De la liberté

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Pennti Éditions, 2012 M02 3 - 331 pages
C'est presqu'une banalité de dire que l'opinion publique gouverne à présent le monde. Le seul pouvoir qui mérite ce nom est celui des masses, ou celui des gouvernements, qui se font les organes des tendances et des instincts des masses. Ceci est aussi vrai pour les relations morales et sociales de la vie privée, que pour les transactions publiques. Ce qu'on appelle l'opinion publique n'est pas toujours l'opinion de la même sorte de public : en Amérique, le public c'est toute la population blanche ; en Angleterre, c'est simplement la classe moyenne. Mais c'est toujours une masse, c'est-à-dire une médiocrité collective. Et ce qui est encore une plus grande nouveauté, à présent la masse ne prend pas ses opinions des dignitaires de l'Église ou de l'État, ni de quelque chef ostensible, ni d'aucun livre. Son opinion est faite par des hommes à peu près à sa hauteur, qui, au moyen des journaux, s'adressent à elle ou parlent en son nom sur la question du moment. Je ne me plains pas de tout ceci. Je n'affirme pas que rien de mieux soit compatible, comme règle générale, avec l'humble état de l'esprit humain actuellement. Mais cela n'empêche pas le gouvernement de la médiocrité d'être un gouvernement médiocre.

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