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10.

17.

LE E fixieme commandement défend aux créatures raisonnables d'imiter les bêtes fans raison, Tho. ix. qui fe mêlent indifféremment, & d'abufer, pour 13. te plaifir, de ce que Dieu a fagement inftitué pour la multiplication du genre humain: car l'ouvrage de Dieu eft bon en toutes les parties; Gr. Niff. il n'y a rien de mauvais ni de honteux, que le or. cathe, péché & la concupifcence, qui nous porte à c. 28. ufer de nos corps contre la volonté du Créateur. En défendant l'adultere, il défend auffi l'in- Genef. cefle, la fornication, toutes les autres elpeces XXVIII. d'impudicités, qui font défendues nonimément Lev.XVIII en divers endroits de la fainte Ecriture, pour Ep. iv.31. montrer combien elles font abominables devant Dieu, mais dont il ne devroit pas même être mention parmi les Chrétiens, hors la néceffité de les condamner. Il fuffit de fçavoir que rien n'eft permis, non dans les faintes regles du mariage. Les plaifirs criminels font la fource de Prov. 11. plufieurs maux très-férieux, de maladies incu- 18.19.V 4. rables, de diffipations de biens, de haines mor- &c. V11. telles, de jaloufies, de mauvais ménages entre 23. 1x. 18, les maris & les femmes, d'abandonnement des enfans, de fuppofitions de part, d'avortement, d'empoisonnemens, de meurtres, de toutes fortes de crimes. Pour éviter la débauche, Dieu défend auffi tout ce qui y mene; toutes les ac- Eze. xvi. tions, les attouchemens, les regards & les pa- 49. roles déshonnêtes, même jufques aux penfees Eph.v.18. 2.Cor.5.9 arrêtées & délibérées. En cette matiere, bien Ifa. 1.16, plus qu'en aucune autre, il faut être foigneux de 1.Pet.. fuir les occafions du péché, qui font, l'oifiveté, la curiofité, la compagnie des débauchés, les

&c.vi. 32

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excès de bouches, les danfes, les assemblées pröfanes d'hommes & de femmes, la parure, & généralement l'amour de tous les plaifirs fenfiPfalm. bles. Il nous eft donc commandé de vivre chaftement, confidérant que Dieu nous voit toujours, 11. & qu'il n'y a point de ténebres pour lui; que nos corps font les temples du Saint-Esprit, confacrés par le baptême & la confirmation, & encore plus par la fainte Euchariftie, & que nos mem4.Cor.vi bres font les membres de Jesus-Chrift. Or, qu'y a-t-il de plus horrible, que de faire des membres de Jefus Chrift, les membres d'une perfonne infame, en devenant un même corps avec elle? Pour acquérir ou conferver la chafteté, Luc.ix.23 nous devons mener une vie réglée, occupée, laborieuse, fobre & mortifiée, & nous fouvenir qu'il faut porter notre croir tous les jours, & que cette vie n'eft pas le temps du repos & de la joie, mais du travail. Le principal moyen pour obtenir de Dieu le don de continence, eft la priere.

Sap. viii.

20

LEÇON XXVIII.

Du Jeptieme Commandement.
LE feptieme commandement défend le vol,

le larcin, l'ufure, la concuffion, & généralement
coure ufurpation du bien d'autrui, par fraude
ou par violence. Car puifque les hommes font
convenus du partage des biens & ont fait des
loix pour régler la maniere de les acquérir &
de les conferver; comme nous en profitons pour
jouir de nos biens en fûreté, il eft jufte d'ob-
ferver ces loix ; & nous en devons auffi laiffer
jouir les autres, fans nous fervir de notre force
ou de notre adreffe pour les en priver. Que fi
quelque chofe nous manque, il faut nous appli-

quer à l'acquérir par les voies légitimes, par le travail, le trafic, le fervice. L'ufure eft le profit que l'on tire d'un prêt, fe faifant rendre plus que l'on n'a prêté. La concuffion eft l'abus qu'une perfonne puiflante fait de fon autorité, pour ufurper ou retenir le bien d'autrui. Le larcin domeftique eft le plus criminel, à caufe de la confiance qu'il eft néceffaire d'avoir à ceux que l'on tient dans fa maifon ; & il n'eft pas permis de prendre fecretement, fous prétexte de le récompenfer du tort que l'on prétend avoir fouffert. Il n'eft pas feulement défendu de prendre, il eft ordonné de reftituer ce que l'on a mal acquis; & il faut le reftituer le plutôt que l'on peut, parce que le garder injustement, eft comme le prendre de nouveau. Ce commandement oblige aufli à payer exactement les journées des pauvres mercenaires : les retenir, c'eft retenir leur fueur, Lex. xix leur fang & leur vie, & c'eft un crime qui crie 13. vengeance devant Dieu. Ce commandement 21, oblige à payer toutes les dettes, & défend par conféquent de s'endetter, fi on ne voit comment on pourra fatisfaire. De-là s'enfuit que chacun doit ménager le bien que Dieu lui a donné, en béniffant fon travail ou celui de fes peres, & le conferver foigneufement, afin d'éviter l'indigence, qui eft la fource ordinaire de l'injuftice. Mais d'un autre côté, il faut fuir l'avarice & le defir d'acquérir toujours fans mefure; bannir le luxe & modérer notre dépenfe, afin d'avoir de quoi donner: car ce commandeinent nous oblige encore à faire l'aumône à ceux qui n'ont pas le néceflaire, principalement s'ils ne peuvent en gagner. Que celui qui déroboit, dit S. Paul, ne Ep.iv. 28. dérobe plus, mais plutôt qu'il travaille, faifant de fes mains quelque chofe de bon, afin qu'il ait de quoi donner à celui qui fouffre néceffité,

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Prov.xxv

16.

22.

Bafil.reg.

brevi. 25.

LEÇON XXIX.

Des trois derniers Commandemens.

LE E huitieme commandement défend premierement le faux témoignage porté en juftice pour faire condamner un innocent. Il défend auffi toute calomnie, c'est-à-dire, toute fauffe accufation, tout difcours par lequel on impofe à quelqu'un ce qu'il n'a pas fait. De plus, toute médifance ou détraction, par laquelle on ruine ou on diminue la réputation du prochain, en publiant le mal qu'il a fait, mais qui n'étoit Lev. xix. pas connu, & fur-tout les mauvais rapports, faux ou vrais, qui tendent à mettre la divifion Pro.xxvi. entre les parens ou les amis. Il ne nous eft perEx. xxш. mis de parler du mal qu'a fait le prochain, que lorfque la charité nous y oblige, ou pour procurer la correction, ou pour la fûreté de celui à qui il pourroit nuire; car nous devons plus à Eccl. vi l'innocent qu'au coupable. Il défend encore le menlonge, c'est à dire toute parole dite à deffein de tromper, en faisant entendre le contraire de notre penfée. Il nous est donc ordonné Ep.1.25. de dire toujours la vérité. Auffi fommes-nous les membres les uns des autres, qui par conféquent devons avoir une charité réciproque, & la parole n'eft inftituée que pour fignifier ce que nous Phil.rv.8. penfons. Or, nous ne devons avoir que des penfées raifonnables, & par conféquent ne parler que quand il eft à propos. La multitude des paroles n'eft point fans péché, & nous rendrons compte au jugement de Dieu, de toute parole oifeule. Il faut donc aimer le filence. Nous devons encore procurer la concorde & l'union entre tous les hommes: car ceux qui procurent la paix, dit Jefus-Christ, font appellés enfans de

24.

Prov.x.19

Matt.xii.

36.

Dieu.

Mat.v. 6.

Matt. vii.

12.

Dieu. Nous devons réparer, autant qu'il eft poffible, le tort que nous avons fait au prochain par tous ces péchés de paroles; mais cette réparation eft très-difficile enfin nous devons éviter les jugemens téméraires, qui font la fource la plus ordinaire des médifances. Les deux derniers commandemens condamnent les mauvais defirs. Le neuvieme défend de defirer ce que le fixieme défend de commettre, c'està-dire, tout plaifir déshonnête, hors le feul cas du mariage. Quiconque regarde une femme pour la defirer, dit le Sauveur, a déja commis l'adultere dans fon cœur. Ce n'est pas feulement le defir formé qui eft péché, c'est encore la penfée, quand on s'arrête volontairement à y prendre plaifir, ou que l'on néglige de s'en détourner. Il ne nous eft pas même permis de defirer la femme d'autrui, dans le cas où elle pourroit devenir la nôtre; comme fous l'ancienne loi, en cas de divorce, & à préfent, en cas de mort, parce que nourriffant ce defir, il feroit facile d'aller plus loin, & de defirer la mort du mari où l'adultere. Le dixieme commandement fe rapporte au feptieme, & nous défend tout defir du bien d'autrui, de fa maifon de fa terre, de fes beftiaux, de fes meubles, & généralement de tout ce qu'il poffede, fi ce n'eft pour l'acquérir par des voies légitimes, & de fon confentement. Nous ne devons former autres deffeins fur les biens d'autrui, que ceux que nous trouverions bon que les autres formaflent fur nos biens.

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Matt.v.2.

Y

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