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de bons Prêtres, & d'autres Miniftres dignes de la fervir; car c'est en ces jours que le font les ordinations ; & toute l'Eglife fe met en prieres, afin qu'il plaite à Dieu envoyer des ouvriers dans fa Luc. X. 2. moillon. Les vigiles font des jeûnes pour nous préparer aux fêtes les plus folemnelles. On les a nommées vigiles ou veilles, parce qu'autrefois on paffoit fans dormir les nuits qui précédoient ces fêtes, & on s'occupoit faintement dans les Egli es. Il y a des vigiles qu'on ne jeûne plus, & qui ne font diftinguées que par l'Office. On jeûnoit auffi l'Avent, & les Vendredis & les Samedis, où l'abftinence eft demeurée. C'eft le fixieme commandement de l'Eglife, d'obterver tous les Vendredis & les Samedis l'abftinence de la chair, pour honorer la Paffion & la lépulture de notre Seigneur, & pour nous mieux préparer au Dimanche. D'autres Eglifes observent le Mercredi, au lieu du Samedi ; & chacun doit fuivre de bonne foi la coutume de fon pays. Il y a encore quelques jours d'abftinence fans jeûne; fçavoir, lês trois jours des Rogations, nommés autrement les grandes Litanies, à caufe des proceffions qui s'y font ; & les petites Litanies, le jour de faint Marc. Elles ont principalement pour but, la confervation des fruits de la terre. Or, quoique dans les autres jours il y ait liberté de manger toutes fortes de viandes, & toutes les fois qu'il eft befoin, les Chrétiens doivent tou3. 5. 6. jours être fobres, & prendre garde que leurs cœurs Luc. xxi. ne foient appefantis par les viandes & par le vin, comme dir notre Seigneur. C'eft pourquoi c'est un grand abus de diftinguer le temps du Carna val par la liberté que l'on s'y donne de boire & de manger avec excès, de jouer & danser plus qu'en tout autre temps de l'année. Cette coufume est toute contraire à l'intention de l'Eglife,

Tit, 11. 2,

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qui commence dès la Septuagéfime à nous exciter à la pénitence, pour nous préparer au Carême. Elle défend de faire des noces pendant l'Avent & le Carême, & les fêtes qui les fuivent, c'eft-àdire, jufques au lendemain de l'Epiphanie & de l'Octave de Pâque, parce que, fuivant fon intention, l'ufage du mariage eft interdit pendant ces Joel.11.25 temps, & généralement pendant tous les jours 1.Cor.vi. folemnels, de priere ou de pénitence. Quelques- 5. uns font un feptieme commandement de l'Eglife de cette défenfe des noces, & y ajoutent celui d'éviter les excommuniés; ce qui ne s'entend que de ceux qui font dénoncés nommément.

LEÇON X X X V I.

XXI. 19. 5.

6. &c.

Des confeils & de la perfection chrétienne. L'EGLISE ne nous a obligés qu'à ce peu de pratiques extérieures ; non qu'elle ait voulu borner la tout l'exercice de la religion, mais pour laiffer plus de liberté à la piété des vrais Chré- V, Caff, tiens. Car nous fommes fous la loi d'amour, où cod. la. nous devons fervir Dieu de bonne volonté & avec joie, & non pas avec crainte & comme par une néceflité fâcheufe. Auffi ce peu de loix ecclé- 2.Cor.7. fiaftiques n'ont été faites que dans les derniers temps, depuis que la charité de plufieurs eft refroidie. Elles ne font pas immuables comme les loix divines; l'Eglife qui les a faites, peut les changer ou en difpenfer quelques particuliers, felon les temps, & pour des raifons très-impor tantes. Voilà donc ce que tout Chrétien eft obligé d'obferver, les commandemens de Dieu & ceux de l'Eglife, qui y font compris. Si vous Matt. xu. voulez entrer dans la vie, dit Jefus Chrift, gar- 17. dez les commandemens. Mais il ajoute : Si vous voulez être parfaits, allez, vendez tous vos biens Ibid. 12.

Ibid. 21.

2.Cor.VII

25.27.

& fuivez-moi, & vous aurez un tréfor dans le ciel. Il dit encore: Il y a des Eunuques qui fe' 'font rendus tels eux-mêmes pour le royaume des Cieux; qui en eft capable le faffe: mais il n'y a que ceux à qui il est donné, qui en font capables. Et faint Paul dit: Si vous n'êtes point marié, ne cherchez point de femme; ajoutant que c'eft un confeil qu'il donne, & non pas un précepte du Seigneur. Il y a donc différence entre les préceptes & les confeils. Les préceptes ou commandemens font propofés à tous, comme leur obligation: les confeils font propofés feulement comme les moyens d'arriver à la perfecMatt. v. tion. Or, Jesus-Chrift nous exhorte rous à tendre 48.

à la perfection, à l'imitation de notre Pere célefte, qui eft parfait. En effet, comme notre volonté eft foible, nous faifons toujours moins bien que nous ne voulons; & fi nous ne nous propolons que ce qui eft précisément d'obligation, nous demeurons toujours en - deçà, c'est-à dire, dans le péché. Il ne faut donc pas nous contenter de ce que Dieu exige de nous mais lui donner généreufement tout ce que nous pourrons, puifque nous ne lui devons pas moins que de l'aimer de tout notre cœur & de toutes nos forces. Il faut avoir une haute eftime des confeils de J. C. puifqu'il eft la fagesse même, &

qu'il fçait bien mieux que nous ce qui nous eft bon. Bcc.11.19. Il ne faut pas chicaner avec Dieu, ni trop s'atta Ech.v.10. cher à diftinguer les préceptes des confeils, Phil.1.10. mais s'efforcer, autant qu'il eft poffible, de con

Ro XII. 2.

noître & de pratiquer ce qui lui eft agréable. JeMatt. v. fus-Christ a renfermé l'idée de toute la perfection dans ces huit béatitudes. Heureux les pauvres d'efprit, parce que le royaume des Cieux eft à eux. Heureux ceux qui font doux, parce qu'ils pofféderont la terre. Heureux ceux qui pleurent,

parce qu'ils feront confolés. Heureux ceux qui ont faim & foif de juftice, parce qu'ils feront raflafiés. Heureux les miféricordieux, parce qu'on leur fera miféricorde. Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. Heureux ceux qui procurent la paix, parce qu'ils feront nommés enfans de Dieu. Heureux ceux qui fouffrent per fécution pour la justice, parce que le royaume des Cieux eft à eux.

N.

LEÇON XXXVII.

De la Grace.

Eccl. xv.

14.

19.

ous ne pouvons accomplir les commandemens de Dieu, ni fuivre ses conseils, que par fa grace. De nous-mêmes, nous ne pouvons pas 1.Cor.111 former une bonne pensée, ni dire le Seigneur 5. Jefus, que par le Saint-Elprit. Ce n'eft pas que 1. Cor. Dieu ne nous ait créés libres, & ne nous ait pro- xu. 3. pofé dans fa loi la vie & la mort, afin que nous choififfions la vie; mais notre volonté eft tellement affoiblie par le péché, que de nous-mê Deut.xxx mes nous choififfons toujours le mal; & nous n'avons point de liberté pour bien faire, fi nous ne sommes délivrés par la vérité qui eft JelusChrist. Nous connoiffons le bien par la lumiere fo.viis.32 de la raison que Dieu a mise en nous, & par loi, qu'il nous a donnée ; mais nous n'avons pas Rom.vu. la force de l'accomplir, parce que notre concu- 15. &c. pifcence nous entraîne continuellement vers le mal, que nous condamnons. Cette concupifcence eft l'amour de nous-mêmes fans rapport à Dieu, & l'inclination au plaifir fenfible, qui nous fait préférer le bien du corps à lui de l'ame. De-là viennent les paffions déréglées, J'amour fenfuel, la haine, la colere, la peur, la triltefle, la joie. Ces paffions nous font commer

fa

tre toutes fortes de péchés quand elles font plus fortes que la railon; & elles font toujours plus fortes, quand nous demeurons dans l'état de la nature corrompue, où nous naillons tous, parce qu'en cet état il eft impoffible que nous prenions plaifir à autre chose qu'à ce qui flatte nos lens & Rom. u. qui eft conforme à notre amour-propre. C'est pour cela qu'il faut mourir au vieil homme, & V. Aug. renaître de nouveau en Jesus-Christ, étant justide fpir.& fiés gratuitement par fa grace, afin de faire par amour de Dieu & avec plaifir, ce qui eft conforme à fa volonté & à la lumiere de la raifon.

4.

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A grace nous étant abfolument nécessaire Dieu ne fe contente pas de nous la donner, il yeut bien l'accompagner de fignes fenfibles proportionnés à notre foiblefle. On appelle ces fignes, Sacremens, c'eft-à-dire, chofes facrées ; ou myfteres, c'est-à-dire, chofes cachées. Et en effet, ce font des chofes matérielles & des actions extérieures qui nous fignifient l'opération intérieure, du Saint-Esprit, par laquelle il fanctifie nos ames en même temps que nous pratiquons ces faintes cérémonies. Ce n'eft pas que Dieu ne puiffe nous communiquer fa grace fans l'accompagner de ces fignes, mais nous n'en fommes pas alors fi affurés ; & ce n'eft pas auffi que ces fignes nous donnent une entiere certitude d'avoir reçu la grace puifque nous avons toujours fujet de douter fi nous y avons apporté les difpofitions néceffaires. · C'est la mifere inévitable de cette vie, de ne sçaLib.11.12. voir jamais fi nous fommes dignes d'amour ou de haine, ni fi nous perfévérons jufques à la fin, & d'être obligés de travailler à notre falut avec crainte & tremblement. Toutefois, connoiflans

Ecc. 1x.2.

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