Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

LEÇON XX.
Des Prophéties.

Ly a plufieurs de ces Prophêtes dont nous avons fes écrits, Ifaïe, Jérémie, Ezechiel & quelques autres, que l'on appelle les petits Prophêtes, parce que leurs livres font courts. Ces livres contiennent les difcours qu'ils faifoient au Peuple pour leur reprocher leurs crimes, & pour les exhorter à en faire pénitence, à quitter les idoles, à fe convertir à Dieu. Pour donner plus d'horreur de l'idolâtrie, ils la comparent fouvent à un adultere, & la fynagogue à une femme infidele à fon mari, qui l'auroit quitté pour des amans étrangers. Aux exhortations font mêlées plufieurs prédictions, & c'eft ce que proprement on appelle Prophéties. Ils prédi rent que le Royaume de Samarie feroit ruiné, & qu'Ifraël, emmené captif, ceffe roit d'être le peuple de Dieu, qu'il ne reviendroit plus, finon quelques-uns avec Juda, & fous un même chef. Que le royaume de Juda feroit auffi détruit par les Rois de Babylone, Jerufalem ruinée, le temple brûlé, & le peuple amené en captivité. Que Babylone feroit prife ellemême par les Medes & les Perfes, fous

la conduite de Cyrus, & qu'il délivreroit le peuple après une captivité de foixantedix ans. Que le temple feroit rebâti, & Jerufalem rétablie, & que le peuple de Dieu devoit jouir encore de fon héritage; & après une furieufe perfécution, être délivré de tous fes ennemis, & acquérir beaucoup de gloire; mais entre ces Prophéties, qui regardoient les chofes temporelles, il y en avoit d'autres qui alloient bien plus loin, & qui étoient bien plus importantes, puifqu'elles concernoient les bien fpirituels & la vie future. En parlant du retour de la captivité, les Prophêtes ont marqué diftinctement toutes les circonftances de la venue du Meffie de fes fouffrances, de fon regne & de la vocation des gentils, c'eft à-dire, des nations infideles. Ils ont dit que Dieu feroit avec fon peuple une nouvelle alliance qui feroit oublier celle de la fortie d'Egypte. Qu'il graveroit fa loi dans leur cœur, qu'il les inftruiroit lai-même, qu'il répandroit fon efprit fur toute forte de perfonnes, & leur donneroit le don de Prophétie; que fon Serviteur, c'est le Meffie, porteroit les péchés du peuple; & n'ayant fait lui-même aucun péché ferqit méprifé comme le dernier des hommés, & mené comme un agneau à la boucherie le falut des autres; que le

pour

[ocr errors]

Meffie, fils de David, feroit l'efpérance des Gentils; qu'ils viendroient en foule adorer Dieu à Jerufalem & s'inftruire de la loi; que la gloire du fecond temple feroit beaucoup plus grande que celle du premier. Enfin, que le bonheur du peuple de Dieu feroit au deffas de tout ce que l'œil a vu, ce que l'oreille a entendu, & ce qui eft tombé dans l'efprit de l'homme. Ils ont prédit de plus toutes les particularités remarquables de la naiffance, de la vie & de la mort du Sauveur. Ces Prophéties étoient obfcures, parce que les prédictions fpirituelles font mêlées avec les temporelles, qui en étoient la figure; & que les deux états du Meffie, fes humiliations & fes fouffrances, & d'ailleurs fa puiffance & fa gloire, font auffi décrites enfemble.

T

LEÇON X X I.

De la captivité de Babylone,

Out ce que les Prophètes avoient prédit arriva. Après que Dieu eut long-temps fouffert les crimes des Rois d'Ifraël & de leurs fujets, qu'il les eut fouvent exhortés à pénitence par la voix de fes ferviteurs & fouvent même châtiés, fans qu'ils voulaffent fe convertir,

il fit enfin éclater fur eux fa jufte colere, & les abandonna à leurs ennemis. Samarie fut prife, le royaume détruit, & le peuple amené captif, & difperfé dans des pays éloignés. A leur place, les Rois d'Affyrie envoyerent des colonies d'autres peuples, que l'on appella depuis Samaritains. Les Rois de Juda fubfifterent eнcore plus d'un fiecle après la ruine d'Ifraël, mais ils ne profiterent point de ce terrible exemple. Dieu les livra à Nabuchodonofor, Roi de Babylone, qui ruina Jerufalem, brûla le temple, emporta les vases facrés, & emmena le peuple en captivité, laiffant la terre d'Ifraël prefque déferte. La religion ne laiffa pas de fubfifter, quoique le temple fût détruit, & que les facrifices euffent ceffé, Les Juifs obfervoient la loi de Moïfe & les traditions de leurs peres au milieu de l'idolâtrie & des vices de toutes fortes qui régnoient à Babylone. Cette grande ville, pleine de fuperftitions, de magie, de divinations & de débauches, étoit l'image du monde corrom

pu, & la fociété des méchans, qui pendant cette vie font toujours plus puiflans & en plus grand nombre que les ferviteurs de Dieu, les perfécutent & les oppriment Nabuchodonofor étoit le plus grand Roi qui fût alors, orgueilleux & cruel. Il fit faire une ftatue d'une grandeur énorme,

& commanda à tout le monde de l'adorer. trois jeunes hommes confidérables entre les Juifs refuferent généreufement de lui obéir; il les fit jetter dans une fournaile ardente, mais ils y demeurerent fains & entiers, chantant les louanges de Dieu. Alors le Roi, étonné de ce miracle, reconnut la puiffance de Dieu, & commanda à tous fes fujets de l'honorer. Il y eur encore d'autres rencontres, où ce Roi & fes Succeffeurs admirant la Sageffe de Daniel; & les miracles que Dieu fit en fa faveur, rendirent de femblables témoignages à la vérité, qui commençoit ainfi à fe faire connoître chez les infideles. Daniel étoit un des captifs de la race des Rois de Juda, qui, dans la cour de Babylone, & dans les plus grands emplois du Royaume, où il fut élevé par fon mérite, mena toujours une vie très-pure & trèsfainte. Dieu lui révéla plufieurs fecrets de l'avenir. Il prédit diftinctement la fuite des Empires jufqu'à la venue du Meffie, marqua le temps où il devoit venir; qu'il feroit mis à mort par fon peuple, & qu'alors Jerufalem & le peuple Juif feroit détruit à jamais.

[ocr errors]
« PreviousContinue »