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géhenne, les ténebres extérieures, la mort éternelle; là feront les pleurs & les grincemens de dents; le ver qui les ronge ne mourra point c'eft à-dire, le remords & le reproche de la conscience. Or, la vie éternelle confifte, comme il nous enfeigne, à voir Dieu, être avec JelusChrift, voir la gloire qu'il avoit avant la création du monde, à être tout en J. C. & par lui Jo. xvtt. être unis à Dieu d'une charité parfaite. Voilà le 15.21. 34. fommaire de la doctrine de Jesus-Chrift.

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LE CON XXXVII.
Des ennemis de Jefus.

Jo.111. 19.

JESUS-CHR ESUS-CHRIST prêchant cette doctrine, & la foutenant par fes vertus & fes miracles, devint odieux au monde, c'eft-à-dire, aux hommes corrompus, à qui il montroit la vérité qui les Jo.v11.24.

condamnoit. Ils aimoient mieux les tenebres que la lumiere, parce que leurs œuvres étoient mauvaises. Ils jugeoient de lui felon les apparences, & le méprifoient comme un Galiléen de Nazareth, fils d'un Charpentier. Les Juifs charmels le voyant fi pauvre, fi fimple, fi humble & fi doux, ne pouvoient croire qu'il fût ce grand Roi, fils de David, qui devoit venir les délivrer de leurs ennemis, & foumettre toutes les nations à fon empire. Ceux qui le haifoient le plus étoient les Scribes ou Docteurs, les Pharifiens les Sacrificateurs & les Sénateurs qui gouvernoient le peuple. Ils étoient envieux de la gloire, & irrités des reproches qu'il leur faifoit. Les Doc- xxiii. teurs ne pouvoient fouffrir qu'il montrât au peuple leur ignorance & le mépris qu'ils faifoient de la loi de Dieu, pour établir de traditions humaines. Il faifoit connoître l'hypocrifie des Pharifiens, leur orgueil & leur avarice. Ils le Matth. haifoient tous, parce qu'il prédifoit la ruine A. vi.i,

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Matth.

XXVI. 16.

du temple & de la ville, qu'ils regardoient comme un lieu où la vraie religion étoit attachée, & qui ne devoit jamais être détruit. Cependant ils n'avoient rien à lui reprocher, & il leur dit Jo.vill.46 Publiquement: Qui de vous me reprendra de péché? Quoique fa vie fût expofée à la vue de tout le monde, ils ne laifferent pas de le calomnier de ce qu'il guériffoit des malades le jour du Sabbat, & de ce qu'il difoit qu'il étoit fils de Dieu venu du ciel, quoiqu'il ne leur parlât qu'au nom de Dieu, & qu'il ne cherchât que la gloire Jo.xv.24. de Dieu; quoique les miracles qu'il faifoit, & dont on n'avoit jamais vu de semblables, fuffent une preuve infaillible de la vérite de fes paroles & de l'accompliffement des prophéties qui leur promettoient le Chrift. Ses ennensis ayant refolu de le faire mourir, ne purent exé3.v. 31. cuter leur deffein que quand fon heure fut venue, c'est-à-dire, dans le temps où il avoit résolu de fouffrir. Jufques-la il fe cacha plufieurs fois; & un jour comnie ils penfoient le prendre, il fe rendit invifible, & palla au milieu d'eux. D'ailLuc.v.30 leurs ils fe prefferent de le perdre, voyant que fes miracles le faifoient fuivre de tout le monde, & que venant à Jerufalem pour la Pâque, on Jo. v1.19. lui avoit fait une entrée magnifique. Car le peuple vint en foule au devant de lui, portant des branches de palmiers en figne de joie, & criant: Holanna, c'est à-dire, fauvez-nous, fils de David; béni foir celui qui vient au nom du Seigneur. C'étoit le reconnoître publiquement pour le Melfie. Ses ennemis ne le purent fouffrir: ils tinrent Matth. confeil, ils réfolurent de le prendre par artifice, & gagnerent Judas Iscariot, un des douze Apotres, qui promit de leur livrer fon maître pour trente ficles d'argent, c'eft-à dire, environ quinze écus de notre monnoie. LEÇON

XXY1. 14.

LEÇON XXXVIII.

1. Cor.

X1. 13.

De la cène de Notre Seigneur Jefus-Chrift. Le temps de la Pâque étant venu, Jelus vint fouper avec les difciples au lieu qu'ils avoient Jo. xiii. préparé par fon ordre, pour y manger l'agneau fuivant la coutume. Dans ce foupé, qu'on ap pelle auffi la cène, it fe leva de table, & leur lava les pieds à tous, pour leur montrer l'exemple de fe fervir les uns les autres, & pour achever de les purifier; puis il fe remit à table: & Matthay comme ils mangoient, il prit du pain, rendit xxv. 2. 6. graces à Dieu, bénit le pain, le rompit & le diftribua à fes difciples, difant: Prenez, mangez; ceci eft mon corps qui fera livré par vous; faites ceci en mémoire de moi. Tout de même après le foupé, il prit le calice, c'est-à-dire, la coupe où il buvoit, avec du vin, & ayant rendu graces, le bénit & le leur donna, difant: Buvez tous de ceci: car c'eft mon fang, le fang de la nouvelle alliance, qui fera répandu pour vous & pour plufieurs en rémiffion des péchés; faites ceci, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. Ce fut ainfi que Jefus inftitua le faint Sacrement de fon corps & de fon fang, que nous appellons Euchariftie. Il avoit dit aux Juifs qu'il étoit le pain vivant defcendu du ciel ; Jo.v1.4 que qui mangeroit ce pain vivroit éternellement; x. &c& que l'on ne pouvoit avoir la véritable vie fans manger la chair & boire fon fang. Car ma chair difoit-il, eft vraiment viande, & mon lang eft vraiment breuvage; qui mange ma chair & boit mon fang, demeure en moi & moi en lui. Les Juifs avoient été choqués de ce difcours, le prenant groffierement, comme fi Jesus eût verla mettre fon corps en pieces, & le leur donner avec fon fang fous leur forme naturelle, pour

[bid. 64.

fervir de nourriture à leurs corps. Jefus avertit les difciples que ces paroles avoient un fens plus relevé, & c'eft ce myftere qu'il accomplit le jour de la cène, leur donnant véritablement fon corps & fon fang, mais fous une forme étrangere, fous les apparences du pain & du vin, & pour être la nourriture de leurs ames. Après la cène, Jesus Jo. x.3 parla long-temps à fes Apôtres qu'il ne devoit plus XIX. XV voir jufqu'à la mort. Il leur prédit qu'ils l'abandonneroient tous, & à Pierre en particulier. qu'il le renieroit trois fois. Et pour les confoler dans la trifteffe où ils étoient de fa perte, il promit de leur envoyer dans peu la Saint-Elprit, qui leur feroit entendre tout ce qu'il leur avoit enfeigné il leur recommanda fur-tour de s'aimer les uns les autres. Il fortit enfuite avec eux hors de la Ville, & alla au mont des olives, dans un jardin où il avoit accoutumé de prier.

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J

LEÇON X X XIX.
De la Paffion de Jefus-Chrift.

ESUS-CHRIST étant au jardin des olives fe préfenta ce qu'il alloit fouffrir, & laiffant agir la nature, il fut faifi d'une peur & d'une triftesse extrême, & tomba fur le vifage, fuant des gouttes de fang dont la terre fut trempée. Il pria fon pere Luc.xxII. par trois fois de détourner de lui ce calice, c'està-dire, les fouffrances ; & à chaque fois il ajou

44.

ta, néanmoins que votre volonté foit faite, & non pas la mienne. Cependant Juda amena dans Matth. le jardin une grande troupe de gens armés enXXVI. 47. voyés par les Sacrificateurs & les Sénateurs. Ils

&c.

prirent Jefus, le lierent & le menerent chez Caïphe fouverain Pontife. Mais Jefus fit voir par plufieurs miracles qu'ils ne l'euffent pas pris s'il ne l'eût voulu. Tous fes difciples l'abandonne

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Matth, XXVII.

rent & s'enfuirent. Il ne répondit rien à plufieurs faux témoins que l'on produifit contre lui, ni aux questions du Pontife, finon lorsqu'il l'inrogea juridiquement s'il étoit le Chrift, fils du Dieu vivant. Alors il déclara hautement qu'il l'étoit ; ce qu'ils reçurent comme un blasphême ; dirent que Jefus étoit digne de mort & l'abandonnerent à des valets infolens, qui le maltraiterent le reste de la nuit, lui donnant des foufflets, & lui faifant deviner qui l'avoit frappé. Le lendemain ils le menerent à Ponce-Pilate, Gouverneur de Judée pour l'Empereur Tibere, lui difant que c'étoit un homme féditieux qui révoltoit tout le pays, qui fe difoit Roi, & défendoit de payer les tributs à l'Empereur, quoiqu'il eût enfeigné tout le contraire. Jefus garda auffi le filence devant Pilate, qui, ne trouvant point de preuves contre lui, chercha divers moyens Luc.xx11 pour éviter de le juger. Ayant appris qu'il étoit 7. Galiléen, il le renvoya à Hérode Antipas, fils du vieux Hérode, qui étoit Tétrarque de Galilée, & qui avoit grande curiofité de le voir, ef pérant qu'il feroit quelque miracle en la préfence. Mais Jefus n'y dit pas une parole, & y fut traité d'infenfé. Pilate voulut encore , pour fauver Jefus, fe fervir de la coutume de délivrer un prifonnier à la fête de Pâques. Mais les Juifs aimerent mieux qu'il délivrat Barabbas, qui étoit un voleur & un meurtrier. Enfin, voulant les contenter, fans faire mourir Jeus, il le fit fouetter, puis l'abandonna à fes foldats, qui lui Jo. xix. mirent fur la tête une couronne d'épines, le couvrirent d'un vieux manteau de pourpre, & lui donnerent un rofeau à la main au lieu de fceptre en cet équipage ils venoient le faluer Roi par dérifion, lui donnoient des foufflets & lui crachoient au vilage.

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