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fell. vii.

can. I.

la bonté de Dieu, nous avons grand fujet de bien efpérer quand nous nous approchons de fes Sacremens avec foi, confiance, fincére, humilité & componction. On appelle donc Sacremens, des fignes íacrés établis de Dieu, pour fignifier & opé rer en nous la grace. L'ancienne loi, parmi tant de cérémonies, n'avoit aucuns de ces Sacremens qui donnent la grace; & c'est un avantage de la loi nouvelle. C'eft J. C. qui les a tous inftitués, Conc.Tr. afin que fon fang & fes mérites infinis, plus que fuffifans pour le falut de tous les hommes, faffent appliqués en particulier à chacun de ceux que Dieu auroit appellés. Il en a marqué quelquesuns pas les paroles & par les actions, rapportées dans l'Evangile ; fçavoir, le Baptême, l'Eucharif tie, la Pénitence & l'Ordre. Les Apôtres ont déclaré les autres, en appliquant ce qu'ils ont ap. pris de lui car il n'étoit pas en leur pouvoir d'inftituer des Sacremens ; il n'y avoit qu'un Dieu qui fû attacher à des chofes fenfibles l'opération du Saint-Efprit. Il en a inftitué pour tous les befoins de la vie fpirituelle; le Baptême, pour y entrer & naître (pirituellement, pour croître & fe fortifier; la Confirmation, pour se nourrir; l'Euchariftie, la Pénitence, pour guérir les mala dies de l'ame, & même la refufciter après qu'elle eft morte par le péché: pour nous fortifier au moment de la mort corporelle, l'Extrême-Onction. Les deux autres Sacremens regardent l'utilité de Loute l'Eglife; l'Ordre lui donne des Miniftres publics; le Mariage fert à la perpétuer dans tous les fiecles. Il y a donc fept Sacremens. Le Baptême, la Confirmation, l'Euchariftie, la Pénitence, l'Extrême-Onction, l'Ordre & le Mariage. La validité des Sacremens ne dépend point du Miniftre quelqu'indigne qu'il foit, pécheur ou hérétique; il fuffit qu'il ait reçu le pouvoir dans

l'Eglife, parce que c'est en effet J. C. qui confere
les Sacremens. Pour bien entendre la nature des
Sacremens, faut fçavoir les railons des faintes
cérémonies dont l'Eglife les accompagne.

LEON XXXIX.
Du Baptême.

E Baptême eft le plus néceffaire de tous les Jo. I. f. Sacremens. En vérité, en vérité, je vous dis, dit J. C. perfonne ne peur entrer au royaume de Dieu, s'il ne renaît de l'eau & du Saint-Esprit. Ce qui eft né de la chair eft chair, & ce qui eft Ro.v1.3. né de l'esprit est esprit. Or, fi nous vivons felon la chair, nous mourrons, puifque la chair n'eft autre chofe que l'amour-propre, la concupifcence que nous apportons au monde comme enfans d'Adam, avec le péché originel, dont elle eft une fuite. De-là vient que le Baptême elt néceffaire, même aux petits enfans, pour effacer ce péché, avec lequel ils naiffent ; aux adultes, c'eftà-dire, à ceux qui font en âge de raison, il efface de plus tous les péchés qu'ils peuvent avoir commis. Mais pour le recevoir, il faut qu'ils foient fuffifamment inftruits de la doctrine chrétienne, qu'ils la croient & la profeffent publiquement ; & de plus, qu'ils foient fincerement convertis, & qu'ils aient un grand regret de leurs péchés paffés & une ferme réfolition d'oblerver les commandemens de Dieu. Le Baptême, autant que l'on peut, doit le faire à l'Eglife par les mains des Prê tres, avec toutes les cérémonies; mais en cas de néceffité, toute perfonne peut baptiser, pourva que l'on verfe de l'eau fur le baptisé avec l'invocation de la fainte Trinité. L'eau doit être fimple & naturelle; & il faut dire : Je'te baptive au nom feff. vu. du Pere, & du Fils, & du Saint-Efprit. Le baptêde Ser.c.o me ainfi donné ne peut être réitéré, & imprime

Conc.Tr.

un caractere qui ne s'efface jamais, quelque crime que le baptifé puille commettre. Il est toujours vrai de dire qu'il a été régénéré & confacré à Dieu, comme fon enfant d'adoption. Si un adulte, defirant le baptême avec une charité parfaite, eft furpris de la mort avant que de le recevoir, il ne laiffe pas d'être fauvé; & fon falut eft encore plus affuré, s'il eft baptilé dans fun fang, fouffrant le martyre pour la foi qu'il veut profelfer. Il y a donc trois baptêmes; celui de l'eau & du Saint-Elprit, celui du Saint-Esprit feul, celui du fang: mais l'eau eft abfolument néceffaire pour les enfans, qui ne peuvent avoir les faintes difpofitions capables d'y fuppléer.

LEON X L.

Matth.

De la préparation au Baptême. POUR bien entendre toute la cérémonie du baptême, il faut confidérer celui des adultes, & fuppofer qu'il le fait à l'un des jours folemnels de la bénédiction des fonts. Il étoit très-ordinaire, dans les premiers fiecles, de baptifer des perfonnes en âge parfait, au lieu que parmi nous, on ne le pratique que rarement, c'est-à-dire, quand des Juifs, des Mahométans, ou d'autres infideles le convertiffent. Il faut inftruire avant que de baptifer, fuivant l'ordre que J.G. en a don- xxvII. 19. né. C'est pourquoi l'on commençoir par faire catéchumene celui qui vouloit être Chrétien, pour l'inftruire à loifir & pour éprouver fa vocation pendant un long temps; & c'eft à cette préparation que rapportent les exorcifmes & les autres prieres par où commence la cérémonie du baptême, jufques à la récitation du fymbole & la profeffion de foi. Depuis qu'il eft plus ordinaire de baptifer des enfans, on a joint ce qui fe faifoir auparavant à plusieurs fois ; & ce n'est aujourd'hui

fe

que la fuite d'une même cérémonie. Mais quand on baptife un adulte, on ne doit pas laiffer d'examiner avec foin s'il eft véritablement converti, & s'il n'eft point attiré au baptême par quelque motif temporel. On doit auffi l'inftruire amplement, non feulement des myfteres, mais des préceptes de morale & des regles de la vie chrétienne. Quand on juge à propos de le baptiter, on l'amene à l'Eglife, où d'abord il doit demeurer à la porte en-dehors, fous le veftibule, ou Rit.Parif. en quelqu'autre lieu commode. Le Prêtre lui demande fon nom, puis il fouffle fur lui, & conjure le diable pour le faire retirer de cette créature, dont il eft en poffeffion par le péché ; puis il tui marque le figne de la croix fur le front & fur le cœur, & fait fur lui quelques prieres, afin qu'il profite des inftructions, & qu'il commence à vaincre les paffions & à observer les commandemens de Dieu, pour le rendre digne d'arriver au faint baptême. Enfuite le Prêtre ayant béni le fel, lui en met un peu dans la bouche, pour marquer le goût qu'il doit prendre à la doctrine chrétienne, la fageffe & l'éloignement de la corMarc. iv. ruption. Auffi Jesus-Chrift a dir: Ayez en vous du fel. Et faint Paul: Que vos discours foient toujours affaifonnés de fel en la grace. Le Prêtre faic encore for lui plufieurs exorcifmes qui fe faifoient autrefois à différens jours, & emploie le figne de la croix avec des paroles terribles, pour chaffer le démon, & le contraindre à quitter la place au Dieu vivant, qui va faire fon temple de cette créature; puis prenant un peu de falive, il en touche les narines & les oreilles du catéchuJo. ix. 6. mene, pour imiter ce que J. C. fir à l'aveugle-né Marc.vi & à un fourd & muet poffédé du démon; il récite enfuite fur lui l'Oraifon dominicale & le Symbole ; ce qui fe faifoit autrefois féparément, pour faire

49.

Col.iv. 8.

33.

=apprendre par cœur l'une & l'autre au catéchumene. Après cela, le Prêtre l'introduit dans l'Eglife, & alors il le fait renoncer à Satan, à fes ceuvres & à fes pompes; puis il lui fait des onctions fur la poitrine & entre les épaules avec de l'huile bénite, nommée, pour cette raison, l'huile des catéchumenes. L'effet de ces onctions eft de donner de la force contre les tentations & les attaques du démon. Tout ce qui le fait jufques-là regarde la préparation au baptême, comme il Le voit par les ornemens violets.

LEÇON XLI.

Du Baptême folemnel.

eccléfiaf.

L'ANCIENN
CIENNE Contume de l'Eglife étoit de ne Vo. Hift.
baptifer folemnellement que deux fois l'an- liv. xxx.
née, la veille de Pâque & la veille de la Pente- n. 43.
côte ; & de-là vient que c'eft encore en ces deux
jours que fe fait la bénédiction de l'eau qui doit
fervir au baptême toute l'année. La cérémonie Miss. Ro.
de cette bénédiction commence par plufieurs Sab.Sanc.
lectures de l'ancien teftament, pour mettre en
mémoire aux catéchumenes les principaux points
des inftructions qu'ils ont reçues ; & ces lectures
font entremêlées d'Oraisons, pour leur obtenir la
grace de renaître véritablement. Ensuite, l'Evê-
que ou Prêtre, avec tout le Clergé, va en pro-
ceffion aux fonts, qui font toujours à l'entrée de
l'Eglife, & étoient autrefois dehors. Là, il bénit
l'eau par des prieres magnifiques, qui marquent
les myfteres & les miracles que Dieu a opérés
par cet élément: il fouffle deffus, & y trempe
le cierge pafchal, pour montrer par ce fouffle &
par ce feu la vertu du Saint-Esprit qui defcend en
l'eau, & la rend capable d'effacer les péchés &
de purifier les ames, comme, de la nature, elle

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