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nier jour. Et ailleurs, l'heure vient où tous ceux qui font dans les tombeaux entendront la voix du Fils de Dieu & marcheront; ceux qui ont bien fait, à la réfurrection de la vie; ceux qui ont mal fait, à la réfurrection du jugement. Tel fera donc le dernier état des hommes. D'un côté la vie éternelle, le repos, la joie, le banquet, les nôces, le royau me, le ciel, le paradis; car Jefus-Christ lui donne tous ces noms pour s'accommoder aux idées de bonheur que nous avons en cette vie. D'un autre côté fera l'enfer, le feu éternel, la gêne, les ténebres extérieures, la mort éternelle; là feront les pleurs & les grincemens de dents : le ver qui les ronge ne mourra point, c'eftà-dire, les remords & les reproches de la confcience. Or la vie éternelle confifte, comme il nous enfeigne, à voir Dieu être avec Jesus-Chrift, & voir la gloire qu'il avoit avant la création du monde, à être tous en Jefus-Chrift, & par lui être unis à Dieu d'une charité parfaite. Voilà le fommaire de la doctrine de JefusChrift.

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LEGON XXXVII.
Des Ennemis de Jefus.

Efus Chrift, prêchant cette doctrine; & la foutenant par fes vertus & par fes miracles, devint odieux au monde c'eft-à-dire, aux hommes corrompus, qui il montroit la vérité qui les condamnoit. Ils aimoient mieux les ténebres que la lumiere, parce que leurs œuvres étoient mauvaifes. ils jugeoient de lui felon les apparences, & le méprifoient comme un Galiléen de Nazareth, fils d'un' Charpentier. Les Juifs charnels le voyant fi pauvre, si simple, fi humble & fi doux, ne pouvoient croire qu'il fût ce grand Roi fils de David, qui devoit venir les délivrer de leurs ennemis, & foumettre tou- ́ tes les Nations à fon Empire. Ceux qui le haïffoient le plus étoient les Scribes ou Docteurs, les Pharifiens, les Sacrificateurs & les Sénateurs qui gouvernoient le peuple: Ils étoient envieux de fa gloire, & irrités des reproches qu'il leur faifoit. Les Docteurs ne pouvoient fouffrir qu'il montrât au peuple leur ignorance, & le mépris qu'ils faifoient de la loi de Dieu pour établir les traditions humaines. Il faifoit connoître l'hypocrfiie des Pharifiens, leur

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orgueil & leur avarice. Ils le haïffoient tous, parce qu'il prédifoit la ruine du temple & de la ville qu'ils regardoient comme un lieu où la vraie religion étoit attachée, & qui ne devoit jamais être détruit. Cependant ils n'avoient rien à lui reprocher; il leur dit publiquement: qui de vous me reprendra de péché? Quoique fa vie fût exposée à la vue de tout le monde, ils ne laifferent pas de la calomnier de ce qu'il guériffoit les malades le jour du fabat, & de ce qu'il difoit qu'il étoit le Fils de Dieu venu du ciel : quoiqu'il ne leur parlât qu'au nom de Dieu, & qu'il ne cherchât que la gloire de Dieu:, quoique les miracles qu'il faifoit dont on n'avoit jamais vu de femblables fuffent une preuve infaillible de la vérité de fes paroles, & de l'accompliffement. des Prophéties qui leur promettoient le Chrift. Ses ennemis ayant réfolu de le faire mourir, ne purent exécuter leur deffein que quand fon heure fut venue, c'est-à-dire, dans le temps où il avoit réfolu de fouffrir, Jufques-là il fe cacha plufieurs fois, & un jour, comme ils. penfoient à le prendre, il fe rendit invifible, & paffa au milieu d'eux; d'ailleurs ils fe prefferent de le perdre, voyant que, fes miracles le faifoient fuivre de tout le monde; & que venant à Jerufalem pour

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la Pâque, on lui avoit fait une entrée magnifique; car le peuple vint en foule au-devant de lui, portant des branches. de palmiers, en figne de joie, & criant Hofanna, c'est-à-dire, fauvez-nous, fils de David, béni foit celui qui vient au nom du Seigneur. C'étoit le reconnoître publiquement pour le Meffie. Ses ennemis ne le purent fouffrir; ils tinrent confeil, ils réfolurent de le prendre par artifice, & gagnerent Judas-Ifcariot, un des douze Apôtres, qui promit de leur livrer fon maître pour trente ficles d'argent, c'est-à-dire, environ quinze écus de notre monnoie.

LEÇON. XXXVIII.

De la Cene de Notre Seigneur Jefus-Chrift.

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E temps de la Pâque étant venu, Jefus vint fouper avec fes Difciples, au lieu qu'ils avoient préparé par fon ordre pour y manger l'Agneau fuivant la coutume. Dans ce fouper, que l'on appelle auffi la Cene, il fe leva de table, & leur lava les pieds à tous pour leur montrer l'exemple de fe fervir les uns les autres, & pour achever de les purifier. Puis il fe remit à table; & comme ils mangeoient, il prit du pain, rendit

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graces à Dieu, bénit le pain, le rompit, & le diftribua à fes Difciples, difant: Prenez, mangez, ceci eft mon corps, qui fera livré pour vous: Faites ceci en mémoire de moi. Tout de même après le fouper, il prit le calice, c'eft-à-dire, la coupe où il bavoit, avec du vin, & ayant rendu graces, le bénit, & le leur donna, difant Buvez tous de ceci, car c'eft mon fang, le fang de la nouvelle allian ce, qui fera répandu pour vous & pour plufieurs en rémiffion des péchés. Faites ceci toutes les fois que vous en boirez en mémoire de moi, Ce fut ainfi que Jefus inftitua le faint Sacrement de fon corps & de fon fang que nous appellons l'Euchariftie. Il avoit dit aux Juifs qu'il étoit le pain vivant defcendu du ciel : Que qui mangeroit ce pain vivroit éternellement, & que l'on ne pouvoit avoir la véritable vie fans manger fa chair, boire fon fang; car ma chair, disoit-il, eft vraiment viande, & mon fang est vraiment breuvage. Qui mange ma chair & boit mon fang demeure en moi & moi en lui, les Juifs avoient été choqués de ce dif cours, le prenant grofiérement, comme fi Jefus eût voulu mettre fon corps en pieces, & le leur donner avec fon fang fous leur forme naturelle pour fervir de nourriture à leur corps. Jefus avertit fes

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