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ce qui est : les mets étaient en abondance sur la table. C'est là la différence essentielle. Il pleure abondamment, et il verse des pleurs en abondance, la manifestent encore, bien que sous une nuance plus subtile à saisir, LAFAYE.

HIST. xv s. Donc entrerent ils abondantment dedans la ville sans contredit, et se logerent toutes gens les uns çà et les autres là, FROISS. II, III, 38. ETYM. Abondant, ancien féminin, et le suffixe ment (voy. MENT).

D'ORL. 1. Prince, s'on doit avoir vaillance Pour men- | abonde La guerre en cruautés, en ruines féconde? tir à grant habondance, Et pour faulzeté maintenir, SAURIN, Spart. III, 4. Si les hommes abondent de Vous verrez icellui venir A grant honneur, n'en biens, LABRUY. 16. || 3° Présenter un grand volume, doubtez mie, ID. Ball. 119. || XVIe s. De l'abondance tenir de la place. Cette source abonde. Cent hommes du cœur la bouche parle, expression tirée des pro- de cette espèce [des bavards qu'on rencontre partout] pres mots de la Sainte Escriture, H. EST. Précell. abondent plus que deux mille citoyens, MONTESQ. Lettr. 185. Amour respond: De traictz grosse habondance pers. LXXXVII. || 4° Abonder, se livrer sans mesure. Je Luy ay tiré.... J. MAROT, V, 264. Tu sçais que de suis loin d'abonder dans mon sens, SEV.614. Un chacun l'abondance du cœur la langue parle, PALISSY, 352. en son sens, selon son choix abonde, RÉGNIER, Sat. XIV. Au lieu de se modérer en parvenant au souverain pouvoir, Jacques II abonda dans les mesures propres à le perdre, CHATEAUB. Stuarts, 309. || 5o En jurisprudence, ce qui abonde ne vicie pas ou ne nuit pas, c'est-à-dire ce qui est de trop, formalité non prescrite, raison surabondante, etc., n'empêche pas la validité d'un acte, d'une procédure, etc.

- HIST. XII s. Molt estoit petite li lumiere de Deu, et li felonie estoit si habondoie [abondée], ke li charitez estoit assi cum tote refroidieie, S. BERN. p. 527. En terre habondevet [abondait] ceste espece [ la pauvreté], ID. ib. p. 533. || xes. Dit li ors [ours]: Par le cors saint Gil, Cel miel, Renart, dont d'où vous abonde? Ren. 10248. Sis manieres de fous dont la folie abonde, Les six manières de fols. || xvio s. Dites qu'en nous tout bien abonde; Dames sont les tresors du monde, J.MAROT, V, 304. Il ne leur chaut d'avoir abondance; mais toute leur sollicitude est de ne rien reserver de ce qui leur abonde, LANOUE, 535. Chacun abunde en son sens, mesmement en choses foraines, externes et indifferentes, RAB. Pant. III, 7. Ce lieu abonde en sorciers, ID. Pant. 11, 16.

- ETYM. Provenç, abondar, abundar, habundar, aundar, aondar; espagn. abundar; ital. abbondare; de abundare, de ab, marquant écoulement, et unda, onde. Abundare exprime donc étymologiquement l'affluence de l'eau et, par extension, l'affluence de toutes choses.

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ETYM. Bourguig. aibondance; provenç. abonABONDANCE (a-bon-dan-s'), s. f. 1° Grande dantia, habundancia, abondansa, aondansa; esquantité. L'abondance du produit, en parlant de la pagn. abundancia; ital. abondanzia, abbundanzia, vigne. Vivre dans l'abondance de toutes choses. abbondanza; d'abundantia, d'abundans (voy. ABON- | L'abondance des hommes, de l'argent dans ce pays. DANT). A Genève, abondances, betteraves. L'abondance des mauvaises herbes étouffe la moisABONDANT, ANTE (a-bon-dan, dan-t'), adj. son. L'abondance des humeurs dans le corps. Ses || 1° Qui est en abondance. Moissons abondantes. aumônes.... et, s'étendant par leur abondance, même Prendre une nourriture abondante. La récolte avait sur les ennemis de la foi, elles adoucissaient leur été peu abondante à cause de la sécheresse. Verser des aigreur, BOSS. R. d'Anglet. Par leur frugalité et leur larmes abondantes. Le minerai de fer est abondant travail, ils se sont mis dans l'abondance des choses en ce pays. D'abondantes aumônes. Et parce que nécessaires à une vie simple, FEN. Tél. VI. On arriva l'iniquité jamais ne fut plus abondante qu'elle l'est, en un pays beaucoup meilleur, où, trouvant abon- ni plus dominante,... BOURD Pens. t. 1, p. 233. || 2° Qui dance de toute chose, VAUGELAS, Q. Curce, 498. Ya en abondance. Pays abondant en toute chose. Maiportez-vous [à la confession] cette vivacité de com- son abondante en richesses. Province abondante en ponction, cette abondance de douleurs, ce désir sin- blé. fles abondantes en pâturages. Et de quelque cère de réparer le passé? MASS. Car. Communion. C'est façon que l'on me considère, Abondante en richesse aux âmes les plus vigilantes, les plus attentives sur ou puissante en crédit, Je demeure toujours la fille elles-mêmes que vous vous [Dieu] communiquez avec d'un proscrit, CORN. Cinna, 1, 2. || 3° Absolument. plus d'abondance, BOURD. Pens. t. 1, p. 16. || 2° Absolu- Source abondante. Eux [les pauvres] dont les jours les ment. Abondance de choses bonnes, utiles, néces-plus abondants seraient pour vous des jours d'austésaires. L'abondance règne dans le camp. Faire ré- rités, MASS. Jeûne. Rédemption dans son mérite la gner l'abondance dans la ville. Vivre, nager dans plus abondante; elle a deux effets : l'un... BOURD. l'abondance. Avoir tout en abondance. On lui four- Pens. t. I, p. 190. || 4° Au fig. en parlant du discours nit tout en abondance, des vivres et toutes sortes ou de l'orateur. Style abondant. Orateur abondant. de provisions. Le sang coulant en trop grande abon- Eloquence abondante. Langue plus abondante. Chez dance. Ce peuple est dans l'abondance, FEN. Tél. II. Bossuet la pensée est abondante. Traiter sèchement un Si vous mettez les peuples dans l'abondance, ID. ib. sujet abondant. Jamais orateur ne fut plus nourri, XIII. Ils jouissent de l'abondance, ID. ib. v. Malheur plus abondant. Le sujet le plus simple était pour lui ABONNÉ, ÉE (a-bo-né, née). || 1o Part. passé. à ceux qui sont dans l'abondance! MASS. Immut. De là la plus abondante matière et une source intaris- Abonné à un journal. Abonné avec un chemin de jusqu'au milieu de l'abondance les plus sordides épar- sable, BOURD. Pens. t. II, p. 45. Les difficultés où fer. Abonné avec la compagnie du gaz. Les débitants gnes, BOURD. Pens. t., p. 147. Si la sûreté, l'ordre les commentateurs et les scholiastes eux-mêmes de- abonnés payent à la régie une somme de.... || 2° S. m. et la propreté ne rendaient pas le séjour des villes si meurent court, si fertiles d'ailleurs, si abondants et Celui qui a un abonnement à ou avec. Ce journal a délicieux, et n'y avaient pas amené, avec l'abon- si chargés d'une vaine et fastueuse érudition dans les beaucoup d'abonnés. Les abonnés de ce théâtre. L'endance, la douceur et la société, LA BRUY. 10. Heu- endroits clairs, LA BRUY. 14. || 5o D'ABONDANT, loc. fer a trouvé cette invention de distribuer, chaque reux, dit-on, le peuple florissant Sur qui ces biens adv. De plus, outre cela. Je vous ai dit ces raisons, matin, à 20 ou 30 mille abonnés une feuille où se coulent en abondance, RAC. Esth. п, 9. Pour elles, j'ajouterai d'abondant. Et d'abondant la vache...,lit tout ce que le monde dit et pense, P. L. COUP. à sa porte élevant ce palais, 11 leur y fit trouver l'a- LAFONT. Jum. Cette locution a vieilli, mais elle n'est 1, bondance et la paix, 1D. ib. Prol. Objets charmants pas inusitée. y sont en abondance, LA FONT. Rém. Au sein de l'abondance, VOLT. Brut. I, 1. Vos pleurs compatissants coulent en abondance, M. J. CHEN. Fén. II, 3. || 3o Abondance de cœur, épanchement. Il faudrait que la bouche parlât selon l'abondance du cœur, FEN. t. xx1, p. 103. Je suis sûr que cela a été écrit d'abondance de cœur, VOLT. Roi de Pr. 2. Abondance de cœur et abondance du cœur se disent également et ont le même sens. Seulement, quand abondance est sans article, il faut de cœur et non du cœur. | 4° Parler d'abondance, parler sans avoir préparé son discours, ou sans réciter de mémoire. Ce député parle toujours d'abondance, soit qu'il improvise, soit qu'il ait préparé son discours. || 5° Au fig. en parlant du discours, du style. Démosthène a beaucoup d'abondance. Abondance de pensées. Une vaine abondance de mots. Parler avec abondance. Il a traité ce sujet avec une grande abondance. L'abondance des pensées produit l'abondance des expressions. Ce n'est point par une abondance de paroles que l'on s'énonce; souvent la bouche ne dit rien, et l'âme sent, BOURD. Pens. t. 1, p. 308. Partout il fait paraître beaucoup de richesse et d'abondance géomé- ETYM. Berry, abonde, abondance; bas-lat. trique, FONTEN. Viviani. Justement confus de mon abundia, la fée Abonde (voy. ABONDER). peu d'abondance, Je me fais un chagrin du bonheur ABONDER (a-bon-dé), v. n. Se conjugue avec de la France, BOIL. Ép. VI. Souvent trop d'abondance le verbe avoir. || 1° Affluer, venir en grande quanappauvrit la matière, ID. Art. poét. III. Fuyez de ces tité. Les eaux abondent en ce canal. Tout abonde aateurs l'abondance stérile, Et ne vous chargez pas pour toi. Les grands écrivains abondèrent en Grèce. d'un détail inutile, ID. ib. 1. || 6° Corne d'abondance, Londres où l'argent abonde. Les vivres abondaient corne remplie de fleurs et de fruits et qui est le sym- dans le camp. Le poisson abonde en cette rivière. Les bole de l'abondance, la même que la corne de la trois enfants.... Admiraient.... De sa bouche [d'Hochèvre Amalthée qui avait nourri Jupiter. || 7° Abon-mère] abonder les paroles divines, A. CHEN. 32. Il se dance, mélange d'un peu de vin et de beaucoup plait de faire abonder la profusion de ses grâces pard'eau qu'on donne aux enfants dans les colléges, dessus l'excès de notre malice, BOSS. Nativ. 1. Les ainsi nommée parce qu'elle peut se boire en grande miracles y abondaient avec les vertus, ID. Hist. I, quantité, ou parce que l'eau y abonde. 44. Mais quoi! c'est un chef-d'œuvre où tout mérite -HIST. XIII s. Home [tu] fesis à ta sanlance [res- abonde, MALH. VI, 25. Depuis que la richesse entre semblance], Après lui donas habondance Del fruit ses murs abonde, CORN. Cinna, II, 1. Répandre abonque avoies planté, Fl. et Bl. 921. Je ne sai pas damment sa grâce [de J. C. ] où le péché avait abondé, où je coumance; Tant ai de matiere abondance Por voilà notre ministère. MASS. Car. Confess. || 2° Avoir parlier de ma povreté, RUTEB. 4. [La fortune] est si per- en quantité. La vigne abonde en raisin. Abonder de verse Que les bons en la boue verse, Et les mauvais tout. Cette famille a abondé en hommes éminents. Je en haut eslieve, Et leur donne à grans abondances le vois bien, madame; et vous et ce cher frère Dignités, honors et poissances, la Rose, 6193. || xv | Abondez en raisons pour cacher le mystère, CORN. Su5. Là trouverons de tous biens habondarce, C. réna, 11, 3. Eh! qui peut prévenir tous les maux dont

ABONNEMENT (a-bo-ne-man), s. m. Convention à - HIST. XIIo s. Restroiz [restreint] est, chier sires, un prix déterminé, au-dessous du prix ordinaire, tes sainz par jugement; deslace ta cinture, et si pour l'acquit d'une taxe, d'un impôt, d'un service, vien habondanz de pitiet, S. BERN. p. 536. || xe s. Et pour le droit d'assister à des spectacles, de recevoir un il si firent; et d'abondant lui envoierent tous les journal, de voyager sur un chemin de fer, etc. Faire os le [du] Comte Gautier de Brienne pour mettre en un abonnement. Payer par abonnement. Les débiterre benoite, JOINV. 261. || XIVe s. Pour ceste science tants font des abonnements avec la régie. Un abonplus clerement entendre, je veul [veux ] de habonnement avec un chemin de fer est économique quand dant exposer aucuns mos selon l'a b c, ORESME, on va et vient fort souvent. Eth. 334. Et comme il soit ainsi que latin est à present plus parfait et plus habondant langaige que francois, ID. Prol. Et avient aucune foiz qu'une personne est abondant en grans biens pour lonc temps, ID. ib. 22. || XVI s. Je ferai de beaux acquestz ung de ces matins, n'en doute, et d'abondant seray grant retireur de rentes, RAB. Pant. 111, 9. ÉTYM. Provenç. habundant; de abundans, d'abundare, abonder.

+ ABONDE (a-bon-d'), s. f. Dame Abonde, la fée Abonde, la principale des fées bienfaisantes.

HIST. Xve s. Et si pensay en tout par moy Qu'il n'est richesse tant habonde [abondante] Qui vaille rien enmy ce monde, Livre du bon Jeh, 8.

HIST. xve s. Et avoient ceux de Lourdes leurs abonnemens [propriétés] en plusieurs lieux, Froiss. II, II, 50. Abonnement est pour abornement, et peut signifier abonnement et bien-fonds.

ETYM. Abonner.

ABONNER (a-bo-né), v. a. || 1° Faire au nom de quelqu'un un abonnement. Je vous ai abonné au journal. Abonner une province pour l'impôt. La régie abonne les débitants quand ils le demandent. Abonner les voitures qui font le service de telle route. || 2° S'abonner, v. réfl. prendre un abonnement. Je me suis abonné au journal. Les marchands de vin se sont abonnés avec la régie. On s'abonnait jadis avec les curés pour la dime, Acad. || 3° En termes de jurisprudence, abonner, c'est réduire à une certaine somme, un droit, un prix certain, qui est à payer.

-HIST. XIV S. Car ligence proprement gist Entre son prince et son vassal, Qui adonc doit estre feal, Quand un prince a un fief donné à son vassal et abonné, Le livre du bon Jeh. 3921. Et les arrentez ou abosnez doivent chascun an deux moitons froment, DU CANGE, arrentare. Comme le suppliant eust voulu faire marché et soi amoidier ou abourner du vin qu'il vendroit à detail, D. amodium. || xv s. Et furent à donc departis, divisés et abonnés les deux royaumes de Portingal et de Castille, FROISS. II, III, 34.

-ÉTYM. Bas-lat. abonare, abonnare, mettre des bornes dans les terres des vassaux, et aussi racheter les droits féodaux, faire une convention qui limite une certaine prestation. Abonner veut donc dire, étymologiquement, mettre des bornes et, par extension, limiter par une convention une certaine redevance. C'est le même qu'aborner (voy. ce mot). DIEZ pense que c'est non pas borne, mais bon qui est dans le mot, exprimant une bonification de prix pour celui qui s'abonne. Mais les formes de l'ancien français,

ABONNIR (a-bo-nir). ||1° V. a. Rendre bon. Les caves fratches abonnissent le vin. || 2° V. n. Devenir bon. Le vin abonnit dans la cave. Cet homme n'abonnit pas en vieillissant. || 3° S'abonnir, v. réfl. Devenir bon. Le vin s'abonnit dans la cave. || 4 Poterie. Faire sécher la terre à demi, la mettre en état d'être rebattue.

La defiance de mes forces m'a, de premiere abordée, gelé de crainte l'encre dans ma plume, YVER, 621. A faulte d'avoir vivement de premiere abordée couru sus aux ennemis, AMYOT, Nic. 39.

ABORDER (a-bor-dé). || 1° V. n. Venir à bord. Le navire aborde à Toulon. Ils n'avaient pu aborder dans l'ile. Il aborda en Afrique sur un misérable esquif. Enfin l'esquif aborde, on l'invite à descendre, CORN. M. de Pomp. 11, 2. Déjà il se préparait, selon l'ordre qu'il en avait reçu, à aller aborder secrètement dans une petite fle qui est auprès de la grande, Fén. Tél. Ix. || 2° Arriver en général, affluer. On aborde sans peine dans cette église. Le peuple abordait de toutes parts sur la place publique. Cet enfant abordait à peine dans la maison, qu'il fut saisi d'une attaque d'épilepsie. ....Verras-tu d'un esprit bien tranquille Chez ta femme aborder et la cour et la ville? BOIL. Sat. x. Elle y voit aborder le marquis, la comtesse, Le bourgeois, le manant, le clergé, la noblesse, ID. Sat. 1. Les marchands y abordent [à Tyr] de toutes les parties du monde, et ses habitants sont euxmêmes les plus fameux marchands qu'il y ait dans l'univers, FÉN. Tél. 111. || 3° Aborder de, s'approcher de. Cet emploi est maintenant hors d'usage; mais on le trouve dans de bons auteurs du xviie siècle. La ville était battue des flots de tous côtés.... et le mur qui était avancé dans la mer et escarpé empêchait qu'on ne pût en aborder, VAUGEL. Q. C. 209. Dieu ne vous permettra pas d'en aborder, BOSS. Rech. 2. Ils ne peuvent aborder du trône de Dieu, ID. Asc. 2.

avosner, abourner, ne permettent pas cette explica- | pées, ID. Louis XIV, 34. Celui qui se contente de tion et ne sont conciliables qu'avec borne. recevoir J. C. et qui ne le conserve pas et le chasse ABONNI, IE (a-bo-ni, nie), part. passé. Vin d'abord de son cœur, ne l'a pas reçu spirituelleabonni dans une cave. Enfant abonni par une sage ment, MASS. Car. Comm. Le secret de vos cœurs éducation. fut d'abord entendu, DUCIS, Oth. 1, 5. La première guerre punique apprit aux Romains à combattre sur la mer; ils furent maîtres d'abord dans un art qu'ils ne connaissaient pas, Boss. Hist. 1, 8. Il attaque Carthage la Neuve, comme s'il eût agi par inspiration, et ses soldats l'emportèrent d'abord, ID. ib. Dieu n'a qu'à vouloir, et les choses sont d'abord faites, FÉN. t. XVIII, p. 288. Je ne promets pas aux autres de les satisfaire de prime abord, DESC. Préf. Je l'étranglerai tout d'abord, LA FONT. Fab. 1, 6. Ces répétitions ne sont que superflues; Dès l'abord mon esprit a compris tout le fait, MOL. l'Étour. Iv, 1. Consumant dès l'abord toute leur patience, CORN. Poly. II, 2. Mais porter dès l'abord les choses à l'extrême, ID. Sert. IV, 2. Dès l'abord il sut vaincre, ID. Sert. v, 1. C'est peu de tant d'attraits dont l'heureux assemblage Sans doute a dès l'abord emporté votre hommage, C. DELAV. Paria, III, 4. Bien qu'elle paraisse extraordinaire au premier abord, BOSS. Nat. III, 1. || 8° DANS L'ABORD, loc. adv. Au commencement. Dans l'abord il se met au large, LA FONT. Fab. II, 9. J'en ai, je crois, dit un mot dans l'abord, ID. Berc. Dans cet abord Joconde Voulut les envoyer dormir en l'autre monde, ID. Joc. Dans l'abord agissons doucement, MOL. D. Garc. 11, 1. Elle m'a dans l'abord servi de bonne sorte, ID. Éc. des f. II, 4. || 9° D'ABORD APRÈS, loc. adv. Aussitôt après. 4° V. a. Arriver à. Aborder un rivage. Côte qu'on Pour vous voir retomber d'abord après avec plus de ne peut aborder. Ils abordèrent la ville par la route honte et de faiblesse, MASS. Car. Pass. C'est une du nord. Ses cheveux se dressent sur sa tête quand il ignominie pour la religion que, d'abord après avoir aborde le noir séjour de l'impitoyable Pluton, FÉN. Tél. offert au Seigneur des prières pures, vous alliez lan-xvIII. Ils [ les compagnons d'Ulysse ] abordèrent un cer.... ID. Car. Médisance. || 10o D'ABORD QUE, loc. conj. rivage Où la fille du Dieu du jour, Circé, tenait alors Dès que. Je n'en ai point douté, d'abord que je l'ai sa cour, LA FONT. Fab. XII, 1. Je chante les combats et vue, MOL. Éc. des f. v, 9. D'abord que je serai à Paris, cet homme pieux Qui, des bords phrygiens conduit BOSS. Lettres Quiét. LXVI. || Marine. Mettre une chose en dans l'Ausonie, Le premier aborda les champs de Laabord, la placer le plus près possible de la face in- vinie, BOIL. Art poét. 1. || 5° Joindre quelqu'un. Abortérieure de la muraille d'un bâtiment. dez-le et exposez-lui votre affaire. Il n'y avait personne -HIST. XVI S. Il vint à la cour en poste, et, deux qui ne pût aborder le prince. Il se laissait facilement heures après son abord, Pellicar.... D'AUB. Hist. II, aborder. Mon ami m'aborda dans la rue. Il m'aborda 183. avec amitié, FÉN. Tél. II. Ce tigre que jamais je n'a bordai sans crainte, RAC. Phèd. iv, 6. Moi-même, de quel œil dois-je ici l'aborder? RAC. Mith. II, 3. Je verrai le témoin de ma flamme adultère, Observer de quel front j'ose aborder son père, ID. Phèd. III, 3. Si vous l'abordez, demeurez avec elle le moins de temps qu'il vous sera possible, мOL. Pr. d'Él. ш, 2. Deux inconnus armés m'ont abordé soudain, VOLT. Mér. 11, 2. || 6° Fig. En venir à un sujet. Aborder une cause. La discussion fut abordée avec beaucoup de fermeté. J'aborde la suite de mon sujet. || 7° En termes de guerre, aborder l'ennemi, marcher à l'ennemi pour l'attaquer. Le régiment aborda avec beaucoup d'ardeur la troupe qui occupait la hauteur. On aborda le village qui était barricadé. || 8° Terme de marine. Aborder un vaisseau, l'accrocher pour que l'assaillant passe dessus et cherche à le prendre de vive force; et aussi le heurter par accident. La frégate manoeuvra pour aborder le vaisseau ennemi. Dans la nuit le bateau à vapeur aborda une barque de pêcheur qui coula aussitôt. Leurs voiles étaient meilleures que les nôtres; le vent les favorisait; ils nous abordent, nous prennent, et nous emmènent prisonniers en Egypte, FÉN. Tél. 11. || 9° En termes de chasse, aborder la remise, s'approcher de l'endroit où la perdrix s'est réfugiée. || 10° S'aborder, v. réfl. s'approcher pour se parler. Nous nous sommes abordés dans la rue. Tout le monde s'abordait, s'interrogeait dans les églises, sans se connaître, VOLT. L. XIV, I. || 11° Se heurter. Les vaisseaux s'abordèrent, et recurent l'un et l'autre de graves avaries. || 12° A L'ABORDER, loc.adv. A l'aborder, il est froid; mais cela ne dure pas. Aborder est pris ici substantivement. | 13° Marine. Aborder de franc étable, se dit de deux navires qui se choquent par les étraves.

-HIST. XII s..... à ce soufrir Ne se vourrent [voulurent] plus aboenir, Rom. de S. Graal, 2377. ETYM. Provenç. abonesir; ital. abbonire; de à et bon. ABORD (a-bor; le d ne se prononce jamais en liaison; un abord agréable, dites, a-bor-a-gréable; au pluriel, la liaison de l's est douteuse. La prononciation moderne et affectée tend à la faire sentir: des abords agréables, abor-zagréables. Mais la prononciation ancienne et meilleure ne fait pas sentir l's des abords agréables, a-bor-agréables), s. m. || 1° Venue à bord. A notre abord dans l'ile nous fùmes attaqués, Acad. Ce port est de facile abord. L'abord de cette côte est difficile. || 2o Arrivée, venue en général, accès. Lieu de facile abord. La Germanie était d'un abord peu facile pour les Romains. Du premier abord, c'est-à-dire à l'arrivée. L'abord de ce magistrat dans la ville. L'abord des gendarmes effraya tout le village. Mon abord en ces lieux, MOL. Sgan. 22. Mila ne se put défendre d'une secrète terreur à l'abord de ce lieu redoutable, CHATEAUB. Natchez, II, 190. Les jeûnes rendaient l'abord de cette solitude formidable, MASS. Bénéd. Déjà de leur abord la nouvelle est semée, RAC. Iph. 1, 4. Vous ne m'attendiez pas, madame, et je vois bien Que mon abord ici trouble votre entretien, ID. Andr. IV, 5. Mon abord en ces lieux Me fit voir Polyeucte, et je plus à ses yeux, CORN. Poly. I, 3. De l'abord de Pompée elle espère autre issue, ID. Mort de P. 1, 2. Elle m'envoie Savoir à cet abord ce qu'on a vu de joie, ID. ib. 3. De ces vieux ennemis va soutenir l'abord, ID. ib. Ces rapides coursiers, qui sous eux font la guerre, Pouvaient à leur abord épouvanter la terre, VOLT. Alz. 11, 4. Là comme dans un fort son audace enfermée Aux plus hardis guerriers en défendait l'abord, RAC. Alex. v, 3. || 3° Approche de deux personnes et accueil qu'on se fait réciproquement. En ce sens abord n'a pas de pluriel. Abord facile. Homme d'un difficile abord. Empêcher l'abord de quelqu'un. Son abord inspire le respect. Mais enfin cet abord ne permet plus de douter, MOL. D. J. 1, 3. Après l'abord et l'ayant salué, LA FONT. Or. Notre abord fut si tendre pour vous, SÉV. 380. Notre abord le rend tout interdit, CORN. Sert. IV, 3. Et du méchant l'abord contagieux N'altère point son innocence, RAG. Ath. 11, 9. || 4° S. m. plur. Ce qui entoure un monument, une localité, une place de guerre. Aux abords de l'église. Les abords de la forteresse furent défendus. Les abords de cette maison de campagne sont charmants. Les abords du Parthénon étaient merveilleusement disposés. || 5o Affluence de personnes ou de choses. L'abord des marchands était jadis considérable dans les foires. Les autres n'étaient que des hôteliers que le grand abord des étrangers enrichissait, FONTEN. Orac. I, 14. || 6° À L'ABORD, loc. adv. Au premier abord, à la première rencontre. A l'abord, ces hommes furent froids l'un envers l'autre ;puis la conversation s'anima. Aux traits dont à l'abord vous savez les frapper, MOL. l'Étourdi, v, 13. Une lionne Rugissante à l'abord et qui..., REGNIER, Sat. III. || 7o D'ABORD, TOUT D'ABORD, AU PREMIER ABORD, DE PRIME ABORD, DÈS L'ABORD, loc. adv. En premier lieu, au premier instant, avant tout. D'abord ils pensent que.... Faire d'abord une chose. Partons d'abord. Entrer tout d'abord dans le Pirée. De prime abord il le traita fort mal. Nous autres grands médecins, nous connaissons d'abord les choses, MOL. Méd. malgré lui, II, 6. Au nom de l'Empereur, je viens vous informer D'un ordre qui d'abord a pu vous alarmer, RAC. Brit. 1, 2. O ciel! que tes rigueurs seraient peu redoutables, Si la foudre d'abord accablait les coupables, ID. Ath. III, 2. Ce n'est plus cette reine éclairée, intrépide, Qui d'abord accablait ses ennemis surpris, RAC. Ath. 11, 2. Qui l'eût dit, qu'un rivage à mes yeux si funeste Présenterait d'abord Pilade aux yeux d'Oreste? ID. Andr. 1, 1. On le souffre d'abord, mais la suite importune, CORN. Nic. 1, 2. D'abord modeste et simple, il voulut nous servir, VOLT. Tanc. 1, 1. Ils se flattaient que rien ne leur résisterait ni dans le nouveau monde ni sur nos mers; leurs espérances furent d'abord trom

-ÉTYM. À et bord; bourguig. aibor. ABORDABLE (a-bor-dabl'), adj. ||1° Qu'on peut aborder. Cette côte n'est pas abordable. || 2° Au fig. de facile abord. Cet homme est très-abordable. Cet adjectif suit toujours son substantif.

ETYM. Aborder.

ABORDAGE (a-bor-daj'), s. m. || 1o Action d'aborder un vaisseau; se dit des combats de mer. L'équipage se prépare à l'abordage. Vaisseau pris à l'abordage. J'enlevai le commandant à l'abordage, qu'il ne me refusa pas, JEAN-BART, dans JAL, Gl. nautique. Harold, le sabre en main, s'élance à l'abordage, LAMART. Harold, 18. L'abordage! l'abordage! On se suspend au cordage, On s'élance des haubans, v. HUGO, Orient. 5. || 2° Rencontre fortuite et choc de deux vaisseaux. Les vaisseaux portent la nuit des feux pour éviter les abordages, Acad.

HIST. XVI S. Il conclud à l'abordage sous la
faveur de Gozi à gagner la cité, D'AUB. Hist. 1, 244.
Les Rochellois dès l'abordage [des navires), se jet-
tent sur le pont de corde, ID. ib. II, 179. Après que
ceux de Ré leur eurent deffendu l'abordage [de
l'ile].... ID. ib. 11, 274.

ETYM. Aborder.
ABORDÉ, ÉE (a-bor-dé, dée), part. passé.
1° Abordé par une frégate, le navire fut pris. Des
vaisseaux abordés. || 2° Qui est abordé en un lieu.
Abordés dans l'ile, les marins cherchèrent de l'eau.
Et ma famille enfin à Corinthe abordée, CORN. Méd.
1, 1. Si mon frère, abordé sur cette terre impie,
M'eût confié plus tôt le secret de sa vie, VOLT. Orest.
v, 2. Eh quoi! deux malheureux, en ces lieux abor-
dés, D'un œil si soupçonneux seraient-ils regardés?
ID. ib. II, 3.

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+ ABORDÉE (a-bor-dée), s. f. À L'ABORDÉE, D'ABOR- REM. Aborder, v. n. se conjugue avec avoir ou DÉE, loc. adv. En abordant. On fit marcher les régi-être : ils ont abordé, ils sont abordés. Le sens est ments des gardes françaises et suisses droit au village différent : ils ont abordé signifie l'action d'aborder: de Nerwinden, qu'ils attaquèrent d'abordée avec fu- ils ont abordé et ont aussitôt marché vers la ville. rie, ST-SIM. 12, 137. L'air ouvert de M. le duc d'Or- Ils sont abordés exprime l'état de ceux qui sont dans léans et ce qu'il dit d'abordée au maréchal de Ber- le lieu qu'ils ont atteint ils sont abordés depuis wick le rassurèrent, ID. 175, 77. quelques heures. Le prince d'Orange est abordé, SEV. 486: c'est-à-dire il reste en Angleterre.

HIST. XVI s. Ils se jectent d'abordée dans la franchise de la coustume, MONT. I, 118. Mais d'abordée l'evesque et sept de meilleure marque donnerent du nez à terre, D'AUB. Hist. 1, 344. Ils les emporterent d'abordade, quoique bien retranchés, ID. Hist. 1, 226. Ceremonies qu'il faut observer à la premiere abordade d'un tel prince, CARL. VIII, 20. De premiere abordade, les nostres mirent deux des siennes à fond, ID. 1, 9.

SYN. ABORDER, AVOIR ACCÈS, APPROCHER. On a accès où l'on entre. On aborde les personnes à qui l'on veut parler. On approche celles avec qui l'on est souvent. Qui a beaucoup de connaissances peut avoir accès en beaucoup d'endroits. Qui a de la hardiesse aborde sans peine tout le monde. Qui joint à la hardiesse un esprit souple et flatteur peut

approcher les grands avec plus de succès que d'autres, GUIZOT. Aborder marque un fait, avoir accès, une faculté, et approcher, une habitude, LAFAYE.

HIST. XV S. Philippe de Bourgogne fut amoure..x de la comtesse de Salsebri, mais ils n'aborderent point ensemble, P. DE FENIN, 1424. || XVI s. Mais à la fin la bonasse fortune Loin les aborde au rivage inconnu De la Provence, RONSARD, 609. Socrate à l'aborder sembloit de prime face homme ignorant et grossier, AMYOT, Caton, 14. Il se mit à la voile sans aborder nulle part, sinon où il estoit contraint à ce faire pour prendre vivres ou faire eau, ID. Pompée, 107. A l'instant mesme du peril arriva en la ville Gongylus, qui venoit de Corinthe avec une galere, à l'aborder du quel estant incontinent tout le peuple accouru à l'entour de lui, il.... ID. Nic. 34. ETYM. Abord.

ABORIGENE (a-bo-ri-jê-n'). || 1o Adj. Qui est originaire du sol où il vit. Une plante aborigène. ||2° S. m. plur. Les habitants primitifs d'un pays. Quand les Grecs s'établirent en Italie, ils y trouvèrent les aborigènes, qu'ils eurent à combattre.

ETYM. Aborigines, de ab, dès, et origo, origine (voy. ce mot).

ABORNÉ, ÉE (a-bor-né, née), part. passé. Champs abornés. Propriété abornée.

ABORNEMENT (a-bor-ne-man), s. m. Action d'aborner ou le résultat de cette action. L'abornement des propriétés.

- ETYM. Aborner.

ABORNER (a-bor-né), v. a. Mettre des bornes à un terrain. Faire aborner son champ.

– ÉTYM. À et borner; Berry, abonner; wallon, aboner.

ABORTIF, IVE (a-bor-tif, tiv'). || 1a Adj. Qui avorte. Fœtus abortif, celui qui est né avant d'avoir acquis le développement nécessaire pour pouvoir vivre. En botan. Etamine abortive, celle qui n'a pas d'anthère ou qui n'en a qu'une ébauchée; fleur abortive, celle qui tombe sans laisser aucune trace de fécondation. Se met toujours après son subst. || 2° S. m. Terme de médecine. Substance à laquelle on attribue la propriété de provoquer l'avortement. Les abortifs sont ordinairement de violents emménagogues ou des drastiques. Ce charlatan prescrivit des abortifs qui causèrent la mort de la femme.

- HIST. XVI s. Je souhaiterois que nous retinssions la maniere que j'ai dite avoir esté entre les anciens, avant que ceste fiction abortive de sacrement vinst en avant, CALV. Inst. 1172. Tel enfantement [hors terme] est appelé abortif ou avortement, PARE, t. 11,624. Le tout est fait comme un œuf abortif, c'est-à-dire qui n'a encore la coquille ferme et dure, ID. t. XVIII, 6. Enfantement avortif, ID. ib. Ses vers naistront inutis, Ainsi qu'enfans abortis, Qui ont forcé leur naissance, RONSARD, 363.

– ÉTYM. Abortivus, de aboriri, de ab, indiquant privation, et oriri, naître (voy. ORIENT), ce qui empêche de venir à bien ou ce qui n'est pas venu à bien. † ABOT (a-bo), s. m. Espèce d'entrave que l'on met au paturon pour retenir les chevaux. ABOUCHE, ÉE (a-bou-ché, chée), part. passé. Ces deux hommes abouchés ensemble s'entretinrent longtemps. Un tuyau abouché avec un autre. ABOUCHEMENT (a-bou-che-man), s. mn. || 1° Mise face à face, entrevue, conférence. On ménage un abouchement entre les deux adversaires || 2o En anat. L'abouchement de deux vaisseaux, leur union, leur jonction

-HIST. XVI s. L'abouchement qui fut fait auprès de Toury en Beausse par la reine, le roi de Navarre et le prince de Condé, pour aviser aux moyens d'appaiser les differens survenus, LANOUE, 556. - ETYM. Aboucher. ABOUCHER (a-bou-ché), v. a. Mettre face à face, en conférence. Je voulais en secret vous aboucher tous deux, MOL. l'Étourdi, iv, 4. L'on doit l'aboucher avec vous, ID. l'Av. II, 4.

S'ABOUCHER, v. réf. || 1° Conférer avec quelqu'un. Ils se sont abouchés, et sont convenus de la marche à suivre. || 2o En anat. se dit de deux vaisseaux qui communiquent. Le canal thoracique s'abouche dans la veine sous-clavière.

HIST. xv s. Et savez où elle [une grotte, un conduit souterrain] vide, ni où elle abouche [débouche, dit messire Gautier, FROISS. II, III, 23. xvis. Les refformés ne peurent faire autre chose que d'emplir et couvrir les canons, abouchés en terre, d'un grand amas de poudre et y mettre le feu, D'AUB. Hist. 1, 157. Que trente chevaux legers de part et d'autre, six heures devant que s'aboucher [venir en conférence], descouvriroient la cam

pagne, LANOUE, 557.

DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE

ETYM. A et bouche; aboucher à Genève veut
dire coucher sur la bouche, sur le ventre.
+ABOUGRISSEMENT (a-bou-gri-se-man), s.m.Etat
d'un bois endommagé dans sa première croissance.
ABOUT (a-bou), s. m. Terme d'art et métier.
|| 1° L'extrémité par laquelle un morceau de bois de
charpente ou de menuiserie est assemblé avec un
autre. || 2° Le bout par lequel une tringle ou un tirant
de fer se joint, se fixe à quelque chose. || 3o Base du
cylindre qui broie les chiffons pour faire le papier.
ETYM. À et bout.

† ABOUTAGE (a-bou-taj'), s. m. Terme de marine.
Action de réunir par un nœud les bouts de deux cor-
dages.

ETYM. Abouter.

ABOUTISSEMENT (a-bou-ti-se-man), s. m. || 1o Action d'aboutir. Tel est l'aboutissement de nos ef forts. || 2° Suppuration. L'aboutissement d'un abcès. 3° Terme de couture. Pièce que l'on ajoute à uno autre qui est trop courte.

HIST. XVI S. L'acromium, qui est partie et aboutissement de son espine [de l'omoplate], PARÉ, XIV, 44,

-ETYM. Aboutir.

AB OVO (a-bo-vo), loc. adv. Dès le commencement. Prendre un récit ab ovo.

ETYM. Mots latins: Ab, dès, et ovo, œuf (voy. ŒUF), dès l'œuf.

ABOYANT, ANTE (a-bo-ian ou aboi-ian, iante', la prononciation varie), adj. || 1° Qui aboie. Meute † ABOUTÉ, ÉE (a-bou-té, tée), part. passé. aboyante. | 2° Fig. Comme l'oiseau du ciel qui || 1° Terme d'art et de métier. Pièces de bois abou- vient en tournoyant Enivrer son regard sur ce gouffre tées. || 2° En termes de blason, il se dit des diffé-aboyant, LAMART. Chute du Rhin. || 3° Fig. Qui rentes pièces d'armoiries qui se répondent par les postule, qui ambitionne. Cette abbaye causa tant pointes. d'envie que les aboyants, outrés de la voir donner ainsi, se mirent à chercher ce que c'était que cet abbé de Chavigny, ST-SIM. 260, 234.

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ses créanciers. Le prince de Conti faisait un triste et humiliant personnage, accueilli de personne, aboyé de tous, ST-SIM. 48, 67. || 3° Recherché ardemment, postulé. Après une si nombreuse promotion, j'attendrais longtemps un régiment vacant, aboyé des familles et des officiers, ST-SIMON, 102, 89.

ABOUTIR (a-bou-tir), v. n. ||1° Toucher par un bout, se terminer dans. Ce champ aboutit d'un côté au ABOYER (a-bo-ié et a-boi-ié; la prononciation grand chemin, de l'autre à ma propriété. La veine cave varie. L'y se change en i quand un e muet suit : il aboutit au cœur ou dans le cœur. L'esplanade aboutit aboie; il aboiera. Il faut un y et un i pour l'imparau gymnase. Les vaisseaux lymphatiques aboutis- fait, nous aboyions, vous aboyiez, et le présent du sent dans les veines par deux gros troncs. Aboutir subjonctif, que nous aboyions, que vous aboyiez. La en pointe. Cet arbre aboutit en pyramide. Là vien- prononciation abayer était commune au commencenent aboutir deux routes. A ce carrefour aboutissentment du XVIIe siècle. Ma fortune.... Qui n'abaye et plusieurs chemins. Puisses-tu voir....de Marseille au n'aspire après l'or du Pérou, REGNIER, Sat. III. Ou rivage de Tyr Son empire aboutir, MALH. III, 4. toutes ces grandeurs après qui l'on abaye, ID. ib. XVI). Comme un centre où aboutissent toutes les lignes || 1° V. n. Se dit du cri du chien et de quelques aude la fortune, FLÈCH. Rég. Selon son dessein, tout tres animaux du même genre; le renard par exemdoit aboutir à Pétersbourg, qui, par sa situation, ple. Le chien aboie. Le chien du garde aboie au vserait un entrepôt du monde, FONTEN. Czar Pierre. leur, après le voleur, contre le voleur. Quoi! mes Notre vue s'étendra sur le lieu de la fête et sur les chiens même aboient après moi. Quand avons-nous routes qui y aboutissent, BERN. DE S. P. Arcad. 2. manqué d'aboyer au larron? RAC. Plaid. III, 3. Tu || 2° Fig. Avoir pour résultat. Le mouvement allait étais, Caton, comme un chien qui aboie contre tous les aboutir à une sédition. L'affaire aboutit à un grand passants, FÉN. t. XIX, p. 285. Quoique toujours, sous combat. Voyons où aboutira tout ceci. Ces terreurs son empire, L'usurpateur nous ait chassés, Nous avons n'aboutiront qu'à...... Une vie sordide et misérable qui laissé, sans mot dire, Aboyer tous les plus pressés, BÉn'aboutit qu'à grossir un bien injustement acquis. RANGER, Requête. || 2° Fig. Crier contre quelqu'un, Ses projets aboutirent à la ruine. Ses desseins les invectiver, faire des réclamations. Nous avons de tous mieux concertés aboutissent misérablement. Cette côtés des gens qui aboient après nous, MOL. Scap. 1, 7. conduite si peu religieuse, où doit-elle enfin aboutir? Lorsque je vois ce moderne Sisyphe Nous aboyer, je BOURD. Pens. t. II, p. 393. C'est à quoi aboutit cette trouve qu'il fait bien, J. B. ROUSS. liv. 1, ép. ix. Jeandistinction de l'école, BOSS. Or. 4. Des questions qui Jacques.... En nouveau Diogène aboie à nos beautés, n'aboutissent à rien, MASS. Obst. || 3° Venir à suppu- VOLT. Ép. XCIV. Il se mit à aboyer contre Brancas sur ration. Cette tumeur aboutira. Faire aboutir un clou. le jansénisme, SEV. 344. || 3o Aboyer après, poursui REM. Aboutir se conjugue avec avoir ou être vre ardemment. Aboyer après une place. Cet ambisuivant le sens la tumeur a abouti hier; par là on tieux aboie après les grandeurs. || 4° V. a. Les chiens indique seulement le fait. La tumeur est aboutie de- aboyaient le renard. La plupart des chiens se conpuis quelques heures; par là on indique l'état où tentent de l'aboyer [le hérisson] et ne se soucient p.3 est la tumeur. de le saisir, BUFF. Hérisson. Aboyer quelqu'un, invectiver contre lui. Aboyer une place, la poursuivre avec passion. Dans cette phrase de Diderot Moi je ne tue pas un chien qui m'aboie, Essai sur Cl., aboyer peut être transitif direct ou indirect: il aboie moi où il aboie à moi. || 5o S'aboyer, v. réft. Si vous voyez deux chiens qui s'aboient... LA BRUY. 12. C'est ou aboyer soi ou aboyer à soi. || 6° Proverbes. Tous les chiens qui aboient ne mordent pas, c'est-à-dire tous les gens qui menacent ne sont pas à craindre. || Aboyer à la lune, crier inutilement. || Jamais bon chien n'aboie à faux, un homme sage ne se fâche pas sans raison.

HIST. XVI s. Ce cerveau se resserroit de toutes parts et alloit aboutissant en pointe comme un oeuf à l'endroit où la corne prenoit le commencement de la racine, AMYOT, Pér. 9. Ilz tenoient l'extremité de l'Italie, qui va aboutissant aux grandes Alpes, ID. Paul-Em. 9. Sur la place à laquelle se rendent et aboutissent tous les grands chemins de l'Italie, ID. Galb. 30. C'est une croppe de montagne rude et aspre de tous costez, aboutissant en poincte, ID. Sylla, 38. Quelques uns d'eux portants des croix blanches abouties de fleurs de lis, et appelerent ces marques des contre-ligues, D'AUB. Hist. 11, 439. Son gouvernement de Mets aboutit [s'étend] jusque en Allemaigne, CARL. VIII, 17. Les Allemagnes bornent et aboutissent les terres du grand Seigneur vers l'orient, ID. VIII, 22.

- ETYM. A et bout; Berry, aboter, abouter; wall. abosi, dans le sens de suppurer.

ABOUTISSANT, ANTE (a-bou-ti-san, san-t'). || 1o Adj. Qui aboutit. Une pièce de terre aboutissante à. Par une porte aboutissante aux champs, LA FONT. Or. || 2° Au plur. m. Les tenants et aboutissants d'une pièce de terre, les pièces qui y sont adjacentes, qui la bornent de tous les côtés. On dit aussi, avec l'article répété, les tenants et les aboutissants. || 3° Fig. Savoir tous les tenants et aboutissants d'une affaire, en connaître tous les détails.

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-SYN. ABOYER, JAPPER. Le premier se dit du cri des gros chiens, le second de celui des petits. Cependant on dit souvent d'un petit chien, il aboie, et d'un gros, il jappe. C'est qu'alors celui-là est en colère, et que celui-ci n'est animé contre aucun objet.

HIST. XII S. Comment, Sire, je suis vils come chiens à ceus de Juda, come cil ki est chef des fols ki abaient vers David, Rois, 129. || XIIIe s. A si grand chose, com à l'empire de Constantinople, poés [yous pouvez] croire que mout i en avoit aboans et envians, VILLEH. 109. Par foi, tant en a chien qui nage; Quand est arrivés, il aboie, la Rose, 15104. || xiv S. Comme les chiens, quand il oent [entendent] heurter, il abaient tantost sans atendre que il aient conoissance se celui qui heurte est ami ou non, ORESME, Eth. 205. Desormais travailler [i] n'ose, Abayer ne mot sonner; On lui doit bien pardonner; Un vieillart peut peu de chose, CH. D'ORLEANS, Rondeau. Qui ne peut mordre, si abaye, VILLON, Baill. et Hal. Aussi l'a

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vocat qui plaidye Les causes, raisons et moyens, |
Pourvu qu'il ait la main garnye, Sera pour les deux
aboyans, COQUILLARD, Simple et rusée. Je te pry, sans
plus m'abayer, Que tu penses de me payer, Patelin.
XVI s. Ces compagnies ne le firent qu'abaier en-
tre Longuive et le faubourg, à l'entrée du quel Mor-
temar chargea et le mesla, D'AUB. Hist. II, 128. Le
chien veut mal à celui à qui abbaye, AMYOT, Ci-
mon, 33. Il lui fut advis qu'une lyce asprement cour-
roucée abbayoit contre lui, et que parmi son abboi
elle jettoit une parole humaine, ID. ib. Nous nous
courrouceons contre les chiens qui nous abayent et
contre les asnes qui nous regibbent, ID. Comm. refr.
la col. 30. Il delibera de contenter un jeune homme
pauvre, son fidele ami, aboyant après les richesses,
MONT. 11,347. En certain abbayer du chien le cheval |
cognoist qu'il y a de la cholere, ID. II, 158. Ce chien
se meit à abbayer contre lui tant qu'il put, ID. II, 492. |
Les autres, en abbayant leur parchemin jour et nuit,
et barbotant leur breviaire, vendent leurs coquilles
au peuple, CALV. Inst. 708.

sa règle, BOURD. Pens. t. III, p. 403. || 2o Par analogie,
Image en raccourci. Le peuple juif est un abrégé sym-
bolique de la race humaine, CHATEAUB. Génie, II,
vi, 2. Ce cœur est l'abrégé de tous les mystères,
BOSS. Jean, 3. La science du salut, science surémi-
nente, l'abrégé de toutes les sciences, BOURD. Pens.
t. m,p. 229. Ce sacrement incompréhensible, ineffable,
l'abrégé de toutes les merveilles du Seigneur, ID. ib. |
p. 386. || 3o En abrégé, en peu de paroles. Je ne dis
ces choses qu'en abrégé; elles sont assez expliquées
ailleurs, BOSS. Relat. Elle renferme en abrégé toute
la doctrine, ID. Thér. 3. La suite de la religion mise
en abrégé devant vos yeux, ID. Hist. 11, 13. Voilà en
abrégé les principes de dénoûment pour les passa-
ges des Pères, ID. S. Écrit. Ce canon contient en
abrégé toutes les raisons, m. Lett. abb, 554. C'est faire
en abrégé votre panégyrique, MOL. l'Étourdi, II, 14.
|| 4o En abrégé, par abrégé, par abréviation. Ecri-
vez ce mot en abrégé. || 5° Musique. Mécanisme qui
dans l'orgue transmet le mouvement des touches du
clavier.

|

J'abrége et je poursuis. Pour abréger, la chose s'exécute, LA FONT. Rich. || 7° S’abréger, v. résl. Devenir plus court. La vie, déjà si courte, s'abrége souvent par les excès de tout genre.

-HIST. XII s. Ne ne porreit mis cors soffrir Travail ne peine ne labor; Kar dès or s'abregent mi jor; Molt me vois mais afebleiant, BENOIT, II, 8223. || XIe s. Ains voil [je veux] ma parole abregier Por vos oreilles alegier, la Rose, 19671. Je ne puis souffrir à abregier le plain service qu'on tient de moi, BEAUM XXVIII, 7. S'aucuns abrege le fief qui est tenu de li, p. XLV, 25. Se il viaut [veut] son plait abregier, Ass. de Jerus. 1, 237. || xIve s. Ils lui dirent qu'il abregeast ses paroles, le Menagier, 1, 9. || xv £. Temps sans honneur et sans vray jugement, Aage en tristour, qui abrege la vie, E. DESCHAMPS, Temps présent. Elle [m'amie] m'a dit que je boy trop souvent Et que cela m'abregeroit la vie, BASSEL. 31. N'abregeons point nostre vie Par trop nous atedier, ID. 46. Ou dit que ses ans il [le buveur] abbrege, ID. 38. Avancezvous, prenez votre robe, abregez-vous [hâtez-vous]; qu'il ne vous trouve ici, car vous seriez mort et moi aussi, LOUIS XI, Nouv. 34. Pour abreger [bref], ID. ib. 75. || XVI s. Le ciel m'a esté si benin et si favorable que d'abrevier un long martyre, YVER, 692. Il vouloit bien abreger son chemin et passer par lieux bien habités, AMYOT, Ant. 52. Notaires, c'est à dire ecrivains qui par notes et lettres abregées figurent toute une sentence, ID. Caton d'Ut. 35.

ETYM. Berry, abayer; de ad, à, et baubari, SYN. ABRÉGÉ, SOMMAIRE, ÉPITOMÉ, PRÉCIS, RÉaboyer; grec Baúletv; allem. bellen. Le simple | SUME. L'abrégé est un ouvrage, mais la réduction d'un baier était aussi usité dans l'ancien français. Parce plus grand à un moindre volume. Le sommaire n'est que li quien s'engressent [s'irritent] de baier, BEAU-point un ouvrage; il ne fait simplement qu'indiquer MAN. XXXIX, 46. en peu de mots les principales choses contenues dans l'ouvrage; on le place ordinairement à la tête de chaque chapitre ou division, pour permettre à l'esprit d'embrasser l'ensemble de ce qui va être détaillé. L'épitomé est, ainsi que l'abrégé, un ouvrage, mais plus ETYM. Provenç. et espagn. abreviar; ital. absuccinct : ce mot d'ailleurs est purement grec, et n'est breviare; bas-lat. abbreviare; de ad, indiquant la diemployé que pour le titre de certains ouvrages, GUI-rection de l'action, et brevis, bref (voy. BREF). zor. Le précis se distingue par sa rigueur; il signifie un abrégé dans lequel ne se trouve rien de superflu; l'abrégé est court; mais le précis est substantiel. Aussi peut-on dire : j'ai fait l'abrégé et le précis de ce livre. Le résumé est un abrégé, non pas séparé de l'ouvrage, mais mis à la fin en guise de conclusion; c'est, pour la place, l'opposé du sommaire; c'est encore une sorte d'abrégé destiné seulement à rappeler ce qu'on sait, à revoir rapidement ce dont on a besoin de se ressouvenir, LAFAYE.

ABOYEUR (a-bo-ieur ou aboi-ieur; la prononciation n'est pas fixée), s. m. || 1o Terme de chasse. Sorte de chiens qui aboient à la vue du sanglier sans en approcher. || 2° Fig. Celui qui poursuit ardemment une chose. Un aboyeur de successions. || 3° Celui qui fatigue par des criailleries, par des importunités pressantes. Il a beaucoup d'aboyeurs; ce sont ses créanciers. Ce critique n'est qu'un aboyeur. C'est un terrible aboyeur. Quelque Fréron.... Vient l'entamer de sa dent mercenaire; A l'aboyeur il reste abandonné, VOLT. Ép. LXXX. 11 4° Crieur qui se tient à la porte des théâtres pour appeler les voitures, et aussi crieur qui dans les rues vend des complaintes, des nouvelles, etc. || 5o Adjectivement. Des dogues aboyeurs || Rien n'empêche d'employer aboyeur au féminin: aboyeuse.

-HIST. XIII S. Se l'une estoit maistre abaeresse [aboyeuse], Et l'autre maistre lecharesse [gourmande], Moult furent bien les deux d'un cuer [cœur], Ren. 137. || xvi s .Une meutte de chiens, de limiers, des aboieurs, des chiens pour le fauve, D'AUB. Fan. 1, 5. Ils chassent seulement avec la arquebuse ou arbalestre et l'abboyeur, CARL. IV, 12.

ABRACADABRA (a-bra-ca-da-bra), s. m. Mot auquel on attribuait des vertus magiques. De vos mains grossières, Parmi des poussières, Ecrivez, sorcières: Abracadabra, v. HUGO, Ball. 14.

-ETYM. Proprement abrasadabra, car en grec il s'écrit ABPACAAABPA. On fait venir ce mot de l'hébreu ab, père, ruah, esprit, et dabar, parole. D'après cette étymologie, il désignerait la Trinité. GROTEFEND (Ersch's und Gruber's Encyclopædie, 1) le regarde comme composé du mot persan abrasas, dénomination mystique de la divinité, et de l'hébreu dabar, parole, parole divine.

ABRAS (a-brå), s. m. Terme d'art. Garniture de fer qui entoure le manche d'un marteau de forge. ÉTYM. À et bras.

—ETYM. Abraxas, mot persan signifiant Dieu (voy. ABRACADABRA).

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† ABRÉGÉMENT (a-brè-jé-man), adv. D'une manière abrégée. Adverbe usité autrefois et qui n'a rien qui l'empêche d'être usité de nouveau, puisqu'il se comprend sans peine.

-HIST. xv s. Pour abregement guerir ou mourir, Plus ne puis fournir, Se sens ne m'aprent, CH. D'ORL. Rondeau. Et le plus abregement que faire se peut, le bailli comanda qu'on depeschast notre paucoquart, L. Xxi, Nouv. 75

ETYM. Abrégé, par contraction pour abrégée, et ment suffixe (voy. MENT).

+ABRASION (a-bra-zion), s. f. Terme de médecine.
||1o Séparation, par petits fragments, de l'épithé-vre
lium qui recouvre les membranes muqueuses. || 2°
Action de gratter la surface des os cariés, de la cor-
née ulcérée, et celle d'enlever le tartre des dents.
ABRÉGER (a-bré-jé. L'é se prononce è quand il est
ETYM. Abrasio, de ab, indiquant séparation, suivi d'une voyelle muette: j'a-brè-ge), v. a. || 1° Ren-
et radere, racler (voy. RAS).
dre bref, réduire à une moindre étendue, à une
ARRAXAS (a-bra-ksas'), s. m. Pierre précieuse sur moindre longueur. Abréger le temps. Eclaircir et abré-
laquelle étaient gravés des caractères et qu'on por-ger le discours. Abréger une narration. Voulant abré-
tait en amulette.
ger son humiliation. C'est un bienfait de Dieu d'avoir
abrégé les tentations avec les jours de Madame, Boss.
Duch. d'Orl. On croit qu'il expose les troupes: il les
ménage en abrégeant le temps des périls par la vi-
gueur des attaques, ID. L. de Bourbon. Les plaisirs
pris sans modération abrégent plus les jours des
hommes que les remèdes ne peuvent les prolonger,
FEN. Tél. XVII. Cours par un prompt trépas abréger ton
supplice, RAC. Mithr. 11, 6. Mais aussitôt ma main,
à moi seule funeste, D'une infidèle vie abrégera le
reste, ID. Andr. IV, 1. Je la voyais bientôt, abrégeant
son absence, revenir empressée, DUCIS, Oth. 1, 5. Le
cardinal de Richelieu avait abrégé ses jours par les
inquiétudes qui le dévorèrent, VOLT. Moeurs, 177.
|| 2° Faire un abrégé. Cet auteur a abrégé lui-même
son livre. || 3° Faire paraître moins long. La conver-
sation abrége le chemin. || 4° Faire brève une syllabe.
Quelques personnes abrégent l'o dans rôti, et disent
roti. || 5° V. n. Chemin qui abrége. || 6° Faire court,
s'exprimer en peu de mots. En abrégeant. Abrégeons.

ABRÉGÉ, ÉE (a-bré-jé, jée),part. passé. Route abrégée. Méthode abrégée d'enseignement. Livre abrégé. Magistrature dont la durée est abrégée. Si mes jours sont abrégés. Ceci est une répétition abrégée de ce qui vous a été amplement recommandé. L'exemple, vous le savez, est la voie abrégée de la persuasion, MASS. Conférence, Excell. du sacerd. L'enfer se déchaine; les temps de paix sont abrégés, MASS. Orais. fun. Dauph. C'était là une ample matière à exercer un génie tel que le sien, car le long chemin pouvait être et abrégé et facilité, FONTEN. Czar Pierre. ABRÉGÉ (a-bré-jé), s. m. || 1o Réduction d'un plus grand ouvrage en un plus petit. C'était un abrégé de toute la loi, Boss. Hist. 11, 3. Voulez-vous, disait saint Grégoire, pape, un abrégé de la règle de saint Benoit? considérez sa vie; et voulez-vous, ajoutait le même pontife, un précis de la vie de saint Benoit, considérez

|

+ABREUVAGE (a-breu-va-j'), s. m. Action d'abreuver. L'abreuvage des chevaux.

-HIST. XVI s. Aux prairies, sur toutes à celles d'abbruvage [qu'on arrose], les fumiers de telle volaille sont de grande utilité, o. DE SERRES, 98.

-ÉTYM. Abreuver; provenç. abeuratge, boisson. ABREUVÉ, ÉE (a-breu-vé, vée), part. passé. Au propre et au figuré. Troupeaux abreuvés. On renvoya les convives bien abreuvés. Terres abreuvées. L'Égypte abreuvée par les débordements du Nil. Une plante abreuvée par une eau abondante. Plaie abreuvée d'une humeur malsaine. Abreuvé d'amer tume. Me nourrissant de fiel, de larmes abreuvée, RAC. Phèdre, IV, 6. Sa langue abreuvée de fiel et de vinaigre, BOSS. Hist. 11, 4. Et le jour me retrouve abreuvé de mes larmes, VOLT. OEd. 1, 1. Et j'ai sur ces chemins de carnage abreuvés.... ID. Mér. 1, 2. † ABREUVEMENT (a-breu-ve-man), s. m. Action d'abreuver les animaux domestiques. L'abreuvement exige certaines précautions, par exemple couper l'eau avec du son ou de la farine, ou la faire tiédir, si l'animal est en sueur. On donne l'avoine plutôt après l'abreuvement qu'avant. On risque de causer des ruptures ou la pousse, si l'on fait courir l'animal aussitôt après l'abreuvement.

-HIST. XIII s. Cil qui sera fet mesureur de sel paiera por son abuvrement et por son past huit livres, Livre des Mét. 356. || XVIe s. Le prevost a de chascun bouchier, qui est fait nouvel bouchier, de l'aboivrement [pourboire] que l'on a accoustumé à faire au commencement, une maille d'or, DU CANGE, abuvragium.

-ÉTYM. Abreuver.

ABREUVER (a-breu-vé), v. a. || 1° Faire boire des animaux. Rivière où l'on a coutume d'abreuver les bestiaux. Les puits qu'ils avaient creusés pour abreuver leurs troupeaux. On mena abreuver nos chevaux, SEV. 155. || 2° Faire boire abondamment quelqu'un. Il abreuva largement la compagnie. On l'abreuvait pour lui faire perdre la raison et s'emparer de lui. Le cruel d'une main semblait m'ouvrir le flanc, Et de l'autre à longs traits m'abreuver de mon sang, CREB. Atrée, II, 2. 3° Mouiller, pénétrer d'eau, arroser. La terre est abreuvée. Ces prairies ont besoin d'être abreuvées. Le sol est abreuvé d'eau. Les cèdres qu'abreuve la rosée du ciel. Une grande abondance d'humeurs abreuve cette plaie; il faut la dessécher. || 4° Fig. Remplir, saturer. Ábreuver quelqu'un d'outrages. On abreuve les alliés de dégoûts. Tout le fiel.... Dont un amant fut jamais abreuvé, MALII. V, 27. Tout le fiel dont on vous abreuva, BOURD. Pens. t. III, p. 362. On dit aussi, dans un sens opposé, l'abreu ver de joie. || 5° En termes d'art, mettre sur un fond poreux une couche d'huile, d'encollage, de couleur ou de vernis pour en boucher les pores et en rendre la surface unie. || Terme de tonnelier. Abreuver des tonneaux, les emplir d'eau pour s'assurer s'ils ne fuient point. || En termes de marine, abreuver un vaisseau, y faire entrer de l'eau, avant de le lancer, pour voir s'i n'y a pas une voie d'eau. || 6° S'abreuver, v. réfl. Les chevaux s'abreuvent ici. Après s'être abreuvé de vin

S'abreuver largement. Les puits où vont le soir s'a- |
breuver nos troupeaux, DUCIS, Abuf. 1,5. || 7° Etre hu-
mecté. La terre s'abreuve des pluies fécondantes. Le
sol de la Grèce devait s'abreuver de sang. La javeline
s'abreuve de leur sang. 8° Fig. S'abreuver de lar-
mes. Il s'abreuva du sang de la république. Néron s'a-
breuva de sang. Il s'abreuve aux sources les plus
pures de la science. De son mortel poison tout cou-tres apostoliques.
ut s'abreuver, BOIL. Sat. XII.

qui abrége l'ouvrage d'un autre. Eusèbe, son abrévia- | au soleil sont en quelque sorte à couvert du froid et teur [de Moïse], qui entasse tant de fables, VOLT. du mauvais temps. D'ailleurs la signification d'exDial. 24, 17. [Pour le plan de l'ancienne Carthage] posé au grand air se trouve dans le wallon, comme nous sommes réduits aux abréviateurs latins, tels on voit. Les langues germaniques ont aber, exposé que Florus et Velleius Paterculus, CHATEAUB. Itin. au soleil, anc. haut allem. apon, serein, qui paraisIII, 474. || 2o Se dit à Rome des officiers du parquet sent avoir de la parenté avec le mot latin. Diez qui dressent les minutes et les bréviatures des let- n'accepte pas cette étymologie, y objectant que l'italien n'a pas ce mot qu'il aurait s'il venait d'apricus, et que le sens ne peut pas passer de exposé au soleil, au sens de à couvert. En conséquence il propose l'allemand bergen, au présent birg, cacher, mettre en sûreté; d'où, par une métathèse de l'r, et avec la préposition romane à, on a abric. Malgré ces objections, l'étymologie latine me paraft la plus vraisemblable.

ETYM. Voy. ABRÉVIATION.

† ABRÉVIATIF, IVE (a-bré-vi-a-tif, ti-v"), adj. Qui abrége, qui indique une abréviation. Signes abréviatifs.

-ETYM. Abréviation.

- HIST. XVIe s. Il leur avoit enseigné à faire certaines notes et abbreviations, qui en peu de traits valoient et representoient beaucoup de lettres, AMYOT, Caton d'Ut. 35. Syncopes, abbreviation et remission d'haleine, PARE, VIII, 23.

-ETYM. Abbreviatio, de abbreviare, qui, dans l'ancien français, a donné abréger (voy. ce mot), et non abrévier, qui serait du XVIe s.

+ ABRÉVIATIVEMENT (a-bré-vi-a-ti-ve-man),

– ÉTYM. Abréviative au féminin et ment (voy. MENT).

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REM. Ne dites pas comme l'Académie : Abricot en espalier. L'arbre est en espalier; le fruit est d'espalier.

--HIST. XIII s. Chascuns des vins se fit plus digne Par sa bonté, par sa puissance, D'abevrer bien le roi de France, Bat. des vins, Fabl.de Barb. 2 éd. t. 11, p. 154. Li prudomme cui estoit cele fontaine, la fit aler por tout son champ pour lou abeuvrer, L. de ABRÉVIATION (a-bré-vi-a-sion), s. f. Retranchejust. 27. Qu'il ne l'abeivre [la bête achetée] ne facement de lettres, ou emploi de signes pour écrire plus abevrer la matinée, et après rendre la, se elle ne lui vite ou pour tenir moins de place. Mr, Mme, sont des ABRICOT (a-bri-ko; le t ne se lie pas; au pluriel, siet, Ass. de Jér. 1, 213. En un lit tout seul [elle] abréviations pour Monsieur, Madame. Des imprime-a-bri-kô ou a-bri-ko; la prononciation varie, les uns les coucoit [couchait les deux enfants], Andeux ries dont il a changé les anciens caractères trop bar- gardant au pluriel la prononciation du singulier où [tous deux] paissoit et abevroit, Fl. et Bl. 195. Et bares et presque indéchiffrables à cause des fréquen- l'o est bref ou ouvert, les autres allongeant l'o, suipour bien faire en ceste poine, Au souverain bien tes abréviations, FONTEN. Czar Pierre. vant la règle qui est que l's du pluriel rend la voyelle [la sagesse ] la [l'âme] ramoine, Dont jonesse la longue ou fermée), s. m. Fruit de l'abricotier. L'adessevroit, Qui de vanités l'abevroit, la Rose, bricot est un fruit à noyau, qui a beaucoup de sa4558. Et qu'il devra estre abevrés, Dès ains neîs qu'il veur et de parfum. Abricot-pêche, abricot dont la soit sevrés.... ib. 10665. Tous les en aboivre à ses grosseur se rapproche de celle de la pêche. Abricot mains, Mès les uns plus, les autres mains[moins], ib. plein vent, abricot venu sur un arbre en plein vent. 6849. Je euz fain, vous me saoulastes, Et si euz L'abricot plein vent est meilleur que l'abricot d'essoif, vous m'abruvastes, J. DE MEUNG, Tr. 1418. palier. || XIV s. Et si n'ara chascuns, tant qu'il porra durer, Qu'un soel pain de fourment tous les jours à disner, Et un lot d'iawe aussi pour son corpz abuvrer, Baud.adv. Par abréviation. de Seb. IX,568. || xve s. Le duc de Bretagne suivit l'opinion du roi de France moult legerement, car il estoit, du temps passé, si abeuvré de l'information de son cousin le duc de Flandre, pour la rebellion de l'Eglise, que son cœur ne s'inclina onques à croire Clement pape, FROISS. III, IV, 36. || xvios. Puis en passant au milieu de la plaine, De grans ruisseaux de sang s'abrevera, MAROT, IV, 322. Quand les plis de leurs hoquetons furent abbreuvés d'eau, ils les chargerent encore plus, AMYOT, Timol. 38. Les Romains sortiz pour aller au fourrage ou pour abbreuver leurs chevaulx, ID. Ant. 50. Chascun en ayant esté abbruvé cent fois [d'un récit], MONT. 1, 35. Les premiers discours, de quoi on lui doibt abruver l'entendement....ID. I, 172. Toutes leurs idoles s'abruvent de sang humain, ID. 1, 229. Son esponge estoit abruvée de diverses peintures, ID. I, 254. La sotte imagination dont leur maistre des sentences les a abbruvez leur a perverti l'entendement, CALV. Inst. 1128. Quand on viendroit abreuver la mule sus laquelle montoit sa femme... DES PERR. Cont. 92. Encor que tout fust conduit secretement au possible, si est-ce que chacun en fut abreuvé [informé], YVER, 562. Fol est qui se met en enqueste; car le plus souvent qui mieux abreuve [ses témoins], mieux preuve, LOYSEL, 770.

- ETYM. Wall. abuvrer, abourer; picard, abruvrer; provenç. abeurar; espagn. abrevar; ital. abbeverare; bas-lat. abecerare, abebrare; de ad, ind:quant la direction de l'action, et bibere, boire (voy. LOIRE). L'ancien français est abeuvrer, sauf de rares exceptions, plus près de l'étymologie; c'est au XVI s. que l'r s'est déplacée définitivement et qu'on a dit abreuver.

ABREUVOIR (a-breu-voir), s. m. || 1o Lieu où l'on mène les bestiaux et les chevaux boire et se baigner. Un abreuvoir qui est un petit canal, SEV. 543. 2° Lieu où les oiseaux vont se désaltérer. Chasser à l'abreuvoir, prendre des oiseaux à l'abreuvoir. 8 Terme d'arboriculture. Fusée qui gâte le pied de l'arbre. La blessure [faite par le marteau à un arbre] ne se cicatrise jamais parfaitement, et souvent elle produit un abreuvoir au pied de l'arbre, BUFF. Exp. sur les végét. 2o mém. || 4o Fig. Abreuvoir à mouches, large balafre. Il lui fit d'un coup de sabre un abreuvoir à mouches. Le ceste est encore taché Du sang et du cerveau séché, Quand Hercule, après mainte touche, Lui fit un abreuvoir à mouche De son ceste... SCARR. Virg. trav. v. || 5° Intervalle que les maçons laissent entre les pierres pour y faire entrer du mortier. || 6° Proverbe. Un cheval va bien tout seul à l'abreuvoir, se dit de ceux qui se lèvent de table pour aller eux-mêmes au buffet et se

servir.

HIST. XIV S. Gillot tenant en sa main un abuvroir ou abuvoir où ils buvoient, plein de vin, DU CANGE, alevragium. || xv s. Disant le suppliant qu'il lui rueroit [jetterait] ung abeuvrouer ou verre à la teste, ID. ib. || XVI s. Cependant ceste eau servoit d'abbreuvoir pour le bestail, CALV. Inst. 1105. Un abbreuvoir à mousches, COTGRAVE.

ETYM. Abreuver; provenç. abeurador; espagn. abrevador; ital. abbeveratojo. ABRÉVIATEUR (a-bré-vi-a-teur), s. m. || 1° Auteur

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HIST. XVI S. Ne pouvans sortir par la porte, elles sont contraintes de se jeter par la fenestre, pour aller dans quelque delicieux jardin manger des abricots, LANOUE, 140.

romanes.

† ABRICOTE (a-bri-ko-té), s. m. Terme de confiseur. Bonbon fait d'un morceau d'abricot entouré de sucre.

ETYM. Abricot.

ABRICOTIER (a-bri-ko-tié), s. m. Arbre de la famille des rosacées. Le nom scientifique de l'abricotier est prunus armeniaca.

ABRI (a-bri),s.m. || 1° Ce qui protége contre.... Abri contre la pluie. Sous un abri sûr. Le mauvais temps les força de chercher un abri. La côte offrait un ETYM. Ital. albercocca, albicocca; espagn. alabri au vaisseau. Cette rade est un abri. La montagne baricoque; portug. albricoque. Ce mot français vient sert d'abri contre le vent du nord. S'il est, aux bords de l'espagnol, l'espagnol vient de l'arabe birkouk,et, déserts du torrent ignoré, Quelque rustique abri avec l'article, al birkouk; l'arabe vient du bas-grec de verdure entouré....LAMART. Médit. XX. L'arbre sacré paixónxiov, mpɛxóxiov;le bas-grec vient du latin [de la liberté] sur ce concours immense Forme un præcoquum, nom donné à l'abricot à cause de sa préabri de rameaux toujours verts, BERANG. Lafay. cocité; enfin præcoquus n'est pas autre chose qu'uno ||| 2° Fig. Ce qui préserve. Abri contre le malheur. forme de præcox (voy. PRECOCE). Abricot est, commo L'accusé trouva un abri dans sa dignité. Sous l'abri on voit, un singulier exemple de la propagation et de d'un grand nom sûr de l'impunité, A d'horribles ex-l'altération des mots; c'est par l'intermédiaire de l'acès leur orgueil s'est porté, C. DELAV. V. Sicil. II, 2. rabe qu'un mot latin est revenu dans les langues || 3° A L'ABRI, loc. adv. Se tenir à l'abri dans sa maison. Dans une rade où ils se trouvèrent à l'abri, FÉN. Tél. IX. Vous ne pouvez qu'aux dépens de sa tête Mettre à l'abri la vôtre, CORN. Mort de P.1, 1. 1l fallut se mettre à l'abri, LA FONT. Fiancée. || 4o A L'ABRI DE, loc. prépositive. En sûreté contre. Être à l'abri du froid. Afin que les défenseurs fussent à l'abri des balles. Etre à l'abri de l'injure. Personne n'est à l'abri du mal. A l'abri des railleries. Le port est à l'abri de tous les vents. Rien ne met à l'abri de cet ordre fatal, RAC. Esth. 1,3. Les montagnes mettent cette côte à l'abri des vents, FÉN. Tél. III. J'essuyai les mépris qu'à l'abri du danger L'orgueilleux citoyen prodigue à l'étranger, VOLT. Orph. II, 6. || 5° À L'ABRI DE, En sûreté sous. Mouiller à l'abri d'une terre. A l'abri d'une cabane, nous laissâmes passer l'orage. Il se mit à l'abri du fleuve. À l'abri de son déguisement, il parcourait les campagnes. Ils ont des amis qu'ils vous mettront en tête, et, à l'abri de ces protecteurs, ils sont en état de repousser tous vos coups et de résister à tous vos efforts, BOURD. Pens. t. 11, p. 264. Et vous et vos enfants, vos amis, votre époux, A l'abri du sénat aurez un sort plus doux, MAIRET, Mort d'Asd. IV, 4. À l'abri de ce trône attendez mon retour, RAC. Esth. 11, 8. Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, LA FONT. Fab. 1, 22. Un galant de qui tout le métier Est de courir le jour de quartier en quartier, Et d'aller à l'abri d'une perruque blonde De ses froides douceurs fatiguer tout le monde, BOIL. Sat. Iv. || 6° Proverbe. L'homme sans abri est un oiseau sans nid.

- HIST. XII S. E quant vint tempeste et pluie, en cel encloistre [clos] pur (pour} abri aveir entrerent, Rois, 251. || xvr s. A l'abri des coups, MONT. I, 25. Ceux que Dieu a mis à l'abry des necessités, ID. IV,

97.

HIST. XVI s. Nous voyons du noyau d'abricot venir un abricotier et non le pommier, parce que nature garde toujours son genre et espece, PARÉ, XIX, 20.

-ETYM. Abricot.

ABRIER, v. a. Terme de marine. Intercepter en parlant du vent.

ETYM. Voy. ABRITER. ABRITÉ, ÉE (a-bri-té, tée), part. passé. Vignes abritées du vent. Ils étaient abrités par les retranchements. Navire abrité dans le port. Si notre accueil le touche, Si, par nous abrité, Il [l'exilé] s'endort sur la couche Del'hospitalité.... BÉRANGER, Exile.

ABRITER (a-bri-té). || 1° v. a. Mettre à l'abri. Abriter les arbres à fruit. Ce mur abrite le plant de salade. Un rocher élevé abrite les navires contre le vent du large. Pourtant je m'étais dit: Abritons mon navire; Ne livrons plus ma voile au vent qui la déchire, v. HUGO, Odes, 11, 4. Je ne viens pas traîner dans vos riants asiles Les regrets du passé, les songes du futur: J'y viens vivre, et, couché sous vos berceaux fertiles, Abriter mon repos obscur, LAMART. Nonvelles médit. xv. || 2° S'abriter, v. réft. Il pleut; venez vous abriter ici. Le petit oiseau s'abrite sous les ailes de sa mère. Il s'abritait sous le nom d'un homme puissant.

HIST. XII S. Si ot [vieillesse]d'une chape forrée Moult bien, si cum je me recors, Abrié et vestu son cors, la Rose, 400. || xive s. La très precieuse cou--ETYM. Bourguign. averi, aibri; wall. à l'abri, ronne Que Jesus-Christ eut en sa teste, Si com Juïs exposé èse à l'abri del plaire, être exposé à la l'en abrierent, GUIART, dans DU CANGE, abrica. || xv s. pluie; bas-lat. abrica, abriga; provenç. abric; catal. Comme monnoye descriée, Loyauté je voi abriée abrig; espagn. et port. abrigo; du latin apricus, Dessoubz le pavillon de honte, CH. D'ORLEANS, Ronexposé au soleil. La concordance est complète pour deau. || xvi s. Tout cela mis en ruines; et de sept la forme; apricus ayant l'accent sur la seconde syl-casemattes, les unes abriées de ruines ou aveuglées, labe, l'accent est resté dans les langues romanes sur cette même syllabe; ce qui est la règle de la dérivation. La signification seule fait difficulté. Mais les langues romanes ont pris se mettre à l'abri pour se mettre à couvert, parce que les choses exposées

D'AUB. Hist. II, 46. Dès le soir les assiegés, sans beaucoup de peine, abrierent le rouage [les affùts] de fascines gouildronnées, ID. ib. III, 479. De rejec ter ma robbe sur son lict, en maniere qu'elle les abriast tous deux, MONT. 1, 96,

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