Tout le Catéchisme se rapporte à De Catel'amour de Dieu. Racontez, dit Saint Au chum. rudib. c. 4. gustin, de telle sorte que l'Auditeur croye in fine. en écoutant, qu'il espère en croyant, et qu'il aime en espérant. Or l'amour de Dieu, l'espérance, ou la crainte ne s'inspirent pas d'ordinaire, en disant seulement qu'il faut aimer, craindre ou espérer, quoiqu'on le répéte plusieurs fois, principalement sion le dit d'une manière seche et désagréable. Il faut dire des choses qui inspirent effectivement l'amour ou la crainte, soit que vous les nommiez ou non, puisqu'il importe bien plus au disciple de les avoir que de les connoître. La crainte de Dieu entrera dans les esprits, si l'on sait bien représenter la création, les miracles du désert, et les autres faits qui montrent sa grandeur et sa toute-puissance; si l'on raconte bien le déluge, l'embrasement de Sodome, les plaies d'Egypte, la captivité de Babylone, et les autres effets de sa justice: la seule déduction de ces faits rendra Dieu terrible, même sans dire qu'il le soit. Au contraire, on le fera voir aimable, par les biens qu'il a faits à Abraham, par le soin qu'il a eu du peuple dans le désert, par sa fidélité à accomplir ses pro-, messes, par la prospérité de David et de Salomon, par le retour de Babylone; mais bien plus sans comparaison, par l'Incarnation de son Fils, par la vie et la passion de Jesus-Christ. Après avoir raconté fidel. lement tout cela, quand même vous ne diriez point à vos Auditeurs qu'ils doivent aimer Dieu, ils l'aimeront, ou ils seront insensibles. Mais tant qu'ils ne sauront point tous ces faits, ou qu'ils n'en auront ouï parler que légèrement et confusément, en sorte que l'impression en sera foible, quoique l'on s'échauffe en leur disant qu'il faut aimer Dieu, quoiqu'on leur fasse apprendre par cœur divers motifs d'amour, quoiqu'ils en prononcent des actes, il est à craindre qu'ils ne demeurent aussi froids qu'auparavant. La manière d'enseigner y fait encore. Si le Catéchiste parle des mystères de la Religion séchement et froidement, comme de choses indifférentes; s'il marque de l'ennui ou du dégoût; s'il s'impatiente, et se met en colère; s'il se familiarise trop; s'il lui échappe quelque parole ou quelque geste indigne du personnage qu'il fait, il ne faut pas attendre grand fruit de son instruction. Les enfans, avant que d'entendre la langue de leur pays, entendent ce langage naturel et commun à tous les hommes, qui consiste dans les mouvemens des yeux, du visage et de tout le corps, dans le ton, ou le mouvement de la voix; et qui, sans parole, exprime toutes les passions. Ainsi ils voyent fort bien si l'on agit sérieusement, ou si l'on se joue ; si on les flatte, si on les menace, si on est tranquill. ou passioné. Ils reçoivent mieux l'impression des mouvemens que des paroles. Si vous voulez donc leur inspirer la crainte et l'amour de Dieu, il faut que vous leur paroissiez pénétré de ces sentimens; et pour le paroître, il le faut être en effet. Quand ils vous verront raconter les merveilles de Dieu, avec un profond respect, montrant naturellement par vos gestes que vous êtes saisi d'admiration et de crainte, ils suivront vos mouvemens. Il en sera de même de l'espérance, si vous leur paroissez frappé de l'attente du Royaume de Jesus-Christ; si levant les yeux et les mains au Ciel, vous soupirez aprés cette bienheureuse éternité; si vous représentez dignement la gloire des corps ressuscités et la joie du paradis. Il en sera de même de l'amour, si vous savez bien peindre les souffrances du Sauveur; si vous les décrivez avec tendresse; si vous êtes pénétré jusqu' à verser des larmes. Or tout cela viendra de soi-même, si vous êtes bien touché des vérités de la religion; et vous le serez, si vous êtes hommes d'oraison. C'est par ce conseil que je finis l'instruction de quiconque se voudra servir de ce Catéchisme. On ne peut bien écrire une méthode, qui doit varier infiniment selon les sujets et les occasions; mais l'on est assuré que l'on fera bien, si l'on a une véritable charité pour Dieu et pour le prochain; et c'est par la prière qu'elle s'acquiert et se fortifiie. Prions donc sans cesse et de toutes nos forces, que Dieu envoie de dignes ouvriers dans sa moisson, qu'il leur donne les lumières nécessaires pour instruire les simples, la charité et toutes les vertus qui doivent soutenir ces instructions. Puisque nous sommes appelés à une fonction si noble, prions que nous ne la déshonorions pas par notre négligence à nous en acquitter, et par notre vie peu édifiante. Demandons un zele ardent qui nous fournisse mille saintes inventions, pour attirer les petits et les grands, les simples et les sages, et qui nous fassent être toujours prêts à donner des instructions à ceux qui voudront les recevoir. Demandons une patience invincible pour supporter leurs défauts et la fatigue de l'instruction; enfin, une humilité solide, qui nous persuade sincérement que nous y commettons une infinité de fautes, et que nous ne faisons que gâter l'œuvre de Dieu. Nous devons aussi beaucoup prier pour ceux que nous instruirons; demander à Dieu qu'il nous fournisse les occasions et nous ouvre les portes, qu'il donne à ceux qui nous écoutent, la docilité, l'intelligence, l'affection, la persévérance. On peut se servir trésutilement à cette fin, des prières que l'Egli se a instituées pour les Catéchumènes, et que nous avons encore dans le Rituel au - commencement de la cérémonie du Baptême. Voilà ce que j'avois à dire sur le dessein et l'usage de ce Catéchisme. PETIT 75 65 CATÉCHISME HISTORIQUE. PREMIERE PARTIE. Contenant en Abrégé l'Histoire-Sainte. Dieu a fait le monde de rien par sa parole et sa volonté, et pour sa gloire. Il l'a fait en six jours. Le premier jour il a créé le Ciel et la terre, ensuite la lumière; le second jour il créa le firmament, qu'il appela le Ciel; le troisième jour il sépara l'eau de la terre, et fit produire à la terre toutes les plantes; et le quatrième il créa le soleil, la lune et les étoiles; le cinquième il forma les oiseaux dans l'air, et les poissons dans la mer; le sixième il produisit les animaux terrestes, et forma T'homme à son image; et Dieu se reposa le septième jour. Pour faire l'homme, il forma d'abord le corps de terre, puis il y mit une ame faite à son image. L'homme ést Pimage de Dieu, parce qu'il est capable |