X111. loi de Dieu. Tous les Rois qui succédèrent à Jéroboam, entretinrent cette fausse Religion, et ce schisme dura toujours depuis. On appèle schisme, la division des Eglises, quand une partie du peuple de Dieu se sépare de l'Eglise universelle, qui seule II. Paral. est la véritable. Or, le siège de la vraie Eglise étoit à Jérusalem; parce que l'on y adoroit Dieu dans le Temple que David et Salomon avoient bâti par son ordre, parce que l'on y observoit la Loi qu'il avoit donnée par Moyse, et que le service s'y faisoit par les Lévites et les Prêtres, enfans d'Aaron, qu'il avoit choisis. Cette Eglise avoit subsisté depuis le commencement du monde. Car Moyse avoit recueilli la tradition de la croyance d'Abraham; Abraham, celle de Noé; Noé, celle d'Enoch et des autres Saints plus anciens que le déluge jusques à Adam. L'Eglise qui servoit Dieu sous la Loi de Moyse, est souvent nommée Synagogue, d'un nom qui signifie aussi assemblée. Le Royaume des dix Tribus fut nommé Israël, ou d'Ephraïm, ou de Samarie, à cause de la ville qui en fut la capitale; et le Royaume qui demeura à la race de David, fut nommé le Royaume de Juda; mais il contenoit deux autres Tribus, Benjamin et Lévi. Car les Sacrificateurs et les Lévites étant privés de leurs fonctions par Jeroboam, quittèrent son Royaume et se réunirent tous à Juda, et dans les autres Tribus, plu sieurs demeurèrent fidèles à Dieu et continuèrent à le venir adorer à Jérusalem. Le Royaume de Juda ne fut pas toutefois exempt de vices et d'impuretés: plusieurs Rois descendus de David ne suivirent point ses exemples: plusieurs furent idolâtres, vicieux, injustes, cruels: même entre les Juifs qui pratiquoient extérieurement la Loi de Dieu, la plupart ne lui obéissoient que par crainte et pour les biens temporels; il y en avoit peu qui le servissent par affection. LEGON XIX. Des Prophètes. Ce fut depuis le schisme des dix Tribus, que Dieu envoya le plus de Prophètes, pour consoler les vrais fidèles et ramener de leur égarement les rebèles et les pécheurs. On appeloit Prophètes ceux que Dieu inspiroit, les remplissant de son Saint-Esprit, pour leur découvrir les choses cachées ou même l'avenir et déclarer ses volontés par leur bouche. Tels avoient été Moyse, Samuel, David, Salomon et plusieurs autres. Mais on nommoit particulièrement Prophètes, ceux qui se séparoient des autres hommes, pour mener une vie plus parfaite, comme une espèce de Religieux. Ils étoient remarquables par leur pauvreté, leurs jeûnes fréquens, leurs Voyez habits de sacs ou de peaux, leur vie péMœurs nitente et retirée. Leur application étoit des Israé- la prière, la méditation de la Loi de Dieu XX11. et l'instruction du peuple. Les plus illustres furent Elie et Elisée, tous deux dans le Royaume d'Israël, où le besoin étoit III. Reg. plus grand. Elie fit cesser la pluie pendant trois ans et demi, pour punir l'idolâtrie du III. Reg: Roi Achab; et pour confondre les Sacrificateurs des Idoles devant tout le peuple, il fit tomber le feu du Ciel sur un sacrifice qu'il avoit préparé à Dieu; il ressuscita un enfant mort et fit plusieurs autres miracles. Enfin il fut enlevé au Ciel dans lites c. , XXX11. XVIII. 29. 11.21. X111. 21. Act. v11. 52. 37. un chariot de feu, et est ancore vivant IV. Reg. aussi bien qu'Enoch. Elisée son disciple lui succéda: il fit aussi de très-grands miracles qui lui attirèrent le respect des Rois, même infidèles; et un mort ressusIV. Reg. cita pour avoir touché ses os. Toutefois la plupart de ces saints Prophètes furent maltraités et persécutés par les Princes à Hebr. xi. qui ils reprochoient leurs crimes et quelques-uns cruellement mis à mort. Il y avoit aussi de faux Prophètes, c'est-à-dire, des imposteurs, qui se disoient faussement inspirés de Dieu, qui flattoient les Rois et les peuples, en leur prédisant des choses agréables et démentant impudemment les vrais Prophètes. L'évennement faisoit voir par qui le Saint-Esprit avoit parlé, et pour le connoître yles prophéties étoient écrites, et soigneusement gardées. Ily a LEGON XX. Jerem. 11, plusieurs de ces Prophètes dont nous avons les écrits: Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et quelques autres, que l'on appèle les petits Prophètes, parce que leurs livres sont courts. Ces écrits contiennent les discours qu'ils faisoient au peuple, pour leur reprocher leurs crimes et pour les exhorter à en faire pénitence, à quitter les idoles, à se convertir à Dieu. Pour don- Osée r. ner plus d'horreur de l'Idolâtrie, ils la com- Ezech. xv. parent souvent à une adultère, et la Synagogue à une femme infidèle à son mari, qui l'auroit quitté pour des amans étrangers. Aux exhortations sont mêlées plusieurs prédictions, et c'est ce que proprement on appèle prophéties. Ils prédirent Osée 1. x. que le Royaume de Samarie seroit ruiné, xi. et qu'Israël, emmené captif, cesseroit d'être le peuple de Dieu: Qu'il ne reviendroit plus, sinon quelques uns avec Juda xxxiv.&c. et sous un même Chef: Que le Royaume de Juda seroit aussi détruit par les Rois de Babylone, Jérusalem ruinée, le Tem- Is. x111. 11. ple brûlé et le peuple emmené en captivité: Que Babylone seroit prise elle-même xxv. 2. par les Mèdes et les Perses sous la conduite de Cyrus et qu'il délivreroit le peuple après une captivité de soixante et dix Jerem. Jerem. 1. 1 xxx. ans: Que le Temple seroit rebâti et Jérusalem rétablie: Que le peuple de Dieu devoit jouir encore de son héritage, et après une furieuse persécution, être délivré de tous ses ennemis et acquérir beaucoup de gloire. Mais entre ces prophéties qui regardoient les choses temporelles, il y en avoit d'autres qui alloient bien plus loin et qui étoient bien importantes, puisqu'elles concernoient les biens spirituels Jerem. et la vie future. En parlant du retour de 3. la captivité, les Prophètes ont marqué dis32. &c. tinctement toutes les circonstances de la venue du Messie, de ses souffrances, de son règne et de la vocation des Gentils, c'est-à-dire, des nations infidelles. Ils ont dit que Dieu feroit avec son peuple une nouvelle alliance, qui feroit oublier celle de la sortie d'Egypte; qu'il graveroit sa Loi dans leurs cœurs; qu'il les instruiroit Joel. 11. lui-même; qu'il répandroit son esprit sur toutes sortes de personnes et leur donneIS. LUI. 4. roit le don de prophétie; que son serviteur, c'est le Messie, porteroit les péchés du peuple, et, n'ayant fait lui même aucun péché, seroit méprisé comme le dernier des hommes et mené comme un agneau à la boucherie, pour la salut des autres; que 28. 7. Isa. XL11. 4. &c. X11.21. le Messie fils de David seroit l'espérance Matth. des Gentils; qu'ils viendroient en foule Isa. 11. 3. adorer Dieu à Jérusalem et s'instruire de Agg.11.20. sa Loi; que la gloire du second Temple seroit beaucoup plus grand que celle du |