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Rom.x1.1

Dieu, deviennent fon peuple; & ceux qui étoient fon peuple, font rejettés, la plupart, pour leur incrédulité. Leur péché eft le falut des Gentils qui font appellés à leur place, & incorporés au véritable Ifrael. Car peu de Juifs qui ont cru l'Evangile, & font fauvés par la foi, font la racine & la fouche qui porte toute l'Eglife, & fur laquelle les Gentils font inférés & entés, comme des branches d'olivier fauvage fur l'olivier franc. Rom. xi. Cependant les Juifs endurcis ont été rejettés, jufqu'à ce que tous ceux que Dieu a réfolu de fauver d'entre les Gentils, foient entrés dans l'Eglife : car Dieu fauvera les reftes des Juifs à la fin des fiécles. Les Gentils ayant commencé d'entrer dans Act.x.4 l'Eglife, les Apôtres fe difperferent par tout le monde, fuivant l'ordre qu'ils en avoient reçu de J. C. Ils s'adreffoient toujours aux Juifs les premiers, dans les lieux où ils en trouvoient ; &, à leur refus, ils le tournoient vers les Gentils.

17.

Rom. XI.

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De la fondation & de la fubordination des Eglifes.

AVANT que de fe féparer, les Apôtres compoferent le fymbole, c'est-à-dire, le figne auquel on connoîtroit les fideles, pour les diftinguer des Juifs & des impofteurs, qui commençoient dèslors à corrompre la doctrine de Jefus-Chrift. Ce fymbole contient le fommaire de toute la doctri、 ne chrétienne, en cette forte : Je crois en Dieu le Pere tout-puiffant, créateur du ciel & de la terre: & en Jefus-Chrift fon fils unique, notre Seigneur ; qui a été conçu du Sains-Esprit, eft né de la Vierge Marie, a fouffert fous Ponce-Pilate, a été crucifié, eft mort, & a été enseveli: il eft defcendu aux enfers; le troifieme jour il eft refluscité des morts; il eft monté au ciel; il est allis

à la droite de Dieu le Pere tout-puissant: de la il viendra juger les vivans & les morts. Je crois au Saint-Elprit, la fainte Eglife catholique, la communion des Saints, la rémiffion des péchés, la réfurrection de la chair, la vie éternelle. Ainfi foit-il. La plupart des Apôtres prêcherent dans des pays, fort éloignés de nous au levant & au Eufeb. 111. midi. Saint Jacques, fils d'Alphée, demeura à hift. Eccl. Jérusalem, dont il fut l'Evêque & le Pasteur particulier. Saint Jean prêcha dans l'Afie mineure, principalement à Ephefe, où il demeura, & vécur jufqu'à une extrême vieilleffe. S. Paul prêcha en Syrie, en Afie, en Macédoine & en Grece. S. Luc, qui l'accompagnoit, a décrit fes voyages dans le livre des actes, jufques à fon arrivée à Rome. Mais ce fut S. Pierre qui fonda les principales Eglifes. Il demeura d'abord à Jérusalem, où l'églife fe formoit fur le fondement de la fynagogue des Ifraélites; puis il établit fon fiége à Antioche, qui étoit la capitale de la Syrie & de tout l'orient: & ce fut en cette ville que l'on commença à nommer Chrétiens, les dilciples de Je- A&t. x1. fus-Chrift. Saint Pierre alla enfuite à Rome, & 20. y établit fon fiége pour y demeurer. Il envoya fon difciple S. Marc fonder l'Eglife d'Alexandrie qui étoit la capitale de l'Egypte & des pays voifins, & la feconde ville du monde. Ainfi, faint Pierre fonda les Eglifes des trois premieres villes de l'Empire Romain Rome, Alexandrie, Antioche. De Rome, il envoya enfuite de fes dif ciples fonder des Eglifes dans toute l'Italie & la Sicile; & les Papes, fes fucceffeurs, continuerent d'y envoyer des hommes apoftoliques. Ils en envoyerent auffi en Afrique, en Espagne & en Gaule, qui eft la France, jufqu'à ce que l'Evangile fût prêché par-tout. Les Apôtres, en fondant les Eglifes, établirent dans les villes des évêques, Tit. 1. 9-)

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A&. XIV

31.

des Prêtres & des Diacres. L'on a nommé Evêque, c'est-à-dire infpecteur ou intendant, celui qui eft établi fuivant l'inftitution de Jefus-Christ, pour être le chef d'une Eglife particuliere, & y Nu.xv. avoir toute la puiffance fpirituelle. On a nommé fimplement Prêtres, c'eft-à-dire, anciens, ceux Deut. 3. qui, par la même institution, font établis pour v. Epift. foulager les Evêques dans leurs fonctions les plus S.Ignace. faintes ; & Diacres, c'est à-dire, Miniftres, ceux

20.

XVIII. X.

qui doivent fervir aux œuvres extérieures. On a donné le nom de Général de Clercs, à tous les Miniftres de l'Eglife, pour marquer qu'ils étoient la portion choifie de Dieu, & que Dieu étoit leur part & leur héritage, comme il étoit dit des Lévites dans l'ancienne loi. Tous les laïques, c'està-dire, le peuple fidele, obéiffoit aux Prêtres & aux Diacres, les Prêtres & les Diacres obéiffoient à leur Evêque, & les Evêques obéiffoient aux Apôtres. Et comme S. Pierre étoit le chef de tous les

Apôtres, établi par Jefus Chrift-même, fon fucceffeur l'Evêque de Rome, que nous appellons aujourd'hui le Pape, a toujours été regardé comme le premier de tous les Evêques, ayant, de droit divin, fur les autres une primauté de jurisdiction, & étant le chef vifible de l'Eglife & le Vicaire de Jefus-Chrift, qui en eft le chef principal, mais invifible.

LEÇON XLVII.

De la Tradition, de l'Ecriture & des Conciles.

LES Apôtres n'enfeignerent, la pluparr, que

de vive voix, à l'imitation de leur divin maître; car J. C. n'avoit rien écrit: mais ils avoient grand foin de former des difciples qui puffen 2.Tim.11. perpétuer la doctrine. Ce que vous avez appris de moi, dit S. Paul à Timothée, confiez-le à

2.

des hommes fideles, qui foient capables d'en inftruire d'autres. Et c'eft ce qu'on appelle tradition, ce facré dépôt de doctrine qui a pallé de J. C. aur Apôtres, des Apôtres aux premiers des Evêques; de ceux-là à leurs fuccefleurs, & ainfi de fiecle en fiecle jufqu'à ceux qui enfeignent aujourd'hui. Le premier qui écrivit fut l'Apôtre faint Matthieu, qui compofa fon Evangile pour les Eufeb 1. Juifs convertis. S. Marc, difciple de S. Pierre, en hist. 23► fit, peu de temps après, comme l'abrégé. Saint Luc, difciple de S. Paul, écrivit eníuite, pour oppofer la vérité aux fables que débitoient plufieurs faux Apôtres. Enfin, faint Jean écrivit fon Evangile plus de foixante ans après la réfurrection de Jelus-Chrift, pour confondre des hérétiques qui nioient fa divinité. Il avoit écrit l'Apocalypfe auparavant ; & pour les Epîtres de S. Paul & des autres Apôtres, ce font des lettres qu'ils ont écrites à diverfes Eglifes ou à quelques particul ers, en différentes occafions. Il n'y a que fix Apôtres dont nous ayons des écrits, S. Pierre, S. Paul, S. Jean, S. Jacques, S. Matthieu, S. Jude. Nous n'avons rien des fept autres. Tous ces écrits des Apôtres & des Evangéliftes ne font pas leurs penfées propres ; ils leur ont été dictés par le SaintEfprit, comme ceux de Moife & des Prophetes; 2. Petr. c'eft pourquoi la foi nous oblige à croire ferme. 21. ment tout ce qu'ils contiennent. Mais comme les Apôtres ont enfeigné beaucoup plus qu'ils n'ont écrit, le refte de leur doctrine s'eft confervé par la tradition feule; & les Chrétiens ont toujours regardé comme traditions apoftoliques, les points de doctrine ou de difcipline qu'ils ont trouvés univerfellement reçus dans toutes les Eglifes, fans que l'on en connût le commencement, principalement ceux dont l'Eglife a fait des décifions. Les plus folemnelles font celles des con

ciles, & les Apôtres mêmes nous en ont laiffe A&. xv. l'exemple: car lorfque les Gentils commencerent à fe convertir en grand nombre, il y eut des Juifs fideles qui vouloient les obliger à fe faire circoncire, & à obferver tout le refte des cérémonies de la loi de Moife. Les Apôtres s'aflemblerent à Jérufalem avec les Prêtres, pour décider cette queftion. S. Pierre y parla le premier, S. Paul & Ś. Barnabé furent ouis, & S. Jacques rapporta les paffages de l'Ecriture qui prouvent que toutes les Nations doivent un jour chercher le Seigneur. Enfin, ils formerent leur décifion, & la conclurent en ces termes: Il a femblé bon au Saint-Esprit & à nous, de ne vous imposer aucune autre charge que ces points néceffaires: que vous vous abfteniez des viandes immolées aux idoles, du fang des animaux fuffoqués, & de la fornication. A l'exemple de cette assemblée des Apôtres, on en a tenu de temps en temps dans 1 Eglife pour vuider des queftions de doctrine ou de difcipline qui fe font préfentées, & on les a appellées Conciles ou Synodes. Les Evêques y ont toujours été les juges, & le Saint-Efprit y a préfidé toutes les fois qu'ils ont été légitimement affemblés. Leurs décifions ont été reçues par tous les fideles avec refpect; & ceux qui ne s'y font pas foumis, ont été retranchés de l'Eglife comme hérétiques, c'est-à-dire, attachés opiniâtrément à des erreurs.

ENVIR

LEÇON XLVIII.
De la ruine de Jérusalem.

NVIRON quarante ans après l'afcenfion de Eufeb.in. Jefus-Chrift, Jérufalem fut ruinée comme il l'avoit prédit. Les Juifs fe révolterent contre les Romains, fous prétexte qu'ils étoient le peuple

hift. cap.

5.6.7 &c.

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