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42.ex.50.

de tous les Saints & des fideles avec lesquels nous prions. Ces quatre prieres, Pater, Ave, Credo, & Confiteor, doivent être fouvent à la bouche De fymb. des Chrétiens. Il les faut dire tous les jours, au Aug. ho moins le matin & le foir, & les avoir encore plus dans le cœur que dans la bouche. Il eft bon de les dire en latin avec l'Eglife; mais il faut auffi les fçavoir en françois, & en entendre bien le fens. Pour prier avec plus d'étendue, les meilleures prieres font les Pleaumes & les autres Cantiques tirés de l'Ecriture fainte: ce font les fentimens que le Saint-Esprit a infpirés à David & aux autres Prophetes, & les paroles qu'il leur a dictées. Afin de s'en entretenir le plus fouvent qu'il eft poffible, l'Eglife en a compofé fon offi ce, diftribué de trois heures en trois heures, pour toutes les parties du jour & de la nuit. Cer office commence à Vêpres, c'est-à-dire, au foir, Lev.xx. fuivant l'ancienne loi, environ les fix heures & le

coucher du foleil. Trois heures après viennent les complies, pour demander à Dieu fa protection pendant le fommeil. A minuit, les nocturnes, qui eft la plus longue partie de l'office, pour employer en prieres une partie de la nuit. Les Matines ou Laules, au chant du coq, avant le point du jour. Primes, après le foleil levé, fur les fix heures du matin, pour demander à Dieu de bénir nos occupations pendant la journée. Tierce à neuf heures, pour honorer la defcente du Saint-Efprit fur les Apôtres. Sexre à midi, en mémoire du temps où Jesus-Chrift fut à la croix, None à trois heures après-midi, qui eft l'heure de la mort. Vêpres, à l'heure qu'il fut mis dans le fépulcre. Cet office eft inftitué pour tous les Chrétiens qui ont la commodité d'y affifter, ou de le réciter en particulier, quoique les Clercs ou les Moines y foient particulierement obligés.

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Des autres prieres.

L'EGLISE a 'EGLISE a reçu depuis long-temps l'ufage du Chapelet, ou Couronné de la fainte Vierge, autrement nommé Rofaire, comme étant un chapeau de fleurs fpirituelles. Il fut d'abord inftitué pour ceux qui n'avoient pas appris les Pleaumes, & ne fçavoient pas lire, afin qu'ils puffent réciter le Pater & l'Ave un certain nombre de fois à chacune des heures de l'office. Les fept P.eaumes de la pénitence, font ceux dont l'ufage eft le plus fréquent: ils ont été choisis pour exprimer les fentimens d'un pécheur véritablement converti; & on les récite souvent pour les morts, parce que les prieres que l'on fait pour eux fervent à fuppléer à leur pénitence. On y joint les Litanies, pour implorer les fuffrages de tous les Saints; & toutes ces prieres font autorisées par l'ufage public de l'Eglife. Depuis environ deux cents ans, l'ufage s'eft introduit de fonner trois fois le jour, pour avertir les fideles de prier le matin, à midi & au loir, & réciter l'Angelus Domini, en mémoire du myftere de Incarnation. Mais les plus faintes & les plus authentiques de toutes les prieres, font celles qui accompagnent le faint facrifice de la Meffe & l'administration des facremens. Tous les fideles, même les laïques, doivent être foigneur de les entendre, afin de joindre leur intention à celle des Prêtres. Il est encore trèsà-propos d'entendre la bénédiction de la table l'itinéraire, la bénédiction de l'eau qui fe fair tous les Dimanches, la bénédiction du pain, des cierges, des ornemens, des images, des cloches, du lit nuptial, des femmes relevées, & toutes les autres bénédictions & prieres ecclé

fiaftiques qui fe font en diverses fêtes ou en diverfes occafions, compofées par de grands Saints, des paroles de l'Ecriture, & confervées par une ancienne tradition, pour fanctifier toutes nos actions & l'ufage de toutes les créatures. La priere la plus abrégée eft le figne de la croix. Par les paroles, Au nom du Pere, & du Fils, & du Saint Elprit, nous confeffons le mystere de la Trinité; & par le gefte, nous exprimous la croix, c'elt-à-dire, le myftere de la Rédemption, & celui de l'Incarnation, dont il dépend.

LEÇON XIX.

De l'Oraifon mentale.

Quote ■ Dieu n'ait pas befoin de nos pa

roles pour nous entendre, elles font utiles pour arrêter nos peniées & nous rendre plus attentifs, & pour édifier les autres avec qui nous prions. Tous l'extérieur y fert auffi; c'est pourquoi nous devons prier dans une posture modefte & refpectueule, c'eft-à-dire, debout ou à genoux, les mains jointes ou étendues, les yeux élevés au ciel, ou baiffés à terre, ou arrêtés fur quelque image qui nous excite à la piété, ou fer un livre de prieres, & même nous tourner au levant plu ôt que d'un autre côté, fuivant l'ancienne tradition, en mémoire du Paradis d'où nous avons été challés. L'oraison vocale, ou priere de la voix, n'eft guère utile, fi elle n'eft accompagnée des pensées & de l'affection du cœur. Au contraire on peut fort bien prier fans parler, lorsqu'on eft attentif à penser à Dieu, à s'humilier devant lui, le remercier, lui deman fer pardon, former de bonnes réfolutions, demander le fecours de fa grace, & pour foi & pour les autres. C'est ce que l'on ap

pelle

i

V. 17.

pelle oraifon mentale, c'eft-à-dire, priere de
l'efprit. C'est encore une espece de priere, que
les bonnes œuvres & les fouffrances, puifque ce
font des preuves de l'amour de Dieu, qui eft
l'effentiel de la priere. Et c'est ainsi qu'il eft Luc. XVI
poffible de prier fans ceffe, comme il nous eft 3.
recommandé dans l'Ecriture, puifqu'il eft pof- 1 Theff.
fible, & même facile, quand on aime Dieu, de
fe tenir continuellement en la présence, non par
une contention pénible d'efprit, mais par une
fainte difpofition de volonté. Or, la priere eft
l'état le plus heureux de cette vie, puisque tant
qu'il dure, nous fommes unis à Dieu autant que
nous en fommes capables.

LEÇON XX.

De l'amour de Dieu & du prochain.

Tour

pre

30.

OUTE la loi de Dieu fe rapporte à ces deux Mat.xxii. commandemens: Tu aimeras le Seigneur ton 37. Dieu de tout ton cœur, de toute ton ame, de tout ton efprit c'eft-là le plus grand & le mier commandement. Le fecond lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toimême. Il est bien jufte d'aimer Dieu, puisqu'il 1. Jo. v. nous a tant aimés le premier. Il aime tout ce qui sap.x1.25 eft, & ne hait aucun de fes ouvrages, puifque rien ne fubfifte que par fon amour. Lui, à qui le ciel & la terre appartiennent, a bien daigné Deut.x.4. s'abaiffer jufques à nous, & faire alliance avec nos peres, les délivrer & les protéger par de grands miracles, & les inftruire par fa parole; enfin il nous a recherchés lorfque nous étions les en- Ro.v1.65. nemis, & quoique tous les hommes fuffent dans Ibid. m. le péché, les Juifs auffi-bien que les Gentils, & qu'il n'y en eût pas un qui fît le bien, pas même Pf.x.10. un feul. Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné fon fils unique, afin que quiconque croit

X

› Pf. CIV.CV

Jo. 111.16.

Eph. 1, 2,

&

en lui ne périffe pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Il nous a comblés de bénédictions (pirituelles; il nous a choifis avant la création du monde, nous a prédestinés pour être fes enfans d'adopEph. 11.4. tion. Nous étions morts par nos péchés, lorsque par fon exceffive charité il nous a donné la vie, nous a reffufcités avec Jefus-Chrift, & nous a fait affeoir avec lui dans le ciel. Nos peres étant Gents, étoient éloignés de Dieu & étrangers de fes promelles; Jefus Chrift les a rapprochés, réconciliés à Dieu par fa croix, & incorporés à fon Eglife. Il nous y inftruit continuellement par fa parole, & nous donne tous les jours fon propre Fet. 1.4.2. corps pour notre nourriture, en attendant l'héritage incorruptible qui nous eft réservé dans le ciel, Nous ferions bien ingrats, de ne pas aimer un Dieu si bon ! Mais si nous l'aimons, nous devons aimer auffi tous fes ouvrages, & particulierement les hommes nos freres, les images com1. Jo. v. me nous. Celui qui n'aime point fon frere, qu'il Aug.doc, voit, comment aimera-t-il Dieu, qu'il ne voit . x, &c. point? Nous devons aimer notre prochain comme

chrift. 1.

nous-même. Or, nous ne devons nous aimer nous-mêmes que pour Dieu, nous conformant à l'amour qu'il a pour nous, & ne defirant d'autre bien que celui qu'il nous veut faire, parce qu'il n'y en a point d'autre qui foit notre vrai bien, C'est ainsi que nous devons aimer notre prochain, ne lui fouhaiter & ne lui procurer que le vrai bien, c'est-à-dire, ce qui peut lui fervir pour connoître Dieu & pour l'aimer de tout fon Aur, bid. cœur, L'ordre de la charité est donc, aimer Dieu fur toutes chofes ; enfuite aimer en nous & en notre prochain, l'ame, qui eft faite à son image; & enfin, le deftiné à fervir Dieu, La mar. corps, que de l'amour de Dieu, c'eft de fçavoir les commandemens, & de les obferver,

6. 27.

Jo.xiv.zi.

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