ni maison, ni feulement où repoler fa tête. Il fubfiftoit de ce Luc.ix.58 que lui fourniffoient libéralement ceux qu'il inftruifoit, particulierement de faintes femmes, qui

Luc. xix.

41.

le fuivoient pour le fervir. Il fouftroit toutes les incommodités de la pauvreté, le chaud, le froid, Jo. v. 6. la faim, la foif, la laffitude, faifant les voyages à pied, marchant en plein midi, quoiqu'il vécût dans un pays fort chaud. Jamais il ne fit de miracles pour fa commodité. Jamais on ne le vit rire, tant il étoit grave & férieux. Toutefois il Jo. xl. 35étoit tendre & plein de compaffion. Il pleura la mort de Lazare fon ami, qu'il alloit reffufciter, & il pleura une autre fois, voyant Jerufalem, & penfant aux malheurs qui lui devoient arriver, tant il aimoit fa patrie, toute ingrare qu'elle étoit. Il étoit charitable & bienfaifant à tout le monde. Il recevoit doucement les pécheurs qui fe vouloient convertir, & ne faifoit point difficulté de manger avec eux. Mais pour les pécheurs endurcis, il les reprenoit avec force, principalement les hypocrites, comme les fcribes & les pha

[ocr errors]

Jo. 11. 131

rifiens, à qui il reprochoit hautement tous leurs vices, quoiqu'il fçût bien qu'il attiroit par-la leur haine mortelie. Mais en même temps qu'il blâmoit leurs actions, il relevoit leur miniftere, recommandant au peuple de fuivre leur doctrine, parce qu'ils avoient l'autorité légitime pour enfeigner: il vivoit dans la foumiffion aux puiffances établies, payoit les tributs, obfervoit toutes les cérémonies de la religion & fréquentoit le temple, d'où il challa par deux fois, avec auJo, 11. 15. torité, ceux qui le profanoienr par leur trafic. Mat. xxi. Il paffoit fouvent les nuits en priere. Ma nourriLuc.v1.2. ture, difoit-il, eft de faire la volonté de celui qui Jo.v1.19 m'a envoyé : il est avec moi, & ne me laifle pas Jo.iv. 34. feul, parce que je fais toujours ce qu'il lui plaît.

21.

LEON XXXII.

De la doctrine de Jefus-Chrift. Et premierement de la Trinité & de l'Incarnation.

[ocr errors]

ESUS faifant tant de miracles & pratiquant tant de vertus, fe faifoit admirer de tout ĺe monMar.1.17. de, & attiroit après lui de grandes troupes. Il Matt. iv. prêchoit fouvent dans les fynagogues, où les

2.6.

Juifs s'affembloient pour prier, lire l'Ecriturefainte, & l'entendre expliquer par les scribes ou docteurs. Souvent auffi il prêchoit au bord de la mer, ou à la compagne, felon l'occafion. Il n'y avoit aucune de fes paroles qui ne fût une inftruction importante. Il parloit comme ayant auMatt.xi. torité, non pas comme les fcribes & les Pharifiens: & toutefois il parloit fimplement & familierement, pour pouvoir être entendu des fimples. Quelquefois il fe fervoit exprès de paraMat. xi. boles & d'énigmes, pour n'être pas entendu de ceux qui en étoient indignes, par la mauvaifa.

33.

23.

:

Jo. V. 19..

&c.

Jo. x. 30

difpofition de leur cœur. Voici le fommaire de fa doctrine. Il dit qu'il eft le Meffie ou le Chrift, attendu & fouhaité par les peres, & prédit par Moïfe & par les Prophêtes, & qu'il eft venu, Jo. v. 46. non pour abolir la loi, mais pour l'accomplir; v. 56. que la vie éternelle confifte à connoître un feul Mat.v.17. vrai Dieu & Jesus-Chrift qu'il a envoyé. Il nous Jo.xvii.3. apprend que Dieu eft un elprit, & qu'il doit être adoré en efprit & en vérité. Il nous découvre de Jo. ix. 14, plus que Dieu eft Pere, Fils & Saint-Elprit. Car il dit, qu'il eft le fils unique de Dieu : qu'il ne dit rien & ne fait rien de lui-même ; mais qu'il re- Jo. 111.16. çoit tout de fon pere, qui lui montre tout ce qu'il fait, & lui donne tout ce qu'il a enfin, que lui & fon pere ne font qu'un d'où il s'enfuit qu'il eft Dieu comme fon pere, & qu'il eft le même Dieu que fon pere. 11 dit auffi à fes Apôtres; Jo.xv.26. qu'il leur envoyera l'efprit confolateur, qui procede du pere. Et il ajoute: Il prendra du mien Jo.xv1.14 pour vous l'enfeigner, parce que tout ce qui eft au Pere eft à moi. Ce qui fait voir que le Saint- Matth. Elprit procede du Pere & du Fils, & que tous les trois ne font qu'un. Et il le déclare manifeftement, quand il ordonne à fes Apôtres de baptifer tout le monde au nom du Pere, du Fils & du Saint-Efprit; montrant encore que tous les trois font égaux, puifqu'il veut que tous les hommes foient confacrés à Dieu au nona de ces trois perfonnes. Jefus-Chrift étant Dieu, il s'enfuit qu'il eft Dieu & homme tout ensemble. Auffi reconnoît-il que le Pere eft plus grand que lui, & qu'il eft venu, non pour faire fa propre volonté, mais Jo.v1. 32. la volonté de ce lui qui l'a envoyé, ce qui ne lui peut convenir que comme homme. Et il montre clairement qu'il eft Dieu & homme, lorfqu'il dit: Jo. 111.1 Perfonne ne monte au ciel, que celui qui eft defcendu du ciel, le fils de l'homme qui eft au ciel.

[ocr errors]

Jo.xiv.28

« PreviousContinue »