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chifme pourra fervir à cette forte d'inftruc

tion.

Après avoir rendu compte du deffein que je me fuis propofé, je crois devoir expliquer la méthode dont je voudrois me fervir pour le réduire en pratique. Je ne prétends pas que ce Catéchisme doive être regardé comme un livre fait fimplement pour être lu, ou même pour être appris par cœur ; ce doit être plutôt un modele d'inftruction, que le Prêtre, ou tout autre qui enfeigne, puifle fuivre feion fon talent, fans s'y attacher fcrupuleufement; changeant & diverfifiant fuivant les perfonnes & les occafions. Autre doit être l'inftruction des enfans, autre celle des perfonnes raifonnables, mais ignorantes de la religion : à des gens polis & éclairés d'ailleurs, il faut parler autrement qu'à des ouvriers & à des payfans. Ne pouvant marquer toutes ces différences dans ce modele, je me fuis contenté d'y marquer la principale ; & de donner deux Catéchifmes, un plus petit, pour les enfans, qui pourra fervir aux hommes moins inftruits; & un plus grand pour les personnes plus éclairées & plus capables. Le premier Catéchilme ne fera pas néceffaire à ceux qui feront en état d'entendre d'abord le fecond; mais ceux qui fe ferviront du premier, doivent enfuite étudier l'autre; puifqu'encore qu'il aille un peu au-delà de ce qui eft abfolument néceffaire, je ne crois toutefois y avoir rien mis qui ne foit fort utile à rous les Chrétiens..

Au refte, afin que le grand Catéchisme pûr être feul une inftruction fuffifante, je n'ai pu éviter d'y comprendre tout ce que contient le petit; & je n'ai pas craint que cette répétition füt inutile. Ceux qui commencent à apprendre ne font jamais fi attentifs qu'il fuffife de leur

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dire les chofes une fois. On elt bienheureux s'ils la retiennent à la troifieme ou à la quatrieme répétition ; & je crois que c'est la cause des fréquentes redites que nous trouvons dans l'écriture, particulierement dans la loi. Dieu parlant par Moïse ne fe contente pas de propofer fes volontés une fois à fon peuple: il les leur redit plufieurs fois en différentes occafions, & les fait écrire comme il les avoit dites, particuliérement celles qui étoient les plus importantes comme la défense de l'idolatrie. Ainfi je crois qu'il fera bon qu'un enfant qui aura d'abord appris, de fon pere ou de fa mere, les paroles du fymbole, avec quelque legere explication, apprenne l'hiftoire du petit Catéchisme avec les queftions & les réponses de chaque leçon; qu'il renvoie dans l'explication des dogmes ce qu'il doit le plus retenir; & qu'il paffe enfuite au grand Catéchifme, où il verrà encore les mêmes faits & les mêmes dogmes, mais avec plus d'étendue. A force d'entendre dire ces mêmes vérités en tant de manieres différentes, peut être enfin lui demeureront-elles dans l'efprit: peutêtre y prendra-t-il goût, & s'affectionnera-t-il à s'inftruire plus à fond tour le refte de ía vie par la lecture de l'Ecriture fainte, & des autres livres fpirituels, par les fermons & les entretiens familiers. Je fçais qu'il peut y avoir plufieurs degrés de capacité, entre ceux à qui le petit Catéchisme eft néceffaire, & ceux qui peuvent d'abord le fervir du grand : c'est au Catéchiste à s'accommoder à ces différences, avec jugement & difcrétion. Il doit étendre ou refferrer les narrations felon la portée de fes difciples; leur éclaircir ce qu'ils trouveront obfcur, fatisfaire à leurs difficultés ; enfin ne point quitter chaque fujet, qu'ils ne l'entendent autant qu'ils en font capables.

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Il est évident par là, que le Catéchiste doit en fçavoir beaucoup plus que ce qui est écrit ici. Il doit avoir bien lu l'Ecriture fainte, particaliérement les livres hiftoriques; il doit, pour bien faire, avoir vu dans les fources tout ce que 'j'ai tiré des Auteurs Eccléfiaftiques marqués éans les marges. Je n'ai dit dans chaque leçon, que ce que je crois néceflaire; mais afin que le difciple puifle retenir ce peu que j'y ai mis, il lui en faut dire bien davantage. Donc, dans la partie hiftorique, il faudra étendre les narrations, y ajoutant les circonftances que j'ai retranchées, de moins celles que l'on jugera les plus utiles; & je crois que le plus fouvent il n'y aura qu'à lire en ces endroits, le texte de l'Ecriture. Dans la partie dogmatique, on pourra s'étendre par des raifonnemens, des comparaifons, des exemples, toujours bien fenfibles, & bien proportionnés à l'auditeur."

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Mais, en l'une & en l'autre partie, il faut bien prendre garde à ne rien ajouter qui ne foit exactement vrai, & d'une autorité inconteftable. Gardez-vous de mêler aux vérités de l'Ecriture, les opinions qui partagent l'école, touchant les circonftances de la création du monde, les Anges, l'état d'innocence ; de vouloir déterminer le temps qu'Adam paffa dans le Paradis terreftre; l'âge d'Abel, & comment Cain mourur. Ne vous arrêtez pas aux queftions que les difciples pourroient faire fur ces circonstances, & fur d'autres plus inutiles. Accoutumez de bonne heure les enfans à borner leur curiofité, naturellement infinie, & à fe contenter de ce que Dieu a voulu que nous fachions. En expliquant ce qui regarde JESUS-CHRIST, on doit fe défier de certaines méditations, qui ajoutent aux hiftoires plufieurs C

circonftances inventées, fous prétexte de vraifemblance; comme des difcours de la fainte Vierge avec fon fils, ou avec les Anges; qu'elle étoit préfente a l'Afcenfion ; que les Apôtres affifteren a la mort, & mille autres particularités femblables, dont l'Ecriture ne dit rien. Tout de même fur les dogmes, on ne doit pas mêler les opinions probables avec les décisions de foi. Concil. Vous trouverez aflez de chofes néceflaires à dire Trid.feff. avant que de parler de la qualité des peines du Purgatoire, de l'âge auquel nous devons reffufciter, & d'autres articles femblables, fut lefquels l'Eglife n'a rien prononcé, & dont plufieurs s'embarraffent, tandis qu'ils en ignorent d'ef fentiels à la religion.

15. init.

Il feroit à defirer que l'on ufât à proportion de la même retenue, & de la même sobriété dans les pratiques de religion que l'on enfeigne, & que l'on fe contentât de celles que l'ufage public de l'Eglife a autorifées, fans y en ajouter de plus nouvelles ou moins générales. Ainfi, pour la priere du matin, je me voudrois régler fur l'Office de Prime, & pour celle du foir, fur les Complies; afin de ne propofer au peuple que des Prieres qui en fullent tirées, ou compofées dans le même efprit. En un mot, il me femble que le plus sûr feroit de fe fervir, autant qu'il feroit poffible, des prieres qui fe trouvent dans le Bréviaire, le Miffel, le Rituel ou le Pontifical. Il y en a à choifir pour toutes fortes de fujets; & on ne peut pas trop s'appliquer à conferver l'uniformité, & à retrancher la demangeaifon des dévotions nouvelles & finguliéres. J'ajoute le Chapelet, principalement en faveur de ceux qui ne fçavent pas lire.

Quelqu'un croira peut être que je veux ici blêmer l'ufage des formules, comme font les Actes de contrition, d'adoration, d'offrande, de remercîment, & les autres. Mais au contraire, je prétends les établir avec bien plus d'autorité ; car tous ces actes fe trouvent dans les Prieres Eccléfiaftiques; il n'y a qu'à les y fçavoir reconnoître. Le Symbole tout entier n'eft qu'un acte de foi, ou, fi l'on veut, ce font autant d'actes que d'articles. Le Confiteor ne contient-il pas l'acte de contrition? Quand je frappe ma poitrine, pour me punir moi même, répétant jufques à trois fois, que j'ai offenfé Dieu par ma faute, fans y chercher d'excufe, & implorant le tecours de tous les Saints, & dans le Ciel & fur la terre, n'eft ce pas afflez témoigner que j'ai regret de mes péchés? Que fi quelqu'un n'eft pas content de cette formule de conftrition, il en trouvera fuffisamment dans le Miferere, dans les fix autres Pleaumes que l'Eglife a confacrés à la péniter ce, & dans les Oraifons qui fuivent les Litanies des Saints. Qu'est-ce que le Gloria Patri, finon un acte d'adoration? & le Deo gratias, finon un acte de remercîment? Il faut être bien groffi r pour ne pas reconnoître ces actes: s'ils ne font intitulés, & s'ils ne contiennent formellement le mor de remercîment, d'offrande, d'adoration. Prefque tous les verfets des Pfaumes font autant d'excellens modeles de tous les actes de religion les, plus parfaits; & c'ft par cetre raifon que l'Eglife les a choifis entre toutes les parties de l'Ecriture, pour nous les mettre continuellement à la bouche; afin, dit faint Athanafe, de former nos fentimens & nos affecEpifc. ad tions fur ces excellens modeles. Les oráifons qui Marcell.

Athanaf

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