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LES

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LEÇON X X X.
Des defirs.

Es deux derniers commandemens assurent Pobfervation de tous les autres, coupant la racine de tous les péchés, qui eft la concupifcence. On ne fait mal que par le defir du plaifir, de l'argent ou de l'honneur. Le defir du bien d'autrui, ou le déplaifir de fa profpérité, caufe l'envie qui nous porte à la médifance & à la calomnie; & il n'y a guère de faux témoins qui ne foient gagnés par argent. Ce qui fait ordinairement attenter fur la vie du prochain, c'eft que nous voulons avoir fon bien ou ôter un obftacle à notre plaifir ou à notre gloire. Les mêmes raifons portent à mépriser le pere & la mere, & quelquefois à les hair ou à fouhaiter leur mort. C'eft le defir du gain qui fait travailler le dimanche, & c'eft l'amour du plaifir qui empêche de l'employer faintement. C'eft l'intérêt qui fait faire les faux fermens. Enfin, ce ne font que les paffions déréglées qui détournent du fervice de Dieu & qui éteignent la charité. Ainfi, ôtant de notre cœur les defirs que condamnent les deux derniers commandemens, nous nous mettons en état de pratiquer facilement tous les autres, Or, nous ne defirons point les chofes impoffibles; & nous devons compter pour impofble, tout ce qui eft contraire à la volonté de Dieu, quoique nous ayons la liberté de le faire, parce qu'il eft impoffible au moins d'éviter enfuite fa vengeance. Mais le meilleur moyen pour éviter le péché, eft de rendre, autant qu'il nous eft poffible, à acquérir les vertus & la perfection chrétienne. Soyez parfaits, dit Jefus-Chrift, Mat.v.48 Comme votre Pere célefte eft parfait. Ce n'eft

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qu'en nous humiliant profondément, que nous
éviterons l'orgueil & l'ambition. Il faut méprifer
les plaifirs permis, pour éteindre le defir des
plaifirs défendus. Pour ne point defirer le bien
d'autrui, le plus fûr eft de n'être point attaché
à celui que nous poflédons légitimement ; &
pour arriver à ce détachement, il faut penfer
fouvent à la mort & à la vie future. Le temps est
court, dit faint Paul; il refte que ceux qui ont 1. Cor.vt
des femmes, foient comme s'ils n'en avoient
point; ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleu-
roient point; ceux qui fe réjouiffent, comme
s'ils ne le réjouiffoient point; ceux qui acherent,
comme s'ils n'acquéroient point; ceux qui fe fer- .Tim.v
vent de ce monde, comme s'ils ne s'en fervoient 5.
point: car la figure de ce monde palle. Et ail-
leurs: ceux qui veulent devenir riches, tombent
dans les tèntations & les filets du diable, & dans
plufieurs defirs inutiles & nuifibles, qui précipi-
tent les hommes dans la perte & la damnation :
car l'avarice eft la fource de tous les maux. Et
c'est ce que Jesus-Chrift dit lui-même, que Luc. xiv.
pour le fuivre, il faut renoncer à fon pere, à fa 16.
mere, à fa femme, à ses enfans, à tout fon bien:
non qu'il foit néceffaire de tout quitter réelle-
ment, mais parce qu'il eft néceffaire d'en déta-
cher fon affection, pour n'aimer que Dieu feul
& les créatures, fuivant fon ordre. Il faut donc
modérer tous nos defirs, hors celui de bien faire
& de plaire à Dieu, qui ne peut jamais être affez
grand.

LEÇON XXXI.

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Des trois premiers commandemens de l'Eglife. Nous fommes encore obligés à obferver k commandemens de l'Eglife, en vertu du com

mandement de Dieu, d'honorer notre pere & Gal.iv.26 notre mere: car l'Eglife, la Jérusalem céleste, est notre mere & fes commandemens ne font autre chofe que de faintes pratiques reçues par une tradition continuelle depuis les temps apoftoliques, & confervés par l'autorité de tous les Peres & les Pasteurs, dont on a enfin été obligé de faire des regles dans les derniers temps, pour marquer ce que devoient au moins faire les Chrétiens. On en compte ordinairement fix, que l'on a mis en rime en cette forte : Les Dimanches Melles oviras, &c. Le premier et donc d'entendre la Meffe les Dimanches & les Fêtes commandées. Les Chrétiens doivent prier fouvent, & affifter aux prieres publiques de l'Eglife, autant que leur commodité le permet. Mais comme la plupart font occupés les autres jours, de travaux & d'affaires qui leur laiflent peu de loifir, l'Eglife a réduit l'obligation extérieure au Dimanche, & à la partie la plus effentielle de l'Office, qui eft la Meffe. Et quoiqu'elle defire que l'on entende la Meffe haute & folemnelle, elle fe contente au befoin de la Meffe baffe, pourvu qu'on l'entende avec grande attention, s'uniffant, autant

qu'il fe peut, à l'action du Prêtre & à l'intention Concil. de l'Eglife. Son fecond commandement est de Lat. 1215. confeffer tous les péchés à fon propre Prêtre, au nis utriuf- moins une fois l'année. L'Eglife fçait que ceux qui que fex. ne font que des péchés légers s'approchent des

cap. Om

facremens affez volontiers ; & pour ceux qui négligent leur confcience, elle a craint avec raifon, voyant la corruption des derniers fiecles, qu'ils ne fuffent capables de croupir dans l'état du péché mortel pendant plufieurs années. Elle a donc jugé à propos de les exciter par un commandement exprès & par la menace de l'excommunication. L'Eglife n'a point marqué de

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Conc.

Conc

Tri. feff.

22. c. 6.

temps pour le facrement de pénitence, parce que l'on doit chercher à fe relever, fi-tôt que l'on est tombé dans le crime, comme il eft écrit: Ne tardez point à vous convertir au Seigneur, & ne différez point de jour en jour. Elle a or- Eccl.ix.. donné de fe confeffer au Prêtre propre, c'est-àdire, à l'Evêque, au Curé, ou à quelqu'autre commis par eux, afin que les Pafteurs puiffent connoître le troupeau dont ils doivent rendre compte à Dieu. Le troifieme commandement de l'Eglife eft de recevoir le faint facrement de Later. ib l'Euchariftie au moins une fois l'an, vers la fête de Pâque, & en fa Paroifle. L'Eglife fouhaiteroit que les Chrétiens communiaffent toutes les fois qu'ils affiftent à la Mefle, & par conféquent au moins tous les Dimanches; mais comme il ne faut s'approcher de ce facrement qu'après s'être bien éprouvé, elle a eu égard à la tiédeur des derniers temps, & ne les a obligés à s'en approcher qu'une fois l'année; mais elle n'a pu fouffrir qu'ils s'en privaflent plus long-temps puifque Jefus-Chrift a dit que l'on ne peut vivre Jo.vi. 54 fans ce pain célefte. L'Eglise a choifi pour ce devoir les jours les plus faints, après la préparation du Carême, lorfqu'on fait la mémoire de la paffion de Jefus-Chrift & de l'inftitution de ce facrement, c'eft-à-dire, depuis le Dimanche des Rameaux jufqu'à l'octave de Pâque. La néceffité de recevoir ce facrement dans la Paroiffe, vient de la même raifon qui a été dite pour la pénitence, afin que chaque Pasteur connoifle l'état de fon troupeau. On commence à être obligé à ces deux commandemens, quand on est arrivé à l'âge de difcrétion; ce que l'on entend d'ordre naire entre sept ou huit ans, pour la confeffion; & pour la communion, entre douze & quatorze ans ; & c'est au Pasteur à en juger.

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LEÇON XXXII

Des Fêtes & des Myfleres.

LES trois autres commandemens de l'Eglife regardent la diftinction des jours deftinés au f.rvice de Dieu, les uns pour chanter les louanges & fe réjouir fpirituellement; les autres pour s'affliger devant lui, & faire pénitence. Le quatrieme commandement nous oblige à fan&ifier certains jours de fête, outre les Dimanches, nous abftenant d'œuvres ferviles, & nous appliquant à la priere & aux bonnes œuvres. Ces fêtes font inftituées pour honorer Dieu, ou en célébrant les principaux myfteres de notre religion, ou en renouvellant la mémoire des Saints en qui il a fait le plus éclater fes graces: de forte que l'occupation fpirituelle propre à ces jours-là, doit être de méditer le myftere ou les vertus du Saint, & en tirer des réflexions utiles pour la correction de nos mœurs ; & par conséquent il faut être foigneux de s'en bien inftruire. Les fêtes où nous honorons les myfteres regardent, la plupart, l'Incarnation du fils de Dieu & les merveilles qu'il a opérées fur la terre. Noël eft le jour de fa naiffance temporelle. Le huitieme jour enfuite, qui fe rencontre le premier jour de l'année, nous célébrons fa circoncifion. Puis vient la fête de l'adoration des Mages, que nous appellons les Rois. On y fait auffi la mémoire du baptême que Jefus-Chrift reçut de faint Jean, & de fon premier miracle; & comme ce fut en ces trois occafions qu'il commença à paroître devant les hommes tel qu'il étoit, on a nommé cette fête Epiphanie, qui fignifie apparision. On représente enfuite le cours de fa vie mortelle & de fa prédication, particulierement

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