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Jerufalem, & penfant aux malheurs qui lui devoient arriver tant il aimoit fa patrie, toute ingrate qu'elle étoit. Il étoit charitable & bienfaifant à tout le monde. Il recevoit doucement les pécheurs qui fe vouloient convertir, & ne faifoit point de difficulté de manger avec eux; mais pour les pécheurs endurcis, il les reprenoit avec force, princ palement les hypocrites, comme les Scribes & les Pharifiens, à qui il reprochoit hautement tous leurs vices, quoiqu'il fût bien qu'il s'attiroit par-là leur haine mortelle. Mais en même-temps qu'il blâmoit leurs actions, il relevoit leur ministere, recommandant au peuple de fuivre leur doctrine, parce qu'ils avoient l'autorité légitime pour enfeigner. Il vivoit dans la foumiffion aux puiffances établies, payoit les tributs, obfervoit toutes les cérémonies de la religion, & fréquentoit le temple d'où il chaffa par deux fois, avec autorité, ceux qui le prophanoient par leur trafic. I paffoit fouvent les nuits en priere. Ma nourriture, difoit-il, eft de faire la volonté de celui qui m'a envoyé ; il eft avec moi, & ne me laiffe pas feul parce que je fais toujours ce qui lui plaît.

LEÇON XXXII.

De la doctrine de J. C. & premiérement de la Trinité & de l'Incarnation.

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Esus faifant tant de miracles, pratiquant tant de vertus, fe faifoit admirer de tout le monde, & attiroit auprès de lui de grandes troupes. Il prêchoit fouvent dans les Synagogues où les Juifs s'affembloient pour prier, lire l'écriture fainte, & l'entendre expliquer par leurs Scribes ou Docteurs, Souvent auffi il prêchoit au bord de la mer, ou à la campagne, felon * l'occafion; il n'y avoit aucune de fes parøles qui ne fût une inftruction importante. Il parloit comme ayant autorité, non pas comme les Scribes & les Pharifiens; & toutefois il parloit fimplement & familié. rement pour pouvoir être entendu des fimples. Quelquefois il fe fervoit exprès de paraboles & d'énigmes pour n'être pas entendu de ceux qui en étoient indignes par la mauvaife difpofition de leur cœur. Voici le fommaire de fa doctrine. Il dit qu'il eft le Meffie ou le Chrift, attendu & fouhaité par les peres, & prédit par Moïfe & par les Prophètes. Qu'il eft venu, non pas pour abolir la loi, mais pour l'accomplir que la vie éternelle confifte à con

moître un feul vrai Dieu, & Jesus-Chrift qu'il a envoyé. Il nous apprend que Dieu eft un Esprit ; & qu'il doit être adoré en efprit & en vérité. Il nous découvre de plus que Dieu eft le Pere, Fils & SaintEfprit, car il dit qu'il eft le Fils unique de Dieu; qu'il ne dit tien & ne fait rien de lui-même, mais qu'il reçoit tout de fon Pere, qu'il lui montre tout ce qu'il fait, & lui donne tout ce qu'il a. Enfin, que lui & fon Pere ne font qu'un d'où s'enfuit qu'il eft Dieu comme fon Pere & qu'il eft le même Dieu que fon Pere. Il dit auffi à fes Apôtres, qu'il leur enverra l'efprit confolateur, qui procede du Pere; & il ajoute : il prendra du mien pour vous l'enfeigner, parce que tout ce qui eft au Pere eft à moi. Ce qui fait voir que le faint-Efprit procede du Pere & du Fils, & que tous les trois ne font qu'un ; & il le déclare manifeftement quand il ordonne à fes Apôtres de baptifer tout le monde au nom du Pere, & du Fils & du Saint-Efprit, montrant encore que tous les trois font égaux, puifqu'il veut que tous les hommes foient confacrés à Dieu

nom de ces trois perfonnes. JefusChrift étant Dieu, il s'enfuit qu'il eft Dieu & homme tout enfemble, Auffi reconnoît-il que le Pere eft plus grand que lui, & qu'il eft venu, non pour faire fa

propre volonté, mais la volonté de celui qui l'a envoyé, ce qui ne lui peur convenir que comme homme. Et il montre clairement qu'il eft Dieu & homme, lorsqu'il dit: Perfonne ne monte au Ciel que celui qui eft defcendu du Ciel, le fils de l'hom*me qui eft au Ciel.

LEÇON XXXIII.

De l'amour de Dieu & du prochain..

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Esus-Chrift nous montre que nue eft la preuve de l'amour que Dieu nous porte; car, dit-il, Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné fon Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périffe point, mais qu'il ait la vie éternelle. 11 eft donc bien jufte de l'aimer; auffi déclare-t-il que notre unique affaire & la feule chofe néceffaire eft de nous attacher à Dieu. Que toute la loi de Dieu, & tout ce qu'il nous enfeigne dans fes écritures, fe rapporte à ces deux commandemens : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton ame, de tout ton efprit, de toute ta force. Voilà le plus grand & le premier commandement. Le fecond lui eft femblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; or tout homme eft notre prochain, même un étranger

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& un infidele. Aimant ainfi le prochain, nous le traiterons comme nous voulons que l'on nous traite nous-mêmes, & nous employerons la même mesure pour lui que pour nous. Nous lui pardonnerons fes fautes comme nous voulons que l'on nous pardonne les nôtres : nous ne reprendrons point fes défauts, tandis que nous en aurons de pareils, ou de plus grands. Nous ne le jugerons point comme nous ne voulons point qu'il nous juge. En un mot nous ne ferons à perfonne ce que nous ne voudrions point qu'une autre nous fit : auffi il enfeigne qu'il ne fuffit pas de pratiquer la loi extérieurement & à la lettre comme faifoient les Juifs charnels. Ce

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n'eft pas affez de ne pas tuer, il faut même combattre la colere qui produit les haines, les querelles & les meurtres. Ce n'est pas affez d'aimer nos amis, il ne faut hair perfonne, & aimer même ceux qui nous haiffent & nous perfécutent. Il ue fuffit pas de ne point commettre d'adultere, il ne faut pas même regarder une femme avec mauvais defir, & le mariage doit être réduit à fa premiere inftitution, d'une feule femme à un feul homme, qui ne doivent fe féparer que par la mort. Il ne faut pas fe contentet de ne pas prendre injuftement le bien d'autrui, il ne faut pas même fe faire justice

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