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pour la diminution de leurs peines. Le dixieme article du fymbole eft de la rémiffion des péchés. Luc.v.24. Jefus-Chrift a prouvé par de grands miracles le pouvoir qu'il avoit fur la terre de remettre les Matth. péchés ; il a communiqué ce pouvoir à fes A pôtres, & s'eft obligé à ratifier & à confirmer tout ce qu'ils auroient fait pour remettre ou ne pas remettre les péchés. Des Apôtres ' ce pouvoir a paflé aux Evêques & aux Prêtres, & il s'exerce en l'administration des deux facremens de baptême & de pénitence. Or, il y a deux (ortes de péchés le péché originel, que nous apportons : en naifant, comme enfans d'Adam; le péché actuel, que nous commettons étant venus en âge de raifon, & qui eft encore de deux fortes. Le péché véniel, c'est-à-dire, pardonnable, tels que font ceux que commettent les plus juftes, fouvent par foiblefle ou par ignorance; & le péché mortel, qui fait perdre entierement la grace de Dieu, & rend digne de la mort éternelle. Ce dernier ne peut être remis aux baptifés, que par la pénitence.

Sap. 1. 12.

LEÇON X I.

De la réfurrection de la chair.

NOUS ous croyons la réfurrection de la chair, dit l'onzieme article du fymbole. Dieu n'a point fait la mort; il a fait toutes chofes afin qu'elles fubfiftent. Il a créé l'homme immortel, & c'eft 14.21. 23. par l'envie du diable que la mort est entrée dans le monde; car la mort même du corps eft la peine du péché. Nous fommes compofés de deux parties; d'un corps terreftre & corruptible, d'une ame fpirituelle & immortelle, qui eft l'image de Eccl.12.7. Dieu. A la mort, ces deux parties fe féparent le corps, qui n'eft que poudre, retourne à la ter re, d'où il eft pris; l'efprit retourne à Dieu, qui

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ra donné, & ne laifle pas de fubfifter, quoique le corps foit corrompu, Mais cette féparation n'eft que pour un temps: à la fin du monde, ceux Dan. x qui dorment dans la pouffiere de la terre, s'éveil- 21. leront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l'opprobre qu'il verront toujours. L'heure Jo.1 v.18 vient, où tous ceux qui font dans les tombeaux entendront la voix du Fils de Dieu, & fortiront; ceux qui ont bien fait, pour la réfurrection de la vie; ceux qui ont mal fait, pour la réfurrection du jugement. Nous relfufciterons donc tous, mais nous ne ferons pas tous changés. Les bien- xv. 51. heureux auront des corps glorieux, incorrupti- Ibid. 21. bles, plus brillans que les aftres, & fpirituels, 2. c'est-à-dire, parfaitement foumis à l'efprit: les damnés auront des corps qui ne ferviront qu'à augmenter leur fupplice éternel. Mais les uns & les autres auront leur propre corps, la même chair Job. xix qu'ils avoient en cette vie, & que Dieu rétablira 26. par fa toute puiffance, lui devant qui rien n'elt Prov, xv. caché, ni dans le fépulcre, ni dans la mort.

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1. Cor.

Dan. Xile

9:

Jo.xvu.3.

APRE's la résurrection, suivra le dernier état des hommes, qui fera éternel: d'un côté, la vie; de l'autre, la mort. La vie éternelle confifte à connoître le feul vrai Dieu & Jefus-Chrift, qu'il' a envoyé. Cette connoiflance ne fera pas obfcure comme la foi, qui nous fait croire les myfteres de la Trinité & de l'Incarnation: nous ne connoiffons ici Dien que par des énigmes ; nous ne 1. Car le voyons que comme dans un miroir; mais alors x. 12. nous le verrons face à face, & comme il est; & 1.30.111.4, cette vue nous rendra femblables à lui, nous faiLant les images auffi parfaites qu'il eft poffible.

9.

Apo.xx11. Ibid. v.9.

Nous ne pouvons comprendre ici-bas la grandeur 1. Cor.. de cette béatitude. L'eil n'a point vu, l'oreille n'a point entendu ; il n'eft point tombé dans l'efprit de l'homme rien de comparable à ce que Dieu prépare à ceux qu'il aime. Pour nous en donner une image groffiere, proportionnée à noApo. xxi. tre foiblefle, l'Ecriture nous repréfente la Jérufalem célefte, c'eft-à-dire, l'Eglife triomphante, comme une ville très-grande, bâtie de pierres précieufes & d'un or très-pur, transparent comme du cryftal. Elle n'a point de temple; la préfence de Dieu y fuffit: elle n'a point de foleil & de lune, c'eft Dieu & l'Agneau qui l'éclaire; c'est un jour perpétuel. Ses portes ne font jamais fermées. Les Rois de la terre & toutes les nations y viennent rendre gloire à Dieu; rien d'impur n'y entrera ; il n'y aura plus aucune malédiction. Là eft le trône de Dieu, & de l'Agneau, qui a été tué pour nous racheter par fon fang; les ferviteurs voient fa face, & lui rendent gloire continuellement, chantant Amen, Alleluia. Tour eft accompli, louez Dieu. C'eft ainsi qu'ils régreront dans les fiecles des fiecles. Cependant ils verront ceux qui auront été infideles à Dieu, dans la mort éternelle, où leur ver ne mourra Apoc.xx. point, & leur feu ne s'éteindra point. C'eft la feconde mort, bien pire que la premiere, en ce que l'ame fera continuellement dans un état de mort, féparée à jamais de Dieu, qui eft la vie; dans une trifteffe amere & une rage fu rieufe, de voir qu'elle s'eft perdue par fa faute. 1.Cor.xv. C'eft pourquoi Jefus-Chrift dit fouvent, que

Ibid.

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tía. LXVI.

24.

14.

24.

feront les pleurs & les grincemens de dents. Tel fera la fin, quand Jesus-Christ aura mis tous les ennemis fous les pieds, & que toutes chofes lui feront foumifes; alors le Fils lui-même tera foumis à celui qui lui a foumis toutes choses, afin que Dieu foit tout en tous.

LEÇON XIII.
De la priere.

Sous le nom de priere ou d'oraison, nous entendons toutes fortes d'élévations d'efprit à Dieu, foit pour croire, foit pour espérer, foit pour aimer. Il y en a quatre efpeces principales ; la louange, la demande, l'action de graces & l'offrande. 1. Par la louange, nous honorons Dieu fimplement en vertu de les perfections infinies, fans rapport à nous, nous réjouillant faintement de le voir fi grand, fi jufte, fi bon, fi fage, fi parfait ; publiant & confeffant les grandeurs, & invitant toutes les créatures à le louer avec nous. 2. Par la demande, nous prions Dieu de nous accorder quelques graces temporelles ou fpirituelles, ou de nous délivrer de quelque mal. Nous devons bien prendre garde de ne rien demander à Dieu qui ne foit digne de lui, c'est àdire, la vie éternelle, & ce qui nous y peut conduire, qui eft fa grace, pour accomplir fes commandemens: tout le refte, nous ne le devons demander que fous condition, s'il eft expédient pour notre falur. Il en eft de même des maux 2 dont nous prions d'être délivrés. Il n'y a que le péché dont nous devions demander abfolument, ou d'en être préfervés, ou qu'il nous foit pardonné, s'il eft commis. 3. L'action de graces ou remercîment, eft pour tous les biens que nous avons reçus de Dieu, & que nous en recevons continuellement, foit fpirituels, foit temporels puifqu'il n'eft pas moins l'auteur de la nature que de la grace. 4. Par l'offrande, nous nous donnons à Dieu volontairement, & lui confacrons nos biens, notre corps avec tous les fens, & notre ame avec toutes les puiffances; en un mot, tout

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ce que nous fommes, foit en lui promettant quelque chofe, par un vou ou par une fimple promeffe, foit en lui préfentant quelque bonne œuvre ou quelque fouffrance, foit en agréant fimplement la dépendance entiere dans laquelle nous fommes à fon égard, quand même nous ne le voudrions pas, lui donnant de bon cœur la feule chofe qu'il a laiflé dépendre de nous, qui est notre volonté & l'ufage de notre liberté. Ainfi ceux qui aiment Dieu véritablement, ne manquent jamais de matiere pour s'entretenir avec Rom.vn lui. Mais nous ne fçavions ni comment nous de vions prier, ni ce que nous devions dire dans la priere, fi le Saint-Elprit ne nous l'eût enfeigné. C'eft pourquoi Jesus-Chrift nous a donné un modele de priere qui en renferme parfaitement toutes les efpeces, & c'eft l'oraison dominicale. Joan.xvi. Nous adreffons toutes nos prieres à Dieu par Je15. & ib. fus-Chrift, parce que nous n'efpérons rien que Auguft. par les mérites, & ne voulons demander que ce qui eft conforme à fes intentions. Quand nous prions les Saints qui font dans le ciel, ce n'est que pour leur demander leurs prieres, comme à ceux qui font fur la terre.

$9.

LEÇON XIV.

Des deux premieres demandes du Pater. L'ORAISON dominicale eft telle: Notre pere, &c. Nous ne difons pas au fingulier, mon pere...... donnez-moi mon pain.... pardonnez-moi mes fautes; mais au plurier, notre pere, notre pain, nos fautes, pour montrer que nous ne prions pas pour nous feuls, mais pour toute l'Eglife, fuivant ce qui a été dit de la communion des Saints. Cette oraifon contient fept demandes, dont les trois premieres regardent Dieu, les quatre autres

nous

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