Jo. 111. 15.

Luc.x.45.

Marc.

X11. 39.

J

LEÇON XXXIII.

De l'amour de Dieu & du prochain. ESUS-CHRIST nous montre que fa venue eft la preuve de l'amour que Dieu nous porte. Car dit-il, Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné fon fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périfle point, mais qu'il ait la vie éternelle. Il eft donc bien jufte de l'aimer. Auffi déclare-t-il que notre unique affaire & la feule chose nécélfaire, eft de nous attacher à Dieu; que Matth. toute la loi de Dieu, & tout ce qu'il nous enseixx. 35. gne dans fes faintes Ecritures, fe rapporte à ces deux comirandemens: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton ame, de tour ton efprit, de toute ta force. Voilà le plus grand & le premier commandement. Le fecond lui eft femblable: Tu aimeris ton prochain comme toi même. Or tout homme eft notre prochain, même un étranger & un infidele. Aimant ainfi le prochain, nous le traiterons comme Luc.x.30. nous voulons que l'on nous traite nous-mêmes, Matth. & nous emploierons la même mesure pour lui que pour nous. Nous lui pardonnerons ses fautes comme nous voulons que l'on nous pardonne les nôtres ; nous ne reprendrons point fes défans, tandis que nous en aurons de pareils, ou de plus grands; nous ne le jugerons point, comme nous ne voulons point qu'il nous juge: en un mor, nous ne ferons à perfonne ce que nous ne voudrions point qu'un autre nous fit. Auffi il enfeigne qu'il ne fuffit pas de pratiquer la loi extérieurement & à la lettre, comme faifoient les Mat.v.20 Juifs charnels. Ce n'eft pas affez de ne pas tuer, il faut combattre même la colere, qui produit les haines, les querelles & les meurtres. Ce n'eft pas Ibid. 43. affez d'aimer nos amis, il ne faut hair perfonne,

XVII.2.12.

Luc.vi. 31

Matth.

XIX. 4.

& aimer même ceux qui nous haïffent & nous periécutent. Il ne fuffit de ne pas commettre pas d'adultere, il ne faut pas même regarder une femme avec un mauvais defir, & le mariage doit être réduit à la premiere inftitution, d'une feule femme avec un feul homme, qui ne doivent fe féparer qu'à la mort. Il ne faut pas le contenter de ne pas prendre injuftement le bien d'autrui, Mat.v.33 il ne faut pas même le faire juftice à la rigueur; il faut céder & relâcher de fes intérêts, perdre ou fouffrir quelque chofe, plutôt que de bleiler la charité, n'avoir aucune inquiétude pour la nourriture, le vêtement & les autres néceffités de la vie, s'abandonner à la Providence, & chercher avant toutes chofes le Royaume de Dieu & la vertu.

LEÇON XXXIV.

Des confeils, de la grace & de la priere.

Matth,

OUR accomplir la loi plus facilement, & arriver à la perfection dont les hommes font capables, Jefus Chrift nous a donné des confeils, outre les commandemens. Il confeille à ceux qui XIX. 23• voudront le mettre en sûreté contre l'avarice, de vendre tout leur bien, le donner aux pauvres, & le fuivre lui-même dans la pauvreté, dont il nous a donné l'exemple, & il leur promet un tréfor dans le ciel. Pour s'aflurer contre l'incontinence, il confeille de renoncer au mariage, & Ibid. 11. de vivre dans la continence parfaite, ajoutant néanmoins, que tous n'en font pas capables, mais feulement ceux à qui il est donné par fa grace. Il nous enfeigne que par nous-mêmes nous ne pouvons pratiquer ni fes commandemens, ni fes confeils. Sans moi, dit-il, vous ne pouvez rien faire, comme une branche ne peut porter de fruit, fi elle ne demeure fur l'arbre. Et

Jo. IV. 51.

Jo. iv. 14.

:

gra

ailleurs; Je fuis la voie, la vérité & la vie. Et ailleurs Je fuis la porte, fi quelqu'un entre par moi, Jo. x. 9. il fera lauvé. Et ailleurs il dit: Qu'il donne une eau qui rejaillit jusqu'à la vie éternelle, & que qui croit en lui, deviendra une fource d'eau vive; ce Jo.vu.58.. qu'il entendoit de l'efprit que devoient recevoir ceux qui croiroient en lui. Toutes ces figures fignifient, que pour accomplir la loi de Dieu, & nous fauver, nous avons befoin du fecours de fa grace, qui eft le don du Saint- Esprit. Mais la Jo. 1. 8. ce ne dépend pas de nous, l'efprit fouffle où il Jo. 17.44 veut, dit Jef s. Et ailleurs: Perfonne ne peut venir à moi, fi le Pere qui m'a envoyé ne l'attire. Il est donc bien néceffaire de prier pour demander à Dieu cette grace, fans laquelle nous ne pouvons rien faire. Auffi n'y a-t-il rien que Jefus nous ait plus recommandé que la priere. Il dit Luc.xvi qu'il faut toujours prier fans jamais le rebuter: Matth. Il dit: Demandez, & vous recevrez; cherchez, & vous trouverez; frappez, & on vous ouvrira. Ses difciples lui demanderent un jour qu'il leur apprêt à prier; il leur donna ce modele de priere : Notre pere, qui êtes dans les cleux, que votre nom foit fanctifié, que votre regne vienne, que votre volonté foit faite en la terre comme au ciel ; donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien ; re mettez-nous nos dettes, comme nous remettons à ceux qui nous doivent, & ne nous induifez point en tentation; mais délivrez-nous du mal. Aiefi foit il. Nous l'appellons l'oraison dominicale, c'est à dire, l'oraifon du Seigneur.

vil. 7.

Luc. XI. Matth. Vi. g.

LEÇON X X X V.

De l'état des fideles dans la vie préfente. ESUS CHRIST nous découvrant la perfection où Dieu nous appelle en cette vie, nous montre auffi quelle en fera la récompense. Nous ne

E

E

devons pas borner nos espérances fur la terre,

Matth.

V. 19.

Luc. x111.

Matth.

Matth.

x. 37r

Matth.

XVI. 24.

comme faifoient les Juifs charnels. Nous ne de-
vons pas amafler ici bas des trésors périflables
mais théforifer dans le ciel. Malheur aux riches, ,
parce qu'ils ont leur confolation: Malheur à ceux
qui rient, & à ceux qui font honorés des hom Luc.v1.14
mes. Efforcez-vous, dit-il, d'entrer par la porte 25.
étroite, car il y a deux portes & deux voies ; une
voie large qui mene à la perdition & où marche x. 15.
le plus grand nombre; & une étroite, qui mene
à la vie, & que peu de gens trouvent. Pour fui-
vre Jefus-Chrift dans cette voie étoite, il faut
renoncer à tout & porter fa croix. Tous ceux qui Luc. XIV.
nous voudroient féparer de lui & nous fervir de 33. & 37.
fcandale, c'eft-à-dire, de pierre en notre chemin,
nous devons les hair quels qu'ils foient, amis, pa- Matth.
rens, pere, mere, mari ou femme. Il faut cou- v. 19.
per notre main droite, fi elle nous fcandalife, &
arracher notre œil droit, c'eft-à-dire, nous pri- Jo.xu1.25.
ver avec violence de ce qui nous eft le plus cher ; Jo. xviii.
enfin nous devons nous haïr nous-mêmes, c'eft-
à-dire, nous défaire de notre amour propre. xvi. 21.
Auffi Jefus-Chrift a-t-il déclaré que fon Royaume
n'étoit point de ce monde. Il prédit à fes difci- 24. &c.
ples, qu'il feroit rejetté par les Juifs, livré aux
Gentils, pour être fouetté, moqué & crucifié,
& qu'il reflufciteroit le troifieme jour; & les
avertit qu'ils ne feroient pas mieux traités que
lui: qu'ils feroient poursuivis, traînés devant les
Juges, & condamnés comme des criminels: que
l'on croiroit rendre fervice à Dieu de les faire
mourir. Mais ne craignez point, ajoute-t il, ceux
qui ne peuvent tuer que le corps, craignez celui
qui après avoir tué, peut envoyer le corps & l'ame Luc.xu.
dans l'enfer. Voilà celui qu'il faut craindre. Qui
persévérera jufqu'à la fin fera fauvé. Quicon-
que me renoncera devant les hommes, je le re-

39.

Matth.

Matth.

Jo.x11.25

noncerai devant mon pere, & quiconque me confeffera, je le confefferai & le reconnoîtrai.

JESUS-CHRIST prédit aufli à fes disciples que Jerufalem feroit ruinée de leur temps, par la guerre la plus cruelle qui éût été jufqu'alors; que le temple feroit détruit; enforte qu'il n'y refteroit pas pierre fur pierre; que l'Evangile feroit prêché par toute la terre, qu'enfuite le monMat.xxv. de même finiroit, & qu'il viendroit alors comme Roi Juger tous les hommes. Mais il ne leur dit point le tems de la fin du monde, & de fon second avenement, & mêla ce qu'il leur en dit avec les prédictions de la ruine de Jerufalem: C'est donc à la vie future que Jesus-Chrift nous a ordonné de porter nos efpérances. Il a confirmé la foi de l'immortalité de l'ame & de la Mat. xxi. réfurrection, & a fermé la bouche aux SaduJo.vi. 40. céens. Qui fe hait dans ce monde, dit-il, fe conferve pour la vie éternelle. Telle eft la volonté de mon pere qui m'a envoyé, que quiconque Jo. v. 18. voit le fils & croit en lui, ait la vie éternelle ; & je le reffufciterai au dernier jour. Et ailleurs: L'heure vient où tous ceux qui font dans les tombeaux, entendront la voix du fils de Dieu, & marcheront; ceux qui ont bien fait, à la réfurrection de la vie; ceux qui ont mal fait, à la réfurrection du Jugement. Tel fera donc le dernier état des hommes. D'un côté, la vie éternelle, le repos, la joie, le banquet, les nôces le Royaume, le Ciel, le Paradis: car Jefus Chrift lui donne tous ces noms pour s'accommoder aux idées de bonheur que nous avons en cette vie. D'un autre côté fera l'enfer, le feu éternel, la

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