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LES

LEÇON X X I.
Du Décalogue.

Es dix commandemens que Dieu donna aux Exod.xx. Ifraélites fur le mont Sinaï, lorsqu'ils fortirent d'Egypte, contiennent en substance ce qui fuit: 1. Je fuis le Seigneur ton Dieu; tu n'auras point d'autres Dieux devant moi; tu ne te feras ni idole, ni aucune figure pour l'adorer. 2. Tu ne prendras point le nom du Seigneur ton Dieu en vain. 3. Souviens-toi de fanctifier le jour du repos. 4. Honores ton pere & ta mere, afin que tu vives long-temps. 5. Tu ne tueras point. 6. Tu ne commettras point d'adultere. 7. Tu ne déroberas point. 8. Tu ne diras point faux témoignage contre ton prochain. 9. Tu ne defireras point la femme de ton prochain. 10. Tu ne defireras point les biens de ton prochain. Pour les retenir plus aifément, on les a mis en rime, comme il fuit: Un feul Dieu tu adoreras, &c. On les appelle autrement, le décalogue, c'est à-dire, les dix paroles; car ce font les paroles que Dieu prononça devant tout le peuple, & qu'il donna à Moïfe, écrites fur deux tables de pierre. On croit que la premiere table contenoit les trois premiers commandemens, qui regardent Dieu; & la feconde, les fept autres, qui regardent le prochain. Il étoit jufte de commencer par nous inftruire de ce que nous devons à Dieu, qui est premierement l'adoration, fur-tout le culte intérieur, en efprit & en vérité : fecondement, le refpect pour fon nom; en troifieme lieu, l'obfervation des jours qu'il s'eft réservés pour l'exercice de la religion. Quant au prochain, le premier devoir eft à l'égard des peres & meres puifque perfonne ne nous eft plus proche. Il faut

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que la vie des hommes foit en fûreté. Il faut assurer les mariages & la naiffance des enfans, les biens, la répuration; enfin, il faut régler les defirs, qui font la fource de tous les crimes. Voilà l'ordre des commandemens. Quoique quelques-uns foient affimatifs, conçus en forme de précepte, les autres négatifs, en forme de défense, chacun néanmoins ordonne & défend quelque chofe.

LEÇON X X I I

Du premier Commandement.

LE premier commandement ordonne de re

connoître un feul Dieu, l'adorer & le fervir luivant la religion qu'il a établie. Il faut donc pour s'en acquitter, penfer fouvent à Dieu, faire des actes fréquens de foi, d'efpérance & de charité; le prier & lui rendre honneur par nos difCours & par toutes les marques extérieures de religion, Les péchés contre ce commandement, font premierement, l'infidélité, c'est-à-dire, l'exercice d'une fauffe religion, comme l'idolâtrie, qui confiste à adorer Dieu fous une forme corporelle, croyant qu'il eft tel en effet, ou à adorer la créature pour Dieu; le judaïsme, qui fait adorer Dieu avec les mêmes cérémonies que fi le Chrift n'étoit pas encore venu : l'héréfie qui fous le nom de chriftianifme, s'attache à quelque erreur condamnée par l'Eglife: la fuperftition, qui fait pratiquer, fous prétexte de religion, ce qui n'eft point: la magie, le fortilege, la divination, par quelque moyen que ce foit; l'impiété, qui combat la religion, fans prétendre en établir d'autre enfin, l'irreligion, c'est-àdire, l'indifférence des libertins, qui vivent comme s'il n'y avoit ni Dieu ni religion. Tous ces pé

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chés attaquent la foi. Contre l'efpérance, ou pé-
ché par le défefpoir, ou la défiance du fecours de
Dieu, ou par la trop grande confiance en nous,
& la préfomption de nos forces. Or, quoique la
charité, par laquelle nous accompliffons les com-
mandemens de Dieu, fuppofe la foi & l'espéran-
ce, toutefois elle les fortifie ; & on ne peut aimer
Dieu, que l'on ne fe plaise à exercer ces vertus &
à méditer les vérités qui en font les objets. On
peche contre la charité en particulier, par l'arta-
chement aux créatures, qui nous porte à la haine
& au mépris de Dieu, même fans nous en apper-
cevoir; & comme ces péchés font les fources de
tous les autres, on peut dire qu'il n'y a point de
péché qui ne viole en quelque façon ce premier
commandement. L'honneur que nous rendons
aux Saints ou à leurs images, n'a rien qui y soit
contraire non plus
>
celui
que que nous rendons
au Roi, à fes Officiers, & aux marques de leur di-
gnité. Nous ne rendons tous ces honneurs aux Conc. Tr.
créatures, que par rapport à Dieu, & pour l'ho- Seff. 22.
Seff. 25.
norer en elles. Nous honorons donc les Saints,
comme les amis de Dieu, plus dignes d'honneur
fans comparaison, que tous les grands de la terre;
nous implorons leurs fecours, & nous nous re-
commandons à leurs prieres, comme à celles des
hommes vivans dont nous eftimons la piéré.
Nous rendons graces à Dieu de leurs victoires,
qu'il a couronnées, & reconnoiffons que tous
leurs mérites font fondés fur le mérite infini de
Jefus Chrift. Quant à leurs images, elles ne fer-
vent qu'à nous faire fouvenir d'eux; les génufle-
xions les révérences, & les autres actions exté-
rieures, ne font que des fignes des fentimens que
nous avons pour les originaux; & l'esprit dans
lequel nous les faifons, eft fuffifamment exprimé.
par les termes dont nous ufons en nos prieres.

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Da.vt1.9.
Apoc. iv.

2.

Luc. 111.

22.

Les images qui repréfentent les personnes divines, font tirées de l'Ecriture fainte. Dieu s'accommodant à notre foibleffe, a quelquefois apparu à fes Prophetes fous la forme d'un vénérable vieillard, pour fignifier, en quelque maniere, fon éternité; & pour nous faire entendre que fon Saint-Esprit eft l'efprit de douceur & de paix, il l'a fait paroître fous la forme d'une colombe.

LE

LEÇON XXIII.

Du fecond Commandement.

E fecond commandement nous oblige à honorer le nom de Dieu, en l'invoquant & lui rendant les louanges qui lui font dues. On l'honore auffi par les voeux, qui font des promelles que Nu. xxx. l'on fait à Dieu de faire quelque bonne œuvre, à laquelle on n'eft pas obligé, comme de vivre en continence ou en pauvreté. On rend encore honneur au nom de Dieu, en le prenant à témoin de la vérité, par les fermens qui fe font avec refDeut. x. pet & religon; comme lorfque les Princes jurent des traités de paix & d'alliance, & lorfque les Officiers prêtent fernient à leur réception, ou que les particuliers font ferment en Juftice. Mais les hommes méchans & menteurs abufent fouvent de ce moyen d'aflurer la vérité, en afsurant avec ferment des fauffetés, en joignant des fermens à des vérités peu importantes, ou s'en fervant pour marquer de la colere, & pour se rendre terribles; ou les mêlant à leur difcours, fans aucun fujer. C'est pourquoi ce précepte nous défend de prendre le nom de Dieu en vain, c'est-à-dire, de faire aucun ferment, que dans les occafions très-importantes. Notre Seigneur ajoute dans l'Evangile: Et moi Mat. v.34 je vous dis de ne point jurer du tout, c'est-à-dire, de votre autorité privée, & hors les occafions

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publiques, comme les trois qui ont été marquées,
car tout ferment eft une impiété, s'il n'eft pas un
acte de religion. Or, dans les rencontres où le Lev. xix.
ferment eft légitime, c'eft un grand péché de pr
jurer fauflement ; ou ne pas accomplir ce que
Ton a promis avec ferment, & c'eft ce qui s'ap-
pelle parjure. C'eft auffi un péché de promettre
avec ferment quelque mal; mais ce feroit un fe-
cond péché de l'exécuter. Un autre grand péché
contre ce commandement, eft le blafphême;
c'eft, à proprement parler, toute parole inju-
rieuse à Dieu; & l'on peut mettre en ce rang tous
les fermens qui ne font en ufage que parmi les
méchans & les infolens, & dont on ne fe fert
point en Juftice; car ces fermens témoignent un
mépris manifefte de Dieu. Les blafphêmes les
plus criminels, font ceux qui attribuent à Dieu
d'être auteur du mal, ou quelqu'autre qualité
indigne de lui, fur-tout s'ils font dits avec con-
hoiffance & réflexion. Ce font auffi des blaf-
phemes, que les paroles qui attaquent la fainte
Vierge ou les autres Saints, parce que les injures
que l'on leur fait retournent contre Dieu même,
comme les honneurs que l'on leur rend fe rap-
portent à Dieu. On peche à l'occafion du vou, en
plufieurs manieres, en faifant vœu de quelque
chofe mauvaise ou trop légere; en vouant témé➡
rairement; en n'accompliffant pas le vœu bien
fait, ou le différant fans grande caufe; en accom-
pagnant le vœu de quelque fuperftition.

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Du troisieme Commandement.

SOUVIENS-TOI de fanctifier le jour du Sabbar.
Ces paroles, fouviens-toi, marquent que ce n'é-
toit pas un nouveau précepte du temps que Dieu

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