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iens Ifraelires devoit en être la fouche & la racine. Enfin, le temps vint, où Jérufalem devoit être ruinée, fuivant la prophétie de Jefus-Chrift. Les Juifs fe révolterent contre les Romains. Il y eut une guerre très-cruelle; Jérufalem fut alliégée, & la famine y fut fi horrible qu'il y eut des meres qui mangerent leurs propres enfans. Dans ce fiége feul il périt onze cents mille perfonnes. La Ville fut prife & ruinée par Titus, fils de l'Em pereur Vefpafien, & le temple fut brûlé. Dien punit ainfi cette malheureufe Ville, où avoit été répandu le fang de tant de Prophetes, & furtout celui de Jesus-Chrift, fon Roi & son Sauveur. Les Juifs, qui ne l'avoient pas voulu reconnoître pour leur libérateur, devinrent efclaves des Romains, furent chalés de leur pays; & réduits au miférable état où ils font depuis dix-fept cents ans. Les cérémonies de l'ancienne loi furent alors entierement abolies. Car il avoit été libre julques-là, même aux fideles, de les pratiquer.

Demande. Pourquoi la Ville de Jérufalem fubfifta-t-elle encore quelque temps après la publication de l'Evangile? Réponse. Afin que l'Eglife des Gentils fûr bâtie for le fondement de celle des Juifs. D. Par qui fut ruinée Jérusalem? R. Par Titus, fils de l'Empereur Vefpafien. D.Y périt-il beaucoup de monde? R. Onze cents mille ames. D. La famine fut-elle grande? R. Il y eur des femmes qui mangerent leurs enfans.. D. Pourquoi cette Ville fut-elle traitée de la forte? R. Pour avoir fait mourir Jesus-Christ, D. Que devinrent les Juifs? R. Ils furent réduits en fervitude, & difperfés par tout le monde. D. Que leur eft il arrivé depuis ? R. Ils font encore au même état. D. Depuis combien de temps? R. Depuis dix-fept cents ans,

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Tous les Apôtres fouffrirent le martyre, & tous leurs difciples, comme les premiers Papes & les premiers Evêques donnereut auffi leur vie pour le témoignage de l'Evangile. L'Eglife continua d'être perficutée pendant trois cents ans & il y eut une multitude innombrable de martyrs de tout fexe & de tout âge. Quoique les Chrét ens ne fiffent que du bien à tout le monde tout le monde les haïffoit, parce qu'ils déteftoient l'idolâtrie & les vices de toutes fortes, qui regnoient parmi les Payens. Les Empereurs & les Magiftrats prirent à tâche plufieurs fois de les exterminer. On les banniffoit, on leur ôtoit leur bien, on les mettoit en prifon, on les faifoit mourir. Mais ils ne craignoient point la mort; c'eft pourquoi on employoit contre eux les fupplices les plus cruels; des chevalets & des poulies pour les étendre, des dents de fer pour les déchirer; du feu, des grils, de l'huile bouillante, du plomb fondu. Les uns étoient exposés aux bêtes cruelles pour être dévorés, d'autres étoient écorchés, éventrés, fciés en deux. On leur coupoit les pieds & les mains, on leur arrachoit les yeux, les dents, les ongles. Ceux qui fouffroient conftamment jusqu'à la mort, étoient nommés martyrs, comme faint Laurent, faint Vincent, faint Sébastien, fainte Agnès, fainte Apolline, & une infinité d'autres. Les fideles s'affembloient à leurs tombeaux pour louer Dieu, & fe recommander à leurs prieres.

Demande, Comment moururent les Apôtres & leurs premiers difciples? Réponse. Prefque tous

fouffrirent le martyre. D. Combien durerent les perfécutions contre les Chrétiens? R. Trois cents ans. D. Quel mal faifoient-ils pour se rendre fi odieux ? R. Ils ne faifoient que du bien. D. Pourquoi donc les haïffoit-on? R. Parce qu'ils condamnoient l'idolâtrie & les vices des Payens. D. Que leur faifoit-on ? R. On confifquoit leur bien: on les faifoit mourir. D. Se contentoit-on de les faire moùrir? R. Non, parce qu'ils méprifoient la mort. D. Dites quelques-uns de leurs fupplices? R. On les étendoit fur des chevalets, on les déchiroit avec des pointes de fer, on les faifoit griller, on leur arrachoit les dents. D. Quels honneurs les Chrétiens rendoient-ils aux martyrs? R. Ils s'aflembloient à leurs tombeaux pour louer Dieu & les prier,

LEÇON XXIX.

De la liberté de l'Eglife & des Moines. PLUS PLUS on faifoit mourir de Chrétiens, plus leur nombre fe multiplioit ; & toutefois ils n'entreprirent jamais de fe défendre par la force, contre les Princes qui leur faifoient tant de mal. Enfin après trois cents ans de fouffrances, Dieu donna la paix à fon Eglife, fous l'Empereur Constantin, qui embraffa la religion Chrétienne. On commença alors à fervir Dieu avec une entiere liberté; mais en même temps, la vertu du commun des Chrétiens commença à fe relâcher. Plufieurs faifoient profeffion de l'être, fans être bien touchés du mépris des plaifirs & des richesses, & de l'efpérance du Ciel. Ainfi ceux qui voulurent pratiquer l'Evangile plus fidelement, trouverent plus sûr de fe féparer du monde. On les appella Moines, c'est-à-dire, feuls, ou folitaires. Les

plus parfaits furent en Egypte, où ils furent inftitués par faint Antoine. Ils vivoient fort pauvrement, jeûnant toujours au pain & à l'eau, & travaillant de leurs mains continuellement; gardant un grand filence, dormant peu; priant Dieu très-fouvent, & méditant l'Ecriture-lainte. Cette maniere de vie s'étendit par toute la Chrétienté, & lant Benoît fit une règle, qui a été la plus fuivie dans l'Occident.

Demande. Les perfécutions diminuerent-elles beaucoup le nombre des Chrétiens? Réponse. Au contraire, plus on en faifoit mourir, plus il s'en convertifloit. D. Que ne fe défendoient-ils contre les Payens. R. Dieu défend de se révolter contre fon Prince, fous quelque prétexte que ce foit. D. Qui fut le premier Empereur Chrétien? R. Conftantin. D. Quel changement arriva-t-il alors? R. On eut toute liberté de fervir Dieu. D. Quand le commun des Chrétiens a-t-il commencé à fe relâcher? R. Vers ce même temps. D. Que firent ceux qui voulurent vivre plus chétiennement que le commun? R. Ils fe retirerent en folitude. D. Comment les nommat-on ? R. Moines, c'est-à-dire folitaires. D. Comment vivoient-ils ? R. Ils jeûnoient tous les jours, travailloient de leurs mains, & privient Lans ceffe.

Fin de la premiere Partie.

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SECONDE PARTIE. Contenant en abrégé la doctrine Chrétienne.

LEGO N PREMIERE.

De la foi, de l'efpérance & de la charité. LA doctrine Ghrétienne fe rapporte à quatre parties le Symbole des Apôtres, l'Oraifon Dominicale, les Commandemens de Dieu, & les Sacremens. Le Symbole comprend ce que nous devons croire par la foi; l'Oraifon, ce que nous devons demander avec espérance; les Commandemens de Dieu nous montrent ce que nous devons faire par la charité, c'eft-à-dire, par l'amour de Dieu & par fa grace, que nous recevons par les Sacremens. Ainfi toute la religion fe rapporte à ces trois vertus: la foi, l'espérance, & la charité. Nous ne pouvons les avoir de nous-mêmes; il faut que Dieu nous les donne par La bonté. Par

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