Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

Pf. LXXM.

au diable & à fes anges: car j'ai eu faim, & vous ne m'avez pas donné à manger; j'ai eu foif, & vous ne m'avez point donné à boire, & ainsi du refte. Ils iront au fupplice éternel, & les juftes à la vie éternelle. Ce grand jugement fera connoî- Eccl. vi. tre à tout le monde la fagelle & la juftice de 21. Dieu : car comme les méchans ne font pas punis promptement, la plupart des hommes ne craignent point de faire le mal, & les juftes mêmes font quelquefois ébranlés, voyant la prospérité des pécheurs. Mais le temps de toutes chofes Eccl.xvil fera à ce dernier jour, où Dieu jugera le juste & 3. l'impie. Alors on connoîtra que Dieu gouverne

tout par fa providence, & qu'il ne fait ni ne permet rien, que par des raifons très-juftes, quoique fouvent elles nous foient inconnues: ainfi il n'y a ni fortune ni hafard, & ces mots ne fervent qu'à exprimer notre ignorance. Avant ce dernier Eccl. xu. jugement, chacun de nous fera jugé en particu- 28. lier à l'heure de fa mort, & demeurera érernellement en l'état où il aura été trouvé en ce moment, aimant Dieu ou la créature. Or, comme nous ne sçavons pas le temps de l'un ni de l'autre jugement, il faut nous tenir continuellement fur Luc. xxi. nos gardes, veiller & être toujours prêts, comme 34. un homme qui craint les voleurs, comme des ferviteurs qui attendent leur maître, comme des vierges invitées aux noces qui attendent l'époux.

LEÇON VIII.

Du Saint-Esprit.

LE Saint-Efprit, qui eft le fujet du huitieme article du fymbole, & la troifieme perfonne de la fainte Trinité, l'amour qui unit le Pere & le Fils. Dieu eft efprit & faint, c'eft pourquoi ces

8.

noms féparés conviennent auffi au Pere & a Fils; mais quand on les joint enfemble, en difant le Saint-Efprit, ils fignifient cet Elprit qui nous fanctifie & nous infpire, étant l'amour éternel & fubftantiel do Pere & du Fils. Le Saint-Esprit eft Seigneur & vivifiant ; Seigneur, parce qu'il eft Dieu; vivifiant, parce qu'il nous donne la vie fpirituelle, qui eft la grace. Il procede da Pere & du Fi's, & eft adoré & glorifié avec eux, parce qu'il eft consubstantiel à l'un & à l'autre. La fanctification des hommes eft particulierement attribuée au Saint-Elprit; comme la création au Pere, & la rédemption au Fils, parce que les Rom. 5. hommes font rendus faints par la de Dieu, grace qui eft l'effet de fon amour, & qui produit en eux l'amour qu'ils lui portent: car la charité de Dieu eft répandue dans nos cœurs par le Saint-, Efprit qui nous a été donné ; & ce don du SaintEfprit, cette charité eft le principe néceffaire de toutes nos bonnes œuvres. Le Saint-Esprit inspire les hommes, quand Dieu leur donne des con1. Cor.xi. noiffances furnaturelles : car on attribue au SaintEfprit ces fortes de graces, qui fervent plus à faire éclater la puiflance de Dieu en ceux qui les reçoivent, qu'à leur propre fanctification; comme Act. vin. le don des prophéties, le don de guérir des maladies ou de faire d'autres miracles, qui, du temps des Apôtres, étoient ordinairement communiqués avec la grace fanctifiante, par l'impofiEze. u.8. tion de leurs mains. C'eft ainfi que le Saint-Elprit Jer. 1. 18. a parlé par les Prophetes, leur faifant dire ce Ib. xx. 9. qu'ils ne peuvent Içavoir naturellement, leur

18.

donnant une force & un courage invincible, & les contraignant même quelquefois à parler malgré eux. Avec le Saint-Elprit, on joint la fainte Eglife catholique, qui n'eft l'Eglife de Dieu que parce qu'elle eft affemblée par le Saint-Elprit.

LEÇON IX.
, ૠ ૬ 0
De l'Eglife.

EGLISE GLISE fignifie affemblée, & par ce nomi, nous entendons toute la multitude des fidéles qui font profeffion de fervir Dieu fuivant la vraie religion, que lui-même a enfeignée, qu'ils ont apprife de leurs peres, & confervée fidelement fans y rien changer. On la divife en deux, l'Eglife triomphante, c'eft-à-dire, les faints, tant les hommes que les anges, qui jouiflent déja de la vie éternelle ; & l'Eglife militante, qui combat ici- bas fur la terre, affligée de diverfes tentations, & mêlée d'un grand nombre de méchans, d'hypocrites & de foibles, qui ne pratiquent pas ce qu'ils font profeffion de croire. Ils ne laiffent pas de demeurer dans l'Eglife, tant qu'ils confeffent extérieurement fa foi & fe tiennent dans fa communion; ce ne fera qu'au jugement de Dieu que s'en fera le difcernement. On peut ajouter l'Eglife fouffrante, c'eft-à-dire, Mat. xiip les ames qui achevent dans le purgatoire d'ex- 30. 40.49pier les reftes de leurs péchés. On donne encore à l'Eglife divers autres noms. Nous l'ap- Heb.m.9. pellons maifon de Dieu, pour montrer que tous les fideles font fes enfans, qui compofent une même famille, nourrie du même pain, c'eftà-dire, de la parole & des facremens. Nous la nommons auffi Jérufalem ou Sion, pour mon- Gal.iv. 26 trer que certe fainte cité n'en étoit que la figure. Jefus Chrift la nomme fon troupeau, & dit qu'il en eft le Pasteur. On dit qu'elle eft son épouse, Jo. x. it. pour montrer comme il l'aime tendrement, & Apo. XXI. comme il lui communique tous les biens. On 10. dit qu'elle eft fon corps, pour montrer qu'elle

Eph.1.23. fait avec lui un tout, dont il eft la partie prinRom. xii. cipale comme tous les membres du corps hu

main font réunis fous la tête, d'où leur vient
la vie & le mouvement. Mais en nommant
ainfi l'Eglife, on la nomme le corps mystique
de Jesus-Chrift, pour montrer que
c'eft une
maniere de parler figurée, & la diftinguer de
fon corps naturel & véritable. Les marques de
la vraie Eglife, pour la diftinguer de toutes les
autres fociétés qui en ufurpent le nom, fe ré-
duifent à quatre. Elle eft une, fainte, catholi-
que, & apoftolique. Une par le temps; car
c'eft la même Eglife qui a duré fous la loi de
nature, depuis Adam & Abel le jufte, jusques à
Noé, depuis Noé jufque's à Abraham; depuis
Abraham jufques à Moïfe; de Moïfe, fous la
loi écrite, jufques à Jefus Chrift; de Jefus-
Chrift, fous la loi de la grace, jufques à nous.
L'Eglife eft une par les lieux; car c'est la même
qui s'étend à l'orient & à l'occident, dans les
pays les plus reculés, au ciel & en la terre.
Par toute la terre elle profefle la même foi,
ufe des mêmes facremens & reconnoît un
même chef, Jefus-Chrift dans le ciel & fur la
terre, le Pape, qui eft fon vicaire. L'Eglife eft
fainte par fa doctrine, par les facremens, qui
donnent la grace, par fon chef & par plufieurs
de les membres, qui font faints. Elle eft catho-
lique, c'est-à-dire
c'est-à-dire, univerfelle, parce qu'elle
s'étend à tous les temps & à tous les lieux, à
toutes les nations, les conditions & les âges.
Elle eft apoftolique, parce qu'elle conferve la
doctrine des Apôtres, par une fuite continuelle
de Pafteurs qui remonte jufques à eux. On ajoute
Romaine, pour montrer que la marque de la
vraie Eglife eft la communion avec le faint fiége
de Rome.

[ocr errors]

LEÇON X.

De la communion des Saints, & de la rémiffion des péchés.

9

LA communion des Saints eft la communauté la participation, la communication de tous les biens fpirituels entre tous les fideles. C'est une fuite de l'unité de l'Eglife, & de ce qu'elle est un même corps: car quoique les membres aient leurs fonctions féparées, toutes concourent à la même fin, qui eft la confervation & l'augmentation de tout le corps. Ainfi, dans l'Eglife, les 1. Con uns inftruifent, les autres exhorrent, les autres xix. 12. prient, les autres gouvernent, les autres fervent, Rom. 12 foit à l'adminiftration des facremens, foit aux 4. œuvres de charité corporelles; mais tous ont un même but, qui eft d'arriver à la vie éternelle &

faire arriver les autres. Tous ceux qui font dans I'Eglife, profitent de toutes les prieres & des bonnes œuvres qui s'y font: ceux qui font en grace, y participent pleinement; & ceux qui font en état de péché, ne laiffent pas d'en tirer du fecours fortir de leur mifere. On voit par là quel pour grand mal eft l'excommunication, par laquelle on eft retranché de l'Eglife, & on perd tous les fruits de la communion des Saints. Il y a communication entre l'Eglife triomphante & la militante. Les Saints qui font dans le ciel nous fecourent de leurs fuffrages auprès de Dieu, pour nous obtenir des graces toujours fondées fur le mérite de Jesus-Chrift, de qui les Saints mêmes ont tiré tout le leur. Les ames que la juftice de Dieu acheve de purifier après cette vie, peuvent auffi être lecourues par nos prieres & par celles des Saints; c'eft pourquoi il eft utile de prier & de faire des aumônes & d'autres bonnes œuvres,

« PreviousContinue »