Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

Thomas Jacques, fils d'Alphée, fon frere Jude ou Thadée, Simon le Cananéen, Judas-Ifcariot. Pierre fut le premier des Apôtres par le choix de JefusChrift. Car un jour il demanda à fes Difciples ce qu'ils croyoient de lui; & Pierre répondit au nom de tous: Vous êtes le Chrift, fils du Dieu vivant. Jefus dit enfuite, & moi je te dis: tu es Pierre, & fur cette Pierre je bâtirai mon Eglife, & la puiffance de l'enfer ne prévaudra point contre elle, & je te donnerai les clefs du royaume des cieux, & tout ce que tu auras délié fur la terre, fera délié dans le Ciel. Après avoir choisi les douze Apôtres, il les envoya prêcher aux Juifs feulement, leur défendant de s'adreffer encore aux Samaritains, ni aux Gentils. Il leur donna le pouvoir de guérir les malades, de réssusciter les morts, de purifier les lépreux, & de chaffer les démons, leur défendant de tirer du profit de ces graces, qu'ils avoient reçues gratuitement, ni fe charger d'ancune provifion pour leurs voyages. Il les avertit en même temps qu'ils feroient haïs & perfécutés, & les encouragea à ne craindre que Dieu feul. Il choifit encore foixante-douze difciples qu'il envoya deuxà-deux dans les lieux où il devoir venir lui-même, leur donnant les mêmes pou voirs & les mêmes inftructions.

J

LEÇON X X X.

Des miracles de Jefus-Chrift.

Esus faifoit une infinité de miracles;

pour montrer que Dieu l'avoit envoyé, & qu'il parloit de fa part; mais ces miracles n'étoient ni pour l'oftentation, comme ceux des magiciens & des impofteurs, ni pour la terreur, comme la plupart de ceux de Moïfe & d'Elie, mais pour gagner les cœurs fe faifant fur les hommes mêmes & leur donnant les biens qu'ils eftimoient le plus, la fanté & la vie. II guérit en différentes rencontres une mulfitude innombrable de perfonnes affligées de toutes fortes de maladies, de la fievre, du flux de fang, de l'hydropifie, de la paralyfie, de la lepre. Il les guériffoit en un moment, fouvent d'une parole, quelquefois fans les voir ni en approcher II fuffifoit de toucher le bord de fon manteau pour être guéri. Par-tout où il paffoit, on apportoit les malades des environs, & on les mettoit dans les rues & dans les places des villes. Souvent même on affiégeoit la maifon où il étoit logé, & on ne lui donnoit pas le loifir de manger. On le fuivoit par-tout, même dans les lieux déferts, où il étoit contraint de fe retirer pour

éviter la foule. Il rendit la vue à plufieurs aveugles, entr'autres à un aveugle-né, en lui mettant fur les yeux un peu de boue. Il fit parler des muets & entendre des fourds, redreffa des boiteux & des perfonnes courbées. Il chaffa les démons des corps de plufieurs poffédés. Enfin il rendit la vie à plufieurs morts. L'hiftoire nous en marque trois, une jeune fille qui venoit de mourir, un jeune homme que l'on portoit en terre, & le Lazare enterré depuis quatre jours. On vit Jefus marcher fur les eaux, & il y fit marcher S. Pierre. Une fois il appaifa une tempête, en menaçant les vents & la mer. Il fit quelquefois prendre à fes difciples une quantité extraordinaire de poiffon. Un jour il raffafia de cinq pains & de deux poiffons, cinq mille hommes, qui l'avoient fuivi dans le défert; & une autre fois il en raffafia quatre mille avec fept pains. Il fe rendit invifible quand il voulut. Il connoiffoit les plus fecretes penfées des hommes, & prédifoit l'avenir. Etant en prieres fur le mont de Thabor avec trois de fes difciples, Pierre, Jacques & Jean, tout d'un coup il fut transfiguré, c'est-à-dire, que fes habits devinrent plus blancs que la neige, & fon vifage plus éclatant que le foleil. Les difciples virent Moïfe & Elie qui s'entretenoient avec lui, & ils enten

dirent une voix qui dit : celui-ci eft mon bien-aimé, en qui je me plais, écoutezle. Tous ces miracles prouvoient manifeftement que Jefus éroit ce qu'il difoit c'eft à-dire, le Chrift & le Fils de Dieu. Il n'en faifoit pas feulement par lui-même, mais il donnoit encore à fes difciples le pouvoir d'en faire de femblables, & même de plus grands.

LEÇON XXXI.

Des vertus de Jefus-Chrift.

EN même-temps que Jefus faifoit tous

ces miracles, il montroit l'exemple de toutes fortes de vertus. Il étoit humble de cœur il fe difoit fils de l'homme, ce qui fignifioit un homme du commun & de petite naiffance, comme il paroiffoit. Je fuis venu, difoit-il, pour fervir, & non pas pour être fervi. Il cacheit fes miracles le plus fouvent, défendant aux malades de dire qu'il les eût guéris, & faisant taire les démons qui crioient qu'il étoit le Fils de Dieu. Il s'enfuit tout feul, lorfque ceux qu'il avoit nouaris dans le défert vouloient l'enlever pour le faire leur Roi, Ce n'étoit point la gloire qu'il cherchoit mais celle de fon père qui l'avoit envoyé. Il étoit plein de douceur & de bonté, ne

conteftoit point, n'élevoit point fa voix, & ne rebutoit perfonne. On lui amena un jour des enfans pour les bénit & prier pour eux les Apôtres le vouloient empêcher, mais il les en reprit, fit approcher les enfans, les embraffa & les bénit, en leur impofant les mains, & dir qu'il falloit reffembler aux enfans, & être petits comme eux pour entrer dans le royaume des cieux. Il fouffrit avec une patience merveilleuse les défauts de fes Difciples, qui étoient des hommes groffiers & ignorans, & les importunités des malades & des autres, dont il étoit continuellement accablé. Il paffa fa vie dans une extrême pauvreté, n'ayant ni terre, ni maifon, ni feulement où repofer la tête. Il fubfiftoir de ce que lai fourniffoient libéralement ceux qu'il inftruifoit, particuliérement des faintes femmes qui le fuivoient pour le fervir. Il fouffroit toutes les incommodités de la pauvreté, le chaud, le froid, la faim, la foif, la laffitude, faifant fes voyages à pied, & marchant en plein midi, quoiqu'il vécûr dans un pays fort chaud. Jamais il ne fit de miracles pour fa commodité. Jamais on ne le vit rire tant il étoit grave & férieux. Toutefois il étoit tendre & plein de compaffion. Il pleura la mort de Lazare fon ami, qu'il alloit reffufciter; il pleura une autre fois voyant

« PreviousContinue »