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XVIII. 18.

que lui-même en avoit reçues, puisque Gen. l'Ecriture marque expressément son zele pour l'instruction de sa famille? et qui peut douter que les autres Patriarches ne l'aient įmité?

Moyse, inspiré de Dieu, recueillit et écrivit toutes ces anciennes traditions dans le Libre de la Genese; et dans les Livres suivans, après avoir raconté fort aut long les grands miracles que Dieu avoit faits pour tirer son peuple de la servitude d'Egypte, il recommande à tous les Israélites, qui les avoient vus comme lui, de les raconter à leurs enfans, et répete souExod. vent, de la part de Dieu, ce commande. ment, comme celui de lire, relire et méDeut. IV. diter continuellement sa loi, c'est-à-dire,

XIII. 26.

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tout ce qu'il leur donnoit par écrit. Josué, Samuel et les autres Prophetes écrivirent de temps en temps les miracles, les prédictions et toutes les autres choses qui servoient à la Religion; ce qui fut continué sans interruption jusqu'à la captivité de Babylone. Au retour, Dieu suscita le savant Esdras pour recueillir avec soin tous les livres précédens, et y ajouter l'histoire du rétablissement. Enfin, après un assez long intervalle, où il ne s'étoit rien passé de mémorable pour la Religion, on écrivit l'histoire de Judas Machabée et des ses freres, qui l'avoient défendue si vaiIlamment contre les Infidelles acharnés à la détruire et à faire périr les Livres sa

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Prov. 1. 1.

crés; et cette histoire nous mene fort proche du temps du Messie. Cependant l'Ecriture ne nuisoit pas à la tradiction; elle ne servoit qu'à la rendre plus certaine ; et les Psalm. Fidelles n'avoient pas moins de soin que XLII. dans les premieres temps, de raconter à LXVII leurs enfans et à leurs petits-enfans ce qu'ils &c. avoient appris de leurs peres et de leurs Iv. 1. aïeux, et de leur recommander de le faire Eccl. II. passer à leur postérité. Ce devoir est marqué dans tous les Livres de morale, et particulierement dans les Pseaumes. Il est donc vrai que pendant tout l'Ancien Testament, la Religion s'est conservée par les narrations et par les histoires.

1. &c.

La publication de la nouvelle Alliance n'a rien changé à cette méthode: on a seulement ajouté à l'histoire des anciennes merveilles, celle des nouvelles encore plus grandes; la naissance et la vie de JesusChrist, ses discours, ses miracles, sa résurrection, l'établissement de son Eglise; et Dieu a fait écrire ces prodiges nouveaux, comme les anciens, par ceux qui en étoient témoins oculaires. Le Sermon de Saint Act. vIr. Etienne, et la plupart de ceux des Apôtres, que l'Ecriture nous rapporte, font xvII. 22. voir que leurs disputes contre les Juifs, et les instructions qu'ils donnoient aux Païens, étoient toujours fondées sur la déduction des faits. Il falloit faire souvenir les Juifs de ce que Dieu avoit fait pour leurs peres, et de ce qu'il leur avoit pro

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mis, pour leur en montrer l'accomplissement; et il falloit enseigner aux Infidelles, que Dieu avoit créé le monde, qu'il le gouvernoit par sa Providence, et qu'il devoit envoyer un homme extraordinaire pour le juger.

Nous voyons la même conduite dans les siecles suivans. Entre les ouvrages des Peres, nous avons grand nombre d'instructions pour ceux qui se vouloient faire Chrétiens. Elles sont la plupart fondées sur les faits; et le corps du discours est d'ordinaire une narration de tout ce que Dieu a fait pour le genre humain, depuis l'origine du monde, jusques à la publication des personnes raisonnables, qui, ayant passé une partie de leur vie hors de l'Eglise, demandoient à être instruits de la Religion Chrétienne; il ne parle point des enfans baptisés: et ni dans ce Pere, ni dans aucun autre, nous ne voyons point de Catéchisme pour eux. Cela vient de ce que ceux qui étoient baptisés en enfance, étoient enfans de Chrétiens, qui avoient été eux-mêmes bien instruits avant que d'être baptisés, et qui ensuite avoient grand soin d'instruire leurs enfans chez eux et de les mener à l'Eglise, où ils assistoient au Catéchisme, de ceux qui demandoient le Baptême. Ainsi, l'histoire de la Religion, et toute la Doctrine Chrétienne leur étoit tant de fois répétée, et en public et en particulier, qu'ils ne pouvoient manquer de la bien savoir, pour peu qu'ils y eussent d'afection.

n. 13. de

tion de l'Evangile. Rien n'est plus clair De vera que ce que Saint Augustin a écrit dans le relig. c. 7. Livre de la vraie Religion, et dans celui Catech. qu'il a composé exprès, de la maniere rudibus. dont on devoit catechiser les ignorans. II parle toujours de narration : il suppose toujours que l'instruction doit se faire en racontant des faits, et en les étendant plus ou moins, selon leur importance et la capacité du disciple; et le modele de Catéchisme qu'il donne lui-même à la fin de ce traité, est une abrégé de toute l'histoire de la Religion, mêlé de diverses réflexions. Il en donne encore un semblable dans l'Epître à Volusien, commençant à la vocation d'Abraham, et finissant à son temps. Il est vrai qu'en tous ces ouvrages Saint Augustin ne parle que de l'instruc

Il ne faut pas douter néanmoins, que l'instruction des enfans baptisés n'ait toujours commencé d'une autre maniere que celle des Catéchumènes plus âgés. Avant que de donner le Symbole à ces derniers et leur expliquer les mysteres, il falloit les préparer par plusieurs discours, pour s'assurer de leur conversion, et pour leur inspirer la soumision qui est due à l'autorité de l'Eglise, en sorte quils fussent prêts à recevoir sans examen toutes les vérités qu'elle leur proposeroit à croire. Lesvenfans baptisés n'avoient pas besoin de ces

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préparations; ils avoient déjà la foi, ils avoient la docilité, non-seulement par la credulité naturelle à leur âge, qui n'eût produit tout au plus qu'une foi humaine, mais par la grace du Baptéme qui leur avoit imprimé dans l'esprit l'autorité de Dieu et de son Eglise. Ainsi on leur enseignoit d'abord le Symbole, comme nous faisons encore: mais on étoit plus soigneux que nous ne sommes de le leur expliquer, et de fortifier leur foi par toutes les instructions que j'ai marquées, et dans les maisons et à l'Eglise.

Acta S. Il est à croire que cette maniere d'insBened. t. truire a duré tant que l'ancienne disci26. P. 224. pline de l'Eglise s'est conservée, c'est-à700.c. 39. dire, jusque vers le neuvieme siecle, puis

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que l'on voit durer jusques à l'usage de catéchiser et d'examiner plusieurs fois pendant le Carême ceux que l'on devoit baptiser à Pâques. J'en trouve dans le septieme siecle deux exemples remarquables: un sermon de Saint Gal, aux Infidelles d'Allemagne, vers l'an 620; et un de Saint Wilfrid, aux Anglois de Sussex, l'an 680.

Enfin, lorsqu'on commença á ne baptiser C. 15. 1. plus que des enfans, ces instructions pu8. conc. p. bliques dégénérerent en formalités; et la misere des temps ayant introduit une grande ignorance, même dans le Clergé, l'instruction effective fut fort négligée. On ne le voit que trop par les plaintes qu'en font les Evêques au Concile de Trossé, l'an 909.

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