son ennemi; à celui qui ne veut pas accepter la satisfaction qui lui est imposée: en un mot à ceux à qui il juge que le Sacrement seroit inutile, par leur mauvaise disposition. Le Prêtre ne peut absoudre un homme en cet état, sans se damner avec lui. Que si la disposition du Pénitent est douteuse, le Prêtre doit suspendre l'absolution, pour l'éprouver quel que temps. Il doit imposer la pénitence la plus approchante qu'il pourra des peines canoniques, eu égard à l'âge, au sexe, à la force et à la ferveur du Pénitent. Les peines canoniques sont de plusieurs années pour les Trid. Sess. grands crimes; comme, pour un parjure ou 14.c.8. un adultère, sept ans; pour une simple for nication, trois ans; et ainsi du reste. LEÇON LIII. De la Pénitence publique. On : 2 Concil. n ne peut mieux connoître quelles sont les intentions de l'Eglise dans l'administration de ce Sacrement, que par les cérémonies de la Pénitence publique. Ceux qui ont fait des péchés publics et scandaleux, doivent en faire pénitence publiquement; et, s'ils ne s'y soumettent, l'Evêque a droit de les retrancher de l'Eglise. S'ils demandent pénitence, après s'être confessés à l'Evêque ou à son Pénitencier, ils viennent reformat. le Mencredi des Cendres à l'Eglise Cathé. c. 8. drale; vêtus pauvrement et nu-pieds, le visage penché vers la terre. L'Evêque étant Concil. Trid. Sess. 14. cap. 8. assis au milieu de l'Eglise, ils entrent et se prosternent contre terre avec larmes; puis ils s'approchent, et il leur met à chacun des cendres sur la tête, disant: Souviens-toi, homme, que tu es poudre, et que tu retourneras en poudre; fais pénitence, pour avoir la vie éternelle. Il bénit des cilices, dont il leur couvre la tête; et se mettant à genoux, tout le Clergé et le peuple étant prosterné à terre, il récite les sept Pserumes de la Pénitence, avec les Litanies et quelques Prières, pour demander à Dieu qu'il leur pardonne leurs péchés, et leur fasse la grâce de changer de vie. Ensuite il leur fait un sermon, où il leur représente comme Adam, après son péché, fut chassé du Paradis terrestre, chargé de plusieurs malédictions, et qu'à son exemple, ils vont être chassés de l'Eglise pour un temps. En effet, il en prend un par la main, et ils se prennent tous les uns les autres, tenant des cierges allumés; ainsi il les chasse de l'Eglise avec larmes, et cependant on chante ce que Dieu dit à Adam en le chassant du Paradis. Les Pénitens se mettent encore à genoux à la porte de l'Eglise, et l'Evêque de bout les avertit de ne point désespérer de la miséricorde de Dieu, de s'appliquer aux jeûnes, aux oraisons, aux pélérinages, aux amônes et aux autres bonnes œuvres, afin que Dieu leur fasse faire des fruits dignes de pénitence. Aussi-tôt on ferme à leurs yeux la porte de l'Eglise, et l'Evêque étant rentré, commence la Messe, qui, ce jour-là et pendant tout le Carême, con vient à la pénitence. Les pénitens ne rentrent plus dans l'Eglise jusqu'à leur absolution solennelle, et accomplissent cependant leur pénitence. Ils doivent s'abstenir de tout divertisement, de toutes fonctions publiques et éviter la compagnie, autant qu'il est possible. Ils jeûnent au pain et à l'eau, ou avec moins de rigueur, ou tous les jours, ou certains jours de la semaine, suivant qu'il a été prescrit à chacun, à proportion de ses péchés et de sa contrition. Les œuvres pénales auxquelles les Pénitens doivent s'appliquer, sont ordinairement des jeûnes, des prières, des aumônes, et tout ce que l'on appele œuvres de miséricorde, tant corporelles que spirituelles. Les corporelles sont huit: Don- Matt. xiv. ner à manger à ceux qui ont faim, donner à 35. boire à ceux qui ont soif, vêtir les nus, loger les passans, visiter les malades, visiter les prisonniers, racheter les captifs, ensévelir les morts. Les spirituelles son sept: Enseigner les ignorans, corriger les pécheurs, donner conseil, consoler les affligés, souffrir les injures, pardonner les offenses, prier pour les vivans, pour les morts et pour ceux qui nous per sécutent. Pont. da pénitence étant achevée, on donne Rom. de l'absolution solennelle le Jeudi-Saint du mê- rec. pœn. Dd me Carême, ou d'une autre année, suivant le temps prescrit à chacun. L'Evêque accompagné de l'Archidiacre et de plusieurs autres Officiers, se prosterne et récite les sept Pseaumes et les Litanies, pendant lesquels il envoie deux Sous-Diacres, puis deux autres pour consoler les Pénitens qui sont hors la porte de l'Eglise, puis un Diacre qui leur alume leurs cierges. Ensuite l'Evêque vient s'asseoir au milieu de l'Eglise, avec son Clergé, debout, rangé de part et d'autre; et l'Archidiacre s'avançant, lui représente que le temps favorable s'approche, où l'Eglise doit se réjouir de la conversion des baptisés et des pénitens; que ceux-ci, prosternés devant lui, après s'être long-temps affligés, demandent miséricorde et espèrent de l'obtenir. L'Evêque vient à la porte, et leur fait une exhortation sur la clémence de Dieu, leur faisant espérer une prompte absolution. L'Archiprêtre s'avance, intercède pour eux, et rend témoignage qu'ils sont dignes d'absolution. Alors l'Evêque, comme vaincu par les prières de toute l'Eglise, prend un des Pénitens par la main, et les fait ainsi rentrer dans l'assemblée des fidèles. Il fait encore plusieurs prières, ou l'on voit que toute l'espérance des pécheurs est fondée sur les mérites de Jésus-Christ et sur le pouvoir qu'il a donné à ses Ministres, quoique pécheurs eux-mêmes. Enfin il leur donne l'absolution solennelle, après laquelle ils vont quitter leurs habits de pénitens, et reviennent plus propres pour assister à la Messe et aux Offices, comme auparavant. C'est de cette absolution solennelle que sont venues les absoutes, qui se font le Jeudi-Saint dans toutes les Eglises Cathédrales et Paroissiales; et qui, étant reçues avec dévotion, peuvent attirer la grâce de la pénitence. Le but de ces saintes cérémonies est de nous donner une grande idée de l'énormité du péché et de la difficulté de la pénitence. Et quoiqu'à present la pénitence publique soit peu en usage, nous y voyons sensiblement quelle doit être la pénitence, même secrète, pour les grands péchés; c'est-à-dire, que la contrition doit ètre fort grande et fort éprouvée. Il n'y a point de péché si énorme, qui ne puisse être remis par le pouvoir que Jésus-Christ a donné à son Eglise. Mais pour donner plus d'horreur des grands crimes, les Evêques, en communiquant aux Prêtres le pouvoir d'absoudre, se réservent l'absolution de certains cas, pour lesquels il faut s'adresser à eux ou à leurs Pénitenciers; et il y a même des cas réservés au Pape. Mais toutes ces réserves cessent à l'article de la mort. |