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l'immortalité de l'ame, ni qu'il y eût des Anges ou des Efprits, & faifoient Dieu même corporel. Une grande partie des Sacrificateurs & des principaux de la nation fuivoient cette héréfie fi impie & fi groffiere. Les Pharifiens foutenoient la bonne doctrine, croyoient les chofes fpirituelles, la réfurrection & la vie du fiecle futur. Ils faifoient profeffion d'obferver la Loi fort exactement; mais ils y mêloient quantité de fuperftitions indignes de la vraie Religion, & fouvent anéantissoient les Commandemens de Dieu pour établir leurs traditions humaines: car ils avoient

beaucoup d'autorité fur le peuple, faifant paroître un grand extérieur de piété, mais ce n'étoit qu'hypocrifie en la plupart; dans le fonds, ils étoient pleins d'avarice, de vanité & de toutes fortes de vices.

LEÇON XX V.

Comment le Meffie étoit attendu des Juifs:

L

Es Juifs étoient fiers & fuperbes : comme enfans d'Abraham, ils croyoient être faints par nature, & deftinés à commander à toutes les autres nations qu'ils méprifoient infiniment les tenant pour

maudites & immondes ; ainfi il leur étoit Gr. Cath. L

infupportable d'obéir aux Romains, & à Hérode, efclave des Romains. Ils étoient toujours prêts à fe révolter, & n'attendoient que la venue du Meffie pour fecouer ce joug; car ils croyoient que le Meffie feroit un Roi comme les Rois de la terre, plus grand guerrier & plus victorieux que David, plus riche & plus heureux que Salomon. Ils ne confidéroient que les Prophéties qui parloient de fes triomphes & de fa gloire, prenant au pied de la lettre toutes les figures dont les Prophètes s'étoient fervis pour repréfenter fa puiffance & fa grandeur. Telles étoient les penfées des Juifs charnels. Il y avoit feulement quelque peu de Juifs fpirituels, qui, ayant confervé fidélement la tradi tion des Prophètes, favoient que les pro-, meffes de Dieu avoient un fens plus élévé. Qu'il falloit attendre du Chrift de plus, grands biens que les biens périffables de cette vie. Qu'il viendroit principalement pour effacer les péchés, & rétablir la fainteté; qu'il apporteroit une nouvelle alliance plus parfaite que l'ancienne, & qu'il la graveroit dans les cœurs ; qu'il donneroit la grace, c'eft-à-dire, le fecours néceffaire pour pratiquer la loi, & qu'il accompliroit en vérité ce que la loi ne montroit qu'en figure; qu'il rameneroit toutes les nations à la connoiffance du

vrai Dieu & que fon regne regarderoit le fiecle futur. Au refte, il étoit conftant parmi les Juifs fpirituels ou charnels même chez les Samaritains, que le temps étoit venu où le Chrift devoit paroître : toutes les autres Prophéties étoient accomFlies. La puiffance, qui, jufqu'à fon temps, devoit demeurer dans la maison de Juda, fuivant la Prophétie de Jacob, avoit paffé à Hérode, étranger, qui de jour en jour affoibliffoit & anéantiffoit les loix, & le terme des années marquées par le Prophète Daniel alloit expirer.

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DU temps qu'Hérode régnoit en JuᎠ dée, & que Céfar-Augufte étoit Empereur de Rome, il y avoit entre les Juifs une fille d'excellente fainteté, nommée Marie, qui avoit été fiancée à un faint homme, nommé Jofeph; & toutefois elle avoit réfolu de garder fa virginité. Marie & Joseph étoient tous deux de la Tribu de Juda & de la race de David; mais ils étoient pauvres, & Jofeph faifoit le métier de charpentier. Ils demeuroient à Nazareth, petite Ville de la Galilée, qui eft une Province de la terre d'Ifraël.

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L'Ange faint Gabriel fut envoyé à Marie de la part de Dieu pour lui annoncer qu'elle feroit la mere du Chrift, Vous aurez un fils, lui dit-il, que vous nommerez Jefus. Il fera grand, & fera nommé le fils du très-Haut le Seigneur lui donnera le trône de fon pere David, & il régnera éternellement fur la maifon de Jacob. Marie y confentit, après que l'Ange l'eut affurée qu'elle demeurercit vierge, & qu'elle feroit mere par l'opération du Saint-Efprit, & par un miracle de la toute-puiffance de Dieu. Auffi-tôt s'accomplit en elle ce myftere, auquel Dieu l'avoit préparée toute fa vie en la rempliffant de grace. Elle conçut ce faint enfant, qui, étant Dieu comme fon Pere, devint homme comme nous, avec cette différence qu'il eft faint par nature, & incapable de péché. Il nâquit à Bethléem, petite ville de Judée, où David étoit né, & où le Chrift devoit naître fuivant les prophéties. Jofeph & Marie furent obligés de s'y rendre pour fatisfaire à une Ordonnance de l'Empereur Augufte, qui voulut que chacun fît écrire fon nom dans le lieu de fon. origine. Ils ne trouverent point de place dans l'hôtellerie, & furent contraints de fe loger dans un étable. Ce fut-là que la fainte Vierge mit au monde fon fils; & elle demeura Vierge après fa

naiffance comme devant. Elle l'enveloppa de langes, & le coucha dans une crêche : il y fut vifité la même nuit par des bergers, à qui les Anges avoient annoncé cette grande nouvelle, que le Sauveur venoit de naître à Bethléem.

L

LEÇON XXVII
De l'enfance de Jefus-Chrift.

E fils de Dieu fut circoncis huit jours après fa naiffante, fuivant la loi : il fut nommé Jefus, comme l'Ange avoit dit, , parce qu'il venoit délivrer fon peuple de leurs péchés ; car Jefus fignifie Sauveur. Au bout de quarante jours, Marie alla fe préfenter au Temple de Jerufalem, fuivant la loi de la purification de femmes après leurs couches, à laquelle toutefois elle n'étoit point obligée. Et pour fatisfaire à une autre loi, qui ordonnoit d'offrir à Dieu tous les premiers nés, elle y préfenta auffi fon fils. Alors un faint. vieillard, nommé Simeon, & Anne fainte veuve & prophéteffe, rendirent témoignage qu'il étoit le Sauveur que l'on attendoit. Les premiers Gentils qui l'adorerent, furent les Mages; c'est ainfi que l'on nommoit en Perfe ceux qui s'appliquoient aux fciences & à la religion.

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