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Alex.

10. pag.

IV. 2. &c.

I. 21.

ture d'esprit, de la mémoire pour l'objet de ses passions, soit le plaisir, soit l'intérêt. Il n'y a que la Morale et la Religion que tout le monde trouve difficile à comprendre et à retenir. On n'aime pas à en parler, on prend tout autre sujet de con

versation.

:

La plupart même ne croient pas avoir bésoin de s'en instruire. Je fais plus de bien que je n'en veux, faire, dira l'un; je me contente de mon Catéchisme, dira l'autre. Je veux croire, dira celui-ci, sans approfondir les vérités de la Religion doiS. Clem. vent être respectées ; il est dangereux de 6. raisonner sur ces matières. Vous diriez 655. A. qu'ils craignent de trouver le foible de leur Deuter. Religion, s'ils s'en instruisoient plus à fond. II. Petr. Mais tous ces discours ne sont que de vains prétextes dont se couvrent l'ignorance et 1. Thim. la paresse. La vraie Religion ne craint point Rom. xvI. d'être connue; elle n'enseigne rien qui ne 16. se soutienne au glus grand jour. La même II. Cor. Ecriture qui nous ordonne de recevoir Deut. VI. avec soumision les vérités révélées de Dieu, de captiver notre entendement, CXVII. &c. d'obéir à la foi, nous commande expresProv. 1. sément de méditer sa loi jour et nuit, de &c. nous appliquer de toutes nos forces à l'étuRom. XII. de de la science et de la sagesse, et de travailler toute notre vie à connoître la voV. 17. lonté de Dieu le plus distinctement qu'il Coloss. 1. est possible.

11. 13.

x. 5.

6. 18.

Ps. 1. 2.

II. III.

2.

Ephes.

9. 10.

I.

En effet, quoique le Catéchisme con

1

tienne ce qui est le plus nécessaire à savoir, il en est comme de tous les autres Abrégés, que l'on ne sait jamais bien si l'on n'étudie rien au-delà. Pour entendre et retenir ce peu que contient le Catéchisme, il faut en peser toutes les paroles, et pénétrer, chacun selon sa portée, la profondeur de la doctrine qu'elles renfer→ ment. Quant aux vérités de morale, il est vrai que la meilleure maniere de les étudier, est la pratique, et que nous ne savons, comme il faut, que celles que nous observons ; mais il ne s'ensuit pas que nous ne devions les apprendre qu'ài mesure, que nous les mettons en œuvre. Les occasions d'agir ne se présentent pas par ordre; et si j'attends que j'aie exécu té tous les Commandemens de Dieu, pour connoître les Conseils, je ne les connoîtrai peut-être de ma vie, quoiqu'ils soient donnés pour faciliter l'observation des Commendemens. La négligence à garder les Préceptes que nous savons déjà, ne nous donne donc pas droit d'ignorer les autres; nous sommes obligés à les garder tous, et par conséquent à les savoir tous.

Deut. iv.

Enfin, la vraie Religion n'est pas.com me les fausses, qui ne consistent qu'ém un culte extérieur et en de vaines cérémo nies: c'est une doctrine, une étude, une 7. science, Les Fidelles étoient nommés dis ciples avant qu'il eussent reçu á Antioche le nom de Chrétienseless Evêques sont xxvi.15.

B

Act. XI.

c. 6.

Matth.

nommés Docteurs chez tous les Anciens; et Jesus-Christ fondant son Eglise, dit aux Apôtres: Allez, instruisez toutes les nations. Il est donc impossible d'être Chré tien et d'être entiérement ignorant; et celui-là est le meilleur Chrétien, qui connoît le mieux et pratique le mieux la loi de Dieu. Or, quoiqu'on puisse la connoître sans la pratiquer, il est impossible d'en pratiquer tout ce que l'on en connoît.

Mais il faut avouer que les particuliers ne sont pas seuls coupables de l'ignorance qui regne depuis long-temps dans l'Eglise,: il y a bien de notre faute, je dis de nous autres Prêtres, et de tous ceux qui sont etablis pour instruire. Quoique l'on prêche trés-souvent, et qu'il y ait une infinité de livres qui traitent de toutes les parties de la Religion, on peut dire qu'il n'y a pas assez d'instruction pour les Chré tiens, même pour les mieux intentionnés. Les livres sont de plusieurs sortes : des traités de Theologie, pleins de questions curieuses, dont le commun des Fidelles n'a pas besoin, écrits en latin, et d'un style qui n'est intelligible qu'à ceux qui ont fréquenté les écoles ; des commentaires sur l'Ecriture, la plupart fort longs, et presque tout en latin; des vies des Saints, qui ne vont qu'à montrer des exemples particuliers de vertu ; des livres spirituels qui donnent de bonnes pratiques pour sortir du péché et pour avancer dans la ver

tu et dans la perfection, mais qui supposent des Chrétiens suffisament instruits de l'essentiel de la Religion, et qui, par la longueur du style et la grosseur des volumes, ne sont pas à l'usage des gens occupés ou peu attentifs. Il en est de même des Sermons. On n'y traite que des sujets particuliers, détachés le plus souvent les uns des autres, selon la fête, l'Evangile ou le dessein du Predicateur; on y explique rarement les premiers principes, et les faits qui sont les fondemens de tous les dogmes on y parler des histoires contenues dans l'Ecriture-sainte, comme des choses connues de tout le monde. Ja

De là vient que les lectures publiques de l'Ecriture, qui font partie de l'Office de l'Eglise, servent si peu pour l'instruc tion des Fidelles, pour la quelle on les a instituées. Tout le monde n'entendre pas le latin; peu de gens se servent des traductions; et elles ne suffisent pas, si l'on ne connoît les Libres saints, d'où les leçons sont tirées, et si on ne les y lit dans leur suite. On devroit suppléer à ce défaut par les Sermons ; mais ce n'est pas éxpliquer un Evangile, que d'en prendre un mot pour texte, et y faire venir à propos tout ce que l'on veut. Ainsi, on trouve par-tout de bonnes gens, qui, fréquentant les Eglises depuis quarante ou cinquante ans, et étant fort assidus aux Offices et aux Sermons, ignorent encore les pre

miers élémens du Christianisme.

Il n'y a que les Catéchismes qui descendent jusques à ces premieres instructions, si nécessaires à tout le monde ; mais il semble qu'ils ne sont pas assez estimés. La plupart croient savoir le Catéchisme, parce qu'ils l'ont appris en leur enfance; et ne s'apperçoivent pas qu'ils l'ont oublié, ou qu'ils ne l'ont jamais bien entendu. D'autres ont honte d'avouer leur ignorance et leur mauvaise éducation, et ne peuvent s'abaisser jusqu'à ces instructions qui les remettroient, ce semble, aux petites écoles. Les Ecclésiastiques, je dis ceux qui cherchent leurs intérêts plutôt que ceux de Jesus-Christ, méprisent cet emploi, parce qu'il est pénible, obscur et infructueux. S'ils croient avoir de grands talens, ils cherchent de la réputation par l'éloquence de la Chaire; s'ils en ont moins, ils s'appliquent au Confessionnal et à la direction. Mais une des plus grandes difficultés de la Confession, est l'ignorance des Chrétiens; et qui les instruiroit bien, trancheroit beacoup de péchés par la racine.

Il est vrai que la forme et le style des Catéchismes a peu d'attrait pour ceux qui l'apprennent; car pour ceux qui l'enseignent, il ne faut pas espérer qu'ils prennent jamais grand plaisir à répéter souvent des vérités qui leur sont familieres: trouvant toujours de nouvelles difficultés de la part des Auditeurs, il n'y a que la cha

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