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pendant le Carême, dont les deux dernieres fe-
maines font deftinées à méditer fa paffion
principalement la femaine - fainte & les trois
derniers jours. Le Jeudi-faint eft le jour qu'il fit
la cène & inftitua le faint facrement; le Ven-
dredi, il mourut fur la croix; le Samedi, il
demeura dans le fépulcre. De ces jours d'afflic
tion on paffe tout d'un coup à la joie de la ré-
furrection de Jefus Chrift, qui eft notre Pâque.
On la célebre toujours le Dimanche; on fête
auffi les deux jours fuivans: on fêtoit autrefois
toute la femaine; & tout le temps paschal, juf-
ques à la Pentecôre, eft un temps de joie, en
l'honneur de l'état glorieux de Jefus Chrift après
fa réfurrection. Le quarantieme jour après Pâ-
que eft le jour de l'afcenfion de notre Seigneur.
Ainfi, dans le cours de chaque année, l'Eglife Leo.epif.
nous représente en fes Offices toute la fuite de la 16. ad en
vie que le Sauveur a menée entre les hommes.
Dix jours après l'Afcenfion, nous célébrons la
Pentecôte, en mémoire de la defcente du Saint-
Efprit; elle eft fuivie de deux autres fêtes comme
Pâque. Le Dimanche fuivant, on honore parti-
culierement le myftere de la fainte Trinité; & Clem.un
le myftere de l'Euchariftie le Jeudi d'après, qui de Reliq
eft la fête du faint Sacrement, inftituée depuis 1.m.t.19
quatre cens ans, avec la proceffion folemnelle,
pour réparer les injures faites par les hérériques
à cet augufte Sacrement. Voilà comme l'Eglife
nous rend fenfibles par de faintes folemnités tous
les myfteres de la religion..

Sicil.

LEÇON XXXIII.

Des fêtes des Saints.

Les fêtes qui portent le nom des Saints, ne

ou

font pas moins en l'honneur de Dieu que les autres, puifque la mémoire du Saint n'eft que l'occafion de nous affembler pour chanter des Pleaumes, lire les faintes Ecritures, écouter les inftructions, & célébrer le faint facrifice comme le Dimanche. Tout ce qu'il y a de plus, font les louanges des Saints, qui retournent à la gloire de Dieu, qui les a fait tels, & les prieres que nous leur faifons, afin qu'ils prient pour nous. Le jour de la Touffaints eft deftiné à les honorer tous enfemble, principalement ceux dont nous ne faifons pas de fête diftincte même que nous ne connoiffons pas. Car bien que nous en puiffions compter plufieurs milliers, ce n'eft rien en comparaifon de la multitude de ceux qui nous font inconnus. Il y a plufieurs fêtes en l'honneur de la fainte Vierge; fçavoir, fon Affomption, qui eft le jour de fa mort & de fon entrée au ciel; fon Annonciation, qui eft le jour où elle reçut la nouvelle qu'elle. feroit mere de Dieu. On la peut compter entre les fêtes de notre Seigneur, puifqu'elle honore le myftere de l'Incarnation. Il en eft de même de la Purification, qui eft le jour où Jesus Christ fut préfenté au temple par fa fainte mere & reconnu pour le Meffie par le faint vieillard Si-1 méon. Et comme ce Saint prit le Sauveur entre fes bras, difant qu'il étoit la lumiere des Gentils, les fideles portent des cierges à la proceffion de cette fête d'où lui vient le nom de Chandeleur. On fête auffi la Nativité de la fainte Vierge, & même fa Conception, pour honorer le premier moment où elle a commencé d'être.

On

On fait une fête pour faint Michel & tous les Anges. On folemnife la Nativité de faint JeanBaptifte; au lieu que l'on célebre la mort des autres Saints, c'est-à-dire, leur naiflance pour la vie éternelle ; & cette distinction vient de ce qui eft dit dans l'Evangile, que plufieurs fe réjouiront à la na ivité de ce grand Saint. Nous honorons la mémoire des Apôtres, de quelques Martyrs, de quelques Confefleurs & de quelques Vierges les plus illuftres, comme S. Etienne, S. Laurent, S. Martin, fainte Madeleine, fainte Cécile, & des Saints particuliers à chaque pays, comme en France, S. Louis ; à Paris, S. Denys, S. Marcel, fainte Genevieve: car les fêtes des Saints font différentes felon les coutumes des Eglifes. Outre ces fêtes connues de tout le peuple, parce qu'elles font celler tout travail, l'Eglife en célebre grand nombre d'autres; comme la Transfiguration de notre Seigneur, l'Invention & l'Exaltation de la Croix, la Vifitation, la Présentation & la Compaffion de la fainte Vierge, les fêtes d'un trèsgrand nombre de Saints; enforte qu'il y peu de jours en l'année où l'Eglife n'en honore quelqu'un par fon Office, principalement dans les lieux où font leurs reliques.

LEÇON XXXIV.

Du jeûne & de l'abftinence en général.
LE jeûne eft utile pour nous punir des péchés

déja commis, & nous fortifier contre les tenta-
tions. Nous nous puniffons en nous privant des
plaifirs, & même d'une partie de la nourri-
ture néceffaire, & fouffrant la faim & la foif.
Nous fortifions l'efprit en mortifiant la chair &
affoibliflant le corps: car alors l'efprit eft mieux
difpofé pour la priere, la componction & les

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pensées férieules. C'eit pourquoi le jeûne est toujours accompagné d'abitinence. On diminue la nourriture, & quant au nombre de repas, & quant à la qualité des viandes. La regle du jeûne a toujours été de ne faire qu'un repas par jour, & vers le foir, le retardant d'autant plus que le jeûne étoit plus rigoureux. A préfent, l'usage eft de manger à midi dans tous les jours de jeûne indifféremment, même on permet le foir une légere collation de pain & de fruit. Dans le jeûne, on retranche les viandes les plus nourrif fantes, comme la viande de boucherie & la volaille, les oeufs, les lairages, fuivant la qualité 1. Tim. des jeûnes & la coutume des pays. Ces abftinen1.Cor. ces ne font fondées fur aucune fuperftition qui IX.27. nous faffe eftimer mauvaises les viandes dont

V1. 3.

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nous nous abftenons, comme plufieurs anciens hérétiques les eftimoien, mais leulement fur le besoin de châtier nos corps & les réduire en fervitude. C'eft pourquoi les repas maigres doivent être fort fimples, & ne pas être des feltins d'une If. tvшu, autre espece. Le jeûne, pour être utile, doit être fait en vrai efprit de pénitence, & accompagné des autres bonnes ceuvres de la priere & de l'aumône. On devroit donner aux pauvres ce que l'on épargneroit en retranchant la nourriture. L'Eglife, pour nous inviter à prier davantage ces jours-là, en a fait fes Offices plus longs, afin que l'on paffar une grande partie du temps à pfalmodier en commun, lire l'Ecriture fainte, & écouter les inftructions des Pasteurs. Pendant les jours de jeûne, on doit fuir cous divertisemens, & fe priver des plaifirs, même permis. Modé Ad no&t. rons-nous, dit faint Ambroile dans une Hymne Ex. more du Carême, dans le boire & le manger, le fom`docti my neil, les difcours, les railleries, & veillons fur

nous plus exactement. L'ufage a déterminé l'âge

où l'on eft obligé de jeûner, à vingt ans accomplis. On difpenfe du jeûne les enfans, les nourrices, les femmes groffes, les malades, ceux qui gagnent leur vie à des travaux fort pénibles; en un mot, tous ceux qui ne pourroient jeûner fans ruiner leur fanté; en quoi chacun doit bien prendre garde à ne le pas flatter, puisqu'il n'y a perfonne qui n'ait befoin de pénitence. Les premiers Chrétiens jeûnoient fouvent; quelques uns Calien toute l'année, hors les Dimanches & le temps Paf. conf.xxi chal; & les premiers Moines le firent une regle de ce jeûne perpétuel. L'abftinence. étoit auffi plus rigoureufe; ils retranchoient le vin & le poiffon, & plufieurs fe réduifoient au pain & à l'eau. La charité commençant à fe refroidir, on a obligé les Chrétiens à obferver au moins certains jours de jeûne, laiffant le furplus à leur dévotion.

LEÇON X X X V.

c. 30.

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Des jours de jeûne & d'abftinence en particulier. LE jeûne le plus folemnel eft celui du Carême, c'est-à-dire, la quarantaine. 11 eft d'inftitution apoftolique, à l'exemple de Moife & d'Elie, & Dent iv. principalement de Jelus-Chrift, qui paffa qua- 9. rante jours dans le défert fans rien manger. On 3. Reg. a placé ce jeûne immédiatement avant la Pâque, Matt. iv. pour nous préparer à cette grande folemnité par une férieufe pénitence. Autrefois on jeûnoit en Carême jufques à Vêpres, c'eft à dire, vers fix heures du foir. Aujourd'hui, le Carême n'eft diftingué des autres jeûnes, que par l'abstinence des œufs, & en quelques pays, des laitages. Le jeûne des quatre-temps eft inftitué pour demander à Dieu la confervation des fruits de la terre en chacune des quatre faifons de l'année, & pour le prier de donner à fon Eglife de bons Evêques,

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