Page images
PDF
EPUB

les faintes écritures & les paroles de Jefus Chrift, & virent que fon regne étoit tout céleste & tour fpirituel. Enfin, ils fentirent un courage & une A&t. 1v, force merveilleufe, pour méprifer également 39. tous les biens & tous les maux de cette vie, même la mort, & rendre hardiment témoignage à la vérité, malgré toutes les puiffances humaines.

ILY

[blocks in formation]
[ocr errors]

A&t. 11.

y eut en peu de temps à Jérufalem une gran- A&t. IV. de multitude de Juifs qui crurent en Jesus-Christ. 31. Ils vivoient dans une union parfaite, & n'avoient qu'un cœur & qu'une ame: auffi Jefus - Christ avoit dit que tout le monde connoîtroit ceux qui feroient les difciples, par l'amour qu'ils auroient Jo. 111.31 les uns pour les autres. Ils s'appliquoient aux inf tructions des Apôtres, & les fui voient exactement & conftamment ils alloient tous les jours au temple, & y faifoient enfemble leurs prieres, 41. 46. s'aflembloient auffi dans les maisons pour rompre le pain & communier, c'eft-à-dire, recevoir le précieux corps de Jefus Chrift, & prenoient enfuite leur nourriture avec joie & fimplicité de cœur. Comme ils fçavoient que Jérufalem alloit bientôt périr, & que d'ailleurs ils ne prétendorent aucun établiffement fur la terre, & n'afpiroient qu'au Royaume céleste de Jesus-Christ, ils méprifoient les biens temporels. Ils mettoient tout en commun; & ceux qui avoient des héritages les vendoient & en apportoient le prix aux pieds des Apôtres, qui diftribuoient à chacun ce dont il avoit befoin; enforte qu'il n'y avoit point de pauvres parmi eux. Tout le peuple les aimoit & les honoroit; mais les autres n'ofoient se joindre A&t. v.13 R

So. de

à eux par la crainte des Juifs. Cette premiere Auguft. Eglife de Jérufalem eft la plus parfaite qui ait jaferm. 49. mais été fur la terre; & tous les religieux & les vita com, autres qui ont voulu pratiquer fidelement l'EvanAtt. vi. gile, l'ont regardée comme le modele le plus excellent. Le nombre des fideles croiffant, les Apôtres jugerent à propos d'établir des Officiers pour les foulager, qu'ils nommerent Diacres, c'eft à-dire, Miniftres. Ils en choifirent fept, de l'avis de toute l'Eglise assemblée, & leur donnerent la charge de fervir aux tables: premierement, à la table facrée, c'est-à dire, à la diftribu tion de la fainte Euchariftie; puis à la table commune, c'eft-à-dire, de prendre soin de tout ce qui étoit néceflaire pour la nourriture des fideles, & généralement de tous les biens temporels de l'Eglife. Les Apôtres s'étant déchargés de ces fonctions, ne s'appliquoient plus qu'à l'oraifon & au miniftere de la parole, & toutefois ils permettoient encore aux Diacres de prêcher & de baptiser.

LEÇON LXIV.

De la perfécution des Juifs, & de la converfion des Samaritains.

LES Juifs charnels & intéreflés ne pouvoient goûter la doctrine de l'Evangile, fur- tout les Act.xxiu. Saducéens, qui ne croyoient ni la réfurrection, ni l'immortalité de l'ame, & dont le parti étoit le plus puiffant, car même le grand Pontife en étoit. Dès que les Apôtres commencerent à prêcher, les plus puiffans d'entre les Juifs leur défendirent, avec menaces, de parler de Jesus-Chrift; enfuite ils lès firent mettre en prifon, d'où un ange les délivra; & les ayant repris, ils les firent

fouetter. Les Apôtres fe réjouifloient de cet hon- A&. 1. neur, de fouffrir des affronts pour le nom de 17. Jefus Chrift, & leur difoient hardiment: Jugez vous-même s'il eft jufte devant Dieu, de vous obéir plutôt qu'à lui ? Car nous ne pouvons nous empêcher de dire ce que nous avons vu & entendu; que ce Jefus, que vous avez crucifié, est ressulcité, & que c'eft en fon nom que nous faifons des miracles. Saint Etienne, le premier des fept A&. VI. Diacres, faifoit de grands miracles, & reprochoit 8. hardiment aux Juifs leur endurciffement, leur faifant voir que la religion n'étoit point attachée à leur temple ni à leur ville. Ils le condamnerent, comme ayant parlé contre le lieu faint, & le lapiderent. Ce fut donc le premier martyr, c'eft-à-dire, le premier qui mourut pour le témoignage de l'Evangile; car martyr fignifie témoin. Il s'éleva à cette occafion une grande perfécution contre l'Eglife de Jérufalem; enforte que tous les Difciples furent difperfés dans la Ju- A&. vill. dée & la Samarie, hors les Apôtres. Celui qui 3. étoit le plus échauffé contr'eux, étoit un jeune homme nommé Saul, de la fecte des Pharifiens, & fort fçavant. Il entroit dans les maisons, & traînoit par force les hommes & les femmes en prifon. Il ne refpiroit que les meneces & le fang; Aa. xt. & fe fit donner commiffion par le Grand-Prêtre, pour les aller chercher jufques à Damas. Comme il en étoit proche, il vit en plein midi une lumiere extraordinaire, qui l'aveugla & le fit tomber par terre ; & il entendit une voix qui lui dit : Saul, Saul, pourquoi me perfécutes-tu? Je fuis Jefus; c'eft en vain que tu me réfiftes. Seigneur; que voulez-vous que je faffe? dit Saul. Le Seigneur l'adreffa à un faint homme nommé Ananias, qui le baptifa, & lui rendit la vue. Saul commença auffi-tôt à prêcher l'Evangile avec

Gal. 1. 12.

[ocr errors]

grand zele. Il eft connu fous le nom de Paul, qu'il prit depuis, & compté entre les Apôtres du premier ordre, ayant été appellé & inftruit par J. C. même, Cependant le Diacre faint Philippe A&. vш. vint à Samarie, où plufieurs le convertirent & reçurent le baptême. Les Apôtres, qui étoient demeurés à Jérufalem, l'ayant appris, leur envoyerent S. Pierre & S. Jean, pour les confirmer & les perfectionner dans la foi, Ils prierent fur eux, & leur impoferent les mains; & ces nouveaux fideles reçurent le Saint-Efprit, c'est-à-dire, une grace plus abondante, & le don des miracles. Entre ceux qui avoient été baptifés à Samarie, il y avoit un Magicien nommé Simon, qui, voyant que les Apôtres donnoient le Saint-Elprit par l'impofition de leurs mains, leur offrit de l'argent, pour avoir la même puiffance. Saint Pierre lui dit : Que ton argent périffe avec toi, puifque tu crois que le don de Dieu le puifle acheter, & l'exhorta à faire pénitence. On a toujours depuis appellé finonie, le crime de ceux qui trafi quent des chofes fpirituelles.

A&. VIII. 19.

[ocr errors]

Q

L : ૬ 0 N XLV.

De la converfion des Gentils,

UELQUE temps après les Gentils commencerent auffi à entrer dans l'Eglife, Il y avoit un Capitaine Romain, nommé Corneille, qui, tout Gentil qu'il étoit, ne laiffoit pas de connoître qu'il n'y avoit qu'un Dieu, de le craindre & de le fervir; le priant fans ceffe, & faifant de grandes aumônes. Un ange lui vint dire de la part de Dieu, que fes prieres avoient été exaucées, & qu'il envoyât querir Pierre, pour fçavoir ce qu'il avoit à faire. Saint Pierre, de fon côté, eut une

fion qui lui apprit qu'il n'y a aucune créature immonde ni impure; & l'efprit de Dieu lui dit d'aller avec ceux que Corn ille avoit envoyés. Tout cela étoit néceffaire pour vaincre l'horreur que S. Pierre, comme tous les autres Juifs, avoit des Gentils, & le faire réfoudre à converser avec eux. Quand il fut venu chez Corneille, il le trouva avec plufieurs de les parens & de fes amis qu'il avoit affemblés ; comme il eut commencé à les inftruire, ils reçurent le Saint-Esprit, & publierent les louanges de Dieu en diverfes langues; de forte que S. Pierre leur fit auffi-tôt donner le baptême de l'eau, voyant qu'ils avoient déja reçu A&t.x.48. celui de la grace. Les Apôtres & les autres fideles furent d'abord fcandalifés, quand ils appri- A&. I. rent que S. Pierre étoit entré chez des incirconcis, & avoir mangé avec eux. Mais quand il leur eut raconté comment la chofe s'étoit pallée, ils demeurerent fatisfaits, & dirert avec étonnement: Quoi donc, Dieu a donné même aux Gentils la pénitence pour entrer dans la vie ! L'expérience leur fit alors comprendre le myftere de la vocation des Gentils, qui étoit marquée dans · toutes les Ecritures, & c'eft S. Paul qui l'a le mieux expliqué; auffi a-t-il été principalement l'Apôtre des Gentils. Il nous apprend que les vrais Ifraélites & les enfans de Dieu ne font pas feulement les enfans d'Abraham felon la chair, mais les enfans de la promesse & les imitateurs de fa foi; ceux que Dieu choifit par fa pure miféricorde, & qu'il appelle non-feulement d'entre les Juifs, mais encore d'entre les Gentils d'où il s'enfuit que la circoncifion n'eft plus rien, puifque l'alliance de Dieu n'eft plus attachée à une certaine race & fe communique à toutes les nations par la régénération (pirituelle. La vocation des Gentils fait que ceux qui n'étoient point le peuple de

[ocr errors]

Rom.ix.7

« PreviousContinue »