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Gen.2. 3.

donna la loi écrite, & qu'il s'observoit dès le commencement du monde. Sabbat fignifie repos, & la fanctification de ce jour est ordonnée pour honorer le repos de Dieu : car après qu'il eut créé le monde en fix jours, il eft dit qu'il fe repofa le feptieme; non qu'il fût fatigué puifqu'il avoit tout fait par fa parole, ni qu'il ait alors ceffé d'opérer, puifqu'il opere encore, confervant fans ceffe fes ouvrages; mais pour Joa.v. 17. montrer qu'il cefla de produire des créatures nouvelles. Sous l'ancien teftament, le jour du repos étoit le feptieme jour, c'est-à-dire, le Samedi, que les Juifs oblervent encore: mais fous le nouveau teftament, nous honorons le huitieme jour, ou plutôt, le premier de la création parce que ce fut en ce jour que Jesus-Chrift, après avoir fini fes travaux, commença, par fa réfurrection, d'entrer dans fon repos éternel. Nous le nommons Dimanche, c'est-à-dire, du Apo.x.10. Seigneur. La maniere de fanctifier ce jour, eft de le donner tout entier aux actions de religion & au fervice de Dieu. Tout notre temps & toutes nos actions lui font dues, comme à notre Créateur & notre Rédempteur; mais comme il a conGen..17 damné les hommes au travail, & fait que la plupart ne peuvent vivre que par un travail conti/nuel, il a donné fix jours pour les befoins du corps Ex. xxxv. & pour les affaires temporelles, & n'en a réservé qu'un pour fon fervice & pour nos befoins (pirituels; encore le corps emporte un bonne partie de ce jour par le fommeil, les repas & quelque relâchement nécessaire à la santé. Il faut donc en donner à Dieu le plus que nous pouvons; nous occuper à la priere, à la lecture de l'Ecriture fainte & des livres de piété, affifter à la Mefle & à l'Office de l'Eglife, écouter les fermons & les autres inftructions qui s'y font; penfer férieusement à

A&.xx.7.

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notre falut & mettre ordre à notre confcience; recevoir la fainte Euchariftie ou nous y difpofer; faire des aumônes, vifiter les pauvres; enfin 1. Cor. remplir cette journée d'exercices de religion, XVI. 2. dont les plus effentiels font les actes fréquens de foi, d'efpérance & de charité. Il faut s'abftenir Ifa. xvi ce jour-là de tout ce qui eft incompatible avec 13. ces exercices. Premierement, de tour travail corporel, pénible & méchanique; de toute marchandise, de la pourfuite & du jugement des procès, & de toute affaire temporelle, autant qu'il fe peut. Secondement, des grands divertiffemens, comme la chaffe & les jeux qui occupent un grand temps & diffipent trop l'efprit. En troifieme lieu, de l'ivrognerie, des danfes dés honnêtes, & généralement de tout ce qui eft péché ; car quoiqu'il le faille éviter tous les jours, il faut en être bien plus foigneux le jour qui eft confacré à Dieu, & où les tentations font plus grandes, à caufe du loifir & des affemblées. L'évangile étant une loi d'amour, nous n'obfervons pas ce repos avec fcrupule comme les Juifs, & nous croyons pouvoir faire tous les travaux que demande la néceffité ou la charité; car J. C. nous a appris qu'il eft permis de faire du bien le jour Luc.vi.te du repos, & qu'il eft maître de ce jour comme des autres. Sous ce commandement eft compris l'obfervation des fêtes que l'Eglife a inftituées.

LEÇON XXV.

Du quatrieme Commandement.

HONORE

ONORES ton pere & ta mere, afin

que tu

vives long-temps fur la terre que le Seigneur ton

Dieu re donnera. C'eft le premier commande- Eph.v1.2. ment qui foit accompagné de promesse. Cette

&c.

109.

Tob.iv.4.

vie dans la terre promile, eft l'image de la vie éternelle; & il eft jufte que ceux-là vivent, qui font reconnoillans envers ceux dont ils ont reçu Eccl.111.3. la vie. Chacun doit donc honorer fon pere & fa vii. mere, fe fouvenant qu'il ne feroit pas au monde fans eux; qu'il a coûté à fa mere de grandes douleurs ; & à l'un & à l'autre beaucoup de peine & de foin pour le nourrir & l'élever. Tant qu'il eft jeune & foumis à leur conduite par la loi, il doit leur obéir, écouter leurs inftructions, en profiter, & fouffrir leurs corrections, confidérant qu'il n'eft pas encore capable de le conduire luimême. Pendant tout le refte de fa vie, un fils doit continuer à respecter fon pere & fa mere, les fecourir dans tous leurs befoins, les faire (ubfifter, s'ils font pauvres; fupporter leurs infirmités, s'ils font vieux. Tous les péchés qui fe peuvent commettre contre le prochain, deviennent beaucoup plus grands quand ils attaquent པས་་་ peres & les meres, de leur côté, font obligés, par ce même commandement, de nourrir & entretenir leurs enfans, ju ques à ce qu'ils foient en état de fubfifter par euxmêmes; à les inftruire, principalement des devoirs de la religion; les corriger, mais avec amour & difcrétion, fans les contrifter exceffivement, ni leur abattre le cœur ; leur donner bon exemple. La plupart des maux de l'Etat & de l'Eglife, viennent du mépris de ce commandement. Les enfans mal élévés deviennent des hommes indociles & vicieux, qui élevent mal leurs enfans: au contraire, la bonne éducation fe perpétue dans les familles. Sous le nom de peres, font compris tous ceux que Dieu a établis au-deffus de nous. Les Evêques & les Prêparticulierement les Pafteurs de qui nous avons reçu la naiffance fpirituelle par le bap

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tres,

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2.5.

tême, & la nourriture par les autres facremens & par la parole de Dieu, & qui veillent fur nous , pour rendre compte à Dieu de nos ames. Nous devons aufli regarder comme nos peres, Heb. x111. les Princes, les Magiftrats, & tous ceux qui 17. exercent fur nous la puitfance publique. Qui ré- Rom.xiii. fifte à cette puiffance, réfifte à l'ordre de Dieu; 1. Pet. ul. & il faut obéir aux loix, non feulement par la 13: Eph.v1.5. crainte de la peine, mais par obligation de &c. confcience. Il en eft de même des ferviteurs à Col..22 l'égard de leurs maîtres. Ils doivent leur obéir Tit. 11.9. avec crainte & fimplicité de coeur; non pas comme à des homines à qui ils veulent plaire, ne les fervant bien que quand ils font fous leurs yeux, mais du fond du cœur, comme faifane la volonté de Dieu, & attendant la récompense de lui. Les maîtres, de leur côté, doivent les traiter avec juftice & avec douceur, confidérant qu'ils ont auffi un maître dans le ciel.

LEÇON XXVI.

Du cinquieme Commandement.

6.

E cinquieme commandement défend de tuer, c'est-à-dire de procurer la mort des hommes en quelque maniere que ce foit, parce qu'ils font nos freres & les images de Dieu. On pardonne l'homicide involontaire quoique ce foit Gen.ix.6. toujours un grand malheur; mais le meurtre de Nu.xxxv. guet-à pens eft digre de mort. Vous l'arrache- De.xix.3. rez de mon autel, dit Dieu dans la loi, pour Ex.xx1.14. le faire mourir. Tous ceux qui prendront le Mat.xxv. glaive, dit Jelus-Chrift, périront par le glaive. Il est toutefois permis aux Juges de faire mourir, fuivant les loix, ceux qui ont commis de grands crimes, afin de mettre en fûreté les

31.

X11. 15.

gens de bien; &, par la même raison, il eft permis de tuer les ennemis de l'Etat, en guerre légitime, obéiffant à fon Prince. Mais il n'eft Re.x.. jamais. permis de fe venger; Dieu s'eft réservé la vengeance, & il a établi des Princes & des Magiftrats pour l'exercer fur la terre. De là vient que le duel eft un grand crime, parce que le particulier y cherche à fe faire juftice à luimême, & d'ailleurs il expose fa vie témérai2.Cor.vi. rement. Or, nous ne sommes pas à nous,

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mais à Dieu; il ne nous eft point permis d'attenter à notre vie, fous quelque prétexte que ce foit ; il faut attendre en patience que Dieu nous retire de deffus la terre, où il nous a mis. Ce com28. &c. mandement défend auffi tout ce qui tend à la Mat.v.21. mort, comme de blefler ou de frapper. Il dé

Ex. xxi.

fend la haine ou la colere, qui en elt la fource, & tout ce qu'elles produifent, comme les injures de paroles, les affronts, les querelles & les difputes trop aigres. Au contraire, il ordonne de conferver, autant qu'il nous eft possible, la vie & la fanté de notre prochain, même de ceux qui nous haïffent. On rapporte à ce commandement le fcandale, qui eft comme un meurtre fpirituel par lequel on tue l'ame du prochain, la faifant tomber dans le péché. Ainfi, un Eccléfiaftique fcandaleux eft celui qui, par fa vie déréglée, donne occafion aux laïques de vivre mal, à fon exemple. Ainfi ceux qui apprennent à des enfans le mal qu'ils ignorent; ceux qui composent ou débitent des livres pernicieux; les femmes qui fe parent pour le faire aimer, tous ceux-là donnent fcandale & participent aux péchés de ceux Mat. vi. qui le prennent. Ce péché eft fi grand, que Jefus-Chrift dit, qu'il vaudroit mieux être jetté avec une pierre au cou au fond de la mer, que de fcandalifer le moindre des fideles.

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