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Difciples que ces paroles avoient un fens plus relevé & c'est ce myftere qu'il accomplit le jour de la Cene, leur donnant véritablement fon corps & fon fang, mais fous une forme étrangere, fous les apparences du pain & du vin, & pour être la nourriture de leurs ames. Après la Cene, Jefus parla long-temps à fes Apôtres, qu'il ne devoit plus voir jufqu'à fa mort. Il leur prédit qu'ils l'abandonneroient tous; & à Pierre en particulier, qu'il le renieroit trois fois. Et pour les confoler dans la trifteffe où ils étoient de fa perte, il promit de leur envoyer dans peu le Saint-Elprit, qui leur feroit entendre tout ce qu'il leur avoit enfeigné : il leur recommanda fur-tout de s'aimer les ans les autres. 11 fortit enfuite avec eux hors de la Ville, & alla au Mont des Olives, dans un jardin où il avoit accoutumé de prier.

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LEÇON XXXIX.

De la Paffion de Jefus-Chrift.

Efus-Christ étant au jardin des Oliviers, fe repréfenta ce qu'il alloit fouffrir, & laiffant agir la nature, il fut faifi d'une peur & d'une trifteffe extrême, & tomba fur le vifage, fuant des gouttes d ~ M. iv

fang dont la terre fut trempée. Il pria fon pere par trois fois de détourner de lui ce calice, c'est-à-dire, ces fouffrances; & à chaque fois il ajouta néanmoins que votre volonté foit faite, & non pas la mienne. Cependant Judas amena dans le jardin une grande troupe de'gens armés, envoyés par les Sacrificateurs & les Sénateurs ils prirent Jéfus, le lierent, & le menerent chez Caïphe, fouverain Pontife. Mais Jefus fit voir par plufieurs miracles, qu'ils ne l'euffent pas pris s'il ne l'eût voulu. Tous les Difciples l'abandonnerent & s'enfuirent. Il ne répondit rien à plufieurs faux-témoins qu'on produific contre lui, ni aux queftions du Pontife, finon lorfqu'il l'interrogea juridiquement, s'il étoit le Chrift, Fils du Dieu vivant : alors il déclara hautement qu'il l'étoit; ce qu'ils reçurent comme un plafphême, dirent que Jefus étoit digne de mort, & l'abandonnerent à des valets infolens, qui le maltraiterent le refte de la nuit, lui donnant des foufflets & lui faifant deviner qui l'avoit frappé. Le lendemain ils le menerent à Ponce-Pilate, Gouverneur de la Judée pour l'Empereur Tibere, lui difant que c'étoit un homme féditieux, qui révoltoit tout le pays, qui fe difoit Roi, & défendoit de payer le tribut à l'Empereur, quoiqu'il eût enfeigné tout le

contraire. Jefus garda auffi le filence devant Pilate, qui, ne trouvant point de preuves contre lui, chercha divers moyens pour éviter de le juger. Ayant appris qu'il étoit Galiléen, il le renvoya à Hérode Antipas, fils du vieux Hérode, qui étoit Tetrarque de Galilée, & qui avoit grande curiofité de le voir, efpérant qu'il feroit quelque miracle en fa préfence. Mais Jefus n'y dit pas une parole, & y fut traité d'infenfé. Pilate voulut encore, pour fauver Jefus, fe fervir de la coutume de délivrer un prifonnier à la Fête de Pâque, mais les Juifs aimerent mieux qu'il délivrât Barrabas, qui étoit un voleur & un meurtrier, Enfin, voulant les contenter, fans faire mourir Jefus, il le fit fouetter, puis l'abandonna à fes foldats qui lui mirent fur la tête une couronne d'épines, le couvrirent d'un vieux manteau de pourpre, & lui donnerent un rofeau à la main au lieu de fceptre en cet équipage ils venoient le faluer Roi

par dérifion, lui donnoient des foufflets, & lui crachoient au visage.

LEÇON XL.

De la mort de Jefus-Chrift.

Plate fit paroître Jefus devant les

de

Juifs avec la couronne d'épines & le manteau.de pourpre; mais bien-loin d'en avoir pitié, ils demanderent, par grands cris, qu'il fût crucifié, menaçant même Pilate de la difgrace de l'Empereur, s'il laifoit vivre un homme qui fe difoit Roi. Pilate confentit enfin qu'on le fît mourir, & lava fes mains, proteftant qu'il étoit innocent de fa mort; mais tout le peuple répondit: Que fon fang, c'està-dire, la vengeance de fa mort, tombe fur nous & nos enfans. Jefus fut donc mené, chargé de fa croix, pour être exécuté à mort avec deux voleurs, en un lieu nommé Golgota ou Calvaire, qui étoit comme une voirie, hors de la ville de Jerufalem. Le fupplice de la croix étoit le plus infâme qui fût alors en ufage. On n'y condamnoit que les efclaves & d'autres miférables, encore pour les plus grands crimes, comme le vol ou l'affaffinat. Jefus fut crucifié entre deux voleurs, il eut les pieds & les mains percées; les foldats partagerent fes habits, tirerent au fort qui auroit fa tunique. Il pria Dien

pour ceux qui le faifoient mourir. Les Pontifes & les Sénateurs venoient lui faire des reproches, & lui dire qu'il defcendît de la croix, & qu'il fe fauvât il étoit le Chrift, le Roi d'Ifraël, & le Fils de Dieu, comme il difoit. On lui offrit du fiel & du vinaigre comme il avoit foif. Tour cela avoit été prédit par David & par Haïe: & quand toutes les écritures furent" accomplies, Jefus dit : Tout eft confommé, & rendit l'efprit, étant encore plein de force après avoir été fix heures à la croix. Alors le foleil fut obfcurci, la terre trembla, les tombeaux s'ouvrirent, plufieurs morts reffufciterent, le voile qui féparoit le fanctuaire d'avec le reste du temple, fe déchira pour montrer que les myfteres de l'ancienne loi étoient découverts, & que Jefus-Chrift par fa mort avoit ouvert aux hommes le ciel qui leur avoit été fermé jufques là, & dont le fanctuaire étoit la figure, Jefus mourut le Vendredi, qui, cette année-là, étoit la veille de la Pâque, & il mourut à l'heure que l'on immoloit l'Agneau, dont le facrifice n'étoit que la figure de fa mort, auffi-bien que tous les autres factifices de la loi, & tous ceux que l'on avoit offerts à Dieu depuis le commencement du Monde. Pour voir s'il étoit mort, un folda lui perça le côté d'une lance, & il en

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