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LEÇON XXII

Du rétablissement des Juifs après la Cap

Près

tivité.

A que la captivité eut duré

foixante-dix ans, Cyrus, Roi de

Perfe, prit Babylone, mit les Juifs en liberté, & leur permit de retourner en leur pays, & de rebâtir le temple de Jerufalem. Ils revinrent fous la conduite de Zorobabel, chef de la tribu de Juda; & le facrificateut Efdras, très-favant dans la loi de Dieu, inftruifit le peuple, & recueillir les Livres facrés. Les Samaritains & les autres ennemis du peuple de Dieu retarderent quelque temps le rétabliffement de la fainte Cité. Les Samaritains étoient ces peuples ramaffés que les Rois d'Affyrie avoient envoyé à la place des Ifraélites. Ils prétendoient fervir le vrai Dieu, & gardoient la loi de Moïfe, Mais ils adoroient auffi les idoles au com. mencement. Enfin Jerufalem fut rebâtie: Néhemias acheva de relever fes murail. les; la terre fut repeuplée & cultivée; & les Juifs vécurent en paix fous les Rois de Perfe avec une liberté entiere pour l'exercice de leur religion. Ils n'eurent plus de Prophètes, mais les anciennes Pro

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phéties qu'ils voyoient s'accomplir de jour en jour leur fuffifoient. Jamais ils ne farent plus fideles à Dieu, & ils ne tomberent plus dans l'idolâtrie, à laquelle ils étoient auparavant fi enclins; au contraire, ils attiroient les infideles à la conoiffance du vrai Dieu, principalement dans les où ils étoient mêlés avec eux; car pays il y en eut plufieurs qui demeurerent à Babylone, & par-tout l'Empire de Perfe. Leur religion les faifoit remarquer en tous lieux les plus fages d'entre les Gentils admiroient leur loi, & prenoient plaifir à s'en inftruire. La puiffance des Perfes fut ruinée, comme Daniel l'avoit prédit, par les Grecs, fous la conduite d'Alexandre le Grand, Roi de Macédoine; mais il ne changea rien à l'état des Juifs. Son Empire fut partagé entre fes Capitaines, & de-là vinrent les Prolomées, Roi d'Egypte, dont la Capitale étoit Alexandrie, & les Seleucides, Rois de Syrie, qui réfiderent à Antioche. Les Juifs fouffrirent affez fouvent de leurs divifions & de leurs guerres, mais cependant ils s'écendirent dans tout l'Empire des Macédoniens, & dans la Grece même où ils commencerent auffi à répandre la connoiffance du vrai Dieu, car c'étoit à ce deffein qu'il les avoit difperfés entre les Gentils.

LEÇON XXIII

De la perfécution d'Antiochus & des

Machabées.

Ntiochus l'illuftre, Roi de Syrie, voulut forcer les Juifs à fe confor mer aux mœurs & aux fuperftitions des Grecs, & à renoncer à leurs loix & à leur religion. Il furprit Jerufalem, profana le temple & fit ceffer les facrifices. Il fit mourir beaucoup de Juifs, qui aimerent mieux perdre la vie que de violer la loi de Dieu. Entr'autres il y eut fept freres à qui il fit fouffrir en fa préfence des tourmens horribles, & que leur propre mere encourageoit par l'efpérance de la réfurrection bienheureufe. Judas Machabée & fes freres prisent les armes pour la défenfe de leur liberté & de la religion qui étoit encore alors attachée à ce peuple & à cette terre. Quelques Juifs des plus zélés fe joignirent à eux; malgré leur petit nombre, le fecours de Dieu les rendit victorieux. Ils reprirent Jerufalem, purifierent le temple, rétablirent les facrifices, & affranchirent entiérement le peuple du joug des nations infideles. Simon, l'un de ces fretes, fut reconnu chef du peuple & fouverain Pontife: car ils étoient de la

race facerdotale defcendus d'Aaron ; mais on ne lui donna la fouveraine puiffance qu'en attendant la venue du Prophête fi lele: c'eft à-dire du Chaft, fils de David. Les defcendans de Simon prirent le titre de Rois, mais leur puiffance ne fut pas de longue durée ; cai les Romains, déja maîtres d'une grande partie du monde, conquirent l'Orient fous la conduite de Pompée, & ruinerent en même-temps les Rois de Syrie & les Rois des Juifs. Toutefois Héro de trouva moyen d'ufurper le Royaume de Julée par la faveur de Jules-Céfar, & enfuite d'Augufte, & régna fous la protection des Romains. Il étoit étranger d'origine, mais Juif de religion, au moins il en faifoit profes hion, car au fond c'étoit un impie, qui n'avoit autre loi que fon ambition & fa politique; cruel & dénaturé jufqu'à faire mourir fa femme, & plufieurs de fes enfans.

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De l'état où étoit le monde à la venue du

Meffie.

L 'Idolâtrie régnoit toujours parmi tout le monde, mais la Grece étoit pleine de Philofophes, qui commençoient

à la décréditer entre les gens d'efprit. Ils voyoient bien l'abfurdité des fables dont les Poëtes entretenoient les peuples, & qui étoient tout le fondement de leur religion. Ils connoifloient que le monde étoit gouverné par un Dieu bien différent de ceux que le vulgaire adoroit; mais ils n'ofoient en parler ouvertement, ni rien entreprendre contre les religions établies. Ils fe contentoient de les mépriser entre eux, les regardant comme des inventions de politique, propres à amufer les ignorans. Au dehors ils ne laiffoient pas de fe conformer au peuple, & d'obferver les mêmes cérémonies; & défefpérant de connoître la vérité, ils s'abandonnoient fans réserve à leurs paffions & aux plaifirs les plus infâmes. Le vrai Dieu n'étoit plus adoré que par les Juifs. Les Samaritains fe vantoient auffi de le fervir, & avoient quitté les idoles : mais ils étoient toujours féparés des Juifs avec une haine mortelle de part & d'autre. Ils ne reconnoiffoient que les livres de Moïfe, rejettant tous les autres Prophètes; & prétendoient que Dieu devoit être adoré fur la montagne de Garizim, où ils avoient bâti un temple. La religion s'affoibliffoit même chez les Juifs. Il y avoit deux fectes, les Pharifiens & les Saducéens. Les Saducéens ne croyoient, ni la réfurrection, ni l'immortalité

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