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XXX1. 6.

1. Joan.

nous regardent. Nous le nommons notre pere, parce qu'en effet c'eft de lui que nous tenons la Deuter. vie, le corps, l'ame, les biens, tout ce que nous fommes & tout ce que nous avons il a fait nos peres & les peres de nos peres. Il est encore notre pere par adoption, c'est-à-dire, par la grace qu'il nous a faite, à nous autres Chrétiens, de nous mettre au rang de les enfans, comme fre- Gal.iv. 5« res de Jefus-Chrift fon fils, nous qui ne lommes en effet que les esclaves & fes ouvrages: car adopter, c'eft prendre pour fils celui qui ne l'eft pas naturellement. Ce nom de pére marque encore la confiance que nous devons avoir en le príant, relle que l'ont des enfans en priant un bon pere. Nous difons qu'il eft aux cieux, non qu'il ne foit préfent par-tour, puifqu'il fait tout & fou- u. 1. tient tout, mais parce que ce font les cieux principalement qui nous déclarent fa gloire. De Pf. xvu. plus, c'eft pour nous avertir de ne penler qu'au ciel, où regne notre pere, & de ne lui demander que ce qui fert à nous y conduire. Nous de mandons d'abord que fon nom foit fanétifié. que toutes les créatures lui rendent la gloire qui lui eft due; que non-feulement les Chrétiens, mais tous les hommes l'honorent, l'aiment & le fervent comme il mérite. Or, le nom de Dieu n'est pas feulement déshonoré par les blafphe mes & les difcours impies, mais par tous les péchés des Chrétiens qui donnent occafion aux hérétiques & aux infideles de méprifer la vraie religion. Nous demandons enfuite que le royau me de Dieu arrive. Ce royaume eft l'état qui fuivra la résurrection générale & le jugement; & nous ne le demandons pas fincerement, fi nous avons encore quelque attachement à cette vie & à l'état préfent du monde. La grace nous est néceffaire pour arriver à ce Royaume, & Jesus

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Rom. 12.

vi.

Chrift doit régner en nous dès-à-préfent par fa grace, pour détruire la concupiscence & faire que le péché ne regne pas dans notre corps mortel: car fon Royaume ne confifte point en une puifTance fenfible & extérieure comme celle des Rois de la terre, mais en un empire fur les cœurs & fur les volontés des fideles qu'il gouverne par fa grace. Certe feconde demande enferme donc la grace & la gloire que nous demandons, non- -feulement pour nous, mais pour tous les hommes, · afin d'étendre dès à-préfent le royaume de Dieu autant qu'il nous est possible.

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Des deux demandes fuivantes. EN demandant à Dieu que fa volonté feit faite, nous déclarons que nous ne voulons pas accomplir la nôtre, fi elle eft contraire à la fienne; nous défavouons & nous rejettons cette volonté, qui ne peut être que mauvaise, puifque le mal n'eft autre chofe que ce qui eft contraire à la volonté de Dieu. Le principe de cette mauvaife volonté eft la concupifcence, qui nous fair Rom. vu. faire, non pas le bien que nous voulons, par la 5. &c. droite raison, mais le mal que la droite raison nous fait hair. Par cette priere, nous demandons la grace néceffaire pour vaincre la concupifcen-

ce,

afin que toutes nos volontés foient conformes à celle de Dieu. Nous ajoutons la comparaifon du ciel, pour protefter que nous voulons être autant foumis à Dieu que le font les bienheureux. Le pain quotidien que nous demandons enfuite, fignifie en effet la nourriture & les autres chofes néceffaires pour l'entretien de notre corps. Dieu veut que tous lai demandent leur pain, les riches comme les pauvres, afin que

3.

Tim.

tous reconnoiffent qu'ils le tiennent de lui; que
c'est lui qui a donné les biens aux riches, en les
faifant naître de parens riches, ou leur fournissant
des occafions d'acquérir ; que c'est lui qui entre-
tient les pauvres, leur donnant la force & l'in-
duftrie pour travailler, ou donnant aux riches de
la charité pour les affifter. Le mot de pain com.
prend toute la nourriture; mais il nous marque
que nous devons nous paffer de peu, & être con-
tens d'avoir de quoi nous nourrir & nous couvrir,
puifque nous n'avons rien apporté en ce monde,
& que nous fommes bien affurés de n'en rien em- vi. 7.
porter. Il nous eft dit de le demander pour au-
jourd'hui, afin de nous apprendre à nous confier
à la Providence, & à n'avoir point d'inquiétude
du lendemain, & afin de nous marquer que nous
devons faire cette priere tous les jours. Le pain-
quotidien s'explique aufli le pain qui furpaffe
toute fubftance. En effet, fous le nom de ce pain,
nous demandons la nourriture fpirituelle pour
nos ames, c'est-à dire, la grace, qui nous eft né-
ceffaire à chaque moment la parole de Dieu &
le corps de Jesus-Christ, qui eft le pain de vie.

LEÇON XVI.

Des trois dernieres demandes.

PAR la cinquieme demande, nous nous reconnoiffons véritablement pécheurs. En effet, fi nous difons que nous n'avons point de péchés nous nous trompons nous-mêmes, & la vérité n'eft point en nous. Il n'y a perfonne qui ne commette au moins des fautes légeres & journalieres, dont cette priere eft le principal remede. Nous reconnoillons que nous n'efpérons obtenir le pardon, qu'autant que nous pardonnerons aux

Matt. v.

34.

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Jo. 1. 11.

Jo. 111.19.

autres; parce qu'il ne feroit pas jufte que nous nous fiffions payer à la rigueur de ce que nous prétendons qui nous eft dû par nos freres, tandis que Dieu nous remet libéralement les dettes immenfes dont nous fommes chargés envers lui. Mat.xvi Et comine nous avons befoin qu'il nous pardonne, auffi devons-nous être toujours prêts à pardonner. Par la fixieme demande, nous prions Dieu de ne nous pas laiffer fuccomber aux tentations du diable, du monde & de la chair. Le monde, font les hommes corrompus au milieu defquels nous vivons, & qui s'effor cent continuellement de nous corrompre par leurs mauvaises maximes. C'est ce monde qui n'a point voulu connoître la lumière, c'est-àdire, Jefus-Chrift: c'eft ce monde pour lequel Jefus-Chrift n'a point prié, & dont il a déclaré que fes difciples n'étoient point non plus que Iui. On le nomme, auffi le fiecle, & fes fećtateurs, mondains ou féculiers. La chair eft notre concupifcence; cette loi que nous fentons en nos membres, qui combat contre la loi de noJo.xvu.9, tre raison & contre l'efprit. Les œuvres de la chair font l'impudicité, Tidolâtrie, les haines, les homicides, les excès de bouche, & tous Gal.v. 17. les autres péchés qui excluent du Royaume de Dieu. Par la feptieme demande, rous prions Dieu de nous délivrer du mauvais, c'est-à-dire, du démon ou du mal, c'est-à-dire, de tous les maux de l'efprit ou du corps, mais principa'ement de tout ce qui peut nuire à notre falut. C'eft principalement dans les occafions de tentation que nous devons dire l'Oraifon domiņicale avec une grande foi ; & comme c'est la plus excellente de toutes les prieres, l'Eglife nous la mer à la bouche à toute heure, nous la faifant répéter plufieurs fois à toutes les par

17.

Rom. vii.

30.

ties de fon office. En effet, nous ne pouvons pas faire de priere qui ne s'y rapporte; & toutés les autres de fervent qu'à exprimer en diverfes façons ce qui eft renfermé en abrégé dans celle-ci.

LEÇON XVII.

De Ave, du Credo, du Confiteor, & de l'Office de l'Eglife.

DE toutes les prieres que nous faifons aux

Sain's, la plus excellente eft la Salutation angélique, ou l'Ave Maria, pour demander l'affiftance de la fainte Vierge. Elle eft compofée Luc.' des paroles de l'Ange & de fainte Elifabeth, 28. 42. rapportées dans l'Evangile, à quoi l'Eglise a ajouté une courte priere, où elle la reconnoît mere de Dieu. C'eft auffi une maniere de prier, que de réciter le Credo, puifque c'eft adorer Dieu & l'honorer, que de témoigner que nous lui foumettons notre raifon, & que nous captivons notre entendement fous l'obéillance de Jefus 1. Cor. Cl rift. C'est encore une excellente priere que le 5. Confiteor, par lequel nous nous reconnoiffons pécheurs devant Dieu, en présence de toute la cour célefte. Nous confeffons que nous avons péché par notre faute nous le répétons trois fois, ajoutant à la derniere fois, ma très-grande faute, pour montrer que nous ne cherchons point d'excufe; que notre regret eft fondé fur ce que nous avons péché purement par notre faute, & confeffer que Dieu nous donne tout le fecours néceffaire pour ne point pécher. En même temps nous frappons notre poitrine, comme pour nous punir nous mêmes, & nous demandons pardon à Dieu, implorant l'interceffion

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